Je termine la lecture de Champlain’s Dream, une biographie publiée à l’automne 2008 sous la signature de David Hackett Fischer chez Knopf Canada : 834 pages dont 110 pages de notes, 100 pages d’appendices, 40 pages de bibliographie et 35 pages de d’index. Un ouvrage magistral qui devrait demeurer sans égal pendant des décennies, à moins qu’on ne trouve de nouveaux documents.
Fisher présente un Champlain déterminé, tenace, totalement dédié à la réalisation de ses rêves d’exploration et de colonisation, un homme qui possédait de nombreuses qualités, un navigateur de premier ordre, un cartographe, un artiste, et quoi encore !
C’était aussi un soldat d’expérience qui a relevé le défi de combattre les Iroquois, comme le voulaient ses alliés amérindiens, mais qui ne demandait pas mieux que la paix et l’harmonie. À cette fin, il multiplia les efforts diplomatiques pour maintenir de bonnes relations avec les Indiens, ce qu’il a réussi, là où ses prédécesseurs (Dugua, Poutrincourt) avaient échoué. Fisher insiste d’ailleurs pour mettre en évidence une différence entre les projets de colonisation menés par les Européens. Les Français, écrit-il, n’ont pas essayé de conquérir les Indiens et de les asservir comme les Espagnols ; ils n’ont pas abusé d’eux comme les Virginiens et ne les ont pas repoussés comme en Nouvelle-Angleterre. À l’époque de Champlain, les petites colonies françaises ont côtoyé les grandes nations indiennes dans un esprit d’amitié et de concorde, de confiance et de respect mutuel. Bien des Québécois ont oublié cela, et plusieurs de nos concitoyens autochtones.
On ne peut sortir de ce livre sans se dire aussi que c’est encore un historien anglophone qui nous offre un remarquable travail sur Champlain. Les nôtres préfèrent malheureusement l’odeur des travaux de déconstruction.
2 réflexions au sujet de « Une biographie remarquable de Champlain »
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Vous avez visé juste en mettant en évidence le propos principal de l’historien.
Je ne regrette toutefois, dans cette biographie que je qualifierais de colossale, comme l’a été Champlain, certains hors-d’oeuvre non nécessaires à la visée centrale de l’auteur.
A titre d’exemples de ces « apartés », je mentionne la référence à l’opinion de René Lévesque (le premier ministre) sur le comportement présumé des Jésuites à l’égard d’Hélène Boullé à Québec (ils n’y arriveront qu’en 1625); l’examen superficiel de la « sacrure » des Canadiens-français; enfin, les sources lacunaires sur la provenance française des émigrants venus pour un tiers s’établir en Amérique du nord.
Nonobstant ces quelques observations personnelles, nombreux au Canada francophone et en Europe verraient bien, sans doute, cet ouvrage de haut calibre traduit, par exemple, par les soins des éditions du Septentrion, à titre d’entrepreneur en reconstruction.
Tu as bien raison de souligner que c’est encore un historien anglophone (et non catholique) qui nous offre une remarquable biographie de Champlain. Et pourtant on a dit et répété que Champlain était une construction d’historiens catholiques préoccupés de cacher le protestant Dugua de Mons.
À noter, pour l’information de M. Loiselle, que l’ouvrage de Fischer sera probablement traduit par une maison amie, le Boréal. Septentrion, outre le collectif de 2004 qui a inspiré Fischer, a également à son catalogue le beau travail de Maurice K. Séguin et la transcription en français moderne de récits de Champlain par Éric Thierry. Deux tomes sont déjà parus accompagnés de remarquables introductions. Thierry est aussi l’auteur d’essais sur Henri IV et Lescarbot.