Depuis le début de février, Bibliothèque et Archives nationales du Québec expose La grande vague ou La mémoire de l’eau salée à son Centre d’archives de la rue Viger. Le communiqué précise que cette œuvre de deux mètres sur dix mètres est composée de 400 livres scellés célébrant autant de familles pionnières venues de France et qu’elle a été conçue par Marc Lincourt (artiste originaire de Terrebonne mais vivant en France) à l’occasion du 400e anniversaire de Québec.
(Photo Barbara Laborde tirée de la revue L’Action nationale)
J’ai vu cette œuvre vendredi dernier : c’est à la fois sobre et impressionnant. Les livres ne sont pas arrangés par ordre alphabétique et les noms de familles sont écrits de telle façon qu’ils sont parfois difficiles à déchiffrer lorsqu’ils se trouvent dans les rangées du centre. J’ai été chanceux de trouver rapidement celui de la famille Miville.
L’œuvre est accompagnée d’un petit livre joliment illustré (La grande vague ou La mémoire de l’eau salée, Paris, Talmart, 2008) où l’auteur explique sa démarche. Son texte est précédé d’une introduction du géographe Henri Dorion et suivi d’un commentaire de Renée Viau. Comme on l’écrit sur la quatrième de cette plaquette imprimée en avril 2008, la sculpture « voyagera de Brouage, où elle a été construiite, jusqu’aux rives du Saint-Laurent »; l’itinéraire est tracé : «Brouage – Paris –Tourouvre – Honfleur- Québec – Sept-Îles – Montréal – Ottawa».
Québec? « Il est tout naturel que le Centre d’archives de Montréal accueille cette œuvre spectaculaire, inspirée par l’histoire, la mémoire et la recherche des racines », a souligné Guy Berthiaume, président-directeur général de BANQ, dans le communiqué émis pour lancer l’exposition. Il aurait été encore plus naturel qu’on puisse la voir à Québec mais la Grande vague est passée directement à Montréal sans jamais faire escale dans la capitale quadricentenaire, malgré la participation de la Société du 400e à ce projet et les démarches de l’artiste qui demandait 75 000 $ dollars pour l’ensemble des frais de transport et d’installation. La facture a ensuite été réduite à 30 000 $ et Montréal l’a eue pour 20 000 $. « Trop cher », dit-on à la mairie de Québec. Disons surtout trop peu d’intérêt (voir ma note du 25 septembre 2008, https://blogue.septentrion.qc.ca/wp-content/uploads/archives/gastondeschenes/2008/09/pas_de_vague.php), à la ville et à la Société du 400e, comme pour tout ce qui ne swignait pas suffisamment.
Au-delà de l’aspect monétaire, une autre question se pose : si Bibliothèque et Archives nationales du Québec avait le budget pour cette opération, pourquoi la Grande vague n’est-elle pas exposée au Centre d’archives de Québec qui serait toujours le « siège social » des Archives nationales, même après la fusion avec la Grande Bibliothèque, selon l’ex-PDG de BANQ ? La direction des Archives nationales « n’a pas bougé de Québec », m’écrivait-elle dans une diatribe (Le Soleil, 26 décembre 2007). Son institution a raté une belle occasion de démontrer que ce n’est pas une illusion.