À quand des félicitations aux FrancoFolies ?

Il est possible que l’Assemblée nationale ait déjà félicité les dirigeants d’un festival mais on chercherait en vain un autre cas où elle aurait félicité un festival pour sa programmation, comme elle l’a fait jeudi pour le Festival d’été de Québec (FEQ), sans attendre que cette dernière soit complète, et a fortiori réalisée. Il est encore plus étonnant de voir que l’Assemblée félicite le Festival pour une programmation dont le contenu est largement anglophone alors qu’elle n’a pas jugé bon d’en faire autant pour les FrancoFolies de Montréal, dont la programmation est complète (ça débute dans un mois) et naturellement francophone. Est-ce l’influence du gouvernement fédéral qui se préparerait à augmenter la subvention au FEQ après avoir coupé celle des FrancoFolies?
À quoi tient cette disparité de traitement ? L’Assemblée nationale n’aurait tout de même pas un préjugé favorable envers les festivals qui font la promotion de la culture anglo-américaine. Se pourrait-il plutôt qu’une simple lettre ouverte ait ému la classe politique au point de mettre en branle l’ultime instrument que constitue une motion unanime de l’Assemblée nationale ? Ne serait-ce pas le monde à l’envers ? L’Assemblée NATIONALE désavouant un groupe de citoyens qui s’interrogent sur l’application de la politique culturelle officielle de leur gouvernement ?
La question que pose cette lettre n’a pourtant rien de séditieux, ni même d’original. Elle reprend essentiellement ce que disait ouvertement le directeur général du Festival d’été de Québec l’été dernier pendant la controverse avec les FrancoFolies de Montréal : « Je pense à la SODEC. Vont-ils accepter qu’on devienne un gros festival très large avec des grandes vedettes internationales et presque plus de chansons francophones ? » (Québec Hebdo, 12 août 2009). On sait que la crise s’est réglée aussi vite qu’elle avait éclaté, mais fort discrètement, sans qu’on ne sache jamais les termes de l’armistice. Posons la question : si Québec a retraité aussi facilement devant Montréal, serait-ce que le changement de calendrier des FrancoFolies ne dérangeait finalement pas et donnait au Festival d’été de Québec, en fin de compte, le plus beau prétexte pour « ne plus réussir » à trouver des artistes francophones ?
La question lancée par le directeur général du Festival d’été de Québec était pertinente en août denier; elle l’est davantage aujourd’hui, après l’annonce d’une programmation 2010 où le volet francophone s’est encore rétréci. Avec sa motion de félicitations unanime, formulée sans réserve et adoptée sans débat, l’Assemblée nationale ne vient-elle pas donner une absolution inconditionnelle aux dirigeants du Festival d’été de Québec et leur confirmer qu’ils sont dans la bonne direction avec leur « beau programme » ?

Une réflexion au sujet de « À quand des félicitations aux FrancoFolies ? »

  1. Je n’en reviens pas! Je suis allée vérifier le texte de la motion adoptée à l’unanimité pour m’en convaincre!
    Il me semble qu’adopter une motion à l’Assemblée nationale en réaction à une lettre ouverte de quelques citoyens inquiets, à juste titre, de l’évolution de notre développement culturel « subventionné » est excessif. « Dans mon temps », on appelait ces réactions des réflexes de colonisés.

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