Après avoir lu le reportage de François Bourque, dans le Soleil de ce matin (« Comment mater les râleurs professionnels »), je pense comprendre pourquoi le maire de Québec veut tellement rajeunir la ville, comme il l’a répété sur de nombreuses tribunes depuis son avènement. L’automne dernier, il avait suscité la colère de la FADOQ après avoir dit, lors d’un déjeuner-causerie devant des hommes d’affaires, que « les aînés ne consomment pas, [...] envahissent les bibliothèques et demandent de plus en plus de services de loisirs et de culture…»
De passage à Bordeaux cette semaine, il y est allé « d’une charge contre ceux qui accaparent selon lui l’espace public », des « quasi-politiques » que ses homologues de Bordeaux et de Strasbourg appellent « râleurs professionnels » ou « spécialistes de la grogne ». Avec ses collègues, il a rebrassé ses notions de sociologie pour définir « la bête » : des gens « très intelligents » et qui ont le temps, des employés de l’État à la retraite, des sexagénaires plutôt que des trentenaires, des universitaires plutôt que des citoyens de quartiers populaires, des hommes plus que des femmes. Bref, je me sentirais visé si le « très intelligents » ne me laissait pas une petite gêne…
Ces « râleurs professionnels patentés » (une expression dont la paternité n’est pas claire), sont embarrassants. « Dans une semaine, comme l’a expliqué le maire (dans une description que le journaliste a jugée caricaturale !), ils peuvent venir le lundi soir au conseil municipal ; le mardi au conseil d’agglomération ; le mercredi à la Communauté métropolitaine ; le jeudi au conseil d’arrondissement ; le vendredi au conseil de quartier ; le samedi, ils peuvent participer à la consultation publique sur un projet ; le dimanche, ils devraient se reposer, mais pourraient participer à un référendum de quartier ou aller s’exprimer auprès du conseil régional des élus. »
Il faudra s’y faire car ce n’est qu’un début. Les baby-boomers, puisqu’il faut appeler les « choses » par leur nom, ne font que poindre et la variété la plus inquiétante pour les politiciens — les retraités du secteur public — est particulièrement répandue à Québec. Ils sont instruits, informés, souvent rompus à la communication orale ou écrite, équipés de nouvelles technologies, et, de plus, familiers avec les affaires publiques, les grandes et les « petites », qui sont souvent les pires.
Pour les politiciens qui argumentent à coup de commentaires cassants et de « je veux », ce serait effectivement plus reposant de gouverner une ville composée de petits couples qui n’ont pas le temps de s’intéresser aux affaires publiques, municipales et autres, malheureusement trop occupés qu’ils sont à bosser en double pour entretenir une maison achetée trop grande et gazer deux chars trop gourmands.
Une réflexion au sujet de « Les râleurs de Québec »
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Comme on dit dans la Bible: on voit la paille dans l’oeil de son voisin, et pas la poutre dans le sien!
Y a des râleurs??? Et notre maire, lui n’est pas râleur? Il ne grogne jamais?
J’ai hâte de le voir, lorsqu’il aura atteint la soixantaine. Sera-t-il tranquille et ne demandant rien? J’en doute.