Les limites du géoradar de Kamloops

À Tout le monde en parle, récemment, le rappeur Samian a évoqué « la découverte de corps d’enfants [amérindiens] dans des fosses ». Dans Le Devoir du 25 mai, il est question d’une série sur les pensionnats qui a été « entamée bien avant la découverte, il y a un an, des restes de dépouilles d’enfants autochtones au pensionnat de Kamloops » (https://www.ledevoir.com/culture/ecrans/714882/television-l-echo-des-pensionnats-pour-autochtones-a-l-ecran). Et on pourrait citer plusieurs autres évocations du genre dans les médias depuis un an.

Pour avoir l’heure juste sur cette question, il faut lire le résultat des recherches de l’historien émérite Jacques Rouillard qui s’est penché particulièrement sur les 51 enfants morts au pensionnat de Kamloops, de 1915 à 1964, selon la Commission de vérité et réconciliation (CVR). Rouillard est allé à la recherche d’informations sur ces enfants à partir des dossiers de Bibliothèque et Archives Canada et des certificats de décès conservés aux registres d’état civil des Archives de la Colombie-Britannique, une source disponible en ligne qui ne semble pas avoir été consultée par les chercheurs du CVR. Ses observations ne mènent pas aux conclusions que de nombreux médias québécois ont diffusées.

Dans un article publié d’abord dans Dorchester Review (« In Kamloops, Not One Body Has Been Found », paru en ligne le 11 janvier 2022, https://www.dorchesterreview.ca/blogs/news/in-kamloops-not-one-body-has-been-found), puis revu pour L’Action nationale de février 2022 (« Où sont les restes des enfants inhumés au pensionnat autochtone de Kamloops ? en ligne,https://action-nationale.qc.ca/revues/458-numeros-publies-en-2022/fevrier-2022/1889-ou-sont-les-restes-des-enfants-inhumes-au-pensionnat-autochtone-de-kamloops?utm_source=Cyberimpact&utm_medium=email&utm_campaign=acces-libre), le professeur Rouillard écrit :

« En ne mettant jamais en évidence qu’on en est encore au stade des hypothèses et qu’aucune dépouille n’a encore été trouvée, le gouvernement et les médias laissent s’accréditer une thèse, soit celle de la disparition de milliers d’enfants dans les pensionnats. D’une allégation de « génocide culturel » avalisée par la Commission de vérité et réconciliation (CVR), on est passé à un « génocide physique », une conclusion que la Commission rejette explicitement dans son rapport. Tout n’est basé que sur la simple découverte d’anomalies dans le sol, des perturbations qui peuvent avoir été causées par des mouvements de racines, comme l’anthropologue [Sarah Beaulieu, de l’université de Fraser] l’a mentionné lors de la conférence de presse du 15 juillet [2021].
Selon l’anthropologue Scott Hamilton qui a examiné la question des cimetières pour le compte de la CVR, il faut être très prudent dans l’usage du géoradar, car le sol peut avoir subi des perturbations au cours des années, notamment par de la sédimentation, des obstructions ou des cavités. Le projet d’analyse du sol avec la même méthode au pensionnat de Brandon au Manitoba, amorcé en 2012 et relancé en 2019, n’a pas encore donné de résultat probant. En juin dernier, l’équipe de recherche travaillait à l’identification de 104 tombes potentielles et devait encore consulter les archives du pensionnat et interroger les survivants. La recherche de dépouilles est encore plus aléatoire lorsqu’il n’y a pas de tombes en décomposition. »

Rouillard conclut :

« Il est incroyable qu’une recherche préliminaire sur un prétendu charnier dans un verger ait pu conduire à une telle spirale d’affirmations endossées par le gouvernement canadien et reprises par les médias du monde entier. Ce n’est pas un conflit entre l’Histoire et l’histoire orale autochtone, mais entre cette dernière et le gros bon sens. Il faut des preuves concrètes avant d’inscrire dans l’Histoire les accusations portées contre les Oblats et les Sœurs de Sainte-Anne. Les exhumations n’ont pas encore commencé et aucune dépouille n’a été trouvée. Un crime commis exige des preuves vérifiables, surtout si les accusés sont décédés depuis longtemps. Il importe donc que les excavations aient lieu le plus rapidement possible pour que la vérité l’emporte sur l’imaginaire et l’émotion. Sur la voie de la réconciliation, le meilleur moyen n’est-il pas de rechercher et de dire toute la vérité plutôt que de créer des mythes sensationnels ? »

À ce jour (mai 2022), il n’y a eu aucune exhumation.

(voir aussi https://blogue.septentrion.qc.ca/gaston-deschenes/2021/11/24/une-mise-en-berne-sans-precedent/)

Une réflexion au sujet de « Les limites du géoradar de Kamloops »

  1. Malheureusement, à terme, vu les mensonges systématiques des activistes, la cause des autochtones ne sera jamais correctement entendue! HONTE!!

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