Il a fallu quelques semaines mais Denis Bouchard a réagi de façon classique aux commentaires suscités par le spectacle qu’il a mis en scène le 31 décembre : «… il y a beaucoup de chiqueux de guenilles à Québec, ça s’entretue, ça n’a pas de bon sens. C’est propre à cette ville-là… » (propos livrés à Radio X tels que rapportés par le Journal de Québec du 2 février). Au moins, il n‘a pas dit « village » et, comme la situation lui fait « beaucoup penser à Paris », on se retrouve en pas si mauvaise compagnie. D’ailleurs, les commentaires les plus raides sont venus de Montréal.
Le Devoir du 3 janvier a titré « Un ratage historique » : « Quel gaspillage ! Quarante-cinq petites minutes à remplir, un an de travail, près de trois millions de dollars de fonds publics et on nous a servi ça. […] On est en droit de se demander pourquoi la Société du 400e lui a confié la direction artistique de ce spectacle, certes rodé techniquement, mais au contenu faible et bâclé ? À la décharge du maître d’œuvre, comment les patrons du 400e ont-ils pu donner le feu vert à une proposition artistique aussi pitoyable ? »
Dans son édition de janvier, L’Action nationale a donné un autre point de vue :
« Ce spectacle navrant n’était pas un échec, bien au contraire. On a pu y voir là la représentation de ce que l’ordre canadian tolère qu’on soit, un vestige désincarné, ballotté entre le quétaine et le folklore, s’agitant dans le party parce qu’on lui a refusé la Fête et beuglant son contentement dans une finale en anglais achevant de dire le contraire de ce que tout cela aurait dû signifier. […]
« L’absolue médiocrité qui a empêché ce spectacle d’atteindre à la vérité artistique a tout simplement permis de révéler, en quelque sorte in absentia, ce qui faisait objet de censure : la culture québécoise, la vérité de la nation. « Tu penses qu’on s’en aperçoit pas » chante Ti-cul Lachance (Gilles Vigneault). Ce spectacle était criant de vérité. Et la réaction qu’il a suscitée, porteuse d’une vérité plus grande et plus forte encore : nous ne sommes pas cela, nous ne voulons pas cela. Nous aurions pu faire autrement, mais, somme toute, nous avons commencé l’année du bon pied, en refusant, les uns sur la place d’Youville, les autres dans les chaumières et les fêtes de famille, ce qu’on veut faire de nous. »
Dures, les critiques de Québec ? Le programme officiel de cette soirée n’avait-il pas promis « un univers imaginaire qui fera revivre 400 ans de notre histoire » ?