Les Québécois n’en auront peut-être pas conscience mais leur mois d’août aura une saveur particulière.
Du 31 juillet au 17 août, le parc de l’Esplanade est le point de convergence d’artistes francophones de partout au Canada. C’est la « Francoforce » (une activité inscrite « à retardement » dans le programme officiel du 400e de Québec) qui termine ici sa tournée et vient témoigner de la vitalité de la francité, d’un océan à l’autre.
Du 5 au 10 août, les Fêtes de la Nouvelle-France devaient avoir cette année une plus grande envergure mais la pluie est venue gâcher les premiers jours. Elles ont débuté avec un magnifique défilé de géants dirigé par le fondateur de Québec et fermé par deux grands patriotes québécois, Ludger Duvernay (fondateur de la SSJB de Montréal) et Félix Leclerc; le Louisianais Zachary Richard a été la vedette du spectacle de clôture.
En fin de semaine dernière, dans une autre activité concoctée sur le tard, le maire de Québec a reçu une délégation de 13 maires venus de villes américaines dont la fondation est due à l’action ou à l’influence des Français ou des Canadiens de souche française.
Un grand tintamarre acadien est prévu dans la capitale le 15 août. La Société nationale de l’Acadie en profitera pour décorer une personnalité québécoise et la journée se terminera par un grand spectacle qui mettra en scène des artistes acadiens et québécois.
Le 22, Céline Dion s’amène avec ses invités dans un spectacle conçu spécialement pour Québec, en français, cette fois; deux jours plus tard, sur la même scène, une vingtaine d’artistes rendront hommage à la chanson francophone dans le spectacle Paris-Québec à travers la chanson, lui aussi greffé tardivement à la programmation officielle.
Pour en arriver là, il a fallu que les chiâleux forcent un peu la main aux idéateurs du 400e mais ce programme rafistolé suffira-t-il pour se consoler d’un rendez-vous raté avec l’histoire de l’Amérique française au cours des sept premiers mois de 2008, la seule « rencontre » qui importait vraiment ? Tous les ingrédients auraient été là si les cuisiniers avaient su apprêter le plat pour en faire ressortir la saveur. Il y avait bien un « biscuitier » et un « boulanger » aux chaudrons mais leurs marmitons se sont égarés dans une cuisine internationale qui ne privilégie pas les racines.
Maintenant que les Pascale Picard Band du « Summer festival of Quebec » et sir Paul sont passés, c’est comme si l’essence de cet anniversaire remontait naturellement à la surface et que le « chanteur indigène » (selon le mot de Sylvain Lelièvre) finissait par prendre le plancher.
Avec ces manifestations artistiques de la Franco-Amérique et les hommages hors programme à Félix Leclerc (la Société du 400e s’étant contentée de clins d’œil), sans compter la participation spéciale de la France à Expo-Québec, on dirait que 2008 commence au mois d’août. Et ça se poursuivra cet automne avec les Entretiens Jacques-Cartier, le Sommet de la francophonie et l’ouverture du Centre de la francophonie des Amériques. Décidément, ce 400e se déroule à l’envers.