Millicent était le pseudonyme d’Amélie Leclerc, née à Trois-Pistoles le 14 juin 1900. Initiée à la poésie pendant ses études chez les sœurs de Jésus-Marie, Millicent remporte le prix David en 1923 pour son recueil de poèmes intitulé Campanules (Québec, L’Action sociale, 1923, 122 p.). L’année suivante, elle entre chez les sœurs Adoratrices du Précieux-Sang sous le nom de sœur Marie-de-Loyola. Elle est décédée au monastère d’Ottawa le 10 septembre 1985.
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Louis-Guy Lemieux (1945-2018)
L’ancien journaliste Louis-Guy Lemieux (1945-2018) est décédé vendredi (https://quebec.huffingtonpost.ca/2018/07/21/journaliste-louis-guy-lemieux-decede_a_23486790/). Il personnifiait l’époque où le Soleil s’intéressait à l’histoire de la ville. Il y a bien de nos jours une comparaison « hier-aujourd’hui » avec des photos anciennes (une par semaine), mais on est loin des textes de Louis-Guy qui avait pris la succession de la prolifique Monique Duval.
(Photothèque Le Soleil)
Je me souviens du lancement de son Roman du Soleil (Septentrion, 1997). Pendant que les patrons plastronnaient et vantaient le beau livre, il me rappelait, sourire en coin, qu’il avait dû se battre pour leur faire accepter ses chroniques sur l’histoire du journal… Les « vieilles pierres » ne séduisaient plus, semblait-il… C’est pourtant ce qui attire le monde à Québec, depuis des lunes, bien avant les technos et le Saint-Roch « nouvo ». Les gens d’ici sont fiers de leur histoire, Ils en mangent, comme en témoigne leur « amitié » pour la page Facebook de la Société historique de Québec, entre autres.
Louis-Guy a aussi publié Nouvelle-France La grande aventure, 2001, et Grandes Familles du Québec, 2006, toujours au Septentrion (https://www.septentrion.qc.ca/auteurs/louis-guy-lemieux).
Sincères condoléances à la famille qui avait des racines profondes dans mon village natal. Le grand père paternel de Louis-Guy a été chef de gare à Saint-Jean-Port-Joli de 1916 à 1934 et son grand-père maternel (Fortin), propriétaire du fameux Castel des Falaises ; ses parents s’y sont mariés en 1938 et y ont eu leurs deux premières filles.
Un député errant
(Texte rédigé en collaboration avec André Gaulin, ancien député de Taschereau, et Matthias Rioux, ex-ministre et ancien député de Matane)
La colline parlementaire s’est enrichie le 6 juillet d’un nouveau monument, une reproduction agrandie du « Député arrivant à Québec », une œuvre d’Alfred Laliberté (1877-1953) réalisée vers 1930.
Il faut se réjouir de voir que le projet d’Eugène-Étienne Taché se poursuit : « Je me souviens », a-t-il fait écrire au-dessus de la porte de l’édifice qu’il a conçu pour inviter ses compatriotes à se souvenir de leurs grands personnages, à commencer par les Amérindiens, rappelons-le, jusqu’aux femmes entrées récemment dans la vie parlementaire.
Ce monument représente un député débarquant dans la capitale pour siéger au Parlement du Bas-Canada (1792-1828). Le thème est tout à fait à-propos, mais ce « Député arrivant à Québec » n’est pas débarqué au bon endroit.
La proposition
Dans le dernier numéro du bulletin Le temps de parole (juin 2018, p. 7), on peut lire que les membres de l’Amicale des Anciens parlementaires du Québec ont adopté à l’unanimité, en 2015, « une motion, proposée par notre collègue André Gaulin, pour souligner le 225e anniversaire des institutions parlementaires et du premier Parlement du Québec ».
En réalité, la motion se lisait comme suit :
« Que l’Amicale des Anciens parlementaires du Québec assure le suivi à donner pour que mémoire soit faite du premier Parlement du Québec (1792-1838) dans le Parc Montmorency de la Capitale, Parlement dont on soulignera le 225e anniversaire en décembre 2017. »
Autrement dit, l’objectif de la proposition était de rappeler la présence de nos premiers parlementaires à l’endroit où ils ont siégé pendant près de cinquante ans; le 225e anniversaire des institutions parlementaires couvrant plus largement par la suite un ensemble d’activités.
C’est seulement en ayant cela en tête qu’on peut comprendre la suite des événements, tels que rapportés par le président de l’Amicale à l’assemblée générale de mai 2018 :
« L’Amicale en a informé le président de l’Assemblée nationale afin qu’il puisse y donner suite en concertation avec les autorités canadiennes. Après une première analyse des nombreux dossiers soumis, Patrimoine Canada a retenu la proposition de la mise en place d’un monument visant à commémorer cet événement important pour le Québec.
[…] Patrimoine Canada a accepté de contribuer, pour un montant de 215 000 $, à la mise en place d’un monument constitué de la sculpture d’Alfred Laliberté intitulée « Le député arrivant à Québec », monument qui sera érigé sur les terrains de l’Assemblée nationale et inauguré en juillet prochain. »
La réponse
On comprend alors ce qui manque dans ce résumé : le parc Montmorency est propriété fédérale et Patrimoine Canada a refusé d’y permettre le moindre rappel du passage des députés bas-canadiens, pas même « une simple plaque commémorative », « un minimum », comme l’écrivait l’auteur de la motion, en octobre 2015, au 3e vice-président de l’Assemblée nationale, chargé du Comité du 225e. Dans sa grande générosité, et ne regardant jamais à la dépense quand il s’agit de commémoration, Patrimoine Canada a offert un « prix de consolation », ce qui lui a permis d’acheter la présence d’un ministre fédéral à l’inauguration du monument et de faire des invitations aux médias, conjointement avec le président de l’Assemblée nationale. De telle sorte que des invités qui avaient accepté l’invitation du président se sont désistés quand ils ont constaté que le fédéral avait imposé sa présence, insolite en la circonstance.
Devant le refus de Patrimoine Canada, on se serait attendu à ce que l’Assemblée nationale se tourne plutôt vers le gouvernement du Québec pour obtenir une contribution financière qui n’aurait pas trop grugé des surplus actuels : l’a-t-elle seulement sollicité?
***
Au final, la proposition de l’Amicale a été récupérée in extremis dans la programmation du 225e et dénaturée. Non content de bloquer l’accès à son parc, le gouvernement fédéral a profité de l’inertie du gouvernement du Québec en matière de commémoration pour venir patronner un monument sur la colline parlementaire québécoise, un geste sans précédent. Où était donc la Commission de la capitale nationale du Québec particulièrement responsable de la commémoration et de l’embellissement de la colline parlementaire?
Cette triste affaire illustre une fois de plus à quel point le gouvernement fédéral contrôle le message, avec l’argent des contribuables, dans la plupart des sites historiquement significatifs de la capitale du Québec, des Plaines d’Abraham au parc Cartier-Brébeuf, en passant par les fortifications et le port, imposant ses normes, couleurs et souvenirs, et ─ dans le cas présent ─ faisant fi des nôtres. Après avoir refusé l’accès du « Député » au site où il a siégé, il faut être assez culotté (ou vraiment inconscient) pour venir à l’inauguration de ce monument et déclarer (par la voix de la ministre Mélanie Joly) que le gouvernement du Canada « est fier de contribuer à la réalisation de nouveaux monuments qui mettent en valeur les moments charnières de l’histoire du Québec » et que ce bronze « rappellera aux générations à venir le rôle fondamental qu’ont joué les premiers députés dans l’édification de NOTRE pays ». Voilà : il en coûtera quelque 200 000 dollars pour remettre encore une fois le Québec à sa place.
Comme le dirait Roland Giguère, « la grande main qui pèse sur nous [...] finira par pourrir [et] nous pourrons nous lever et aller ailleurs ».
Les « Gens de mon pays » de Roméo Bouchard
J’ai lu avec beaucoup de plaisir les « Gens de mon pays » de Roméo Bouchard (Écosociété, 2018, 152 p.). Je partage avec l’auteur un profond attachement à la région qu’il habite, ce qui me place évidemment dans la catégorie des critiques partiaux.
Le titre emprunté à Vigneault n’est pas original, mais convient tellement bien au contenu de l’ouvrage et aux sentiments que l’auteur éprouve envers ses « sujets » qu’on ne lui tiendra pas rigueur.
Entre un chapitre initial qui rappelle les origines de la paroisse de Saint-Germain de Kamouraska et un chapitre final sur le territoire de la municipalité, Roméo Bouchard brosse le chaleureux portrait d’une quinzaine de personnes qu’il a côtoyées, accompagnées, aidées et (généralement) aimées: même l’ancien maire Bérubé, qu’on rangerait plutôt parmi les « ennemis jurés », s’en tire avec un portrait respectueux.
À travers ces portraits sympathiques, l’auteur évoque les nombreux combats qu’il a menés à Saint-Germain depuis qu’il est venu s’y établir en 1975 pour cultiver la terre, sans savoir qu’il y brasserait bien des choses, à commencer par une affaire de lisier… Avec les autres « barbus » qui formaient son clan, on peut deviner qu’il ne devait pas être reposant.
Au fil des pages, on sent que l’étranger de 1975 a su gagner la confiance des « Saint-Germains » et qu’il s’est aussi passablement assagi, sans désarmer pour autant. « Gens de mon pays » est l’hommage de Roméo Bouchard à sa patrie d’adoption et à ses habitants, une ode au Québec rural dans son ensemble. Il consacre les dernières pages aux peintres qui fréquentent Saint-Germain l’été : « Ils fixent sur leurs toiles, pour les générations à venir, les derniers paysages ruraux, les vestiges d’une culture et d’un mode de vie en voie de disparition ».
Mauvais printemps pour le Parlement
Traditionnellement, le lieutenant-gouverneur venait chaque année, en personne, procéder à l’ouverture de la session, avec « son » discours du trône, et revenait la fermeture quelques mois plus tard. Puis, on a de plus en plus prorogé la session par proclamation, sans déranger Son Excellence. À partir des années 1980, les sessions se sont souvent allongées sur deux ans, ce qui a réduit ses apparitions. Et voilà que nous venons de marquer une autre étape : pour la première fois de l’histoire parlementaire, une législature « normale » de quatre ans n’a tenu qu’une seule session. On n’a pas revu le vice-roi depuis l’ouverture de la session en 2014, ce qui a privé les simples députés de leurs vingt minutes de gloire qui consiste à participer au débat sur le message inaugural.
La session actuelle (car elle n’est qu’ajournée au 18 septembre, en principe) sera la plus longue de tous les temps, mais il est justement temps qu’elle finisse, car le Parlement ne cessait d’y laisser des plumes. Ramassons-en quelques-unes.
Seul Le Devoir a fait état d’un autre abus du pouvoir réglementaire que les lois accordent à l’exécutif. En juin 2017, le Parlement a adopté un projet qui visait à stopper la destruction des milieux humides en appliquant le principe « d’aucune perte » ; en vertu de cette loi, les promoteurs qui portent atteinte à des milieux humides doivent verser une compensation financière dans un fonds de restauration. Or, en mai dernier, le ministère du Développement durable a adopté un règlement qui réduit substantiellement les compensations financières exigées, « ce qui est en porte à faux avec la volonté d’aucune perte », selon une analyse d’impact réalisée par le ministère lui-même. En d’autres mots, le gouvernement a contredit, par décret, l’esprit même de la loi 132. Dans l’indifférence générale.
Plus remarqué, mais quand même pas pour qu’on se batte dans les autobus : dans une décision rendue par la présidence le mardi 12 juin, la ministre Kathleen Weil a été reconnue coupable d’outrage au Parlement pour avoir divulgué le contenu du projet de loi sur l’accès à l’information à des journalistes avant même qu’il ne soit déposé en Chambre.
La situation ne manquait pas d’ironie, comme l’a souligné Michel David : « Une ministre responsable des Institutions démocratiques qui est blâmée pour outrage au Parlement, c’est un comble » (https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/530496/le-bulletin-ministeriel).
Ce n’est pas la première fois que les députés d’opposition portent plainte pour outrage mais on ne se souvient plus de la dernière fois où un membre du gouvernement a été blâmé. Le leader de l’opposition officielle a soulevé la question le 17 mai, mais le président (qui avait d’autres préoccupations…) a pris quatre semaines pour rendre sa décision. Il fallait ensuite que la Commission de l’Assemblée nationale (CAN) siège pour décider s’il y aurait une sanction qui aurait pu aller jusqu’à la perte du siège. Manque de pot, la Commission a manqué de temps pour compléter le processus. De toute manière, la CAN a une majorité libérale. Donc…
Parlant de la majorité, elle s’est manifestée avec force dans le dossier du député de Brôme-Missisquoi qui a été blâmé par la nouvelle Commissaire à l’éthique pour avoir favorisé sa fille et son gendre avec son allocation de logement. Là aussi, il fallait que la décision soit entérinée par les députés et les libéraux se sont rangés derrière leur doyen. Pour ne pas « créer d’injustice », d’après le premier ministre… Selon le leader du gouvernement, dont les raisonnements créatifs nous manqueront sûrement, il n’était « pas question par ce geste de désavouer Me Ariane Mignolet ou son institution », mais il a quand même demandé une opinion juridique externe pour essayer de la contredire, influencer l’opinion publique et, surtout, son caucus.
« Le premier commissaire à l’éthique de l’Assemblée nationale était un chien de garde qui ne mordait pas, a écrit Rémi Nadeau. Sa successeure a mordu dès la première occasion, mais le gouvernement libéral a choisi de lui arracher les dents… » (http://www.journaldequebec.com/2018/06/20/coucouche-panier). Convenons pas ailleurs que la Commissaire s’est un peu tiré dans le pied en blâmant le député tout en écrivant que les règles devaient être revues.
Même le président de l’Assemblée nationale a terminé la session, sa présidence et sa carrière parlementaire avec des plumes en moins. Michel David a tout dit, en quelques mots, dans son bulletin de fin de session : « Pendant des années, on a loué le travail de Jacques Chagnon (Westmount–Saint-Louis) à la présidence de l’Assemblée nationale. Tout s’est écroulé au moment où il s’apprêtait à prendre sa retraite. Ses efforts pour améliorer l’image de l’institution parlementaire ont été anéantis par les révélations sur le train de vie princier qu’il menait aux frais des contribuables et son étonnement offusqué face aux réactions qu’elles ont provoquées » (https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/530635/bulletin-de-l-opposition)..
À ce palmarès navrant, il faut ajouter que le Parlement a terminé la session avec un « salon de bronzage » bondé (https://blogue.septentrion.qc.ca/gaston-deschenes/2018/05/22/un-salon-de-bronzage-achalande/). C’est rarement bon signe quand cette « arrière-boutique » de la salle des séances fait son plein de membres exclus des caucus pour des motifs souvent peu glorieux. La semaine dernière, on y retrouvait les cas symptomatiques d’un Parlement mûr pour un renouvellement : problèmes d’éthique, problèmes de conduite et autres…
À la prorogation, probablement en août, on nettoiera l’ardoise et, à l’ouverture, on recommencera à neuf, en principe, en souhaitant, là comme ailleurs, du changement.