L’Affaire Michaud, vingt ans plus tard

Le 14 décembre 2000, le chef libéral Jean Charest interpelle le premier ministre Bouchard au sujet des propos tenus la veille par Yves Michaud et annonce qu’une motion sera présentée après la période de questions : « Que l’Assemblée nationale dénonce sans nuance, de façon claire et unanime, les propos inacceptables à l’égard des communautés ethniques et, en particulier, à l’égard de la communauté juive tenus par Yves Michaud à l’occasion des audiences des États généraux sur le français à Montréal le 13 décembre 2000. »
Yves Michaud était pressenti comme candidat à l’élection partielle dans Mercier, ce qui ne plaisait pas au premier ministre. La motion permettait donc aux deux chefs de projeter hors-piste un militant dérangeant. L’affaire ayant vraisemblablement été orchestrée en coulisses, le premier ministre accueille favorablement la proposition et engage « toute la députation ministérielle ».

« …exécuté sur la place publique »
Une heure plus tard, la motion est adoptée, sans plus de précision sur les propos en question et sans débat, à l’unanimité des 109 députés présents.
À la sortie de la séance, le ministre Sylvain Simard déclare que Michaud a « banalisé l’Holocauste […] ». Bernard Landry abonde dans le même sens : « [M. Michaud] a nié l’épisode le plus barbare de l’Histoire humaine dans son exceptionnalité. »
Or, Michaud n’a jamais parlé de l’Holocauste la veille, comme en témoigne la transcription officielle de son intervention qui ne contient pas de « propos inacceptables » contre le peuple juif qu’il a présenté comme modèle aux Québécois qui souhaitent affirmer « leur propre identité nationale ».
Yves Michaud demande sans succès d’être entendu par l’Assemblée nationale. Il est ensuite débouté en Cour supérieure et en Cour d’appel, tandis que la Cour suprême refuse de l’entendre. Un juge de la Cour d’appel a cependant ajouté un « obiter dictum » (« soit dit en passant ») étonnant à la décision rendue en 2006 : « […] le Droit à l’époque des Chartes et de la prédominance des droits individuels permet qu’un individu soit condamné pour ses idées (bonnes ou mauvaises, politiquement correctes ou non, la chose importe peu), et ce sans appel et qu’il soit ensuite exécuté sur la place publique sans, d’une part, avoir eu la chance de se défendre et, d’autre part, sans même que les raisons de sa condamnation aient préalablement été clairement exposées devant ses juges, les parlementaires ».
Le juge Baudouin constatait implicitement l’injustice et, sans le dire ouvertement, relançait la balle à l’Assemblée nationale, mais son commentaire est pratiquement passé inaperçu et les parlementaires (que Me Jean-C. Hébert a qualifiés de « juges en culottes courtes ») l’ont ignoré.

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Deschênes (Michaud, 2010)

Des propos « inventés » ?
Mon livre, L’affaire Michaud : chronique d’une exécution parlementaire, est publié au Septentrion en octobre 2010. « Il est maintenant clair, commente Michel David, que M. Michaud n’a pas tenu devant la Commission des États généraux sur la langue les propos antisémites qu’on lui a reprochés ». Selon Gilbert Lavoie, le livre établit « clairement qu’on lui a imputé des propos qu’il n’a pas tenus et qu’on l’a jugé sans vérifier la véracité des accusations portées contre lui ».
Au Parlement, le 1er décembre, le député Amir Khadir essaie de présenter une motion par laquelle l’Assemblée nationale reconnaîtrait « avoir commis une erreur ». Le Parti libéral aurait donné son consentement, mais le Parti québécois refuse le débat, craignant qu’on refasse le procès de Michaud… Visiblement dissidents sur cette question, des membres du caucus péquiste expriment des excuses à l’endroit de Michaud, ajoutant leur nom à la courte liste des ex-parlementaires qui l’avaient fait peu après la sortie du livre (Joseph Facal, Louise Beaudoin). Puis, les excuses se multiplient. L’ancien ministre Paul Bégin contacte ses ex-collègues : un mois plus tard, 51 membres du caucus péquiste de décembre 2000 avaient fait amende honorable. Certains s’expliquent publiquement. Claude Lachance reconnaît avoir été « carrément floué ». Mathias Rioux exprime « la honte [qu’il] éprouve d’avoir été roulé dans la farine par des manipulateurs » et pose une question qui n’a toujours pas de réponse : « Quel personnage ou quel groupe a instrumentalisé Bernard Landry et Sylvain Simard […] ? » François Beaulne explique qu’il a voté suivant « la volonté du chef » et en se fiant à la « grande crédibilité » des coauteurs de la motion, Lawrence Bergman et André Boulerice; or, ce dernier écrit en janvier 2011 « que les propos de M. Michaud avaient été inventés ou interprétés vraisemblablement dans le but de tromper ou de provoquer une vive réaction émotive ».

« …une leçon pour les parlementaires »
En 2016, Yves Michaud s’adresse à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, sans succès. En 2018, une pétition est déposée à l’Assemblée par l’intermédiaire d’un député du PQ, qui se limite à un « geste d’estime », selon le mot du chef du parti, et ne la soumet pas à la commission compétente, mettant ainsi fin au processus.
« Michaud a perdu sa bataille devant les tribunaux et n’a pas eu gain de cause à l’Assemblée nationale, écrivait Gilbert Lavoie en 2010, mais il a gagné la guerre aux yeux de l’histoire » et cette victoire « constitue une leçon pour les parlementaires ». Stéphane Bédard lui donne raison en mars 2011, lorsque le PQ refuse d’appuyer une motion du même genre présentée, encore, par le député de D’Arcy-McGee : « […] on a appris une chose. […] à l’Assemblée, on n’est pas un tribunal. On ne peut pas condamner un individu […]. Il y a des lieux pour ça, et, si des gens ont tenu des propos haineux, il y a des tribunaux pour les condamner ».
De bien beaux principes, mais l’injustice qui a stigmatisé un citoyen en 2000 n’a pas été réparée et la motion honteuse est toujours au procès-verbal.

Paul Bégin, « à la recherche d’un pays »

J’ai lu les mémoires de l’ancien ministre Paul Bégin avec beaucoup d’intérêt. J’avoue que leurs 774 pages m’inquiétaient un peu. J’avais entendu parler de ce gros manuscrit et je craignais de me retrouver avec un monument un peu longuet, à la Guy Bertrand, qui a déjà deux tomes de 500 pages…

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J’en ai lu des mémoires de parlementaires au cours de ma carrière et ceux-là se démarquent de plusieurs façons, avec plusieurs chapitres sur les études de l’auteur, la précision un peu maniaque de l’information (ex. les références législatives) et l’accent sur une vingtaine d’années de travail militant avant sa première élection en 1994. Le sous-titre représente bien le contenu.
Admis au Barreau en 1969, Paul Bégin a surtout travaillé en droit municipal. Membre du RIN dès le milieu des années 1960, il a ensuite milité au PQ. Après une pause au milieu des années 1980, il a été recruté par Parizeau, a été élu en 1994 et a occupé des fonctions ministérielles (Justice, Environnement et Revenu et de nouveau Justice) dans les gouvernements Parizeau, Bouchard et Landry.
Ce qui ressort de ce livre, c’est la vie d’un homme qui se dirige en ligne droite vers la souveraineté, sans fléchir, pendant quatre décennies, malgré tous les désappointements vécus, dont le « beau risque » de Lévesque, l’affirmation nationale de Johnson (dont il a refusé l’invitation), la malheureuse démission de Parizeau, la course au déficit zéro que Bouchard a préférée à la promotion de la souveraineté et les « accroires » de Landry sur la tenue d’un référendum dans le premier mandat. Sans compter deux référendums perdus. Évidemment, les risques de déception en politique croissent avec l’usage. Personnellement, je ne sais pas si j’aurais duré au-delà de l’assemblée « paquetée » du 17 décembre 1984 – que l’auteur a justement qualifiée de « mauvaise pièce », « vaudeville », « mascarade » et « cirque » –, surtout en sachant que mon chef l’avait cautionnée… Et, quand ses collègues du Conseil exécutif le désavouent, en 2002, sur la question des substituts du procureur général, alors qu’il se trouve sur une table d’opération, on a envie de dire « enfin, passons à autre chose ».
Paul Bégin livre un témoignage sincère, courageux dans l’exposé des déceptions et des échecs, mais fier, à juste titre, des points positifs en matière d’environnement (il est à l’origine de la promenade Samuel-de Champlain, du parc du boisé des Compagnons-de-Cartier…) et de justice (Code de procédure civile, Loi sur le lobbyisme, union civile, par exemple).
J’ai évidemment aimé le chapitre qui traite de l’affaire Michaud, un sujet que la dernière biographie de Landry a soigneusement évité. Les informations que Paul Bégin donne sur la réunion des ministres avant la séance du 14 décembre 2000 m’en apprennent un peu sur l’esprit qui régnait autour de Lucien Bouchard dans les heures qui ont précédé immédiatement « l’exécution » de Michaud, mais cette partie de l’histoire (disons, la nuit du 13 au 14) reste un mystère. Paul Bégin a été trompé, comme ses collègues, sur les prétendus propos de Michaud et je crois que Bouchard lui-même l’a été. Ce sont des attachés politiques qui auraient joué les plus mauvais rôles dans ces heures-là.
Je souhaite que ce livre soit lu, surtout par les souverainistes du PQ et d’ailleurs. Son auteur a longtemps œuvré « dans les instances » du parti et ne s’inscrit pas parmi les plus flamboyantes figures du parti. Ce n’était pas dans sa nature ni son objectif. Ses mémoires risquent donc de passer sous le radar, surtout de ces temps-ci. Comme le chantait Raymond Lévesque, « Quand on est d’la race des pionniers / On est fait pour être oublié », mais, quoiqu’il arrive, cet ouvrage inscrit son passage dans l’histoire politique du Québec.
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Paul Bégin, À la recherche d’un pays; mémoires d’un militant (1962-2002), Québec, GID, 2020, 774 p.

Les malheurs d’Alphonsine

Édité aux Éditions de la Huit, le journal de Jacques-Ferdinand Verret fourmille d’informations, d’anecdotes et de potins de toutes sortes. Fils du marchand général de Charlesbourg, Verret raconte, entre autres choses, les mauvais coups dont mon arrière-grand-mère, Alphonsine Delage (épouse de Napoléon Giasson) a été victime dans sa jeunesse. Les réseaux sociaux n’ont pas inventé la méchanceté…

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Née à Charlesbourg en 1859, Alphonsine Delage a vécu une grande peine d’amour en 1880. Alexandre Villeneuve voulait l’épouser, mais le futur beau-père s’est opposé au mariage, et le jeune homme a vite oublié la promise dans les bras d’une demoiselle L’Heureux qu’il épouse en mai 1882. Verret souhaite qu’Alphonsine oublie « ses amours d’enfance »; il doit lui en coûter beaucoup, poursuit-il, « de voir son ancien amant promener sa rivale en triomphe, sous les splendeurs de la couronne de mariée, comme il l’a fait en ce jour solennel de sa vie ».

Le mariage a lieu le mardi 4 mai 1881. Deux jours plus tard, Verret et des jeunes gens réunis au magasin apprennent qu’Alphonsine est gravement malade. Est-ce le spleen?

« Quoiqu’elle soit une vraie Canadienne, elle pourrait bien être sujette à une maladie qui n’est commune qu’aux Anglaises, et surtout dans une circonstance aussi triste pour elle que celle de mardi matin, elle pourrait fort bien en avoir été atteinte.

Je ne devrais plus badiner avec le malheur qui la frappe, mais que voulez-vous? Quand une personne est dans la peine, elle se voit frustrer [sic] des sympathies du public et c’est justement ce qui arrive dans le cas de Mlle Delage, que chacun se plaît à déchirer ».

On s’attendrait pourtant au contraire!

« Je ne sais pas, écrira Verret l’année suivante, ce que cette chère Alphonsine a fait de si étrange pour être aussi peu estimée des jeunes gens de cette paroisse. Sa famille peut y être pour quelque chose. L’année dernière, le 14 février [1881], elle reçut un valentin contenant les injures les plus grossières à l’adresse de chacun des membres de sa famille et à la sienne […]. Elle eut la faiblesse de croire qu’elle ferait bien de la montrer au curé Beaudry et à d’autres notabilités de cette paroisse. L’affaire s’ébruita et, pendant un mois, on parla beaucoup de ce valentin et les rieurs ne furent pas du côté d’Alphonsine. »

Selon Verret, la jeune femme n’est pourtant pas « douée [sic] d’un extérieur désagréable ».

« Au contraire, Alphonsine est une grande brune de vingt-trois ans, aux épaules et aux hanches bien dessinées, son visage est assez bien fait et, quoiqu’elle ne soit pas régulièrement belle, rien dans sa physionomie n’est difforme ou mal approprié.
Ses manières sont faciles, aisées et jamais embarrassées; sa démarche est haute et fière. »

Sympathique en apparence à la cause de la jeune femme, Verret ne manque cependant pas d’en remettre. En novembre 1881, il compose une chanson railleuse à son endroit, sur un air à la mode, et, avec la complicité d’un de ses contacts d’affaires, il projette de la faire poster de New York, à l’adresse d’Alphonsine, sous le pseudonyme « Valentinatus ». Et, pour bien assurer la diffusion de son œuvre, il envisage d’en envoyer copie à un ami de Charlesbourg, anonymement toujours, en prétendant même qu’elle a été éditée aux États-Unis! Finalement, la chanson n’ira pas plus loin que son journal.

Le 12 février 1882, on annonce le mariage d’Alphonsine avec Napoléon Giasson, cultivateur de Saint-Jean-Port-Joli. Comment les tourtereaux se sont-ils connus? Mystère. Les Delage sont bien ancrés à Charlesbourg; du côté maternel, la famille est de Portneuf. Napoléon est né à L’Islet en 1854 et sa famille s’est déplacée à Saint-Jean dans les années 1860. Toutes ses racines sont sur la Côte-du-Sud. Toutefois, le curé de L’Islet à cette époque, François-Xavier Delage, est le grand-oncle d’Alphonsine et pourrait constituer le lien avec Napoléon.

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La veille du mariage, Verret joue aux cartes avec des amis dont Alexandre Villeneuve et Zéphirin Dorion. À la fin de la soirée, ces deux derniers s’attardent et, une fois les portes et les fenêtres bien fermées, Dorion explique son plan : « comme Villeneuve et lui n’estiment guère la famille Delage, il a inventé un tour d’un nouveau genre »…

Les mariés et leurs invités l’apprendront le lendemain, jour de la Saint-Valentin, en se rendant à l’église :

« Tout annonçait un jour de deuil et les balises [du chemin] depuis la côte du roi jusqu’à l’église étaient ornées de banderoles de crêpe et de lisières de batiste noire; il y avait même deux étendards du plus beau noir suspendus au-dessus du chemin et rien n’était plus curieux que ce déploiement d’oriflammes […] »

Verret prédit qu’on ne reparlera probablement plus d’Alphonsine et « encore moins de M. Giasson ». Et non content d’avoir participé à ce dernier épisode de harcèlement, il ajoute en terminant, avec toute sa condescendance de petit-bourgeois charlesbourgeois : « D’après la rumeur, M. Giasson serait loin d’être un bel homme et de plus il ne serait pas riche ».

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Jacques-Ferdinand Verret, Mes souvenirs, édition établie présentée et annotée par Rémi Ferland, Sainte-Foy, les Éditions de la Huit, 2001, 2 vol.

La « croix gammée » de ma grand-mère

Aussi bien le dire avant qu’un « woke » survolté ne me dénonce à  Pénélope M.: ma grand-mère maternelle, Marie-Flore Giasson, portait un symbole offensant. En témoigne la photographie prise lors de son mariage avec Auguste Caron : elle porte au cou une broche en forme de « croix gammée ».

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« J’en conviens, je l’avoue », comme disait le fabuliste, mais c’était en 1910 et elle portait en fait un svastika (ou swastika), l’un des plus anciens symboles de l’humanité, utilisé sous différentes formes dans la majorité des civilisations du monde, les plus anciens ayant été identifiés en Ukraine vers 10 000 av. J.-C.

« Svastika » signifie « ce qui apporte la bonne fortune » ou « ce qui porte chance ». Il est « dextrogyre » (dextre, droite) lorsque les pattes de la croix tournent dans le sens des aiguilles d’une montre et « lévogyre » ou « sénestrogyre » (senestre, gauche) dans le cas contraire. En Inde, les deux modèles sont généralement vus comme « bénéfiques ». Le svastika lévogyre est parfois considéré comme un symbole de malchance.

Deux décennies plus tard, Adolf Hitler choisira le svastika comme symbole, le modèle dextrogyre, en plus, celui-là même que ma grand-mère portait sur sa « photo de noces ».

ParteiabzeichenGoldOn commence à annoncer des bijoux en forme de « swastika « dans les journaux en 1907.

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La maison Siefert & fils, « marchands de diamants », établie sur la rue de la Fabrique, à Québec, proclame dans Le Soleil du 9 novembre 1907 que «la croix la plus vieille » est devenue « la plus grande nouveauté » :

« Pour les anciens, les quatre bras de la Swastika représentent les quatre vents et elle est aussi un signe de bonne santé, de longue vie et de prospérité pour ceux qui la porte [sic].

Swasiika est un des plus beaux et des plus sages symboles, ayant été connue [sic] dès 1503 avant l’ère chrétienne.

Elle a été découverte en Europe, en Asie et en Afrique et par ceux qui habitaient dans des hutes [sic] en Amérique et est un objet de spéculation pour les écoliers.

Les Indiens regardent Swastika comme leur chance et prétendent qu’elle vient en connection [sic] avec leur dieu, qu’ils appellent Astika.

Les breloques Swastika se vendent bien. Nous les avons sous 4 format [sic] comme l’indique [sic] les vignettes ci-dessus en breloques, en épinglette et en broches à chapeau.

Les prix de celles en argent varient de 50 cents à 75 cents. »

Le Quebec Chronicle du 9 décembre 1907 soulignait à quel point les bijoux-talisman, comme le fer à cheval, le svastika indien et le scarabée égyptien, séduisaient alors les femmes.

Le seul péché de ma grand-mère était de suivre la mode, mais on n’a pas tous les jours 20 ans. Mariée en 1910, elle donne naissance à 15 enfants, dont des jumeaux morts au berceau et un garçon trisomique, né en 1936, alors qu’elle avait plus de 49 ans.

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Comme si ce n’était pas assez d’élever cette marmaille, pendant deux guerres mondiales et une crise économique, son mari meurt en 1938, la laissant avec une dizaine d’enfants encore à la maison sur une petite ferme du deuxième rang de Trois-Saumons, la dernière de la paroisse, à 8 km de l’église de Saint-Jean-Port-Joli. (Ce qui ne l’empêchera pas, plus tard, de prendre une orpheline « en élève »!)

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Avec des moyens plus que modestes, sur une ferme quasi autarcique, Marie-Flore Giasson vivait à l’ancienne. Elle élevait des moutons, cardait et filait la laine pour en faire notamment des bas avec une tricoteuse à manivelle que j’ai actionnée autrefois. Elle élevait des poules et des canards pour les œufs et la chair, mais aussi les plumes avec lesquelles elle faisait des oreillers (j’en utilise encore!). Elle avait même les outils de cordonnerie nécessaires pour faire des chaussures aux enfants. Et, à travers tout cela, elle cultivait aussi des rosiers dont les rejetons se retrouvent aujourd’hui chez plusieurs descendants.

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La remise Alexandre, témoin de la guerre de la Conquête

La partie droite, en pierre, de cette remise de Saint-Roch-des-Aulnaies est ce qui reste d’une maison où une quinzaine de familles, selon la tradition locale, auraient passé l’hiver 1759-1760, après l’incendie de la Côte-du-Sud par les troupes de Georges Scott en septembre 1759.OLYMPUS DIGITAL CAMERA

Une photo tirée d’une collection privée montre la maison, dite maison Alexandre, vue de l’ouest, probablement au début du XXe siècle. C’est une maison de pierre à deux cheminées et au toit pentu dépourvu de larmier aux extrémités. Le mur ouest est percé d’une fenêtre au rez-de-chaussée et deux à étage. On devine des ouvertures dans le mur nord (à gauche).

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Une autre photographie tirée de l’album Les Aulnaies, 1656-1981(page 108), non datée elle aussi, la montre d’un angle différent et permet de voir le mur sud avec une grande ouverture au centre flanquée de deux fenêtres.

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Ce qui restait de la maison Alexandre est transformée en remise en 1922. Une photographie de 1954 conservée aux Centre d’archives de Québec de la Bibliothèque nationale (E6,S7,SS1,P98598) montre qu’elle a perdu son toit pointu et n’a conservé que les murs du rez-de-chaussée.

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Par la suite, à une date indéterminée, elle a été allongée vers l’ouest.

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À l’intérieur de la rallonge, on peut encore voir la fenêtre du rez-de-chaussée du mur ouest et la comparer positivement avec la photo de 1954 en se référant à la forme de certaines pierres à gauche.

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On peut voir, sur le mur nord, l’endroit où se trouvait probablement une ouverture. La pierre pourrait provenir des pignons démolis.

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