Encore deux mots sur la devise du Québec

Dans un ouvrage que toute personne qui s’intéresse à notre histoire devrait lire (Le mythe tenace de la folk society en histoire du Québec, Septentrion, 2023, 216 pages), Jacques Rouillard s’attaque au mythe de la société québécoise pré-révolution tranquille qui aurait été retardataire sur tous les plans, réfractaire à la modernité, à l’industrialisation, à l’urbanisation, aux affaires et au syndicalisme.
L’auteur explique que des sociologues, américains ou sous influence de la sociologie américaine, ont construit cette image d’une folk society, primitive, rétrograde, en observant des villages éloignés des milieux urbains et en se fondant sur des sources proches des milieux cléricaux, dont Le Devoir et L’Action catholique. Les historiens de la seconde moitié du XXe siècle ont permis de corriger cette image qui n’était pas conforme à la réalité. Comme l’écrit Louis Cornellier, « la thèse du Québec en retard, occupé à prier dans ses campagnes jusqu’à la Révolution tranquille, est fausse. Elle ratatine notre histoire, nous fait honte, à tort, et nous fait oublier que le Québec est assez respectable pour être un pays normal ».

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C’est un ouvrage magistral où l’auteur démontre son impressionnante maîtrise de l’historiographie québécoise, mais il y a quand même un bémol à exprimer sur les quatre pages que l’auteur consacre à la devise du Québec, une sorte de hors-d’œuvre inséré à la fin du chapitre quatre.
L’auteur écrit qu’Eugène-Étienne Taché a inscrit la devise Je me souviens au fronton de l’Hôtel du Parlement, mais que « ce n’était pas son intention d’en faire la devise du Québec ».
Rappelons que la reine Victoria a accordé des armes à la province de Québec en 1868 : « D’or à la fasce de gueules chargé d’un léopard d’or armé et lampassé d’azur, accompagné au chef de deux fleurs de lys d’azur et à la pointe d’une branche d’érable à sucre à triple feuille de sinople, aux nervures du champ. »

Armoiries 1892

La porte d’entrée principale en 1892.

Quinze ans plus tard, sur les plans de la façade de l’Hôtel du Parlement, Taché propose de sculpter ces « armes » au-dessus de la porte principale en y ajoutant une couronne et un listel portant les mots Je me souviens. Taché était un héraldiste accompli : si ces trois mots ne sont pas là comme devise, à quoi pouvaient-ils bien servir? Autour de Taché, des gens comme Ernest Gagnon n’étaient pas dupes et savaient que le concepteur des plans de l’édifice profitait de l’occasion pour donner au Québec une devise résumant ce qu’il voulait rappeler avec la décoration de la façade, soit, principalement, le souvenir de nos grands personnages historiques.

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Jacques Rouillard fait ensuite un lien entre la devise du Québec (1883) et la médaille du tricentenaire de Québec (2008) qui en éclairerait la signification.
Sur la médaille, Taché a « recyclé » une autre devise conçue vers 1900 en vue de l’érection d’un monument qui n’a pas vu le jour, soit « Née dans les lis, je grandis dans les roses » qui est devenue, sur le revers de la médaille, « Née sous les lis, Dieu aidant, l’œuvre de Champlain a grandi sous les roses ». Sur ce même revers figurent deux femmes, l’une symbolisant la Nouvelle-France et pointant le doigt vers les racines d’un arbre qui représente le Québec, l’autre, représentant la Grande-Bretagne, qui tend le bras vers le feuillage de l’arbre composé de feuilles d’érable canadiennes. Selon Rouillard, « ces mots et ces symboles correspondent à la signification que Taché a voulu donner au Je me souviens. Comme le fait valoir l’école historique libérale, il veut illustrer l’attachement aux institutions britanniques tout en évoquant que la présence française s’est épanouie sous l’autorité britannique ».
Cette interprétation serait une heureuse contribution à l’histoire de la devise du Québec si elle ne se heurtait pas à quelques obstacles.
La médaille et l’inscription qu’elle porte arrivent environ vingt ans après Je me souviens : peuvent-elles servir à l’interpréter ? Plus fondamentalement, il analyser cette question à la lumière de ce que David Ross McCord (1844-1930), fondateur du musée qui porte son nom, écrivait dans une note qu’on peut situer entre 1898 et 1907. Dans cette note intitulée « French sentiment in Canada », McCord estimait que la devise imaginée par Taché était simple et belle, même si l’attachement à la France constituait à son avis un facteur négatif pour l’unité nationale (« a desintegrating factor operating against the unification of the nation ») ; McCord reconnaissait cependant que Taché avait contribué à la promotion de l’architecture au Québec et, surtout, qu’il était « l’auteur de l’autre devise, “Née dans les lis, je croîs dans les roses”, à laquelle nous lèverons tous nos verres », car elle ne crée pas de division (« the author of the other motto – the sentiment of which we will all drink a toast “Née dans les lis, je croîs dans les roses”. There is no desintegration there »).
Voilà donc deux devises distinctes qui ont, de l’avis d’un observateur sérieux, des significations opposées. Interpréter la première à la lumière de la seconde ne me semble pas une démarche prometteuse[1].


[1] L’auteur et moi avons eu un échange soutenu (deux articles chacun) sur ce sujet dans le Bulletin d’histoire politique en 2005-2007 ; dans son ouvrage, l’auteur cite les siens. Les autres sont: « Le sens original de la devise du Québec : commentaire sur l’analyse de Jacques Rouillard », Bulletin d’histoire politique, 14, 2 (hiver 2006) : 257-261 et « Un dernier commentaire sur la devise du Québec ? », Bulletin d’histoire politique, 16, 1 (automne 2007) : 325-326.

« L’Année des Anglais » sur la Côte-de-Beaupré

La « découverte » du rapport du major George Scott a permis de préciser comment les troupes de Wolfe ont ravagé la Côte-du-Sud au début de septembre 1759. Ce n’était pas leur seul coup de l’année. Deux semaines plus tôt, d’autres incendiaires avaient sévi sur la Côte-de-Beaupré. Le journal de Malcom Fraser, publié en 1868 par la Société historique et littéraire de Québec*, permet de voir à l’œuvre  les hommes du 78e Régiment (Fraser’s Highlanders) dirigés par le capitaine John McDonnell.

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Québec était bombardée depuis un mois. La ville résistait et, derrière les lignes des assiégeants, des Canadiens, jeunes et vieux, ne cessaient de harceler les troupes campées à Pointe-Lévy et à la rivière Montmorency. Excédé, malade et un peu désespéré, Wolfe décide d’attaquer à la fois les biens et le moral des miliciens rassemblés à Québec pour protéger la capitale.

C’est dans ce contexte que, le 15 août 1759, le capitaine John McDonnell, sept sous-officiers (dont le lieutenant Malcom Fraser), huit sergents, huit caporaux et cent quarante-quatre hommes traversent de Pointe-Lévy à l’île d’Orléans et vont loger à l’église de Saint-Pierre. Le lendemain, le détachement se rend à l’extrémité est de l’île, en face de l’église de Saint-Joachim. Le 17, il traverse à Saint-Joachim et, en route vers l’église, il subit le tir des habitants caché derrière les maisons et les clôtures, puis à l’orée du bois. Les hommes de McDonnell prennent possession du presbytère, qu’ils essaient de fortifier.

Du 17 au 23, McDonnel et ses hommes demeurent à Saint-Joachim. Le 23, le capitaine Montgomery (que l’éditeur du journal confond avec le Montgomery mort devant Québec en 1775…) arrive en renfort avec environ cent quarante fantassins légers du 43e Régiment (Kennedy’s) et une compagnie de Rangers.

Montgomery prend le commandement de la troupe qui se heurte à un groupe d’environ deux cents Canadiens embusqués dans des maisons à l’ouest de Saint-Joachim. Devant l’attaque, les Canadiens retraitent dans les bois, poursuivis par les Britanniques.

« Il y eut, écrit Fraser, plusieurs ennemis tués et blessés, et quelques prisonniers, que le barbare capitaine Montgomery, qui nous commandait, ordonna de massacrer de la manière la plus inhumaine et la plus cruelle, dont deux, en particulier, que j’avais confiés à un sergent — après les avoir épargnés et m’être engagé à ne pas les tuer — qui furent l’un fusillé, l’autre abattu avec un tomahawk (une petite hache), et tous deux scalpés en mon absence, le coquin de sergent ayant négligé d’informer Montgomery que je voulais qu’ils soient sauvés, comme ce dernier l’a prétendu lorsque je l’ai interrogé à ce sujet ; mais ça ne pouvait pas excuser une barbarie sans précédent. Cependant, comme il n’y avait plus rien à faire, je fus obligé de laisser tomber ».

Côte-de-Beaupré par Montresor dans Knox

Extrait d’un fac-similé de la carte de Montresor publiée dans John Knox, An Historical Journal […], t. 1.

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Fraser n’en fait pas mention, mais on sait que le curé de Saint-Joachim, Philippe-René Robinau de Portneuf, est mort dans un affrontement avec les troupes britanniques.
Le gouverneur lui avait répondu, le 20 août, de faire en sorte que les habitants soient « en état d’opposer la plus vive résistance aux anglais », ce qu’il fit, comme en témoigne son acte de sépulture, le 26 août 1759 : il a été « massacré par les Anglois le 23 etant à la tete de sa paroisse pour la déffendre des incursions et hostilités qu’y faisoit lennemis ».

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Le biographe du curé de Saint-Joachim dans le Dictionnaire biographique du Canada** ne semble pas très sympathique avec son sujet. Le curé, conclut-il, a donc « bel et bien participé à la résistance avec un groupe de paroissiens, justifiant [sic] ainsi l’action des Anglais », mais il conclut que cette affaire « se réduit en somme à un incident mineur comme il en arrive dans toutes les guerres » et que le geste du curé Portneuf, « bien que voué d’avance à l’échec, peut à la rigueur être envisagé comme une courageuse tentative d’opposer à l’envahisseur une digne résistance avant la défaite finale »…

Un curé mort les armes à la main, ce n’est quand même pas banal! Que faut-il pour devenir un héros?

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Après cette escarmouche, la troupe de McDonnell met tout en feu jusqu’à ce qu’elle arrive à l’église de Sainte-Anne, où elle passe la nuit et obtient en renfort une compagnie d’environ cent vingt hommes dirigés par le capitaine Ross.

Le 24, on ravage les fermes jusqu’à Château-Richer (que Fraser identifie comme L’Ange-Gardien) où se fait la jonction avec le colonel Murray et trois compagnies de Grenadiers (22e, 40e et 45e régiments). La fin de semaine (25 et 26 août) est occupée à couper les arbres fruitiers et le blé pour dégager les alentours.

Il ne se passe rien de particulier le 27 août, mais l’ordre est donné de marcher le lendemain vers L’Ange-Gardien où le détachement prend position le 28. Le 29, le capitaine Ross et une centaine d’hommes partent en reconnaissance et reviennent avec un prisonnier canadien dont on ne peut tirer d’informations. Le 30 est consacré à fortifier une maison et l’église de L’Ange-Gardien.

Le 31, le détachement reçoit l’ordre de brûler les maisons de L’Ange-Gardien, mais pas l’église, et de se rendre à Montmorency le lendemain matin, ce qu’il fait en brûlant toutes les maisons jusqu’au camp.

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* Malcolm Fraser, « Extrait d’un journal manuscrit, relatif au siège de Québec en 1759, tenu par le colonel Malcolm Fraser, alors lieutenant du 78th (Fraser’s Highlanders) et servant dans cette campagne », Québec, Middletown et Dawson, 1868, 37 p. (« Manuscrits relatifs aux débuts de l’histoire du Canada », 2e série).

** Jean-Pierre Asselin, « Robinau de Portneuf, Philippe-René », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 12 févr. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/robinau_de_portneuf_philippe_rene_3F.html.

Les têtes brûlées de Catherine Dorion

Les commentaires sur le livre de Catherine Dorion ont surtout porté sur ses relations avec ses collègues, sur son intégration dans le parti et sur le traitement que lui ont accordé les médias, ce qui en a amené plusieurs à dire qu’elle avait couru à sa perte.

Têtes

La lecture de son livre nous fait réaliser que l’ex-député de Taschereau était fragile, à plusieurs égards, avant son élection et qu’elle s’est carrément brûlée dans une fonction qui ne lui convenait pas et qu’elle devait concilier en plus avec des responsabilités familiales et une grossesse. On se demande d’ailleurs ce qu’elle allait faire dans une galère dont elle ignorait vraisemblablement le b.a.-ba. Elle n’est pas la première à s’engager dans la vie parlementaire sans savoir ce qu’il en retourne, comme si elle arrivait d’une autre planète et n’avait jamais lu une chronique parlementaire. On compte sur les doigts de la main les artistes qui se sont fait élire à l’Assemblée nationale (ce n’est pas le Sénat…). Ce sont peut-être des métiers incompatibles?

Un passage de son livre illustre à sa fois sa vision du métier et le mépris qu’il lui inspire :

« Voilà qu’à côté de tout ce que je considère comme essentiel à ma démarche artistique, il faut que je m’enchaîne à une quantité effroyable de tâches dont je ne saisis plus le sens. Des tâches qui, souvent, nuisent à la communauté plutôt qu’elles ne la servent [?!]. Autant d’obligations bureaucratiques tatillonnes, de gestes répétitifs, de sollicitations insignifiantes qui accroissent la surcharge informationnelle qui étouffe nos cerveaux, qui désensibilise nos neurones jusqu’à l’overdose, et qui plonge notre société dans une famine généralisée d’affect, de souffle et de pensée » (p. 208).

C’est bien tourné, mais encore ? On ne trouve pas, dans ce livre, une ligne où l’auteure aurait exprimé, au-delà de son ressenti, la moindre idée concrète suggérant ce qu’il faudrait changer dans ce régime abominé. Quelques pages idéalisent les soirées tenues dans le « bureau de circo », avec conférencier discourant devant un auditoire assis sur des coussins, mais il n’y a rien là comme modèle pour réformer nos institutions. Peut-être aurait-elle pu trouver quelques orientations dans les programmes des nombreux groupes qui ont donné naissance à son parti : le NPD, Option citoyenne, Démocratie socialiste, le Parti communiste ?

Les médias se seraient probablement quand même concentrés davantage sur ses vêtements que sur ses idées, malheureusement, mais, à ce chapitre, pouvait-elle ignorer à quel point l’image domine la vie politique ? Pourquoi refuser les conseils qu’on lui a donnés, dès le départ, en matière vestimentaire et pourquoi être allée ensuite poser, assise sur une table, avec ses « Doc Martens » dans le hall de l’Hôtel du Parlement, puis déguisée en madame au Salon rouge ? Du jamais vu de mémoire d’homme, de femme ou de non-binaire.

Nous avons finalement assisté à une triste sortie de scène au terme d’une pièce qui pourrait s’intituler Le malentendu. Le personnage était intéressant, mais la comédienne a accepté un mauvais  casting .

(Les têtes brûlées. Carnets d’espoir punk, Montréal, Lux Éditeur, 2023, 376 pages)

Des églises incendiées dans l’Ouest canadien

Au moins 33 églises ont été détruites par des incendies au Canada entre mai 2021 et décembre 2023 et au moins 24 de ces 33 églises ont été brûlées intentionnellement après mai 2021 (https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2039965/eglise-feu-canada?depuisRecherche=true).

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« Onze églises ont été détruites à la suite d’incendies volontaires dans l’Ouest canadien dans les semaines qui ont suivi les révélations de la découverte de 215 potentielles sépultures anonymes sur le site d’un ancien pensionnat pour Autochtones à Kamloops, en Colombie-Britannique. [...]

Des dirigeants autochtones et de la sphère politique ont évoqué la colère suscitée par les pensionnats pour Autochtones pour expliquer la flambée d’églises calcinées après les découvertes de Kamloops ».

Paulina Johnson, chercheuse à l’Université de l’Alberta et membre de la Première Nation de Maskwacis, dit comprendre pourquoi on a incendié des églises: « On utilise le feu parce que personne ne s’intéresse vraiment à la vérité ».

La vérité, c’est aussi que, près de 3 ans plus tard, on n’a encore trouvé ou exhumé aucun reste humain à Kamloops  — ni même commencé à creuser –, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y en a pas.

(sur ce sujet, voir https://blogue.septentrion.qc.ca/gaston-deschenes/2023/11/09/la-fausse-nouvelle-sur-la-fosse-commune/).

« Le Jour de l’An matin »

C’était une fin d’après-midi du Jour de l’An, au début des années 1970. On se préparait à monter au « deuxième rang » pour le souper traditionnel à la « maison paternelle ». À la radio, un air du Jour de l’An, inconnu mais entrainant, parle de vœux, de mets et de cadeaux : « Bonne santé à monsieur l’curé… Du bon tabac pour le grand-papa… D’autres liqueurs pour les enfants de chœur… » On en retient surtout la ligne qui revient comme un refrain à la fin des couplets :

« Une bouteille de Geneva pour les jobbeurs du Canada ».Maison familiale

Qui de nous a eu l’idée de parodier cette chanson pour nos oncles et tantes? C’est vite fait. Ça ne vole pas toujours bien haut, mais c’est de bon cœur : « De la teinture pour Marc-Arthur » qui grisonne, « un baby doll pour Marie-Paule », mariée sur le tard, une cure (poste de curé) pour « notre oncle supérieur » du collège.

Ma sœur tape le texte et réussit à en reproduire quelques copies avant le souper. Inutile de dire que « l’œuvre » improvisée a été le clou de la soirée et qu’on l’a chantée pendant plusieurs années.

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J’ai plusieurs fois essayé de trouver les paroles de cette chanson dont on ne connaissait ni le titre ni l’auteur ni l’interprète…

C’est finalement grâce à Google que la lumière est venue, sur le site Identitaires québécois (http://www.mustrad.udenap.org/tounes/TQ294_reel_quebecois.html), curieusement disparu du web depuis.

La chanson s’intitule Le Jour de l’An matin et sa musique est inspirée d’un reel enregistré par Isidore Soucy (1899-1963) et Donat Lafleur (1892-1973) en 1929 sous le titre Reel québécois (https://www.bac-lac.gc.ca/fra/decouvrez/films-videos-enregistrements-sonores/gramophone-virtuel/Pages/Item.aspx?idNumber=1007637317). Le disque de la compagnie Starr précise que c’est une « danse de campagne » (country dance). On peut l’écouter sur le site Gramophone virtuel (https://www.collectionscanada.ca/obj/m2/f7/13253.mp3).

Jour de l'an-Reel québécois

Dans les années 1950, probablement vers 1954, si on se fie à une publicité du Courrier de Saint-Hyacinthe (10 décembre 1954) (https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2591476?docsearchtext=LE%20JOUR%20DE%20L%27AN%20MATIN%20oscar%20%20thiffault), Oscar Thiffault en fait une chanson et l’enregistre sous le titre Le Jour de l’An matin, comme s’il avait traduit littéralement New Year’s Day morning.

Thiffault était un artiste qui, ne parvenant pas à vivre de sa musique, a exercé bien des métiers, dont bûcheron dans les chantiers; il a donc sûrement connu des jobbeurs qui aimaient le gin Geneva. C’est à lui qu’on doit aussi Le Rapide blanc (https://www.youtube.com/watch?v=3YmnYbpqSzk) et Y mouillera pu pantoute.

Jour de l'an-Oscar

Le Gramophone virtuel donne des détails techniques sur la première version enregistrée sur78 tours (https://www.bac-lac.gc.ca/fra/decouvrez/films-videos-enregistrements-sonores/gramophone-virtuel/Pages/Item.aspx?idNumber=1289710907), mais ne précise pas la date de lancement et ne permet pas de l’écouter.

On peut cependant l’entendre maintenant sur YouTube (https://www.youtube.com/watch?v=qu9ttSDjCYw) ainsi que le « 33 tours » au complet (https://www.youtube.com/watch?v=CJVjpPsFcp4) lancé par MCA Coral en 1973, époque probable de notre succès au « deuxième rang ».

Jour de l'an-Disque Thiffault

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Le jour de l’an matin

1.
C’est le jour de l’an matin,
On voit tous les paroissiens
Quand la messe est terminée,
Ils se souhaitent une bonne année
Bonne santé à monsieur l’curé,
Joie et bonheur pour les enfants d’chœur
Une poignée d’main pour les paroissiens
Les filles embrassent les garçons
Le jour de l’An y en profit’ront

2.
C’est dans l’temps du jour de l’An
On va voir tous nos parents
Il faudra pas trop fêter
Pour ne pas se déranger
Du brandy pour les invités
D’autres liqueurs pour les enfants d’chœur
Un verre de vin pour les paroissiens
D’la bière et du whisky blanc
Pour les jobbeurs du Lac-Saint-Jean

3.
Au jour de l’An, on s’régale
De tourtière et de salade
De ragoût d’pattes de cochon
J’vous assure qu’on trouve ça bon
Du pâté pour les invités
Du pain du beurre pour les enfants d’chœur
Tarte aux raisins pour les paroissiens
Des binnes et d’la soupe aux pois
Pour les jobbeurs du Canada

4.
C’est dans l’temps du jour de l’An
On visite tous nos parents
On apporte les cadeaux
Dans un joli portemanteau
Du bon tabac pour le grand-papa
Des jolis gants pour la grand-maman
Un beau violon pour Gédéon
Une bouteille de Geneva
Pour les jobbeurs du Canada

5.
Mais le soir après souper
On s’prépare pour danser
On dira à Gédéon :
« Frotte l’archet’ sur l’arcanson »
Un set carré pour les invités
Une valse à deux pour les amoureux
Set canadien pour les paroissiens
Et on dansera-t-une polka
Pour les jobbeurs du Canada

Excusez-la!