La Ferrari

« Depuis de très nombreuses années, beaucoup de gens nous ont dit qu’il fallait effectivement apporter des modifications à ce régime de retraite tellement ses avantages étaient considérés comme exorbitants, tellement on considérait que les avantages qu’il procurait aux députés étaient abusifs. Tout le monde s’accordait à dire que c’était un régime de retraite trop généreux. Je crois que, là-dessus au moins, on a fait l’unanimité. »

On se croirait en 2015, mais c’est plutôt dans le Journal des débats du 18 décembre 1982 qu’on trouve ces propos de Jean-F. Bertrand.

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Le leader du gouvernement parrainait alors une réforme du régime de retraite, dont les avantages « abusifs » devaient disparaître en échange d’une hausse de salaire, le tout à coût nul, disait-on.

Un tiers de siècle plus tard, ce régime est qualifié de « Ferrari » par un comité indépendant (http://www.lapresse.ca/debats/editoriaux/paul-journet/201407/21/01-4785658-la-ferrari-des-elus.php). Aurions-nous été trompés?

On propose donc maintenant la disparition de l’abus qui serait compensée par une hausse de salaire. Ce n’est pas tout à fait le lot des nombreux employés de l’État qui ont vu ou vont voir leur régime de retraite modifié, sans compensation.

 

Comment célébrer un anniversaire de mariage en l’absence d’un des conjoints ?

Les fonctionnaires fédéraux qui conseillent Patrimoine-Canada en vue du 150e anniversaire du Canada auraient de la difficulté à trouver des événements qui illustreraient « des contributions marquantes du Canada français à la fédération » (http://journalmetro.com/actualites/national/864431/le-canada-francais-un-peu-trop-absent-du-150e/). Ils ont bien envisagé « les contributions des Premières Nations, le centième anniversaire, en 2018, du droit de vote des femmes au fédéral, l’abolition de l’esclavage au Canada (il y a près de 200 ans) ou le 75e anniversaire des camps où avaient été internés les Canadiens d’origine japonaise pendant la Deuxième Guerre mondiale » mais leur imagination pourtant fertile quand il est question de multiculturalisme semble tourner court en ce qui concerne les Canadiens français.

Il est assez étrange de constater leur prédilection pour les Autochtones, qui n’ont joué aucun rôle (comme communauté) dans la conception et la mise en place du régime fédéral, alors qu’ils oublient que la Confédération a été construite sur la base de grands compromis entre les leaders des deux communautés qu’on qualifiait encore, il n’y a pas si longtemps, de « peuples fondateurs » ? L’interprétation est aujourd’hui contestée mais on y a vu longtemps (et plusieurs le croient encore) un véritable « pacte » entre les deux communautés linguistiques ?

Macdonald-Cartier

De fait, il est difficile de célébrer le 150e anniversaire d’une institution qui vous tourne le dos depuis le « renouement conjugal » raté de 1982. Ce serait un peu comme célébrer un anniversaire de mariage en l’absence d’un des conjoints.

Conseils stratégiques pour le scrutin

 Si …Trudeaux


… tu n’as pas fait le lien entre l’arrivée de Pierre-E. Trudeau à la tête du Parti libéral, la mise au rancart des travaux de la commission sur le bilinguisme et le biculturalisme et le début de la banalisation de la communauté canadienne-française dans le « multi-culti »,
… tu n’as pas vécu la crise d’Octobre ni vu l’arrestation arbitraire de centaines de citoyens sous « les ordres » du gouvernement libéral,
… tu n’as pas eu connaissance des expropriations abusives de Forillon et de Mirabel, pour un parc aux ambitions démesurées et un aéroport aujourd’hui fermé;
… tu n’étais pas parmi ceux qui se sont fait promettre par le premier ministre libéral du temps qu’un NON au référendum de 1980 serait un OUI au changement,
… tu ne te souviens pas que ce changement a pris la forme d’une nouvelle loi constitutionnelle mijotée par le gouvernement Trudeau et adoptée sans le consentement du Québec, qui en est toujours exclus, un tiers de siècle plus tard,
… tu n’as pas encore réalisé que l’enchâssement d’une Charte des droits dans cette constitution (tricotée si serrée qu’on ne peut pratiquement plus en sortir) a mis la table pour un « gouvernement des juges » qui joue contre le Québec et nos droits collectifs,
… tu ne te rappelles pas que les efforts du gouvernement Mulroney pour corriger cette situation ont été contrés au Canada anglais avec l’appui actif et la bénédiction de l’ex-premier ministre libéral et de son âme damnée Jean Chrétien, qui deviendra chef du même parti,
… tu as digéré les moyens illégaux mis en œuvre par gouvernement libéral de Jean Chrétien pour obtenir un NON au référendum de 1995,
… tu as oublié le scandale des commandites, sous ce même gouvernement libéral qui a laissé des sous-fifres encaisser les coups,

et si, enfin, tu n’as pas remarqué que le directeur de la campagne de Justin (qui vient de démissionner) était l’homme de son père à Londres lors du coup de force constitutionnel de 1981-1982,

tu peux voter libéral, « mon fils » (comme disait Kipling).

Le «blues» du «backbencher»

Après la députée de Saint-Henri-Sainte-Anne, voilà le député de Fabre qui quitte son siège quinze mois après avoir été réélu.

Au journaliste de La Presse, il a reconnu que le refus du premier ministre de le nommer au cabinet avait pesé lourd dans sa décision.

Mais, dans la lettre de démission qu’il a envoyée au président de l’Assemblée nationale, il dit avoir consulté le commissaire à l’éthique de l’Assemblée nationale, qui lui a confirmé que sa démission, compte tenu de sa situation familiale (il a cinq enfants), s’appuyait sur un motif légitime et n’était pas contraire aux valeurs de l’Assemblée nationale.

Ouimet

Prenons ici une pause pour relire ce qui précède.

Ce monsieur invoque les classiques raisons familiales pour laisser un mandat de « simple député » ministériel, et se justifier de toucher son « allocation de transition » (difficile de dire au commissaire qu’il méprise son job de député…), mais il aurait pu envisager de rester en politique si le « défi professionnel » avait été plus important. Ministre, genre.

En bref, s’il avait eu beaucoup PLUS de travail, il aurait pu plus facilement le concilier avec la famille.

Aussi bien le laisser retourner au droit.

Paiement minimal sur les cartes de crédit : une loi, ça presse!

Coopérateur convaincu, je prends souvent la défense des Caisses populaires (qu’on désigne malheureusement aujourd’hui sous le nom de « Desjardins ») mais ce que nous apprend Stéphanie Grammond, dans La Presse d’aujourd’hui, est carrément indéfendable.

http://plus.lapresse.ca/screens/dfe4301e-80ec-44a3-85ff-5410a88d51f1%7CObW4XA4wq83..html

« Sans tambour ni trompette, Desjardins a rabaissé de 5% à 2%, en juillet, le paiement minimum sur ses cartes à taux réduit, qui représentent environ 20 % de ses 3,8 millions de comptes clients ».

Ceux qui pensent que c’est un cadeau sont des « analphabètes budgétaires » et, avec cette décision, Desjardins entretient l’incurie financière de ses propres membres. En fait, ce sont les sociétaires eux-mêmes qui entretiennent leur propre bêtise par administrateurs élus interposés.

Comme l’écrit la journaliste, « ce changement apparemment anodin fait en sorte que les clients les plus vulnérables se retrouvent à payer des intérêts pratiquement pour l’éternité ! »

Le tableau qu’elle publie est éloquent :

  • avec un paiement minimum de 5%, il faut plus de 11 ans pour éteindre une dette de 10 000$ et ça coûte près de 5000$ d’intérêts;
  • avec un paiement de 2%, il faudra plus de 83 ans et près de 50 000$ d’intérêts!!!

Si, au moins, les membres étaient informés de ce que leur coûte leur carte de crédit, mais non : les relevés de comptes de Desjardins n’indiquent pas le temps nécessaire pour rembourser le solde si on fait seulement le paiement minimum, comme on le voit chez les institutions qui relèvent de la compétence fédérale.

Ma MasterCard de la Banque nationale m’indique précisément qu’il me faudra 11 ans et 4 mois pour éliminer mon solde actuel si je m’en tiens au paiement minimum. Ma Visa Desjardins est muette.

En 2011, le gouvernement du Québec avait entrepris de légiférer pour imposer le 5%. Desjardins avait alors pris l’initiative de l’instaurer mais la loi est morte au Feuilleton. Aujourd’hui, au lieu de plaider en faveur d’une règle uniforme pour tous les émetteurs de cartes, Desjardins fait marche arrière, sans crier gare.

C’est indigne d’un mouvement populaire qui doit former les citoyens en matière de budget personnel.