Il paraît que la série des « scandales linguistiques » se poursuit. C’est Lise Ravary qui l’écrit (http://www.journaldemontreal.com/2013/07/26/rejet-des-noms-qui-sonnent-anglais). Heureusement, les journaux de Québecor et leurs chroniqueuses de droite (http://jomarcotte.wordpress.com/2013/07/27/le-francais-et-les-fons-fons-du-registraire/#more-6503) veillent aussi bien que The Gazette et soufflent dans la voile d’un jeune entrepreneur de 17 ans qui se plaint de voir le Registraire des entreprises refuser d’enregistrer « Wellarc » comme nom de son entreprise de design infographique. Pour exprimer sa frustration, il a mis sur YouTube un message que CTV s’est empressée de diffuser (il espère que ce message devienne « viral » alors on ne vous donnera pas lien…).
« Des jeunes qui souhaitent se lancer en affaires se font refuser le nom de leur entreprise sous prétexte qu’il ne respecte pas la Charte de la langue française », peut-on lire dans le Journal de Québec du 27 juillet. On croirait qu’il y a un raz-de-marée d’indignation; le texte cite tout même UN autre jeune qui a connu la même « épreuve »… On jurerait que les fonctionnaires québécois se sont ligués simultanément contre l’entrepreneuriat, les « start ups », la jeunesse et, pourquoi pas, les hommes?
Le côté le plus insidieux du reportage réside toutefois dans le vocabulaire utilisé par la journaliste de QMI : ces jeunes se font refuser un nom « sous prétexte qu’il ne respecte pas la Charte ». La loi ne serait qu’un « prétexte »? Qui cache autre chose? Tout le monde sait que, depuis septembre dernier, les fonctionnaires ne sont là que pour emmerder le peuple, à commencer par les entrepreneurs et les Anglais…
C’est avec la plus grande candeur que le jeune infographiste avoue qu’il connait mal « le dossier de la loi 101 » et avec une naïveté étonnante qu’il « affirme avoir reçu l’appui d’anglophones qui approuvent qu’un francophone diffuse un tel message ». « You bet (Ben quien) »! Du bonbon pour CTV et CJAD qui ne demandaient pas mieux pour charger le gouvernement Marois. Et commentateurs de complimenter le « smart guy ». Dommage qu’il soit « sorti » avec son histoire en cette fin de semaine dominée par la messe de Mégantic et celle de Céline. Et La Presse qui ne paraît pas le dimanche.
Le jeune se demande si les fonctionnaires sont sérieux : il le faut bien car on ne peut pas laisser les entreprises réguler l’affichage, pas plus que l’attribution des contrats de voirie, les transactions bancaires ou la sécurité des transports.
Un autre « Mozart assassiné »? Ma mère aurait dit, comme devant nos « grands » malheurs d’enfants : « Pauvre petit martyr ».
Remerciements à la remise du prix André-Laurendeau 2012
Je veux d’abord remercier le directeur de la revue pour les bons mots qu’il a eus à mon endroit. Je remercie le jury d’avoir porté son attention sur un texte d’histoire régionale, une première pour le prix André-Laurendeau, et je le prends au nom d’une région qui passe bien souvent « sous le radar » (pour utiliser une expression populaire) depuis qu’elle a été écartelée administrativement entre le Bas-Saint-Laurent et Chaudière-Appalaches. Je sens d’ailleurs le besoin de la situer; elle se trouve entre Lévis et Rivière-du Loup, et comprend les MRC de Bellechasse, Montmagny, L’Islet et Kamouraska. Les Montréalais ont tellement entendu les chroniqueurs sportifs assimiler la ville des Nordiques à « l’autre bout de la 20 » qu’il faut vous préciser que l’autoroute se poursuit à l’est de Lévis. C’est le pays de nos grands hommes de lettres d’autrefois – les Casgrain, Taché, Aubert de Gaspé, Marmette et Faucher de Saint-Maurice – et d’hommes politiques illustres comme Augustin-Norbert Morin, Étienne-Paschal Taché, Thomas Chapais, le bleu ayant probablement plus souvent dominé que le rouge.
Je voudrais remercier plus particulièrement Pierre-Paul Sénéchal, un militant infatigable de la région de Québec, membre de la Ligue d’Action nationale et collaborateur fréquent à la revue, de m’avoir un peu forcé la main pour écrire cet article « prématuré ». C’est en quelque sorte le résumé d’un livre qui est encore en plan dans ma tête et en morceaux dans mon classeur. J’ai rédigé l’article pratiquement de mémoire, dans l’irrespect d’une bonne partie des méthodes éprouvées qui m’ont été enseignées, en allant chercher, au besoin, les citations précises dans les textes que j’ai lus et annotés depuis 25 ans dans le but d’écrire un jour sur l’invasion américaine de 1775 et le siège qui s’est terminé au printemps 1776.
Le temps qui passe ne défavorise pas nécessairement le chercheur. Les historiens du XIXe n’avaient pas accès au rapport d’enquête de Baby qui éclaire le comportement des Canadiens de la région de Québec pendant l’invasion. Ceux du XXe n’avaient pas encore mis la main sur certains documents du Congrès et de George Washington qu’on peut même lire de chez soi. Les rapports de deux missions d’espionnage menées pour le compte de Washington par le fameux rebelle Clément Gosselin en 1778 et 1780 donnent de nouveaux éclairages sur l’attitude des Canadiens pendant la guerre d’Indépendance.
Dans la première des 92 résolutions, en 1834, les Patriotes écrivaient ce qui suit :
« […] c’est l’opinion de ce comité, que les loyaux sujets de Sa Majesté, le peuple de cette province du Bas-Canada, ont montré le plus grand attachement pour l’empire britannique dont ils forment partie; qu’ils l’ont défendu avec courage dans la guerre, à deux diverses fois, qu’à l’époque qui a précédé l’indépendance des ci-devant colonies anglaises de ce continent, ils ont résisté à l’appel qu’elles leur faisaient de se joindre à leur confédération. »
Certes, les Patriotes avaient intérêt à exprimer formellement leur loyauté et il s’est bien trouvé des Canadiens qui ont défendu l’empire « avec courage dans la guerre » et qui ont « résisté à l’appel » du Congrès mais, sur la Côte-du-Sud, les loyaux étaient peu nombreux.
À l’été 1775, les Sudcôtois ne répondent pas à l’appel des recruteurs de Carleton; plusieurs repoussent explicitement les appels à la soumission de leur clergé. À l’automne, ils accueillent la troupe d’Arnold avec sympathie et sont nombreux à venir rencontrer les insurgés à Pointe-Lévy. À la suite de cette « assemblée séditieuse », ils montent la garde dans toutes les paroisses proches de Québec « pour s’opposer aux forces du Roy »qui s’aviseraient d’y débarquer. La Côte-du-Sud contribue activement au siège de Québec en bloquant l’accès à la ville et en assurant l’approvisionnement des Américains. Après l’échec de Montgomery sous les murs de Québec, de zélés rebelles comme Gosselin, de La Pocatière, et Ayotte, de Kamouraska, sillonnent librement la Côte, diffusent les messages du Congrès, nomment des officiers de milice, embauchent des recrues. Au printemps, quand des « royalistes » de la Côte-du-Sud montent une expédition pour aller chasser Arnold et ses hommes de Pointe-Lévy, une force combinée d’Américains et de Canadiens les mettent en déroute à Saint-Pierre-du-Sud.
Les pro-rebelles contrôlaient la Côte-du-Sud mais cela ne pouvait pallier le manque de ressources des Américains qui doivent retraiter à l’arrivée des renforts britanniques sur le Saint-Laurent en mai 1776, entrainant avec eux quelques dizaines de partisans sud-côtois.
En juillet, les commissaires-enquêteurs mandatés par Carleton constatent que les Sudcôtois penchaient très majoritairement pour les rebelles dans au moins la moitié des paroisses de la région. Ils démettent tous les capitaines de milice, jugeant qu’ils s’étaient tous compromis, à des degrés divers, en faveur des insurgés; dans certaines paroisses, c’est tout l’état-major qui est remplacé par des hommes plus loyaux. On procédera ensuite au désarmement et des forces mercenaires viendront soutenir l’armée britannique. Comme le dira le curé de Saint-François : « Il ne fallait pas moins que la visite des Allemands pour rendre tout le monde docile ».
Défense courageuse de l’empire? Résistance à l’appel du Congrès? Après l’affaire de Saint-Pierre, le maître général adjoint des Postes confie à son journal : « Même si les Canadiens sont en général des traîtres, on en trouve quelques-uns d’honnêtes ». C’est évidemment le point de vue d’un loyaliste : les « traîtres » seraient probablement devenus des héros si l’invasion avait tourné autrement.
Gaston Deschênes, 10 juin 2013
Étienne Chartier, « aumônier des Patriotes »
(Allocution livrée lors du dévoilement du monument funériare d’Étienne Chartier à Saint-Gilles le 20 mai 2013)
Comment résumer en cinq minutes la vie d’un personnage aussi complexe que l’abbé Chartier ? Il contesta le régime et fut par conséquent fort contesté lui-même; son ministère pastoral l’a conduit de la Louisiane au cap Breton, en passant par Détroit et le Midwest ; son militantisme politique lui a fait suivre Papineau jusqu’à Paris, et lui a valu d’être surnommé « aumônier des Patriotes ».
Né dans un milieu qu’on dirait aujourd’hui politisé, Étienne Chartier fait de solides études classiques et s’initie au droit auprès des meilleurs avocats de l’époque. Admis au barreau en 1823, il ne pratique pas, dirige brièvement une école à L’Assomption et revient finalement à son premier choix de vocation : la prêtrise.
Il est encore séminariste à Québec quand Charles-François Painchaud l’invite à diriger le nouveau collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Chartier propose un système d’éducation axé sur la liberté et la raison. Le mémoire qu’il soumet au fondateur du collège témoigne de l’importance de l’éducation politique qui, pour les Patriotes, était la voie de la libération. En 1829, il est nommé officiellement directeur du collège et, dans son discours d’inauguration, il surprend son auditoire avec ces commentaires sur les autorités britanniques :
« [...] quel respect devait-on attendre d’eux pour les droits d’une province que leur intérêt particulier et leur orgueil national leur suggéraient de regarder et de traiter en province conquise ? […]
Forts d’une supériorité que leur donnait une plus profonde connaissance des institutions anglaises substituées aux institutions françaises dans le pays, forts surtout d’une éducation supérieure à celle de la masse des Canadiens, qu’est-ce que ceux-ci pouvaient attendre d’eux ? Le mépris, qu’ils ne nous ont pas épargné depuis la conquête.
Qu’est-ce donc qui sauvera le Canada du mépris, de la dégradation, de l’esclavage politique ? L’éducation politique […] ». (fin de la citation)
Cette envolée soulève une tempête. Contrairement à ce que certains auteurs ont pu écrire, le jeune directeur conserve l’appui de Painchaud et de son évêque, mais décide lui-même de quitter ses fonctions peu après.
Commence alors une série de courtes affectations : vicaire à Vaudreuil, curé à Sainte-Martine, à Saint-Pierre-les-Becquets, à Saint-Patrice, à Saint-Benoît. Comme plusieurs collègues, Chartier est surchargé de travail dans des paroisses où les occasions de conflits sont nombreuses.
À Saint-Benoît, il se retrouve dans un des principaux foyers d’agitation politique. Déjà partisan de Papineau et des Patriotes depuis plusieurs années, Chartier est emporté par le mouvement ; il s’engage dans les débats au point de critiquer un mandement de son évêque : il y a, écrit-il, « des cas où le souverain peut perdre son pouvoir, à savoir quand il opprime la religion de son peuple ou quand il viole les lois fondamentales de son État ». À la veille de la bataille de Saint-Eustache, le 13 décembre 1837, il se rend dans cette paroisse pour y haranguer les patriotes mais il a tôt fait de comprendre que la cause est perdue et s’enfuit aux États-Unis.
Suspendu de sa cure de Saint-Benoît, banni par lord Durham, Chartier devient curé de St. Augustine, à Philadelphie, puis de Salina, dans l’État de New York. Il garde le contact avec les leaders patriotes réfugiés à la frontière et participe à la préparation du soulèvement de novembre 1838.
En 1839, Chartier séjourne incognito au Bas-Canada dans l’espoir de raviver la cause, mais l’échec du soulèvement de 1838 et ses conséquences l’incitent à revoir ses positions. Il prend bientôt ses distances avec le groupe de Robert Nelson et tente un rapprochement avec Papineau. Il revient déçu d’une rencontre avec ce dernier à Paris et, profitant de l’arrivée d’un nouvel évêque à Montréal, il décide de rompre avec le mouvement révolutionnaire, de revenir au Bas-Canada et de demander à Mgr Bourget de lui pardonner sa conduite inconvenante pour un prêtre.
Mgr Bourget connaissait Chartier depuis le petit séminaire. Il lui demande de se faire oublier un certain temps. En 1842, l’évêque de Vincennes (en Indiana) lui confie la cure de Madison puis la direction de son grand séminaire. Un différend avec cet évêque amène ensuite l’abbé Chartier en Louisiane où il dessert la paroisse des Avoyelles. Cette fois, il conserve de bonnes relations avec son évêque, mais il s’ennuie et souhaite revenir dans son pays. L’évêque de Québec refuse de le recevoir ; celui de Montréal commence par lui confier la paroisse de Sainte-Anne, à Détroit, et, à la fin de 1845, lui accorde la paroisse Saint-Grégoire, au sud de Montréal.
À son retour d’exil, l’abbé Chartier se désengage des affaires publiques et se consacre à son ministère. Il passe cinq ans à Saint-Grégoire, non sans quelques difficultés, mais sans encourir de reproches de Mgr Bourget qui le transfère néanmoins à Sainte-Philomène en 1850. La même année, Mgr Bourget accepte de l’envoyer auprès des Acadiens du cap Breton, là où Chartier avait bien failli se retrouver après son fameux discours de 1829.
Curé de la paroisse d’Arichat et vicaire général du diocèse, Chartier se retrouve sous l’autorité d’un évêque francophobe qui meurt en 1851 et auquel succède un autre Écossais de la même trempe. L’abbé Chartier prend cette fois la chose avec un certain détachement et sa correspondance est même teintée d’humour. En 1852, il demande sa réintégration dans le diocèse de Québec et obtient la cure de Saint-Gilles-de-Beaurivage.
Enfin heureux, libéré des dettes qui l’ont accablé une bonne partie de sa vie, presque serein, mais brisé par 25 ans de pérégrinations, l’abbé Chartier ne profite pas beaucoup de sa nouvelle obédience. Il meurt le 6 juillet 1853, des suites d’une maladie du foie.
D’après Aegidius Fauteux, « sa mort passa presque inaperçue et quelques-uns seulement des journaux du temps crurent devoir la signaler en quelques lignes brèves ».
« L’humble curé de Saint-Gilles avait certainement mérité mieux que cette indifférence, écrit encore Fauteux. Sans doute, il eut de considérables lacunes […], mais il posséda d’autre part plusieurs des qualités qui font le plus honneur à l’homme. Citoyen, il ne fut peut-être pas d’une profonde sagesse, mais il aima immensément son pays […] ».
N’est-ce pas finalement la qualité essentielle d’un patriote ?
Le livre favori
Trouvé, par hasard, ce texte de Gustave Nadaud (Roubaix, 20 février 1820 – Paris, 28 avril 1893), « goguettier » poète et chansonnier français, publié en 1870.
On le dirait inspiré par la menace du numérique sur l’avenir du livre.

Le livre de choix ou d’étude
Qu’on repasse par habitude
Et les yeux fermés à demi,
Celui qui semble de lui-même
Se rouvrir aux pages qu’on aime,
Ce livre-là, c’est un ami.
Un ami qui vous fait visite
Et qui, venant sans qu’on l’invite,
Jamais ne se montre importun,
On le déguste feuille à feuille,
Ainsi qu’un fruit mûr on le cueille,
On le hume comme un parfum.
Il n’exige pas qu’on l’admire ;
Il vous instruit sans vous le dire,
Professeur indulgent et doux,
On sent l’écrivain dans le livre ;
Il semble tout exprès revivre
Pour venir causer avec vous.
Il charme bien plus qu’il n’étonne ;
Son orgueil n’offense personne,
Il vous maintient à sa hauteur.
On finit le vers qu’il commence ;
S’il ne l’avait écrit d’avance,
On croirait en être l’auteur.
D’autres veulent un grand théâtre ;
Il leur faut la foule idolâtre
Et les chaudes ovations.
Ils cherchent les routes nouvelles,
Et vous emportent sur leurs ailes
Vers les hautaines régions.
On veut les suivre dans l’espace ;
Le souffle manque, l’œil se lasse,
On retombe tout haletant.
On rentre au logis habitable,
Et l’on retrouve sur sa table
Le livre ami qui vous attend.
Gustave Nadaud, Chansons, Plon éditeur, 1870.
« Pays chauve d’ancêtres » (Gaston Miron)
Dans une lettre au Devoir (http://www.ledevoir.com/societe/science-et-technologie/375088/fernand-seguin-meurt-une-seconde-fois), le docteur Yves Lamontagne se désole de voir que Centre de recherche Fernand-Seguin s’appellera désormais le Centre de recherche de l’Institut, conséquence du changement de nom et de statut de l’hôpital Louis-H. LaFontaine qui s’appelle, depuis le début de mars, l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal.
On comprend le désappointement du docteur Lamontagne qui a fondé ce centre de recherche nommé en l’honneur du célèbre chroniqueur scientifique québécois que l’administration, écrit-il, décide de « faire mourir une seconde fois », avec un sens inouï de la commémoration, exactement 25 ans après son décès!
Seguin a des parents et des admirateurs qui s’indigneront à juste titre de cette exécution mais qui s’inquiétera de LaFontaine, rayé du même trait de plume technocratique ?

Dans un communiqué émis récemment, l’institut Douglas félicite l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal pour sa nouvelle dénomination. Le geste ne manque pas d’ironie, sûrement involontaire. L’Institut universitaire en santé mentale Douglas est fier du nom qu’il porte, celui du docteur James Douglas, une figure de proue de la psychiatrie. « Le Douglas », comme il aime s’identifier, fait partie du Réseau universitaire intégré de santé McGill (RUIS McGill), autre patronyme qui n’a pas besoin de présentation, et qu’on a choisi de conserver. Pourquoi McGill-Douglas et non LaFontaine-Seguin : a-t-on « le don de nous appauvrir même intellectuellement », comme l’écrit le docteur Lamontagne ?
L’Histoire a de curieux retours. Quand LaFontaine est devenu premier ministre en 1848 (le premier Canadien français titulaire de cette fonction), un de ses gestes les plus marquants fut de faire adopter une loi pour indemniser les victimes de la répression qui a suivi les rébellions de 1837 et 1838. Son « bill des indemnités » a tellement choqué les Anglos-montréalais que des émeutiers ont incendié l’édifice du Parlement et terrorisé la ville pendant plusieurs mois, s’attaquant même à la résidence du premier ministre à deux reprises. Le principal leader des émeutiers dans la soirée funeste du 25 avril 1849 (et dans une autre émeute quelques jours plus tard) était Alfred Perry, le chef d’une brigade de… pompiers!

Perry se vantera d’ailleurs, dans un long récit publié dans le Montréal Daily Star en 1887, d’avoir enfoncé la porte de l’édifice parlementaire avec une échelle comme bélier, brutalisé des fonctionnaires pour entrer dans la salle des séances et finalement mis le feu à l’édifice, causant notamment la perte de notre plus importante bibliothèque. Brièvement détenu, remis en liberté sous la pression populaire (Montréal était majoritairement anglophone à cette époque), Perry n’a jamais été jugé pour ses actes. Considéré comme un « éminent citoyen », il sera en 1881 parmi les fondateurs du « Protestant Hospital for the Insane », qui deviendra en 1965 l’Hôpital Douglas, et, depuis 1959, l’édifice principal de cette institution s’appelle « pavillon Perry ».
