Comment abolir les péages en essayant de les hausser

Il est question de rétablir les péages. « Il y en a donc déjà eu ? Et comment sont-ils disparus ? La Révolution tranquille ? La Charte des droits ? Le fédéral ! Une commission d’enquête ? Les lologues ? Les baby boomers ? »
Dans un colloque sur le parlementarisme, en 1994, celui qui était ministre des Transports à l’époque a raconté comment les péages sont disparus, au début des années 1980.
On est alors en pleine crise des finances publiques et les ministres ont tous reçu la commande d’augmenter les revenus de l’État ou de couper les dépenses. Les péages n’ont pas été revus depuis les années 1950 et les revenus couvrent à peine les dépenses. À Montréal, à l’heure de pointe : un gros 10 cents !
Le ministre des Transports se dit qu’on pourrait bien augmenter ça à « trente sous ». Au cabinet, son idée soulève l’enthousiasme. Mais pourquoi s’arrêter là ? « Pas 0,10$, Michel, 0,50$. Mieux, 0,75$! » On s’entend finalement pour 0,50$ et le ministre part en campagne avec le décret sous le bras et un brin d’inquiétude, car la question n’avait jamais été abordée au caucus du parti.
Il avait bien raison. « Qu’est-ce qui se passe quand j’arrive à l’Assemblée nationale ? Je suis assailli par le pouvoir législatif. Là j’ai vu ce que c’était un pouvoir législatif qui décidait de s’imposer d’une certaine manière. Parce que ça été tellement rejeté par les députés, tant de la majorité que de l’Opposition, j’ai dû retraiter honteusement sur une période de deux ans et abolir le péage sur les autoroutes ».
L’Assemblée nationale ne comptait qu’une quinzaine de baby boomers dans ses rangs au début des années 1980. Dont Michel Clair, le ministre qui voulait les hausser.

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