« Profondément attristée »

Diverses activités, dont la préparation de la sortie du livre sur l’affaire Michaud (en librairie mardi), m’ont amené à négliger mon blogue et mon auditoire virtuel. Pendant ce temps, les coupures de presse s’empilent et pourrait bien donner une « salade d’hiver » consistante.
Je retiens des derniers jours, parce qu’elle est liée à mes préoccupations des derniers mois, la motion des Communes sur le Maclean’s. Les gazettes y ont vu un « dénonciation » ou une « condamnation », mais il vaut la peine d’aller lire « dans le texte ». D’après la motion consignée au procès-verbal, la Chambre des communes « est profondément attristée par les préjugés véhiculés et les stéréotypes employés par le magazine Maclean’s pour dénigrer la nation québécoise, son histoire et ses institutions».
Il faudrait voir quelles négociations ont été nécessaires pour arriver à cette formulation unanime. « Profondément attristée », c’est ce qu’on dit après un accident de la route ou un autre événement regrettable ou inévitable.
Cette formulation s’explique peut-être par une réserve, louable et bienvenue, de parlementaires fédéraux. Ce n’est pas le rôle du Parlement de sanctionner les opinions des citoyens et des journalistes. Une fois qu’il a établi les règles du débat public, des lois concernant les menaces et la diffamation, les propos haineux ou séditieux, c’est aux tribunaux de s’occuper des délinquants. S’il n’y a pas matière à poursuite, pourquoi le Parlement s’en mêlerait-il ? Ce n’est pas une « basse-cour », ni un tribunal politique.
On aura remarqué que le premier ministre du Québec, comme dans le cas de Jane Wong en 2006, n’a pas amené la question à l’Assemblée nationale et a exprimé son désaccord au moyen d’une lettre ouverte. Peut-être voulait-il éviter un débat sur la corruption…
On a peut-être aussi appris quelque chose de l’affaire Michaud ; « il est périlleux, écrivait Joseph Facal, dans le Journal de Montréal du 31 mai 2010, d’utiliser un parlement pour statuer sur des opinions individuelles ».

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