«Taire… de nos ‘ailleux’… les plus brillantes histoires»

Dans Les insolences du frère Untel, qui ont fait tellement de bruit en 1960,  Jean-Paul Desbiens raconte qu’il a fait écrire la première strophe de l’hymne national (encore officieux) du Canada par ses élèves de onzième année commerciale, geste imité par plusieurs titulaires des classes du cours scientifique.

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« Le résultat de cette enquête-éclair fut affligeant au-delà de toute attente », écrit-il dans son livre, avec exemples à l’appui:

« Au Canada (11e)
Taire… (8e)
de nos ailleux (11e)
Ton front est sein (9e)
ton front est sain (11e)
ton front des sains (10e)
ton front essaim de fleurons (8e)
ton front est sein de flocons (9e)
De fleurs en glorieux (11e)
et fleuri glorieux (10e)
de fleurs en orieux (10e)
de fleurs à glorieux (8e)
Quand on passe (10e)
car nos pas (8e)
quand qu’on part (9e)
quand ton pas (10e)
quand on pense (11e)
car ton corps, c’est porter l’épée (9e)
ces porter l’épée (10e)
Il s’est porté la croix (8e)
Ton histoire est une épépée (8e)
ton histoire est tu épopée (8e)
Des plus brillantes histoires (11e)
des plus brillants espoirs (11e)
Et cavaleurs (10e)
de froid trempé (9e)
de voir trembler (11e)
de foi tremper (10e)
de foie trempler (11e)
de voix tremblé (9e)
de foie trempé (8e)
de foi tremblée (11e)
de foie tremblay (11e)
Protégera nos foyers et nos vœux (11e)
ton foyer et ton bras (10e)
nos foyers et nos cœurs (8e)
nos fois et nos droits (9e) »

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Dans Le Devoir du 15 mars 1960, le chroniqueur Candide commentait l’expérience : « peut-être, faudrait-il s’étonner un peu et commencer à se poser des questions ? Taire de nos ailleux a peut-être un sens caché. Et cavaleurs de foi tremblée, serait-ce nous ? »

Si on refaisait l’exercice aujourd’hui, il serait plus facile pour les étudiants qu’on inviterait probablement à transcrire la ritournelle  «Mon cher Untel, c’est à ton tour de te laisser parler d’amour» qui se prend pour un hymne national. Une douzaine de mots pas compliqués. Et encore.

De toute manière, plus personne n’écrirait « et cavaleurs » de nos jours. Dans la version « sportive » de l’hymne, on dit maintenant « God keep our land ».

 

 

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