J’ai lu avec beaucoup de plaisir les « Gens de mon pays » de Roméo Bouchard (Écosociété, 2018, 152 p.). Je partage avec l’auteur un profond attachement à la région qu’il habite, ce qui me place évidemment dans la catégorie des critiques partiaux.
Le titre emprunté à Vigneault n’est pas original, mais convient tellement bien au contenu de l’ouvrage et aux sentiments que l’auteur éprouve envers ses « sujets » qu’on ne lui tiendra pas rigueur.
Entre un chapitre initial qui rappelle les origines de la paroisse de Saint-Germain de Kamouraska et un chapitre final sur le territoire de la municipalité, Roméo Bouchard brosse le chaleureux portrait d’une quinzaine de personnes qu’il a côtoyées, accompagnées, aidées et (généralement) aimées: même l’ancien maire Bérubé, qu’on rangerait plutôt parmi les « ennemis jurés », s’en tire avec un portrait respectueux.
À travers ces portraits sympathiques, l’auteur évoque les nombreux combats qu’il a menés à Saint-Germain depuis qu’il est venu s’y établir en 1975 pour cultiver la terre, sans savoir qu’il y brasserait bien des choses, à commencer par une affaire de lisier… Avec les autres « barbus » qui formaient son clan, on peut deviner qu’il ne devait pas être reposant.
Au fil des pages, on sent que l’étranger de 1975 a su gagner la confiance des « Saint-Germains » et qu’il s’est aussi passablement assagi, sans désarmer pour autant. « Gens de mon pays » est l’hommage de Roméo Bouchard à sa patrie d’adoption et à ses habitants, une ode au Québec rural dans son ensemble. Il consacre les dernières pages aux peintres qui fréquentent Saint-Germain l’été : « Ils fixent sur leurs toiles, pour les générations à venir, les derniers paysages ruraux, les vestiges d’une culture et d’un mode de vie en voie de disparition ».