Dans La Presse du 5 février, un professeur agrégé aux départements des sciences des religions et d’études théologiques de l’Université Concordia commente la méthode imaginée par la ville de Montréal pour bloquer la propagande religieuse de l’imam Chaoui, i.e. refuser de délivrer une certification d’occupation permettant des activités religieuses dans un centre communautaire.
Comme la Charte des droits garantit la liberté de religion et que la radicalisation peut aussi se faire dans des lieux de culte, le professeur propose une autre solution : l’accréditation des leaders religieux.
« Pour être un dirigeant religieux, l’État québécois devrait exiger une formation universitaire reconnue par le ministère de l’Éducation. Sans formation, pas d’accréditation ni reconnaissance. En somme, une personne ne devrait pas avoir le droit d’exercer la profession de membre du clergé sans avoir les compétences requises ». http://plus.lapresse.ca/screens/30a8a9a9-016d-44d5-85aa-c9b023876289%7C_0.html
Pas de prêcheur sans diplôme! La grosse paix! Et ça crée des emplois en théologie…
Bel effort, mais ce genre de propos n’évoque-t-il pas « l’habitant de l’île d’Orléans » de Félix Leclerc :
« Pour philosopher apprenez
Qu’il faut d’abord la permission
Des signatures et des raisons
Un diplôme d’au moins une maison spécialisée… »
Il y a 2000 ans, la solution du professeur Gagné aurait neutralisé le Christ.
La solution imaginée par monsieur Gagné a le mérite d’amener un peu de détente dans le débat crispé qui entoure la présence de l’islam au Québec! Alors que le Québec a réussi à libérer la conduite des affaires publiques de la tutelle des religions, ce professeur d’université propose sans rire que l’État devienne maintenant l’autorité en matière religieuse, décernant les diplômes aux clercs dignes d’enseigner.
Quelqu’un devra apprendre à monsieur Gagné, qui devrait le savoir, que les croyances religieuses ne découlent généralement pas d’une formation multidisciplinaire et que les « grandes » religions, i.e. celles qui subsistent encore de nos jours, sont plutôt fondées sur des « révélations » reçues directement d’en-haut par des hommes humbles, souvent illettrés, des « non-instruits », comme disait Jean Lesage. Des hommes sans doute sincères, dont les propos ont été récupérés par d’autres hommes qui le sont moins, qui prétendent connaître Dieu et sa volonté, et surtout qui s’arrogent le droit de l’imposer aux autres.
Mais, à la réflexion, je me ravise : peut-être que l’imam en question, s’il avait gradué à l’université en formation multidisciplinaire plutôt qu’en génie électrique, aurait senti passer le courant et aurait renoncé à sa vocation. Ouais, en y pensant bien, instruire les potentiels leaders religieux serait peut-être un excellent moyen de les rendre plus rares.
Merci pour votre réflexion, mon sourire de la journée !