À la question « 400e : on fête quoi? », Alain Dubuc (La Presse, 11 mai 2008) aligne cinq réponses « toutes différentes » mais « toutes valides » : 1, la fondation d’une ville et ses quatre siècles d’histoire, 2, l’arrivée des Européens blancs dans le nord-est du continent, 3, la naissance du fait français en Amérique, 4, la naissance d’un peuple « dont nous sommes les héritiers » (comme s’il était mort?), 5, « la naissance du Canada, en ce sens que cette colonie française a donné naissance à l’un des deux peuples fondateurs ».
Monsieur Dubuc croit que cette dernière réponse « en fait tiquer plusieurs ». Pas de la manière qu’il la formule. Qui va nier que la colonie fondée par Champlain « a donné naissance à l’un des deux peuples fondateurs » du Canada en 1867? Cela ne fait pas de 2008 la fête du Canada.
On ne chicanera pas monsieur Dubuc parce qu’il évite soigneusement le mot « nation ». Le vrai problème de sa liste est qu’elle omet l’interprétation avancée la semaine dernière par le gouvernement fédéral et exprimée il y a déjà plusieurs mois par le premier ministre dans le programme officiel de la Société du 400e : « la fondation de Québec marque aussi la fondation de l’État canadien ». Bref, le Canada a fêté ses 100 ans en 1967 et il célèbrerait maintenant son 400e… Parti sur cet élan, le gouvernement canadien de 2008 s’invite au party où il choisit la musique et le menu.
Il est trop facile pour le chroniqueur de La Presse de conclure que « tout le monde » a raison, qu’on a fait un débat « hallucinant » sur une question mineure, que les réactions ont été simplistes et mesquines, que toutes les interprétations se valent alors qu’il « oublie » justement de rapporter sans ambiguïté celle qui a mis le feu aux poudres.