Le sens de la fête

(Intervention au lancement du collectif Commémoration 1608-2008, le 15 mai 2008)
S’il y a une fête en 2008, si on a mobilisé autant de ressources et d’énergies pour organiser des célébrations, c’est parce que Champlain a fondé un établissement à Québec en 1608 pour servir de comptoir à la compagnie qui avait le monopole de la traite, de base pour ses explorations, de retranchement pour se défendre éventuellement. Ce faisant, il a marqué le début de la présence continue des Français sur le continent et le début de l’Amérique française. 1608 marque le début d’une ville, d’une capitale et d’un peuple dont on retrouve des traces à la grandeur du continent.
Qu’il y ait eu des Amérindiens ici avant et d’autres immigrants de toutes origines après, que les descendants de pionniers qui se sont établis soient devenus par la suite Canadiens ou Américains, Manitobains ou Californiens, favorables à l’annexion aux États-Unis en 1849 ou partisans de l’union des provinces en 1867, tout cela ne change rien à l’essentiel de l’événement : nos ancêtres français se sont établis à demeure ici en 1608 et c’est l’anniversaire qu’il faut souligner avec ceux et celles qui voudront s’y associer. Autrement, quand pourra-t-on le fêter, et quand nous permettra-t-on de le fêter, en paix ?
Il est dommage que l’essence de cette fête — le rappel de la présence française en Amérique — ne soit pas plus évidente dans la thématique, dans le pavoisement et les couleurs ainsi que dans les produits dérivés du 400e. Ce n’est pas ici le temps de faire le procès de la Société du 400e; les historiens, qui n’ont pas été beaucoup impliqués dans la préparation, se chargeront sûrement du post mortem. Monsieur Gélinas a donné un grand coup de barre cet hiver, mais il est impossible de reformuler le programme. On voudrait bien, par exemple, annuler rétroactivement tous les refus que les sociétés historiques de la région de Québec ont essuyés lorsqu’elles ont présenté des projets. Ne pas impliquer les sociétés d’histoire dans le 400e anniversaire de LEUR ville n’est pas la façon la plus honorable de passer à l’histoire…
Le Collectif veut contribuer à donner un sens au 400e et agir de façon positive. Personnellement, si la Société du 400e pouvait me faire une faveur, ce serait de faire un ménage dans les produits dérivés offerts dans sa boutique virtuelle. En général, ils ne portent pas de messages précis: ils sont « festifs » et peu signifiants. Champlain est presque totalement absent (il apparaît sur un seul objet). Mais il y a un produit qui détonne fortement dans le lot, un tee-shirt appelé « couronne » qui illustre le « passé monarchique » de Québec et n’a vraiment aucune pertinence dans le contexte du 400e de la ville. Ce produit devrait être retiré des tablettes: il pourait devenir une pièce de collection.