Le programme du 400e est complexe. Il y a les activités officielles ( dont les « grands événements ») pilotées par la Société du 400e, la programmation associée officielle (environ 150 activités), des projets indépendants auxquels le site Internet du 400e fait parfois écho. L’absence de document officiel définitif (on devait en publier un au début de juin) rend assez difficile l’évaluation d’un ensemble d’activités qui bouge encore, six mois après le début des célébrations.
Où est la commémoration, le contenu historique, dans la programmation du 400e ? La thématique officielle (« La rencontre ») banalise l’essentiel de l’anniversaire qui est l’installation des Français à Québec. On a vu aussi que le pavoisement et les produits dérivés se situent hors de l’histoire (absence des couleurs et des symboles propres au Québec, absence de Champlain, etc.). Mais qu’en est-il du contenu des activités ?
Une revue des onze « grands événements » (les plus médiatisés et les plus coûteux) permet un premier coup d’œil. Sept de ces événements sont essentiellement festifs : 1, le Coup d’envoi du 31 décembre (il devait faire « revivre 400 ans de notre histoire » selon le programme officiel mais il est maintenant décrit rétroactivement comme simplement « festif, éclaté et familial ») ; 2, Québec plein la rue, du 3 au 5 juillet ; 3, le Grand rassemblement sur les Plaines, le 6 juillet ; 4, le Chemin qui marche (spectacle sur le fleuve), le 5 août 2008 ; 5, le Cirque du Soleil, en octobre ; 6, Céline Dion, le 22 août ; 7, Viens chanter ton histoire, le 15 juillet.
On sait maintenant que le spectacle de Céline sera différent de celui qu’elle offre au monde entier et réunira plusieurs vedettes québécoises qui devraient donc mettre à l’honneur leurs chansons (mais la responsable de la mise en scène se défend bien d’en faire un spectacle de la Saint-Jean-Baptiste, comme si c’était une tare). Quant à Viens chanter ton histoire, il a été repêché cet hiver dans la corbeille des projets rejetés par l’ancienne administration du 400e ; il sera fait de chansons du répertoire québécois et la distribution sera entièrement francophone. Le spectacle devrait évoquer l’histoire récente de la chanson, peut-être un peu de folklore. Tout n’est pas perdu.
Trois autres événements sont des spectacles qui comportent une dimension commémorative plus ou moins accentuée.
1. Le Parcours 400 ans chrono, en janvier, était extraordinaire d’après ceux qui se sont armés de patience pour voir l’une des deux seules représentations.
2. Le Moulin à images de Robert Lepage sera par contre très visible avec 66 représentations. Le spectacle sera structuré en quatre mouvements correspondant aux quatre siècles d’histoire de la ville (chemin d’eau, chemin de terre, le chemin de fer, chemin d’air) mais son contenu, comme on nous en a prévenus, pourrait être plus « impressionniste » qu’historique. Quatre siècles en quarante minutes, un siècle aux dix minutes, soit l’équivalent d’environ cinq pages sur chacun : on comprend que ce n’est pas conçu comme un cours d’histoire.
3. Bonne fête, Québec !, LE « spectacle commémoratif du 400e anniversaire de Québec », a évolué au cours de l’hiver. Il y aura maintenant un Champlain (personnifié par Yves Jacques) pour raconter l’histoire de Québec en « plus de dix tableaux impressionnistes et musicaux ». On entendra « de grandes voix du Québec et de la francophonie »; « Sur scène se succéderont des numéros inspirés des grandes rencontres avec des peuples qui ont marqué notre histoire : les Premières Nations, la France, l’Acadie, la Grande-Bretagne, l’Écosse et l’Irlande ». On devine aisément le contenu multiculturel.
À travers tous ce grands événements, il y a finalement UNE exposition, Passagers/Passengers, où l’histoire (bilingue?) pointe le nez. Cette exposition, peut-on lire dans le programme, « amènera le visiteur dans la mouvance humaine qui a façonné le visage de Québec. Inspirée de l’histoire du peuplement de la ville depuis plus de 400 ans, cette création actuelle rend hommage à Québec et à ses habitants, à travers un parcours composé d’images, de témoignages, de paroles et de musique ».
L’équipe de réalisation, d’après ce qu’en dit le site du 400e, comprend un réalisateur de cinéma (le maître-d’oeuvre), un scénographe spécialiste du théâtre et de la danse, une firme de design et un sculpteur d’art contemporain. Il doit bien y avoir un historien quelque part dans les coulisses?
On y reviendra, après la visite.