Fort intéressant texte de Fabien Deglise dans le Devoir du 12 février (« On se débranche et on déjeune », http://www.ledevoir.com/societe/science-et-technologie/316586/on-se-debranche-et-on-dejeune).
À noter entrer autres ce qu’il rapporte au sujet de John Lilly, qui n’est pas particulièrement has been vu qu’il a dirigé Mozilla, la compagnie qui a mis au monde le fureteur Firefox. Autrement dit, ce n’est pas un twit , du moins au sens où on l’entendait jusqu’à récemment.
Ce qui a fait la fortune de Lilly est en train d’empoisonner sa vie. Il a donc annoncé sur son blogue au début de l’année qu’il va « mettre un terme à une partie de son existence en ligne, rompre avec son Google Reader, son Facebook et son Twitter » dans le but de reprendre le contrôle de sa vie et «le temps de penser».
«Je veux prendre du temps pour être plus créatif, pour penser plus grand et avoir des idées plus originales», expose-t-il, en ajoutant être très excité à l’idée de commencer l’année en ralentissant la cadence pour essayer de «penser plus à long terme».
À noter qu’il n’a pas dit qu’il fermait son blogue.
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Les propos de Michaud : des inventions ?
Environ 45 des 66 députés du Parti québécois qui ont voté la motion de blâme contre Yves Michaud en 2000 ont reconnu, sous une forme où l’autre, au cours des derniers mois, qu’il s’agissait d’une erreur. Ce geste les honore. Certains l’ont fait discrètement, en quelques mots, d’autres, de façon plus explicite, comme Jean-François Simard dont Le Soleil a publié une longue lettre le 15 janvier dernier. L’ex-député de Montmorency y écrivait notamment : « Je reconnais avoir été de bonne foi, mais dans la plus totale ignorance de ce que représentait cette résolution comme atteinte aux droits fondamentaux de la personne et aux principes élémentaires de justice naturelle ».
Le Soleil du 22 décembre a aussi rendu compte d’une longue lettre adressée par l’ex-député de Matane, Matthias Rioux, à divers médias mais publiée nulle part, sauf sur Vigile.net (http://www.vigile.net/Le-complot-du-14-decembre-2000).
« Aujourd’hui, je joins ma voix à celle de mes anciens collègues pour dénoncer le complot dont fut victime Yves Michaud le 14 décembre 2000 et lui présenter mes excuses les plus sincères. J’en profite pour dire la honte que j’éprouve d’avoir été roulé dans la farine par des manipulateurs. […] Il est réconfortant de constater que d’anciens parlementaires acceptent, dix ans après la mauvaise action, de relever la tête et de reconnaître leur erreur ».
Dans une une autre lettre, adressée au Devoir le 19 décembre dernier (et malheureusement restée inédite), François Beaulne, ancien député de Marguerite-d’Youville, nous en apprend un peu plus :
« Comme plusieurs de mes collègues j’avais appuyé la motion, non seulement parce que je sentais que tel était la volonté du chef, mais également parce que cette motion, qui prêtait à Monsieur Michaud des propos antisémites, était présentée conjointement par deux députés, l’un péquiste, André Boulerice, et l’autre, libéral, Lawrence Bergman […].
Immédiatement après le vote, lorsque plusieurs d’entre nous voulurent aller aux sources et en savoir plus, les choses se compliquèrent et ce n’est que beaucoup plus tard que nous sûmes que Monsieur Michaud n’avait jamais prononcé les mots qu’on lui attribuait ».
La plus lourde de sens des lettres du genre est toutefois celle d’André Boulerice lui-même (http://www.vigile.net/Des-excuses-du-depute-Andre), co-auteur de la motion de blâme. Dans une lettre envoyée à son ex-collègue Paul Bégin le 26 janvier, l’ancien député de Sainte-Marie-Saint-Jacques assume sa responsabilité dans la présentation de la motion mais il évoque, sans utiliser le terme, des circonstances atténuantes :
« À l’époque, on nous a rapporté des propos inacceptables traitant de matières très sensibles et qui, par le passé, avaient profondément entaché notre formation politique. Il appert, des différents documents portés à ma connaissance, que les propos de M. Michaud avaient été inventés ou interprétés vraisemblablement dans le but de tromper ou de provoquer une vive réaction émotive ».
L’affaire Michaud découlerait de propos « inventés » ? On attend la suite. Il doit bien y avoir un inventeur.
Feu la parité
26 ministres?
Maintenant que la parité est du passé, on pourrait mettre pied à terre et cesser de spinner*. Il y a 27 ministres au Conseil des ministres et deux députés participent à ses réunions sans être membres, soit le whip et le président du caucus. Le site Internet du Conseil exécutif contient une liste et un tableau (http://www.premier-ministre.gouv.qc.ca/equipe/conseil-des-ministres.asp) qui donnent précisément les noms, titres et photos de ces 27 ministres, incluant celui qui en est le « premier ».
Jean Charest a probablement réussi le plus beau spin de la décennie en créant l’illusion qu’il n’était plus membre de son propre conseil (où donc pourrait-il être?) pour laisser croire qu’il y avait parité. Le Conseil des ministres d’avril 2007 comprenait 19 personnes, soit 9 femmes et 10 hommes; celui de décembre 2008 en comptait 27 (toujours selon le site officiel), soit 13 femmes et 14 hommes.
Le seul moment où il y a eu vraiment parité s’est produit à la suite d’une série d’événements dont le premier ministre a davantage été la victime que l’inspirateur. C’est en quelque sorte par attrition (départs de Whissel et de Tomassi, puis démission de Béchard) que le Conseil des ministres s’est trouvé en septembre 2010 composé d’un nombre égal d’hommes (incluant le premier ministre) et de femmes, soit 12. Or, curieusement, personne n’a signalé, ni dans les médias ni au gouvernement, que, selon la « logique » du spin de 2007, le Conseil était alors majoritairement féminin (12 contre 11, en excluant le premier ministre)!
Pour être conséquent avec la « mathématique » nouvelle imaginée en 2007, ce ne serait pas la fin de la parité qu’on a connue hier mais la fin d’une brève et exceptionnelle majorité féminine au Conseil des ministres. Car il faut se brancher: ou bien le premier ministre est membre du Conseil des ministres (et il n’y a pas eu de parité depuis 2007, sauf depuis la démission de Claude Béchard), ou bien il n’y est pas (et les femmes étaient majoritaires de septembre dernier à avant-hier).
La seule autre hypothèse serait, suivant sa déclaration du 20 janvier dernier, qu’il est « ailleurs ».
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* « En présentant les faits ou les informations sous un angle favorable, quitte à les déformer, les spin doctors (attachés politiques, attachés de presse, conseillers en communication) qui entourent les politiciens tentent d’orienter l’opinion des médias et des citoyens.
Jour du drapeau? Comme la température, sous zéro
En 2010, le Jour du drapeau s’était passé dans l’indifférence quasi complète : aucune publicité gouvernementale, aucune activité officielle. Le ministère de la Justice avait émis un très bref communiqué à 11 h 20 (un gain de 2 heures sur l’année précédente!).
Cette année, nous avons atteint le fond du baril. Aucune publicité gouvernementale, aucune activité officielle, même pas de communiqué. Silence, lndifférence: peut-on dire « mépris » ? Ne reste plus qu’à abroger l’article 3 de la Loi sur le drapeau et les emblèmes du Québec (L.R.Q., c. D-12.1) qui stipule que « le 21 janvier est le jour du drapeau du Québec ». Le ministre de la Justice est chargé de son application. L’ignore-t-il? Ce serait le comble de l’ironie (« Nul n’est censé….»). Si non, a-t-il une idée de ce qu’un drapeau signifie pour une nation?
Dans le communiqué émis par le ministère l’an dernier, on pouvait lire que le drapeau du Québec arboré devant les édifices gouvernementaux « répond à un besoin de traçabilité des services ». Cette vision technocratique du drapeau (on se serait cru dans le dossier des OGM!) n’a évidemment rien pour inspirer une commémoration minimale, ne serait-ce qu’une petite fois par année.
Sur la prétendue « excommunication » des patriotes
On retrouve à plusieurs endroits sur Internet l’idée que Chénier, certains patriotes et même les patriotes en général ont été excommuniés par Mgr Lartigue. Sur le site le mieux documenté sur les patriotes, et généralement bien informé, on trouve ce passage d’une notice biographique de Chénier, témoin parmi tant d’autres de la légende largement répandue :
« Le clergé refusa aux familles que leurs morts soient enterrés en terre bénie, en raison de l’excommunication lancée par Mgr Lartigue à l’encontre des rebelles. Cette excommunication a été levée par le synode des évêques québécois en 1987 à l’occasion du cent cinquantenaire de la rébellion et les restes de J.-O. Chénier ont été transférés dans le cimetière catholique de Saint-Eustache. Une statue à Montréal, au carré Viger, et une autre à Saint-Eustache honorent la mémoire d’un homme qui fait figure de héros incontesté » (http://cgi2.cvm.qc.ca/glaporte/1837.pl?out=article&pno=biographie97).
Or, comme l’ont précisé les évêques du Québec en 1987 dans un texte intitulé « Cent cinquantième anniversaire de la révolte de 1837 », et publié notamment dans L’Action nationale, (vol. 77, no 2, oct. 1987, p. 148-150, texte qu’on peut retrouver dans les archives de la revue, http://www.action-nationale.qc.ca/index.php?option=com_wrapper&Itemid=186), les patriotes « n’ont été ni excommuniés ni frappés de quelque censure ecclésiastique que ce soit », mais certains d’entre eux ont été néanmoins sanctionnés:
« À des curés qui demandèrent à leur évêque s’ils pouvaient enterrer dans le cimetière bénit les corps de ceux qui étaient morts les armes à la main, la réponse fut négative. On ne déterra cependant pas ceux qui s’y trouvaient déjà, quoique à un endroit leurs lots furent considérés comme profanes, et non plus bénits ».
Aux descendants de ces patriotes qui demandaient « depuis déjà de nombreuses années que l’on permette l’inhumation des restes des victimes avec leurs proches parents décédés depuis longtemps », les autorités de l’Église de 1987 ont voulu « que cette prière puisse être entendue et exaucée ».
C’est ainsi que les restes de Chénier ont pu être inhumés selon le rite de l’église catholique le 26 juillet 1987. La « levée des sanctions religieuses à l’endroit des patriotes morts au combat », comme l’écrit avec justesse une autre page du site précité (http://cgi2.cvm.qc.ca/glaporte/1837.pl?out=article&pno=monument04) était le fruit des démarches conjuguées des Patriotes du Pays et de la Corporation des fêtes du 150e anniversaire des Patriotes de Saint-Eustache. .