Chicane franco-canadienne

Dans Le Devoir de ce matin, sous le titre « Québec, notre grand frère nous abandonne », le président de l’ACFA, porte-parole de la francophonie albertaine, écrit entre autres choses que le Québec « dit non à l’enseignement du français dans l’Ouest canadien » (http://www.ledevoir.com/politique/canada/430330/francophones-hors-quebec-le-quebec-notre-grand-frere-nous-abandonne). Jean Johnson réagit à un article de Philippe Orfali qui s’intitulait « Québec s’oppose aux minorités francophones » (Le Devoir du 22 janvier).

Les Québécois peu familiers avec la cause actuellement débattue en Cour suprême le resteront malheureusement si leur information se limite à ces deux textes (et particulièrement aux titres simplificateurs), d’autant plus qu’il règne un silence à peu près total sur ce sujet dans les médias québécois, mis à part Le Devoir, justement, qui a consacré plusieurs textes de fond sur cette cause et l’interprétation de l’article 23 de la Charte canadienne des droits.

Michel David a cerné la question dans sa chronique du 27 janvier (« La famille éclatée » – http://www.ledevoir.com/politique/quebec/430050/la-famille-eclatee).

« L’article 23 de la Charte canadienne des droits stipule que les citoyens canadiens qui ont reçu leur instruction primaire en français ou en anglais au Canada, et qui résident dans une province où cette langue est celle de la minorité, ont le droit de faire instruire leur enfant dans cette langue au primaire et secondaire.

Le bassin d’élèves francophones étant limité, la Commission scolaire francophone du Yukon (CSFY) voudrait pouvoir accueillir des descendants de francophones, des immigrants ou simplement des francophiles qui ne répondent pas aux critères de l’article 23, mais le gouvernement du territoire s’y oppose pour des raisons financières ».

La question est de savoir s’il revient à la minorité francophone d’une province de déterminer qui peut avoir accès à l’instruction en français. On imagine avec quel intérêt la minorité anglo-québécoise attend cette décision qui pourrait lui permettre de contourner les dispositions de la loi 101. David précise qu’« aucun gouvernement, libéral ou péquiste, n’a voulu envisager cette possibilité » et, comme l’avait fait le gouvernement Bourassa en 1989, dans une cause concernant les Franco-Albertains, le gouvernement du Québec se range de l’avis du Yukon.

Dans un point de vue publié mercredi, toujours dans Le Devoir (« Québec ne joue pas franc jeu »), le professeur André Braën « imagine facilement ce qu’il adviendrait si l’admissibilité à l’école anglaise au Québec était laissée entre les mains de la minorité elle-même. Bref, ce serait la situation du libre choix d’avant la loi 101 ». Mais le juriste se demande si l’interprétation de l’article 23 « doit être uniforme partout au Canada ou si l’asymétrie est possible ». (http://www.ledevoir.com/politique/quebec/430095/francophones-au-yukon-quebec-ne-joue-pas-franc-jeu)

Un autre juriste, Guillaume Rousseau, reprend cette idée d’asymétrie dans un texte qu’il signe le même jour, et dans le même journal, avec Éric Poirier (« Sortir du piège de l’article 23 »  -     http://www.ledevoir.com/politique/quebec/430094/sortir-du-piege-de-l-article-23).

« Le Québec pourrait inciter la Cour suprême à davantage tenir compte du contexte et donc à interpréter strictement le droit à l’école anglaise au Québec, tout en interprétant largement les droits scolaires des minorités francophones du reste du Canada.

Théoriquement, cette position se tiendrait, entre autres parce que la Cour a elle-même souvent répété que, lorsqu’on interprète une loi, il faut tenir compte du contexte. Les conséquences politiques d’un tel raisonnement pourraient toutefois freiner une évolution de la jurisprudence dans ce sens. Les Canadiens anglais accepteraient mal une interprétation moins favorable à l’anglais au Québec qu’au français dans le reste du Canada. »

On voit ça d’ici : le Québec traité différemment… Pour Rousseau et Poirier, c’est risqué : la jurisprudence interprétant largement le droit à l’école française au Canada anglais servirait d’argument en faveur d’un droit toujours plus large à l’école anglaise au Québec.

La position du Québec pourrait cependant évoluer afin d’échapper au piège de l’article 23 : « Québec pourrait cesser ses interventions devant les tribunaux contre les droits des francophones du reste du Canada et les associations franco-canadiennes pourraient cesser d’intervenir contre la loi 101 et ses objectifs ».

Dans les familles en chicane, il faut peut-être espacer les réunions ou éviter certains sujets de discussion.

Partant pour la Syrie…

Les nombreuses allusions à des voyages entre la France et la Syrie ont éveillé le vague souvenir d’une chanson sur ce thème. Coup d’œil dans l’extraordinaire Mémoire de la chanson (Omnibus, 1998, p. 364) : c’est précisément Départ pour la Syrie ou Partant pour la Syrie, un «chant national» , paroles du comte Alexandre de Laborde (1774-1842), archéologue, et musique de la belle-fille de Napoléon, Hortense de Beauharnais (1783-1837), reine de Hollande.

Partant

Quelques clics sur Internet en révèlent autant qu’on en veut.

Créé à l’époque de Napoléon 1er, puis séditieux sous la Restauration, Partant pour la Syrie devient un véritable hymne national sous le Second Empire en 1852 (La Marseillaise était en pénitence…). On le chante partout, dans les bals et les cérémonies officielles, jusqu’à plus soif, dira-t-on…

Partant-Hortense_de_Beauharnais

Témoin d’un genre à la mode sous le Premier Empire (les chansons évoquant le Moyen Âge et ses troubadours), Partant pour la Syrie raconte l’histoire du comte de Dunois, un compagnon d’armes de Jeanne d’Arc, qui aurait demandé à la Vierge Marie de le bénir avant son départ pour une croisade en Syrie. À son retour, son seigneur lui aurait accordé la main de sa fille Isabelle.

En fait, le vrai Dunois n’a pas participé aux croisades qui ont débuté en 1095, peu après que les Turcs Seldjoukides eurent pris le contrôle de Jérusalem (à partir de 1078) et bloqué le passage vers les Lieux saints aux pèlerins chrétiens.

Quelques clics supplémentaires permettent de trouver des partitions d’époque et de corriger quelques imprécisions dans les versions reproduites sur plusieurs sites (On voit aussi que plusieurs interprétions disponibles sont incomplètes, dont celle-ci https://www.youtube.com/watch?v=ORvTZMXV_ok).

Partant3

La fin du règne de Napoléon III aura raison de ce « ver d’oreille ». Partant pour la Syrie a connu peu d’enregistrements (il y a eu Tino Rossi), l’armée française le garde à son répertoire, mais les Français l’ont oublié.

Cette chanson rappelle que des Français, entre autres, sont partis pour le Syrie combattre les infidèles.

On en est heureusement revenus. Depuis près de 1000 ans.

——————–

Partant pour la Syrie

I
Partant pour la Syrie
Le jeune et beau Dunois
Venait prier Marie
De bénir ses exploits.
« Faites, Reine Immortelle,
Lui dit-il en partant,
Qu’aimé de la plus belle (bis)
Je sois le plus vaillant. » (bis)
III
« Viens, fils de la victoire
Dunois, dit le Seigneur,
Puisque tu fais ma gloire
Je ferai ton bonheur !
De ma fille Isabelle,
Sois l’époux à l’instant,
Car elle est la plus belle (bis)
Et toi le plus vaillant. » (bis)
II
Il écrit sur la pierre
Le serment de l’honneur
Et va suivre à la guerre
Le comte, son seigneur.
Au noble vœu fidèle,
Il crie en combattant :
« Amour à la plus belle (bis)
Honneur au plus vaillant. » (bis)
IV
À l’autel de Marie,
Ils contractent tous deux
Cette union chérie
Qui seule rend heureux.
Chacun dans la chapelle
Disait en les voyant :
« Amour à la plus belle (bis)
Honneur au plus vaillant. » (bis)

 

Le fantasme d’Auguste Choquette

Auguste Choquette était député libéral à Ottawa quand l’unifolié canadien est né dans la douleur, en décembre 1964.

Drapeau canadien -1965

Fier d’avoir participé au vote historique, il s’anime en voyant poindre le 50e anniversaire de la présentation officielle du drapeau canadien le 15 février 1965. Aussi « rêve-t-il tout haut » dans une entrevue au Soleil : « Ce que je nourris comme souhait, ce qui est matérialisable, selon moi, sans blesser les susceptibilités de trop de gens, c’est ceci: ce serait merveilleux de hisser sur la tour du parlement, à Québec, le drapeau du Canada avec celui du Québec ». D’après ce qu’il a confié à la journaliste Brigitte Lavoie, dans Le Soleil du 27 décembre dernier, l’ancien député fédéral aurait même écrit au premier ministre du Québec à ce sujet (http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/societe/201412/26/01-4831097-rendez-vous-pour-les-50-ans-de-lunifolie.php)

Avant que cette idée saugrenue ne trouve des adeptes au Cabinet et chez les Québécois qui considèrent les drapeaux comme des éléments décoratifs qu’on accroche au gré de ses humeurs, est-il nécessaire de rappeler les dispositions de la Loi sur le drapeau? Article 2 : « Emblème national du Québec, le drapeau doit être déployé sur la tour centrale de l’Hôtel du Parlement ».

Drapeau + Hôtel du Parlement

Le législateur n’a pas jugé bon de dire explicitement « à l’exclusion de tout autre emblème », tellement la chose va de soi. Il a cependant tenu à consigner cette obligation dans la loi en sachant à quel point le Québec peut parfois hésiter à se comporter comme tout État normal, soit exprimer son identité et défendre son champ de compétences (ce que monsieur Choquette inclut probablement dans les « susceptibilités »). On a vu comment le gouvernement du Québec, pendant une décennie, a « oublié » de souligner correctement la journée du drapeau (21 janvier), son emblème national le plus important, alors que le gouvernement fédéral, lui, multiplie le matériel promotionnel et « pédagogique », sans aucune crainte de se faire accuser de propagande. Pire, on maintient au Salon rouge, contre toute logique protocolaire, un drapeau qui n’a rien à voir avec les attributions constitutionnelles du Québec et les compétences législatives de son Assemblée nationale, comme si l’Hôtel du Parlement abritait une succursale du Parlement canadien. N’a-t-on pas déjà assez des municipalités et des universités qui se considèrent comme des créatures du gouvernement fédéral?

Monsieur Choquette peut s’enorgueillir, à juste titre, d’avoir participé à l’adoption de la Loi sur le drapeau et espérer être invité, « le temps d’une cérémonie », à Ottawa, pour ce qu’il appelle « son dernier rendez-vous avec l’histoire politique canadienne », la commémoration des 50 ans de l’unifolié. Il faut cependant que le premier ministre du Québec lui réponde que son gouvernement respecte les champs de compétences définis par son ancêtre Étienne-Pascal Taché, un Père de la Confédération (même s’il est mort en 1865), et qu’il laissera au gouvernement fédéral le soin de célébrer les anniversaires des institutions canadiennes, ce dont il s’acquitte généralement sans peine et sans compter.

L’auteur du «Noël des petits oiseaux» était un drôle de moineau

(Mis à jour le 9 décembre 2019)

J’ai longtemps cherché des interprétations de ce chant de Noël dont on retrouve les paroles dans les cahiers de la Bonne chanson, mais qui a eu très peu d’interprètes sur disque. C’est finalement chez Sillons, rue Cartier (une bonne adresse disparue…) que j’ai, non pas trouvé, mais commandé un disque français repéré sur Internet, plus précisément un coffret de cinq disques, intitulé Vive Noël!, qui comprend le Noël des petits oiseaux, paroles de Camille Soubise et musique de Charles Pourny, chanté par Jacques de Mersan. Ces disques m’ont fait découvrir de nombreuses chansons de Noël inconnues ici.

OIseaux

Rarement interprété sur disque, le Noël des petits oiseaux était aussi peu fréquent sur Internet, au moment de la première version de ce texte, et les rares prestations étaient peu impressionnantes. On le trouvait accompagné de diaporamas plutôt kitsch (https://www.youtube.com/watch?v=XGO1Sx5VZ0U), interprété par une chorale mal filmée (https://www.youtube.com/watch?v=_sz5O0e7a2U) ou par un ténor correct qui devrait cependant suivre son texte (https://www.youtube.com/watch?v=58h4mhbs6yA). Il y avait aussi  la sympathique interprétation de Passe-Partout (https://www.youtube.com/watch?v=gMQ_gA8_32Q).

Aujourd’hui, on a plus de choix avec l’interprétation de Mersan (https://www.youtube.com/watch?v=1JNTAOUOVgQ) et celle de Fabienne Thibeault (https://www.youtube.com/watch?v=jE4v0cyHZwg), entre autres.

Aucun des interprètes ne donne au complet le texte de Camille Soubise qui, pour tout dire, n’est pas vraiment Soubise, comme Francis Sartorius l’a révélé en 2000 dans un article (« La métamorphose d’un aventurier des lettres » publié dans la revue Histoires littéraires) dont on trouve l’essentiel sur le site du cimetière du Père-Lachaise (http://www.appl-lachaise.net/appl/article.php3?id_article=2470).

Soubise-portrait

Né à Perwez (Belgique) en 1833, Camille Soubise s’appelait en fait Alphonse Vanden Camp, nom sous lequel il a été légitimé en 1840 par le mariage d’Adolphine Raynaud avec Jean-Baptiste Vanden Camp. Il a 19 ans quand il lance un premier journal, une feuille hostile aux élites (clergé et noblesse) et proche des idées socialistes de Fourier. En 1856, il devient rédacteur en chef du Libre Penseur et collabore à différents journaux sous divers pseudonymes.

Plusieurs motifs pourraient expliquer son départ pour Paris. Il semble avoir été condamné par défaut à cinq ans de prison en 1864, puis à six mois pour port public de faux nom;  il divorce ensuite en 1867 ou 1868. À Paris,  il se serait aussi compromis dans des affaires douteuses. Pour gagner sa vie, celui qui s’identifie maintenant sous le nom de « du Camp » propose des textes aux éditeurs de chansons populaires. C’est sous le nom de Camille Soubise (pour éviter d’être confondu avec l’auteur Maxime du Camp) qu’il se fait connaître avec un de ses grands succès, la fameuse Chanson des blés d’or (https://www.youtube.com/watch?v=eJYWaZNc7Lo). 

À Paris, c’est bientôt l’insurrection de la Commune contre le régime de Napoléon III et notre homme devient membre du Comité central de la Garde nationale puis membre du Conseil de la XVIIe légion fédérée et secrétaire de la Commission municipale du XVIIe arrondissement. Encore là, les ennuis le courent. Arrêté pour fraude, il parvient à se disculper; soupçonné d’être un mouchard, il est sauvé par la chute de la Commune; recherché par l’armée versaillaise et condamné par contumace à la déportation, il resurgit, comparaît en 1873 et réussit à se faire acquitter.

Vanden Camp regagne alors Bruxelles où il s’adonne encore au journalisme et se retrouve encore devant les tribunaux. Il est condamné en 1874 à trois mois de prison pour usage de faux noms, malgré ses tentatives de se présenter… sous une autre identité !

En 1879, il retourne à Paris où il gagnera sa vie en composant le texte de nombreuses chansons, dont le Noël des petits oiseaux, probablement en 1880, et l’une des plus célèbres romances sur le thème de la perte de l’Alsace-Lorraine, C’est un oiseau qui vient de France (https://www.youtube.com/watch?v=T_JQR2I9L50),  un thème qui ne correspondait pas vraiment à ses convictions anarchistes… En 1887, il lance une éphémère revue littéraire et artistique, La Muse française. En 1892, il publie un recueil de poésies, Les Lunes bleues, toujours signé Camille Soubise, le nom sous lequel il était désormais connu et qui paraîtra sur le faire-part de son décès en 1901. Il laissait dans le deuil Marie Buisson, avec qui il avait régularisé sa relation en 1897, légitimant du même coup deux filles nées respectivement en 1871 et 1873.

 soubise-Noël +image

Noël des petits oiseaux

(paroles tirées de La Bonne Chanson, troisième cahier, page 119)

Les verts sapins de la vallée,
Ce soir sont habillés de blanc,
Car de Noël c’est la veillée,
Et minuit s’avance à pas lents.
Plus d’un petit oiseau frissonne,
Car il a neigé sur les toits;
Mais chut! voici l’heure qui sonne!,
Entendez-vous ces douces voix?

(Ref.) Il est minuit et Jésus vient de naître,
Pour protéger les nids et les berceaux.
Le ciel est bleu, le printemps va renaître…
Noël! Noël! pour les petits oiseaux! (bis)

Merles pinsons, bergeronnettes,
Se réveillant tous à la fois,
Comme au bon temps des pâquerettes,
Soudain font retentir les bois!
Voyant que la neige étincelle,
Et que l’étoile brille aux cieux,
Ces chers mignons battant de l’aile,
Redisent dans leurs chants joyeux :

(Ref.)

Les roitelets, les rouges-gorges,
Quittant les toits et les buissons,
Gazouillant comme au temps des orges
Et l’air était plein de chansons!
Puis, croyant au réveil du monde,
Et préparant déjà leurs nids,
Ils cherchaient de la laine blonde
Pour abriter tous leurs petits!

(Ref.)

Mais tout à coup, la nuit s’achève,
Voici l’aurore au front vermeil!
Et ne sachant si c’est un rêve,
Chacun se dit « Quel doux soleil! »
Car Noël sur les plaines blanches
A fait luire un beau rayon d’or!
Puis sous les toits et sur les branches
On entend gazouiller encor :

(Ref. final)
L’ombre s’enfuit, le jour vient de paraître,
Pour éclairer les nids et les berceaux!
Le ciel est bleu le printemps va renaître…
Noël! Noël! pour les petits oiseaux! (bis)

Le travail dominical en France : ce n’est pas réglé ?

Le débat fait rage en France depuis la présentation de la « loi Macron » (du nom du ministre de l’Économie) en conseil des ministres au début de décembre. Le premier ministre, citant le président, l’a décrite comme « une loi de progrès et de liberté », conçue pour « créer et développer l’attractivité ».

Il s’agit en fait d’une loi fourre-tout visant à guérir la France de quelques maladies dont la défiance, la complexité et le corporatisme. Une de ses dispositions consiste à assouplir le travail dominical : les commerces pourront travailler cinq dimanches par an sans autorisation spéciale, et jusqu’à douze au total, sur autorisation des mairies. Dans les zones touristiques internationales, l’ouverture sera autorisée jusqu’à minuit. Nouveauté introduite par le Conseil d’État avant la présentation du texte en conseil des ministres : toutes les entreprises commerciales devront verser une « compensation salariale » pour les employés travaillant le dimanche. (http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/12/08/travail-du-dimanche-autocars-professions-reglementees-qu-y-a-t-il-dans-la-loi-macron_4536498_4355770.html#34A0tWEueuqtYGCc.99)

travail-dimanche 3

Voilà qui en étonnera plus d’un (et le soussigné fera lui-même semblant de l’être…) puisqu’il y a 25 ans, quand nous sommes nous-mêmes entrés dans l’ère dite « de progrès et de liberté », on nous chantait sur tous les tons qu’il fallait nous décoincer et faire comme « tout le monde » en Europe. Il se trouvait plusieurs observateurs, surtout chez les journalistes des grands quotidiens (qui travaillaient souvent 4 jours semaines…), pour dire qu’il s’agissait d’un débat d’attardés, que « seuls les Québécois » pouvaient faire de cette question un « débat de société », etc.

Nous étions en retard, paraît-il, alors que notre société était parfaitement normale puisque la question du travail dominical a soulevé des débats dans de nombreux pays occidentaux et que nombre d’entre eux l’interdisent encore ou lui posent de sévères restrictions. (http://www.la-croix.com/Actualite/Europe/Le-travail-du-dimanche-en-Europe-une-situation-contrastee-2014-11-27-1270926)

T111I_DIMANCHES

En France comme ailleurs, l’assouplissement de la législation concernant le travail dominical suscite la controverse et la réprobation des syndicats, notamment. Selon un sondage qui vient de paraître, six Français sur dix (62%) seraient favorables à l’ouverture des magasins le dimanche, soit 28% tout à fait favorables, 34% plutôt favorables, contre 38% qui y sont opposés, dont 16% tout à fait opposés, mais le même sondage révèle que les Français sont aussi en nette majorité (60%) en désaccord avec l’idée de travailler eux-mêmes le dimanche, une opposition en hausse par rapport à l’an dernier (+4 points). (http://www.leparisien.fr/flash-actualite-economie/travail-dominical-une-majorite-de-francais-pour-mais-pas-pour-eux-memes-04-12-2014-4347617.php)

travail-dimanche 2

Le député de l’Essonne et maire d’Yerres, Nicolas-Dupont-Aignan, est de ceux qui s’opposent au travail dominical et qui mesurent bien l’hypocrisie (pour le travail dominical des autres…):

« Hormis quelques zones touristiques, sa généralisation à grande échelle déstructurerait un peu plus notre société et détruirait au moins autant d’emplois qu’elle en créerait. Des milliers d’emplois durables, bien répartis sur le territoire national dans les petits commerces qui n’ont pas les moyens d’ouvrir sept jours sur sept, disparaîtraient, remplacés par des jobs à temps partiel dans la grande distribution. Mais, plus grave, on fabriquerait une France à deux vitesses. D’un côté, ceux qui peuvent consommer le dimanche, et, de l’autre, ceux qui sont condamnés, faute de mieux, à travailler pour les servir. » (http://www.parismatch.com/Actu/Politique/Moi-president-Nicolas-Dupont-Aignan-non-au-travail-dominical-674220)