Feu la parité

26 ministres?
Maintenant que la parité est du passé, on pourrait mettre pied à terre et cesser de spinner*. Il y a 27 ministres au Conseil des ministres et deux députés participent à ses réunions sans être membres, soit le whip et le président du caucus. Le site Internet du Conseil exécutif contient une liste et un tableau (http://www.premier-ministre.gouv.qc.ca/equipe/conseil-des-ministres.asp) qui donnent précisément les noms, titres et photos de ces 27 ministres, incluant celui qui en est le « premier ».
Jean Charest a probablement réussi le plus beau spin de la décennie en créant l’illusion qu’il n’était plus membre de son propre conseil (où donc pourrait-il être?) pour laisser croire qu’il y avait parité. Le Conseil des ministres d’avril 2007 comprenait 19 personnes, soit 9 femmes et 10 hommes; celui de décembre 2008 en comptait 27 (toujours selon le site officiel), soit 13 femmes et 14 hommes.
Le seul moment où il y a eu vraiment parité s’est produit à la suite d’une série d’événements dont le premier ministre a davantage été la victime que l’inspirateur. C’est en quelque sorte par attrition (départs de Whissel et de Tomassi, puis démission de Béchard) que le Conseil des ministres s’est trouvé en septembre 2010 composé d’un nombre égal d’hommes (incluant le premier ministre) et de femmes, soit 12. Or, curieusement, personne n’a signalé, ni dans les médias ni au gouvernement, que, selon la « logique » du spin de 2007, le Conseil était alors majoritairement féminin (12 contre 11, en excluant le premier ministre)!
Pour être conséquent avec la « mathématique » nouvelle imaginée en 2007, ce ne serait pas la fin de la parité qu’on a connue hier mais la fin d’une brève et exceptionnelle majorité féminine au Conseil des ministres. Car il faut se brancher: ou bien le premier ministre est membre du Conseil des ministres (et il n’y a pas eu de parité depuis 2007, sauf depuis la démission de Claude Béchard), ou bien il n’y est pas (et les femmes étaient majoritaires de septembre dernier à avant-hier).
La seule autre hypothèse serait, suivant sa déclaration du 20 janvier dernier, qu’il est « ailleurs ».
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* « En présentant les faits ou les informations sous un angle favorable, quitte à les déformer, les spin doctors (attachés politiques, attachés de presse, conseillers en communication) qui entourent les politiciens tentent d’orienter l’opinion des médias et des citoyens.