La fausse nouvelle sur la fosse commune

Lu dans Le Journal de Québec du 30 septembre 2023 (« Journée nationale de la vérité et de la réconciliation : un rappel crucial en cette période de débats critiques ») :

« […] au printemps de 2021, les médias de tout le pays annoncent la découverte de 215 corps d’enfants dans une fosse commune sur le terrain de l’ancien pensionnat indien de Kamloops. »

Il suffit de taper « 215 corps » sur Google pour constater que cette « nouvelle » a été annoncée bien au-delà de nos frontières. Elle est quand même fausse.

215 corps

Il y a plus d’un an, le 27 mai 2022, la réputée journaliste Hélène Buzzetti a mis ses plus beaux gants blancs pour faire une mise au point à ce sujet dans la version électronique du Soleil  (« La douleur et les faits », https://www.lesoleil.com/2022/05/27/la-douleur-et-les-faits-2820f37617252186dbd78dcc90fa186f):

« D’abord, malgré ce que de nombreux journalistes disent ou écrivent, aucun “reste humain” n’a été trouvé à ce jour. Ni à Kamloops, ni dans les autres communautés ayant annoncé des découvertes similaires depuis. [...].

 La spécialiste Sarah Beaulieu, qui a dans le passé contribué à localiser des sépultures de la Première Guerre mondiale, a ainsi détecté 200 “anomalies” à Kamloops. Le patron des ondes pourrait correspondre à celui de sépultures, mais ce n’est qu’une hypothèse. “Seule une enquête médico-légale avec excavation nous fournira les résultats définitifs”, a-t-elle rappelé l’été dernier [15 juillet 2021]. Or, il n’y a pas eu d’excavation et il n’y en aura peut-être pas, la communauté étant divisée à ce sujet. La cheffe Rosanne Casimir a indiqué lundi qu’aucune date n’avait été retenue pour l’éventuelle prochaine étape. Bref, l’hypothèse pourrait éternellement demeurer une hypothèse.

Il faut aussi rappeler que ce qui a été découvert ne serait pas un “charnier” ou une “fosse commune” comme certains continuent de le dire. Dans les jours qui avaient suivi la découverte, la cheffe Casimir avait rectifié le tir en précisant que les anomalies trouvées dans le sol étaient espacées sur le terrain d’une manière évoquant un cimetière traditionnel. Le Washington Post a fait la correction sur son site Internet, mais pas le New York Times, qui continue de parler de “mass grave”.

[…] à présenter ces découvertes d’une manière qui évoque l’imaginaire génocidaire, on en vient à faire croire que des milliers enfants autochtones ont été jetés pêle-mêle dans des fosses communes gardées secrètes, sans respect pour leur dignité et leur individualité, parce qu’on voulait cacher leur mort survenue dans des circonstances suspectes. Il n’y a aucune preuve de cela. Après huit ans de travaux, on ose imaginer que la Commission Vérité et Réconciliation aurait eu vent d’une telle affaire.

Ottawa a versé à ce jour 78 millions $ à 63 communautés pour qu’elles mènent des travaux de localisation, mais le gouvernement n’exige pas que des excavations soient menées pour confirmer la nature des découvertes.

Ce chapitre de l’histoire canadienne est sombre à bien des égards. Mais la douleur légitime n’autorise pas le leurre. Il est temps que les politiciens cessent cette enflure verbale et que les journalistes redécouvrent l’art de s’en tenir aux faits. »

Madame Buzetti s’était peut-être inspirée d’une étude publiée quelques semaines plus tôt par l’historien Jacques Rouillard (« Où sont les restes des enfants inhumés au pensionnat autochtone de Kamloops ? »  L’Action nationale, février 2022) :

« En ne mettant jamais en évidence qu’on en est encore au stade des hypothèses et qu’aucune dépouille n’a encore été trouvée, le gouvernement et les médias laissent s’accréditer une thèse, soit celle de la disparition de milliers d’enfants dans les pensionnats. D’une allégation de “génocide culturel” avalisée par la Commission de vérité et réconciliation (CVR), on est passé à un “génocide physique”, une conclusion que la Commission rejette explicitement dans son rapport ».

Le professeur émérite de l’université de Montréal concluait ainsi :

« Il est incroyable qu’une recherche préliminaire sur un prétendu charnier dans un verger ait pu conduire à une telle spirale d’affirmations endossées par le gouvernement canadien et reprises par les médias du monde entier. Ce n’est pas un conflit entre l’Histoire et l’histoire orale autochtone, mais entre cette dernière et le gros bon sens. Il faut des preuves concrètes avant d’inscrire dans l’Histoire les accusations portées contre les Oblats et les Soeurs de Sainte-Anne. Les exhumations n’ont pas encore commencé et aucune dépouille n’a été trouvée. Un crime commis exige des preuves vérifiables, surtout si les accusés sont décédés depuis longtemps. Il importe donc que les excavations aient lieu le plus rapidement possible pour que la vérité l’emporte sur l’imaginaire et l’émotion. Sur la voie de la réconciliation, le meilleur moyen n’est-il pas de rechercher et de dire toute la vérité plutôt que de créer des mythes sensationnels ?

 

Une réflexion au sujet de « La fausse nouvelle sur la fosse commune »

  1. Voilà qui rend clair une situation demeurée on ne peut plus chimérique. S’il s’agit de cimetières, c’est certainement documenté et on devrait laisser les dépouilles en paix!

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