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L’abbé Luc (1926-2025)

L’abbé Luc Deschênes, doyen des prêtres du diocèse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, est décédé à Saint-Jean-Port-Joli le 4 mai 2025, au début de sa centième année.

Luc dans Attisée septembre 2018 -rédujit
Né le 10 avril 1926, il était issu d’une famille rurale qui a été décorée en 1968 du titre de « famille terrienne de l’année ».

Luc D. et 6 frères, vers 1948Avec ses frères (deuxième à gauche)

Après des études à l’école du rang, il entre au Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière en septembre 1941 et se distingue dès ses Éléments latins par « d’excellentes notes de travail, de conduite et de piété ». En dépit d’une santé fragile, il termine ses études classiques en 1949 ; à la traditionnelle « prise de ruban » de juin, il choisit le blanc et entre au Grand Séminaire de Québec à l’automne.
Le 4 juin 1953, Saint-Jean-Port-Joli vit un événement exceptionnel quand Luc Deschênes et Marcel Caron, deux fils de la paroisse, sont ordonnés prêtres par Mgr Bruno Desrochers. Le premier est le frère de mon père, le second, le frère de ma mère. Ils disent leur première messe le 5 et le 7 ; à l’automne, ils se retrouvent tous deux prêtres auxiliaires (« maîtres de salle ») au Collège de Sainte-Anne.

Luc D. -première messe.détailÀ la sortie de sa première messe en 1953.

En 1958, Luc Deschênes commence des études, à l’École normale supérieure de Montréal, où il obtient un Brevet A et un baccalauréat en pédagogie. Il est ainsi bien préparé pour diriger l’Externat classique de Montmagny de 1959 à 1961.

En juin 1961, il est nommé directeur des étudiants au Collège de Sainte-Anne, d’abord au secondaire puis au collégial. En 1969, la création du Cégep réduit le collège à une institution d’enseignement secondaire ; il y devient professeur et supérieur de la communauté des prêtres. Parallèlement à ses fonctions d’éducateur, il assure avec des confrères le ministère estival à la desserte du lac Trois-Saumons.
Dans un hommage rendu à son confrère, lors du cinquantenaire de son ordination en 2003, l’abbé Fernand Bélanger écrivait : « Il était un éducateur hors de l’ordinaire, proche des étudiants. Combien de fois ai-je entendu des anciens du Collège de Sainte-Anne me parler de l’abbé Luc. Nous avons gardé un merveilleux souvenir de ce prêtre compréhensif et bon, dont nous nous sentions aimés. »
Vingt ans plus tard, je peux corroborer le témoignage de l’abbé Bélanger. À plusieurs reprises dans nos derniers conventums, des confrères du 137e cours sont venus prendre des nouvelles de leur ancien directeur ; certains m’ont confié à quel point mon oncle Luc les avait marqués, aidés et parfois même « épargnés » à la suite d’une coche mal taillée qui aurait pu leur valoir une punition plus grave. On ne peut mieux illustrer le rôle de l’abbé Luc qu’avec ce témoignage rendu par Émile Gilbert (136e cours), lauréat du prix Personnalité 2018 : « à chaque fois que je songe à mon parcours, mon regard se tourne vers un homme, pour qui j’ai le plus profond respect, et qui a toujours été un modèle pour moi : l’abbé Luc Deschênes. Pour moi, ce personnage plus grand que nature, représente à mes yeux ce que le Collège de Sainte-Anne avait de meilleur à offrir, et le plus beau compliment que je pourrais recevoir, ce serait de me faire dire que j’ai reçu en moi un peu de son humanisme ».
En 1975, l’abbé Marcel Caron quitte la cure de Saint-Pamphile pour le vicariat épiscopal du « district pastoral de la Baie-James », un immense territoire où il a exercé son ministère pendant plus de 20 ans. Luc Deschênes le remplace à Saint-Pamphile pour une période de six ans. En 1981, il est nommé curé de L’Islet où il passe 15 ans.
C’est ensuite la retraite à Saint-Jean-Port-Joli. En principe. Dans son hommage de 2003, l’abbé Bélanger mettait le mot entre guillemets, ce qu’il convenait de faire encore, vingt ans plus tard. Messes, baptêmes, mariages et sépultures, visites aux malades pour la communion ou le réconfort : il n’a pas cessé de donner au coup demain au curé de la paroisse, dans la mesure de ses moyens. Dans une entrevue accordée à la revue diocésaine Intercommunication en 2010, il évoquait ses loisirs : « Je marche tous les jours, beau temps, mauvais temps. Le médecin me dit que c’est un bon remède ! Je consacre un temps à la lecture, je m’intéresse aux activités sociales et paroissiales qui sont assez nombreuses. Je suis impliqué dans les groupes, FADOQ, AQDR, groupes d’amis. Les rencontres familiales et amicales sont fort appréciées. Et puis j’essaie de m’apprivoiser avec l’Internet… »

Luc D. Ph. J.-C. Saint-Pierre(photo J.-C. Saint-Pierre)
Quand le temps le permettait, il faisait sa visite au quai, admirant le fleuve — dont il s’est bien ennuyé quand il était à Saint-Pamphile —, saluant ceux qu’il rencontrait, paroissiens ou touristes, conversant avec chacun, taquinant les parents et les proches. Jusqu’à tout récemment, il conduisait sa voiture. Il y a moins d’un mois, il assistait à une « partie de sucre » dans l’érablière familiale.
Dans le village de Saint-Jean-Port-Joli, il était devenu un personnage, même s’il n’a jamais « monté en grade » ni obtenu de titre ou de ceinturon coloré. Pour ses coparoissiens, c’était simplement « l’abbé Luc ».

Des églises incendiées dans l’Ouest canadien

Au moins 33 églises ont été détruites par des incendies au Canada entre mai 2021 et décembre 2023 et au moins 24 de ces 33 églises ont été brûlées intentionnellement après mai 2021 (https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2039965/eglise-feu-canada?depuisRecherche=true).

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« Onze églises ont été détruites à la suite d’incendies volontaires dans l’Ouest canadien dans les semaines qui ont suivi les révélations de la découverte de 215 potentielles sépultures anonymes sur le site d’un ancien pensionnat pour Autochtones à Kamloops, en Colombie-Britannique. [...]

Des dirigeants autochtones et de la sphère politique ont évoqué la colère suscitée par les pensionnats pour Autochtones pour expliquer la flambée d’églises calcinées après les découvertes de Kamloops ».

Paulina Johnson, chercheuse à l’Université de l’Alberta et membre de la Première Nation de Maskwacis, dit comprendre pourquoi on a incendié des églises: « On utilise le feu parce que personne ne s’intéresse vraiment à la vérité ».

La vérité, c’est aussi que, près de 3 ans plus tard, on n’a encore trouvé ou exhumé aucun reste humain à Kamloops  — ni même commencé à creuser –, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y en a pas.

(sur ce sujet, voir https://blogue.septentrion.qc.ca/gaston-deschenes/2023/11/09/la-fausse-nouvelle-sur-la-fosse-commune/).

La fausse nouvelle sur la fosse commune

Lu dans Le Journal de Québec du 30 septembre 2023 (« Journée nationale de la vérité et de la réconciliation : un rappel crucial en cette période de débats critiques ») :

« […] au printemps de 2021, les médias de tout le pays annoncent la découverte de 215 corps d’enfants dans une fosse commune sur le terrain de l’ancien pensionnat indien de Kamloops. »

Il suffit de taper « 215 corps » sur Google pour constater que cette « nouvelle » a été annoncée bien au-delà de nos frontières. Elle est quand même fausse.

215 corps

Il y a plus d’un an, le 27 mai 2022, la réputée journaliste Hélène Buzzetti a mis ses plus beaux gants blancs pour faire une mise au point à ce sujet dans la version électronique du Soleil  (« La douleur et les faits », https://www.lesoleil.com/2022/05/27/la-douleur-et-les-faits-2820f37617252186dbd78dcc90fa186f):

« D’abord, malgré ce que de nombreux journalistes disent ou écrivent, aucun “reste humain” n’a été trouvé à ce jour. Ni à Kamloops, ni dans les autres communautés ayant annoncé des découvertes similaires depuis. [...].

 La spécialiste Sarah Beaulieu, qui a dans le passé contribué à localiser des sépultures de la Première Guerre mondiale, a ainsi détecté 200 “anomalies” à Kamloops. Le patron des ondes pourrait correspondre à celui de sépultures, mais ce n’est qu’une hypothèse. “Seule une enquête médico-légale avec excavation nous fournira les résultats définitifs”, a-t-elle rappelé l’été dernier [15 juillet 2021]. Or, il n’y a pas eu d’excavation et il n’y en aura peut-être pas, la communauté étant divisée à ce sujet. La cheffe Rosanne Casimir a indiqué lundi qu’aucune date n’avait été retenue pour l’éventuelle prochaine étape. Bref, l’hypothèse pourrait éternellement demeurer une hypothèse.

Il faut aussi rappeler que ce qui a été découvert ne serait pas un “charnier” ou une “fosse commune” comme certains continuent de le dire. Dans les jours qui avaient suivi la découverte, la cheffe Casimir avait rectifié le tir en précisant que les anomalies trouvées dans le sol étaient espacées sur le terrain d’une manière évoquant un cimetière traditionnel. Le Washington Post a fait la correction sur son site Internet, mais pas le New York Times, qui continue de parler de “mass grave”.

[…] à présenter ces découvertes d’une manière qui évoque l’imaginaire génocidaire, on en vient à faire croire que des milliers enfants autochtones ont été jetés pêle-mêle dans des fosses communes gardées secrètes, sans respect pour leur dignité et leur individualité, parce qu’on voulait cacher leur mort survenue dans des circonstances suspectes. Il n’y a aucune preuve de cela. Après huit ans de travaux, on ose imaginer que la Commission Vérité et Réconciliation aurait eu vent d’une telle affaire.

Ottawa a versé à ce jour 78 millions $ à 63 communautés pour qu’elles mènent des travaux de localisation, mais le gouvernement n’exige pas que des excavations soient menées pour confirmer la nature des découvertes.

Ce chapitre de l’histoire canadienne est sombre à bien des égards. Mais la douleur légitime n’autorise pas le leurre. Il est temps que les politiciens cessent cette enflure verbale et que les journalistes redécouvrent l’art de s’en tenir aux faits. »

Madame Buzetti s’était peut-être inspirée d’une étude publiée quelques semaines plus tôt par l’historien Jacques Rouillard (« Où sont les restes des enfants inhumés au pensionnat autochtone de Kamloops ? »  L’Action nationale, février 2022) :

« En ne mettant jamais en évidence qu’on en est encore au stade des hypothèses et qu’aucune dépouille n’a encore été trouvée, le gouvernement et les médias laissent s’accréditer une thèse, soit celle de la disparition de milliers d’enfants dans les pensionnats. D’une allégation de “génocide culturel” avalisée par la Commission de vérité et réconciliation (CVR), on est passé à un “génocide physique”, une conclusion que la Commission rejette explicitement dans son rapport ».

Le professeur émérite de l’université de Montréal concluait ainsi :

« Il est incroyable qu’une recherche préliminaire sur un prétendu charnier dans un verger ait pu conduire à une telle spirale d’affirmations endossées par le gouvernement canadien et reprises par les médias du monde entier. Ce n’est pas un conflit entre l’Histoire et l’histoire orale autochtone, mais entre cette dernière et le gros bon sens. Il faut des preuves concrètes avant d’inscrire dans l’Histoire les accusations portées contre les Oblats et les Soeurs de Sainte-Anne. Les exhumations n’ont pas encore commencé et aucune dépouille n’a été trouvée. Un crime commis exige des preuves vérifiables, surtout si les accusés sont décédés depuis longtemps. Il importe donc que les excavations aient lieu le plus rapidement possible pour que la vérité l’emporte sur l’imaginaire et l’émotion. Sur la voie de la réconciliation, le meilleur moyen n’est-il pas de rechercher et de dire toute la vérité plutôt que de créer des mythes sensationnels ?

 

Un billet de confession avec ça?

On commence à lire des réactions aux nouveaux critères introduits l’an dernier par les Fonds de recherche du Québec (FRQ) pour l’attribution des bourses de maîtrise et de doctorat.

Aux critères d’excellence (parcours universitaire, notes obtenues, prix, etc.) et à ceux qui portent sur la valeur intrinsèque du projet (originalité, pertinence, méthodologie, etc.) se sont ajoutés au printemps 2021 des critères de « mobilisation sociale » comme la « capacité d’engagement » et la prise en considération des objectifs de développement durable (ODD) et des objectifs d’équité, de diversité et d’inclusion (EDI).

Dans La Presse, 18 novembre (« La mise au pas de la recherche »), quatre professeurs d’université dénoncent ces critères imposés « sur des bases strictement idéologiques, et sans véritable consultation »  (https://www.lapresse.ca/debats/opinions/2022-11-18/la-mise-au-pas-de-la-recherche.php).

« Ces critères à géométrie variable ont fort peu à voir avec le monde de la science. Si d’aventure ils conviennent à une thèse d’écologie appliquée, il n’en va pas de même dans le cas d’un mémoire consacré à la philosophie de René Descartes. […] Pour les candidats, ils ont de plus graves conséquences encore. Au cours de la dernière année, on en aura vu certains multiplier dans leur dossier les preuves de leur engagement citoyen : se dire représentants de la diversité sexuelle, faire du compost au fond de leur jardin, accompagner des membres vieillissants de leur famille dans une Résidence Soleil… »

Selon ces professeurs, les nouveaux critères mettent directement en cause la liberté universitaire :

« […] Il saute aux yeux que les critères ODD et EDI, introduits de force par les Fonds de recherche du Québec, entrent en contradiction ouverte avec la loi 32 destinée à garantir l’exercice de la liberté universitaire en dehors de toute « contrainte doctrinale, idéologique ou morale » (art. 3). »

Dans Le Devoir du 23 novembre, Patrick Moreau aborde la même question (https://www.ledevoir.com/opinion/idees/771859/point-de-vue-du-danger-de-confondre-recherche-scientifique-et-militantisme ):

« On devine sans trop de peine le genre de contorsions intellectuelles auxquelles on contraindra certains chercheurs qui seront sommés d’établir un lien entre leur sujet de recherche et l’un ou l’autre des ODD de l’ONU. À moins qu’afin de satisfaire aux exigences des ODD 5 (Inégalités entre les sexes) ou 10 (Inégalités réduites), ils ne se voient tous obligés de réorienter leurs recherches vers l’homophobie chez Aristote ou le sexisme des classiques — sujets en eux-mêmes pertinents, sauf à devenir un nouveau genre d’obligation morale.

De plus, ces critères ne concernent pas seulement les projets de recherche […], mais le demandeur lui-même, qui doit expliquer comment il met « sa pensée, sa parole et son action au service d’une cause collective ». On exige donc de lui qu’il prouve non seulement qu’il est apte à produire une recherche de qualité, mais aussi à quel point il est « progressiste ». »

Sa conclusion :

« […] est-ce vraiment à un organisme subventionnaire qui dispose de fonds publics d’imposer ses préférences idéologiques ? Surtout, n’est-il pas intolérable qu’un tel organisme public s’arroge le droit de juger de la vie privée et des opinions des personnes qui réclament son aide ? Car le choix de participer aux activités d’un organisme de bienfaisance comme celui de s’engager en faveur d’une cause quelconque relèvent bel et bien de la liberté individuelle.

Les FRQ ne devraient avoir à juger que des projets de recherche qui leur sont soumis, et en aucun cas de l’ »engagement » des personnes qui les soumettent. Leur fonction est de sélectionner de futurs chercheurs et non des citoyens modèles. »

La « religion » qui a inspiré ces nouvelles dispositions s’apparente à celle qui a créé, autrefois, le « billet de confession », ce certificat signé par un confesseur attestant que le pénitent a nettoyé son âme au confessionnal.

Les limites du géoradar de Kamloops

À Tout le monde en parle, récemment, le rappeur Samian a évoqué « la découverte de corps d’enfants [amérindiens] dans des fosses ». Dans Le Devoir du 25 mai, il est question d’une série sur les pensionnats qui a été « entamée bien avant la découverte, il y a un an, des restes de dépouilles d’enfants autochtones au pensionnat de Kamloops » (https://www.ledevoir.com/culture/ecrans/714882/television-l-echo-des-pensionnats-pour-autochtones-a-l-ecran). Et on pourrait citer plusieurs autres évocations du genre dans les médias depuis un an.

Pour avoir l’heure juste sur cette question, il faut lire le résultat des recherches de l’historien émérite Jacques Rouillard qui s’est penché particulièrement sur les 51 enfants morts au pensionnat de Kamloops, de 1915 à 1964, selon la Commission de vérité et réconciliation (CVR). Rouillard est allé à la recherche d’informations sur ces enfants à partir des dossiers de Bibliothèque et Archives Canada et des certificats de décès conservés aux registres d’état civil des Archives de la Colombie-Britannique, une source disponible en ligne qui ne semble pas avoir été consultée par les chercheurs du CVR. Ses observations ne mènent pas aux conclusions que de nombreux médias québécois ont diffusées.

Dans un article publié d’abord dans Dorchester Review (« In Kamloops, Not One Body Has Been Found », paru en ligne le 11 janvier 2022, https://www.dorchesterreview.ca/blogs/news/in-kamloops-not-one-body-has-been-found), puis revu pour L’Action nationale de février 2022 (« Où sont les restes des enfants inhumés au pensionnat autochtone de Kamloops ? en ligne,https://action-nationale.qc.ca/revues/458-numeros-publies-en-2022/fevrier-2022/1889-ou-sont-les-restes-des-enfants-inhumes-au-pensionnat-autochtone-de-kamloops?utm_source=Cyberimpact&utm_medium=email&utm_campaign=acces-libre), le professeur Rouillard écrit :

« En ne mettant jamais en évidence qu’on en est encore au stade des hypothèses et qu’aucune dépouille n’a encore été trouvée, le gouvernement et les médias laissent s’accréditer une thèse, soit celle de la disparition de milliers d’enfants dans les pensionnats. D’une allégation de « génocide culturel » avalisée par la Commission de vérité et réconciliation (CVR), on est passé à un « génocide physique », une conclusion que la Commission rejette explicitement dans son rapport. Tout n’est basé que sur la simple découverte d’anomalies dans le sol, des perturbations qui peuvent avoir été causées par des mouvements de racines, comme l’anthropologue [Sarah Beaulieu, de l’université de Fraser] l’a mentionné lors de la conférence de presse du 15 juillet [2021].
Selon l’anthropologue Scott Hamilton qui a examiné la question des cimetières pour le compte de la CVR, il faut être très prudent dans l’usage du géoradar, car le sol peut avoir subi des perturbations au cours des années, notamment par de la sédimentation, des obstructions ou des cavités. Le projet d’analyse du sol avec la même méthode au pensionnat de Brandon au Manitoba, amorcé en 2012 et relancé en 2019, n’a pas encore donné de résultat probant. En juin dernier, l’équipe de recherche travaillait à l’identification de 104 tombes potentielles et devait encore consulter les archives du pensionnat et interroger les survivants. La recherche de dépouilles est encore plus aléatoire lorsqu’il n’y a pas de tombes en décomposition. »

Rouillard conclut :

« Il est incroyable qu’une recherche préliminaire sur un prétendu charnier dans un verger ait pu conduire à une telle spirale d’affirmations endossées par le gouvernement canadien et reprises par les médias du monde entier. Ce n’est pas un conflit entre l’Histoire et l’histoire orale autochtone, mais entre cette dernière et le gros bon sens. Il faut des preuves concrètes avant d’inscrire dans l’Histoire les accusations portées contre les Oblats et les Sœurs de Sainte-Anne. Les exhumations n’ont pas encore commencé et aucune dépouille n’a été trouvée. Un crime commis exige des preuves vérifiables, surtout si les accusés sont décédés depuis longtemps. Il importe donc que les excavations aient lieu le plus rapidement possible pour que la vérité l’emporte sur l’imaginaire et l’émotion. Sur la voie de la réconciliation, le meilleur moyen n’est-il pas de rechercher et de dire toute la vérité plutôt que de créer des mythes sensationnels ? »

À ce jour (mai 2022), il n’y a eu aucune exhumation.

(voir aussi https://blogue.septentrion.qc.ca/gaston-deschenes/2021/11/24/une-mise-en-berne-sans-precedent/)