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Œil au beurre noir pour la démocratie municipale

Quelques semaines ont passé et il faut bien se rendre à l’évidence que les accrocs à la démocratie ne font mourir personne à Québec.

En réaction à la lettre que lui avait adressée la conseillère Anne Guérette pour protester contre certainspropos du maire de Québec, la présidente du conseil municipal a soutenu en point de presse qu’elle n’avait pas entendu les propos en question et elle a promis qu’elle serait « intraitable » dès qu’elle entendra des « propos personnels volontairement irrespectueux et disgracieux dirigés vers un membre du conseil ».

Il n’y aurait rien à redire sur cette réaction si la présidente du conseil n’avait pas été « étrangement » (selon le mot du Journal de Québec- http://www.journaldequebec.com/2014/11/06/la-presidente-du-conseil-repond-a-guerette) accompagnée de deux conseillères « qui n’ont pas épargné Anne Guérette », ce qui a créé un « certain malaise  » (http://www.quebechebdo.com/Actualites/Politique/2014-11-06/article-3931266/Faux-pas-de-la-presidente-du-conseil-municipal%3F/1).

« Faux pas de la présidente du conseil municipal? », se demandait timidement Québec-Hebdo. Il n’appartenait évidemment pas aux reporters de jouer les analystes sur la scène municipale et ces derniers, manquant de temps, d’espace, voire de sensibilité envers les institutions démocratiques, sont restés dans les coulisses.

On ne peut tout de même pas enterrer aussi facilement cet incident qui entache gravement la présidence conseil.

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C’est peut-être faire beaucoup d’honneurs à la titulaire actuelle de la fonction que de la comparer au président de l’Assemblée nationale, mais peut-on imaginer ce dernier réagir publiquement à une plainte d’un député de l’opposition flanqué de deux députés ministériels pour appuyer sa position? Ou, pour prendre un exemple d’un niveau qui passera mieux à Québec, verrait-on un arbitre de hockey rejeter le protêt d’un entraîneur en appelant des joueurs du camp adverse en renfort?

On savait déjà que la présidence du conseil municipal ne respectait pas les standards de neutralité que la présidence des assemblées parlementaires a atteints et maintenus depuis l’époque de Duplessis. On sait maintenant que même les apparences d’impartialité se sont évanouies.

Un troisième crucifix au musée?

Dans le débat sur le crucifix de l’Assemblée nationale, le patrimoine a le dos large. Nul doute que l’Hôtel du Parlement constitue un trésor avec tous ses éléments architecturaux et les œuvres d’art qui se sont ajoutées par la suite conformément au plan que l’architecte avait imaginé. Taché avait notamment prévu des niches qui ont été pourvues de bronzes à l’extérieur, mais sont restées vides à l’intérieur. Il avait planifié l’installation de peintures dans de grands cadres construits à même le mur dans les deux salles de séances. C’est lui qui a conçu la décoration intérieure et extérieure, les emblèmes floraux et autres, les armoiries, les monogrammes, etc. Il a dessiné personnellement le « trône » qui comprend des gradins et le dais, cette structure verticale derrière le fauteuil du président de l’Assemblée.

Au sommet de cette structure, Taché a fait sculpter les armoiries du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande, symbole de la monarchie qui règne toujours sans vraiment gouverner et de son représentant à Québec, le lieutenant-gouverneur, le « sommet » de nos institutions politiques à cette époque et, théoriquement, encore aujourd’hui. Taché y a aussi fait sculpter des armoiries du Québec, mais pas d’armoiries canadiennes, d’abord parce qu’il n’y en avait pas officiellement encore (telles qu’on les connaît depuis 1921) et aussi parce que la couronne symbolisée par les armories du Royaume-Uni était « québécoise » en ce sens que le lieutenant-gouverneur représente directement la reine (ou le roi), et non le gouvernement fédéral, et que le Parlement québécois légifère de façon souveraine dans ses champs de compétences. Les références au Canada (des « C » au-dessus des portes latérales) sont bien discrètes.

Taché agissait au nom de l’État et devait en respecter les institutions. On voit mal comment il aurait pu insérer un symbole religieux aussi porteur de sens et détonnant qu’un crucifix, entre la tête du président de l’Assemblée et les armoiries royales. Le Québec sortait alors d’un grand débat sur le rôle de l’Église en politique et la Cour suprême venait de condamner l’influence « indue » des évêques dans les élections.

Comment en est-on arrivé, en 1936, à faire ce que personne n’avait imaginé encore et que personne n’oserait faire aujourd’hui? L’introduction d’un crucifix dans la salle des séances de l’Assemblée a été expliquée plusieurs fois[1], mais de nombreux participants au débat surréaliste qu’on vit actuellement croient encore que cet objet fait partie de notre tradition parlementaire bicentenaire. Il faut redire qu’il est apparu avec le premier gouvernement Duplessis (sans qu’on puisse à 100% lui en attribuer la « paternité »). On ignore d’ailleurs généralement que le gouvernement Taschereau avait mis des crucifix dans les palais de justice, ce qui relativise passablement le rôle de Duplessis dans la construction de l’alliance Église-État.

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S’il était resté au pouvoir, Taschereau aurait-il franchi le pas, lui, le fils d’un des juges qui avaient prononcé le fameux jugement de 1877? Avec un T.-D. Bouchard anticlérical à ses côtés? Douteux! Duplessis était dans un autre monde avec des collègues comme Albiny Paquette, qui allait bientôt recueillir les fruits de son militantisme catholique sous forme de multiples décorations (membre de l’Œuvre de Terre Sainte, décoration de l’Ordre latin, croix de Jérusalem, grand-croix de l’Ordre équestre du Saint-Sépulcre, croix d’or de Saint-Jean-de-Latran, officier de l’Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem …). Paquette s’est attribué le mérite d’avoir fait poser le crucifix en 1936 ; on ne voit pas à quel titre il a pu agir (https://blogue.septentrion.qc.ca/gaston-deschenes/2007/04/03/duplessis-le-crucifix-et-le-garagiste-de-rouyn/) mais il n’ignorait sûrement pas que Mussolini avait donné l’exemple en Italie treize ans plus tôt.

Le crucifix de 1936 a survécu à la Révolution tranquille et au « ménage » qui a suivi l’abolition du Conseil législatif à la fin de 1968. Bien des « accessoires » du parlementarisme (dont les trois T : toges, tricornes et tabatières) ont été relégués aux oubliettes. Le crucifix du « Salon rouge » (la deuxième chambre ayant suivi l’exemple de la première) a été enlevé, même si des travaux parlementaires (très importants, se plaît-on à dire) se sont poursuivis dans cette salle. Où est-il passé? Je crois l’avoir vu traîner dans un cagibi attenant à la salle des toilettes, près de mon bureau, vers 1976. Triste sort pour un objet « patrimonial ». Qui s’en souciait?

Celui de l’Assemblée a survécu à la Révolution tranquille et au PQ. En 1976, le président a cessé de lire la prière traditionnelle et plutôt invité les députés à observer un « moment de recueillement » (suivant en cela la lettre du règlement adopté en 1973), ce qui a soulevé une petite tempête : le dernier membre de la phalange créditiste de 1970 a demandé le rétablissement de la prière mais sa motion a été défaite. Le président Richard n’a pas osé retirer le crucifix. Sa justification aurait pu être la même : « C’est par respect pour les membres de cette Assemblée, qui ne sont pas nécessairement tous de la même dénomination religieuse, et c’est par respect pour l’Assemblée que j’ai choisi un mode de prière que je laisse à la liberté de chacun. Chacun aura le loisir, au moment de la période de recueillement, de faire la prière qu’il entend […]. »

Sous la présidence de son successeur, à la suite d’on-ne-sait-quelle démarche, pression ou réflexion, le crucifix de 1936 a été remplacé. Un article publié dans Le Soleil du 8 avril 1986 nous apprend que, « depuis 1982, une pièce nouvelle a remplacé l’ancienne ». Un « certificat d’enregistrement » fourni au président de l’Assemblée le 4 février 1986 le confirme et précise que ce crucifix a été « offert gracieusement à l’Assemblée nationale le 4 mars 1982 » par l’artisan Romuald Dion qui l’a « remodelé en août 1984 & juillet 1985 », soucieux d’inscrire son œuvre dans le « courant archéologique par la tenue du corps sur la croix et par la figure plus divine que paysanne ».

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L’objet original qu’on avait hissé à la place d’honneur en 1936 était-il démodé? Le Soleil du 8 avril 1986 nous informe qu’il est devenu « objet de musée au parlement ». Or, il n’a pas été exposé dans le musée créé en 1976, musée qui errait alors (après avoir été délogé par le studio de la télévision des débats en 1978 ou 1979), ni dans les vitrines qui lui ont succédé vers 1984. Au mieux, il aurait rejoint celui du Conseil dans un quelconque débarras.

Si l’Assemblée nationale a bien géré son patrimoine, elle aurait donc déjà deux crucifix « patrimoniaux » dans ses réserves : pourquoi pas un troisième?

Les élus québécois éviteraient que le crucifix devienne un enjeu politique ou électoral surréaliste et adopteraient une attitude responsable s’ils prenaient l’initiative d’un mouvement de réflexion qui aurait pour but de faire comprendre aux citoyens, souvent peu familiers avec leurs institutions politiques, que le « Salon bleu » n’est pas le sous-sol qu’on décore à son gré et qu’un symbole religieux comme le crucifix ne peut pas « présider aux délibérations » (comme on disait en octobre 1936) de la plus importante institution démocratique du Québec.

On répondra qu’il n’est pas facile de faire de l’éducation citoyenne quand le débat est mal engagé et que les partis entretiennent eux-mêmes la confusion, comme on l’a vu dans le cas de l’unifolié au Salon rouge: le PLQ et la CAQ y défendent la présence du drapeau du Canada au mépris du concept de partage des compétences dans le régime fédéral et des usages protocolaires élémentaires. Dans le cas du crucifix, le PLQ adopte une position étonnante, lui, l’héritier des Patriotes et des Rouges, des membres de l’Institut canadien, de Laurier, qui a dû défendre son parti face à l’Église, de plusieurs autres chefs en butte avec les évêques, des nombreux pères de la Révolution tranquille, etc. Pas facile à suivre, comme le constatait l’ex-juge L’Heureux-Dubé la semaine dernière, et elle ne savait pas encore que son parti serait appuyé dans sa croisade par les Bérets blancs qu’on croyait morts depuis longtemps!


[1] Jean-Guy Pelletier, « Le crucifix à l’Assemblée nationale », BBAN, 17, 3-4 (novembre 1988), p. 7-8; Gaston Deschênes, « Duplessis, le crucifix et le taxi de Rouyn », BAAPQ, 8, 1 (printemps 2007), p. 5-7; Martin Rochefort, « L’introduction de la prière et du crucifix à l’Assemblée nationale du Québec », BBAN, 37, 2 (automne 2008), p. 18-23.

Blues du blogueur

 « Qu’heureux est le mortel qui, du monde ignoré,

Vit content de soi même en un coin retiré,

Que l’amour de ce rien qu’on nomme renommée

N’a jamais enivré d’une vaine fumée,

Qui de sa liberté forme tout son plaisir

Et ne rend qu’à lui seul compte de son loisir.

Il n’a point à souffrir d’affronts ni d’injustices

Et du peuple inconstant il brave les caprices.

Mais, nous autres, faiseurs de livres et d’écrits,

Sur les bords du Permesse[1] aux louanges nourris,

Nous ne saurions briser nos fers et nos entraves,

Du lecteur dédaigneux honorables esclaves.

Du rang où notre esprit une fois s’est fait voir,

Sans un fâcheux éclat, nous ne saurions déchoir.

Le public enrichi du tribut de nos veilles

Croit qu’on doit ajouter merveilles sur merveilles.

Au comble parvenus, il veut que nous croissions,

Il veut en vieillissant que nous rajeunissions. »

Boileau, Épitre VI, 1667

 


[1] Rivière qui arrose la demeure des Muses.

Nouveau trio sur la Promenade

 Depuis l’inauguration de la promenade Samuel-de Champlain, en 2008, on pouvait voir flotter, dans le parc de la Jetée , à la hauteur de la côte de Sillery, un drapeau de la ville de Québec entre deux fleudelisés.

Une photo prise en 2009  les montre en fort mauvais état, mais c’était, paraît-il, à la fin d’un rude hiver qui avait endommagé le mécanisme permettant de les amener et de les remplacer par des neufs, ce qui fut fait au printemps.

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Surprise au début de l’été 2013: l’un des fleurdelisés a été remplacé par un unifolié dans ce trio d’effilochés (le gel n’y est pour rien, cette fois).  

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Une bonne âme a-t-elle sonné l’alarme et rappelé la ville à l’ordre?  Pas nécessairement. La ville de Québec, comme plusieurs autres municipalités, collabore déja de bonne grâce pour assurer la visibilité du gouvernement fédéral, sur des immeubles qui n’appartiennent pourtant pas à ce dernier et ne relèvent pas de sa compétence.

Seul le drapeau de la ville est essentiel pour indentifier les immeubles municipaux. Un règlement adopté en vertu de la Loi sur le drapeau et les emblèmes du Québec (L.R.Q., c. D-12.1, a. 2 et 6) exige que le fleurdelisé soit déployé sur l’édifice où siège le conseil d’une municipalité ou un conseil d’arrondissement.  La présence du drapeau du Québec est alors  justifiée juridiquement par le fait que les villes sont des créations « provinciales »; si les minucipalités y ajoutent l’unifolié, c’est uniquement question de goût politique.

Ce qu’on peut observer actuellement sur la promenade Samuel-de Champlain appelle deux autres commentaires:

  • le premier, qu’il vaudrait mieux, là comme à bien d’autres endroits, mettre moins de drapeaux et mieux entretenir ceux qui sont essentiels;
  • le second, plus positif, que la ville a probablement innové sur ses propriétés en utilisant un format d’unifolié qui s’harmonise avec celui du fleurdelisé (et celui de la ville); d’habitude,  c’est le contraire, comme on pouvait le constater par exemple, il y a quelques années, devant le « Taj Mahl » de Sainte-Foy où on arborait un drapeau québécois qui ne respectait pas la norme légale (rapport longueur/ largeur 2:3) et avait plutôt un format canadien (rapport longueur/ largeur 1:2).

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Cette situation a été corrigée mais il reste trop d’institutions, publiques et privées, qui arborent des drapeaux québécois « bâtards », dont l’Hôtel-Dieu (sur cette photo de 2009), au mépris de la Loi sur le drapeau et les emblèmes du Québec qui énonce précisément que « la largeur et la longueur du drapeau sont de proportion de deux sur trois » (L.R.Q., c. D-12.1, 1999, c. 51, a. 1).

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Trop rares sont les entreprises québécoises qui harmonisent les drapeaux dans le respect des règles de pavoisement québécoises, comme ici, aux Halles de Sainte-Foy: le drapeau du Québec est du bon format et celui du Canada s’y adapte.

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R.I.P.

Je jette toujours un œil sur les avis de décès. Il sont rares dans Le Devoir, assez nombreux dans La Presse le mercredi et s’étendent sur plusieurs pages, le jeudi, dans les deux quotidiens de Québec. C’est une habitude familiale. Ma mère entamait toujours L’Action catholique par la nécrologie et, comme le dit la vieille blague, continuait sa lecture si elle n’y trouvait pas sa notice!

Les avis de décès sont des documents historiques très instructifs sur la personne défunte et sa famille. On peut se mettre à jour sur celles qu’on ne connaît pas intimement en lisant entre les lignes (« tiens, il manque des membres de cette famille en deuil mais aussi en chicane… ») ou entre les parenthèses (« un tel a changé de blonde et un autre toujours célibataire… »). Les suggestions de don « au lieu de fleurs » peuvent révéler la cause du décès. Il arrive aussi parfois qu’on découvre enfin l’âge véritable des défunts…

Les avis de décès sont généralement stéréotypés, mais on en trouve de très originaux, de très brefs, qui témoignent souvent de la solitude du défunt, ou de très longs, qui se justifient par sa grande famille ou sa prestigieuse carrière. Celui de Paul Desmarais est probablement seul dans sa catégorie : démesuré.

Avec près de 1000 mots (une demi-page) et un luxe de qualificatifs élogieux, l’avis de décès de « l’honorable » membre du Conseil privé sort de l’ordinaire. Sa « discrétion légendaire »  et « son humilité exceptionnelle » (dixit Roger D. Landry)  ne lui ont visiblement pas survécu.

Le lendemain du décès, la première ministre a fait l’éloge d’un des « grands bâtisseurs » du Québec et mis l’accent sur sa philanthropie et son amour … de Charlevoix, évitant courtoisement de parler des options politiques du défunt; le surlendemain, la notice nécrologique est venu rappeler, comme une voix d’outre-tombe, qu’il a consacré sa vie « au service du Canada », « défenseur passionné de l’unité nationale » et du «  développement du Canada en tant que nation », « fier d’être canadien » et sans crainte « d’envisager le monde dans son ensemble ». Son rôle au Québec? Une lointaine référence à « Québec autobus » et « Transport provincial ». Difficile de parler des investissements des dernières décennies.

La Presse du 10 octobre a consacré plus de 40 pages à son patron, dont 20 dans un cahier spécial abondamment illustré où ne manquaient (discrétion oblige?) qu’une photo explicite de Sagard : la seule image à ce sujet représentait de vagues bâtiments enneigés. Quelques journalistes de la maison ont jugé bon de souligner que le patron ne se mêlait jamais de leurs affaires… Ceux de la page éditoriale, celle qui compte (et qui justifierait même éventuellement le maintien d’un média déficitaire), se sont heureusement gardé « une petite gêne » au sujet de leurs relations avec le propriétaire. Comme ce dernier le confiait au Point en 2008, « notre directeur de la rédaction est fédéraliste. […] Je ne l’appelle pas pour lui dire ce qu’il doit faire ».

Ceux qui conservent un esprit critique envers les riches sont parfois accusés de jalousie ou d’ingratitude. Je n’ai pas de problème avec la richesse mais il faut garder l’œil ouvert. Comme le rappelait une étude rendue publique quelques jours après le décès du patron de Power (et qui semble avoir échappé aux pages financières de ses journaux), « on assiste depuis 30 ans à un vaste mouvement de transfert de la valeur aux actionnaires, accompagné d’une érosion sensible des salaires et d’une élévation du coût du capital éloignant la rentabilité des projets d’investissement ». L’auteur ajoutait : « La finance est ainsi devenue un monde qui permet l’enrichissement d’individus sans qu’il y ait nécessairement création de richesse », commentaire qui s’applique parfaitement ici. Mis à part les fournisseurs du château et les bénéficiaires du mécénat, la communauté n’en profitera que si le fisc peut prendre sa « juste part ». On apprenait à cet égard que les actions du défunt dans Power Corp. (environ 3 milliards de dollars) ont été transférées « à une fiducie testamentaire qui permet à la famille Desmarais de conserver le contrôle du conglomérat » et, bien sûr, de réduire ses impôts pendant plusieurs années « puisque les revenus pourront être imposés à la fiducie plutôt qu’à l’héritier ».

C’est parfaitement légal mais, comme le précise la mise en garde qui accompagne certains messages publicitaires, « Professionnels à l’œuvre! N’essayez pas cela à maison! ».