Un doctorat honoris causa pour un homme d’exception (2e partie)

Le 8 juin 2022, Denis Vaugeois recevait un doctorat honoris causa de l’Université du Québec à Trois-Rivières. L’université tenait ainsi à honorer l’historien, l’éditeur et le bâtisseur d’institutions culturelles qui consacré sa vie à la démocratisation et à la valorisation de la culture québécoise.

Nous vous présentons ici l’allocution qu’il a prononcée lors de la cérémonie.

[Lire aussi la présentation de Lucia Ferretti]

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Chers dignitaires, chers invités et chers diplômés,

Le hasard, et il y en a plusieurs dans ma vie comme dans toute vie d’ailleurs, fait que nous nous trouvons précisément à l’endroit  où mon père, devenu mécanicien dans l’énorme papetière qui s’y trouvait,  a gagné le salaire qui lui a permis d’envoyer ses deux fils d’abord au Jardin de l’Enfance puis au Séminaire. Au décès de sa mère, mon père sera placé dans un orphelinat de Trois-Rivières. Il y est resté un peu plus de deux ans, le temps d’apprendre à lire et à  écrire, le temps aussi de développer un grand respect pour l’instruction. Plus tard, il épousera la maîtresse d’école de son village, Saint-Roch de Mékinac. Obligée de quitter l’enseignement après son mariage, c’était un règlement à l’époque, ma mère prit sa revanche à la maison. Elle n’a pas attendu mon admission à l’école pour m’initier à la lecture et à l’écriture. Elle me faisait apprendre par cœur toutes sortes de textes, des contes ou des fables.

Un second hasard va orienter profondément ma vie. J’ai 7 ans quand ma famille déménage à Trois-Rivières et s’installe dans le quartier Saint-Philippe. J’y fais ma 3e année avec un excellent professeur, Fidèle Fortier, avant d’être enfin admis au Jardin de l’enfance.

Quatre fois par jour, je fais le trajet de la rue Saint-Georges jusqu’à l’angle Laviolette et Notre-Dame.  Le plus souvent, je suis avec Germain Lemire qui est dans ma classe. Il a l’habitude de ce parcours. Un jour d’automne, alors que nous traversons le parc Champlain, une pluie torrentielle nous tombe dessus. Germain se met à courir en direction de la rue Hart et me montre de la main un édifice gris. « Viens, on va se mettre à l’abri! C’est le local des guides ».

Puis il m’entraine vers un gros escalier en terrazzo. Je le suis. Il nous mène face à un comptoir où deux jeunes dames nous accueillent avec des éclats de rire. «  Oh! Oh! Il va falloir vous sécher un peu. Les livres n’aiment pas l’eau! » L’une se tourne vers Germain : « Heureusement que tu n’as pas de livres de la bibliothèque avec toi ». Je comprends que mon ami est un habitué. Tout fier, il me lance: « Denis, regarde, regarde bien…. » Je suis ébahi. Pour la première fois de ma vie, je suis dans une BIBLIOTHÈQUE. Un grand espace, des tables, des chaises et des tablettes qui débordent de livres.

Les deux bibliothécaires se présentent. « Je suis Claire Godbout ». L’autre, avec un beau sourire : « Moi, madame Johnson ». Je n’ai jamais su son prénom. Je l’ai revu il y a quelques années. Toujours aussi rayonnante. « Madame, vous ne pouvez savoir ce que vous représentez pour moi » Elle sentait bien ma sincérité mais s’en étonnait. Ce qu’elle représentait pour moi, c’était énorme. Toute ma vie, j’ai répété ce que je devais aux responsables de la Bibliothèque des Jeunes de la rue Hart.

Ensuite ce fut l’École normale Jacques-Cartier. En face, sur la rue Sherbrooke, il y avait la magnifique bibliothèque de Montréal. Chaque soir, après le tennis ou le ballon-panier, je m’y réfugiais. Je découvrais aussi les trésors de la Salle Gagnon dont je deviendrai un habitué au moment de mes études en histoire.

En 1959, une nouvelle École normale ouvre ses portes à Trois-Rivières. Maurice Duplessis meurt juste à temps pour qu’on lui donne son nom. Installés rue Bonaventure dans les locaux vétustes qui accueilleront ensuite le Centre des Études universitaires, embryon de l’UQTR, on nous fait patienter dans l’attente d’un nouvel édifice prévu sur le boulevard des Forges. Puis, solennellement, on nous en dévoile les plans. Horreur. Les architectes, Caron et Juneau, ont oublié de prévoir une bibliothèque. Je monte au créneau et livre ma première bataille en faveur d’une bibliothèque digne de ce nom.

Ce sera un des fils conducteurs de ma vie. En 1978, on me confie le ministère des Affaires culturelles où on planifie, dans le vide, des bibliothèques publiques depuis l’époque de Lapalme. À la ferme  de mes grands-parents j’avais appris à monter un Bronco ramené de l’ouest. J’enfourcherai le ministère de la même manière. En moins d’un an, nous créons la SODEC sur le modèle de la SOQUIM, SOQUIP, SOQUIA que j’ai appris à connaître au moment de mon passage aux Affaires intergouvernementales. J’avais aussi repéré des réserves budgétaires dans les ententes fédérales-provinciales dans lesquelles je pigerai pour financer le réseau de bibliothèques que j’ai en tête.

Au grand galop, nous mettons au point un plan de développement de bibliothèques municipales. La construction sera subventionnée entre 50 et 75%, les édifices devront être à l’intérieur de la trame urbaine, les projets n’iront pas au plus bas soumissionnaire, l’idée étant qu’il s’agit de lieux de culture et non… de bureaux postes. Également il y aura du financement pour les achats de livres et la formation du personnel. Les élus municipaux répondent avec enthousiasme. En 1979, le Québec comptait 121 bibliothèques municipales, au moment de mon départ, en 1985, il y en a 849.

En arrivant au ministère des Affaires culturelles, j’avais blagué en disant que l’appellation « affaires culturelles » me convenait. Jusque là, le ministère s’était voulu élitiste et axé sur la Culture. Pour ma part, je préconisais des lieux d’éducation permanente et populaire. C’est ainsi que je voyais les bibliothèques et les musées. C’est un peu l’héritage que j’ai laissé et qui, sans doute, me vaut aujourd’hui un doctorat honorifique d’une université que j’ai vu naître grâce aux bons soins de Gilles Boulet, concitoyen de Saint-Tite et co-fondateur du journal Boréal Express. Aujourd’hui monsieur le recteur, madame la présidente, vous me permettrez d’avoir une pensée pour vos fondateurs et tout particulièrement pour Gilles Boulet.

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Johanne Jean, présidente de l’Université du Québec, Denis Vaugeois et Christian Blanchette, recteur de l’UQTR.

Un doctorat honoris causa pour un homme d’exception (1ère partie)

Le 8 juin 2022, Denis Vaugeois recevait un doctorat honoris causa de l’Université du Québec à Trois-Rivières. L’université tenait ainsi à honorer l’historien, l’éditeur et le bâtisseur d’institutions culturelles qui consacré sa vie à la démocratisation et à la valorisation de la culture québécoise.

Lors de cette émouvante cérémonie, Lucia Ferretti, historienne et professeure au département de sciences humaines de l’UQTR, a eu la difficile tâche de présenter Denis Vaugeois. Nous reproduisons ici son texte, avec son aimable autorisation.

[Lire aussi l'allocution de Denis Vaugeois prononcée lors de la cérémonie]

PRÉSENTATION DE DENIS VAUGEOIS À L’OCCASION DE LA REMISE D’UN DOCTORAT HONORIS CAUSA DE L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC, SOUS L’ÉGIDE DE L’UQTR, 8 JUIN 2022

Par Lucia Ferretti,
historienne,
professeure titulaire, département des sciences humaines, UQTR

Bonsoir à tous. Un bravo chaleureux à tous les diplômés. Et un salut bien fier à ceux et celles d’histoire et d’études québécoises.

Présenter Denis Vaugeois en quatre minutes n’est pas un mince défi. Claire de la Durantaye, qui fut rectrice de notre université, et nous, les historiens de l’UQTR, avons voulu mettre en évidence que Denis Vaugeois est un historien qui a profondément marqué l’historiographie du Québec. Ce fut aussi au long de sa carrière un éditeur, un éducateur et un bâtisseur de plusieurs de nos grandes institutions culturelles. Enfin, pour ne rien gâcher, il est originaire de Saint-Tite, a grandi à Trois-Rivières, et, dans les années 1980, les Trifluviens lui ont donné le mandat de les représenter comme député à l’Assemblée nationale.

Après ses études à l’Université de Montréal, Denis Vaugeois revient à Trois-Rivières au début des années 1960. Il commence sa carrière comme professeur à l’École normale d’État Maurice-Duplessis.

Entre 1962 et 1972, avec toute une équipe de Trifluviens comprenant entre autres Albert Tessier, Jacques Lacoursière et Gilles Boulet, qui est le recteur fondateur de l’UQTR, Denis Vaugeois anime le journal Le Boréal Express. Il s’agit d’un journal de format tabloïd consacré ni plus ni moins aux nouvelles du passé. On y suit le destin des Premières Nations et celui des Français en Amérique du Nord dans une perspective qui fait large place au monde Atlantique et à la réalité continentale. Les textes sont tous fondés sur des sources premières soumises à une critique sévère, mais écrits de manière accessible, concise. De nombreuses illustrations enrichissent le tout. Plusieurs milliers de lecteurs sont abonnés et découvrent ainsi l’histoire dans un format inédit et attrayant.

Entre-temps, Denis Vaugeois a obtenu un poste dans la fonction publique du Québec. Ce qui ne l’empêche pas de poursuivre son travail d’historien. En 1968 paraît la première édition de Canada-Québec : synthèse historique, qu’il cosigne avec Jacques Lacoursière et Jean Provencher. Ce livre, qui n’est pas conçu pour être un manuel d’histoire, formera pourtant des générations d’élèves du secondaire, et connaîtra plusieurs rééditions et mises à jour pendant cinquante ans, jusqu’en 2008. On a pu dire que cet ouvrage a été une véritable bible tant il a fini par marquer l’enseignement de l’histoire nationale.

Denis Vaugeois s’est intéressé à beaucoup d’objets d’histoire. Surtout, il a été attentif à mettre en valeur l’identité québécoise, qu’il définit comme marquée au coin de la diversité ethnique et culturelle, à la fois intégratrice et plurielle, métissée et unique. Il s’est intéressé tout particulièrement à l’histoire des Premières Nations. Dans L’Indien généreux, il montre tout ce que les Européens doivent aux Premières Nations. Et dans La fin des alliances franco-indiennes, il donne à voir comment le général britannique Amherst a réussi à briser tout le réseau d’alliances que Français et Premières Nations avaient peu à peu tissées en plus de 150 ans de relations. Vaugeois a par ailleurs été l’un des premiers à exploiter le grand fonds d’archives Hart, conservé à Trois-Rivières, ce qui lui a permis d’écrire Les Premiers Juifs d’Amérique et de mieux présenter ce groupe à l’ensemble des Québécois. Enfin, il a montré comment le Québec a pu dépasser ses frontières, et les Québécois marcher le continent. Il faut mentionner ici La Mesure d’un continent, qui révèle par cartes comment l’Amérique se dessine peu à peu dans le savoir européen, et America, sur l’expédition de Lewis et Clark, partis à la recherche d’une voie navigable vers le Pacifique avec l’aide de leurs guides indiens et canadiens-français.

Denis Vaugeois a aussi été un homme politique de 1976 à 1985. À titre de député de Trois-Rivières, il a obtenu que le gouvernement du Québec soutienne activement la protection du patrimoine trifluvien. Ainsi, la Ville a acquis l’ancien Théâtre Capitol pour en faire notre magnifique salle J.-Antonio­Thompson ; de même, les Ursulines ont pu restaurer tout un pan de leur monastère tricentenaire.

Comme ministre des Affaires culturelles aussi, l’apport de Denis Vaugeois est inestimable. Sa politique du livre, adoptée en 1979, assure depuis plus de quarante ans la complémentarité de la librairie et de la bibliothèque. Grâce à la loi 51, la librairie est devenue dans toutes les régions un commerce de proximité qui nourrit le goût de la lecture des Québécois. D’autre part, l’adoption de son plan quinquennal pour les bibliothèques, dit « Plan Vaugeois », a favorisé la réfection et la construction de bibliothèques publiques dans des centaines de municipalités. Toujours comme ministre, il a fait adopter en 1979 la Loi créant ce qui est devenu la SODEC, avec mission de soutenir le développement de nos entreprises culturelles et d’assurer la protection et la mise en valeur d’immeubles patrimoniaux. Enfin, Denis Vaugeois a été l’une des chevilles ouvrières de la création du Musée de la civilisation à Québec et de la relance de l’Opéra de Montréal.

Denis Vaugeois a fait tout cela tout en pratiquant presque sans interruption le métier d’éditeur. Il a fondé les deux plus importantes maisons québécoises dédiées principalement à l’histoire : les éditions du Boréal Express (puis Boréal) et les éditions du Septentrion. Il a relancé celles du Centre éducatif et culturel ainsi que les Presses de l’Université Laval. Des centaines d’auteurs, et en particulier des dizaines de jeunes historiens, y ont trouvé un accueil professionnel et chaleureux et ont pu faire connaître largement leurs travaux.

Sachant tout cela, vous ne serez pas surpris que le monde de l’édition, celui des bibliothèques publiques, celui de la librairie, par leurs associations professionnelles ; mais aussi les grandes revues d’histoire du Québec, la Fédération des sociétés d’histoire, la Fondation Lionel-Groulx, certains archivistes ; le maire de Trois-Rivières (monsieur Jean Lamarche) et un autre ancien recteur de notre université (monsieur Jacques Plamondon) aient, avec enthousiasme, souhaité avec nous que Denis Vaugeois reçoive ce doctorat honoris causa.

Merci, Denis Vaugeois, de ton apport au développement de l’histoire, qui est un continent essentiel de la science et de la culture. Merci de ta contribution inestimable au développement de notre fragile mais irréductible nation.

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Lucia Ferretti lors de la cérémonie du 8 juin 2022, Trois-Rivières.

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Déménagement de nos bureaux

Nous sommes enfin déménagés ! Notre nouvelle adresse : 86, côte de la Montagne, Québec (Qc) G1K 4E3. Les ventes ont repris sur notre site et nous sommes à 90% opérationnels.

On se retrouve avec de beaux livres prochainement.

L’équipe du Septentrion.

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Hommage à Jacques Lacoursière

C’est avec une immense tristesse que nous apprenons aujourd’hui le décès de M. Jacques Lacoursière. Nous pouvons sans hésiter dire que nous perdons un des fondateurs de la maison, une pierre d’assise à qui non seulement le Septentrion, mais aussi le Québec entier, doit beaucoup. Nos pensées immédiates vont à sa famille et à ses proches.

Nous nous assurerons que sa mémoire et son oeuvre colossale continuent de rejoindre le public qu’il adorait rencontrer. Plus de détails suivront dans les prochains jours.

Radio-Canada : Le grand historien Jacques Lacoursière n’est plus

Jacques Lacoursière

Période des fêtes

Toute l’équipe du Septentrion vous souhaite un joyeux temps des fêtes ainsi qu’une bonne et heureuse année.

COMMANDES : les livraisons postales seront interrompues à partir du 18 décembre 2020 et seront traitées lors de notre retour au travail le 4 janvier 2021. Les librairies seront ouvertes jusqu’au 24 décembre, profitez-en !

COVID-19 : en raison de la pandémie, les services de Postes Canada sont anormalement longs. Prévoir deux semaines pour les colis réguliers au Canada, 8 à 10 semaines pour les impressions à la demande. Nous ne pouvons pas garantir de délai pour le reste du monde.

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Les éditions du Septentrion au Salon du livre de Montréal 2020

Montréal a beau être en zone rouge, ça n’empêchera pas les éditions du Septentrion d’être du Salon du livre de Montréal pour vous faire découvrir ses nouveautés.

Un kiosque virtuel :

Si nous ne pouvons pas, comme à l’habitude, vous accueillir à notre kiosque, nous pourrons le faire à notre kiosque virtuel. Vous y découvrirez plusieurs des nouveautés de l’année 2020 (et quelques livres plus anciens qui demeurent toujours autant intéressants !), de courtes vidéos des auteurs et autrices du Septentrion vous présentant leurs livres et plusieurs conférences et entretiens sur des sujets variés. Nous vous invitons également à faire un tour sur notre site Internet pour découvrir nos nouveautés, mais aussi nos livres plus anciens classés par thématiques.

Des tables rondes d’actualité : 

Quatre de nos auteurs et autrices seront de tables rondes organisées par le Salon du livre de Montréal, et qui seront diffusées sur le site Internet et la page Facebook du SLM. Vous pourrez les visionner en direct et leur poser vos questions ou bien les regarder en différé à l’heure qui vous plaira.

- Christine St-Pierre (Ici Christine St-Pierre. De l’école de rang au rang de ministre) reviendra sur son parcours dans un échange avec deux autres femmes qui ont placé le féminisme au centre de leur carrière. L’événement, qui a pour titre « Des femmes qui bâtissent leur monde », sera diffusé le vendredi 13 novembre à 17 h.

- Ginette Chenard (Le Sud des États-Unis) et Élisabeth Vallet (Comprendre les élections américaines, édition 2020)se questionneront sur la suite des choses aux États-Unis maintenant que Donald Trump a été défait. Quelles seront les traces laissées par ce président ? Quel électorat aura-t-il cultivé ? Aura-t-il eu un impact durable sur les États-Unis ? Ce sont à ces questions et bien plus encore qu’elles répondront dans une table ronde intitulée « L’Amérique de Donald Trump »qui sera présentée le samedi 14 novembre à 16 h.

- Jocelyn Létourneau (La condition québécoise) s’interrogera sur la place que nous faisons aux nouveaux arrivants, aux personnes racisées et aux femmes dans l’histoire québécoise dans une table ronde intitulée « Histoire du Québec : je me souviens de qui, je me souviens de quoi ? » qui sera présentée le dimanche 15 novembre à 16 h.

Des dédicaces… par cartes postales : 

Vous souhaitiez venir au Salon du livre de Montréal pour faire dédicacer l’un de nos livres de 2020 ? Les auteurs et autrices des éditions du Septentrion vous proposent cette année d’aller jusqu’à chez vous en vous postant une dédicace au dos d’une carte postale à l’effigie de leur livre. Pour ce faire, rien de plus facile :

- Procurez-vous un exemplaire d’un (ou de plusieurs !) des livres des éditions du Septentrion paru en 2020 (dont vous trouverez la liste ici) ;

- Prenez-vous en photo avec la couverture du ou des livres et postez la photo sur les médias sociaux avec le mot-clic #edseptentrion ou @edseptentrion;

Nous vous contacterons ensuite pour avoir vos coordonnées afin que l’auteur ou l’autrice dont vous êtes en train de dévorer le livre puisse vous envoyer une carte postale avec une dédicace personnalisée.

Bon salon du livre !

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Des dédicaces… par cartes postales!

Ce n’est pas une pandémie qui va empêcher les autrices et les auteurs des éditions du Septentrion d’aller à la rencontre de leurs lectorat! À défaut de pouvoir les rencontrer en personne, vous pouvez leur solliciter une dédicace par la poste.

Pour recevoir votre carte postale dédicacée, rien de plus facile :

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- Procurez-vous un exemplaire d’un (ou de plusieurs!) des livres des éditions du Septentrion paru en 2020 et du Grain de sable (ouvrage finaliste au prix TD en 2020);

- Prenez-vous en photo avec la couverture du ou des livres et postez la photo sur les médias sociaux avec le mot-clic #edseptentrion ou @edseptentrion ;

Nous vous contacterons ensuite pour obtenir vos coordonnées que nous transférons à l’auteur ou l’autrice dont vous êtes en train de dévorer le livre.

Ne manquez pas la chance d’allerchercher toute une série de dédicaces de vos auteurs et autrices favoris !

Livres participants :

Le Grain de sable. Olivier Le Jeune, premier esclave au Canada de Webster et ValMo

Pierre Miville. Un Suisse en Nouvelle-France, nouvelle édition de Raymond Ouimet

Métier critique, nouvelle édition de Catherine Voyer-Léger

Légendes d’un peuple, tome VI d’Alexandre Belliard

La Peur rouge. Histoire de l’anticommunisme au Québec, 1917-1960 d’Hugues Théorêt

Le Dernier assaut. La vie du lieutenant Jean Brillant, VC, MC de Luc Bertrand

La Condition québécoise. Une histoire dépaysante de Jocelyn Létourneau

Les Éboulements. Trois siècles de relations avec le fleuve de Michel Desgagnés

Curieuses histoires du pont de Québec de Michel L’Hébreux

Brève histoire des épidémies au Québec. Du choléra à la COVID-19 de Denis Goulet

Ici Christine St-Pierre. De l’école de rang au rang de ministre de Christine St-Pierre avec la collaboration de Marc Gilbert

Comprendre les élections américaines, édition 2020 d’Élisabeth Vallet

Chronique d’une insurrection appréhendée, nouvelle édition d’Éric Bédard

Sécurité, liberté et criminalité de Maurice Cusson

L’homme derrière. Sylvain Vaugeois, un as de la gestion stratégique de Denis Vaugeois

Montréal et la bombe de Gilles Sabourin

Du plomb dans les ailes. Avis sur les inégalités sociales de Centraide Québec, Chaudières-Appalaches et Bas-Saint-Laurent.

George M. Brewer et le milieu culturel anglophone montréalais. 1900-1950 de Lorne Huston et Marie-Thérèse Lefebvre

À table en Nouvelle-France, deuxième édition d’Yvon Desloges

Les Biscuits Leclerc. Une histoire de cœur et de pépites de Catherine Ferland

Revendiquer pour construire. Ma vision du syndicalisme enseignant de Josée Scalabrini

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Correspondance de guerre, 1914 : un premier livre audio donne la parole à un soldat

Le 11 novembre 1918, les pays en guerre signent un armistice, mettant ainsi fin à un conflit meurtrier qui ne devait durer que quelques semaines. La Première Guerre mondiale, car il y en aura malheureusement une deuxième, a été étudiée et relatée sous bien des formes, mais rien n’est plus touchant que de le laisser la parole à celles et ceux qui l’ont vécu de plein fouet.

Eugène Mackay-Papineau est de ceux-là. Ce jeune soldat part en Europe dès 1914 et vivra la descente en enfer de ceux qui ont vu l’horreur. Tout au long de sa mobilisation, il entretiendra une correspondance soutenue avec ses proches restés au Canada. En possession d’un appareil photo, il prendra aussi beaucoup de clichés qui constitueront, avec ses écrits, un fonds d’archives impressionnant déposé à BANQ-Québec par sa famille.

En novembre 2020, au Salon du livre de Montréal, je rencontrais Françoise Dancause et Marjolaine Quintal, deux femmes passionnées qui me présentaient leur extraordinaire projet de mise ne valeur de ce fonds d’archives. Surtout, je découvrais l’émotion et l’humanité qu’elles voulaient transmettre au public par l’entremise d’un spectacle mêlant technologies et arts de la scène.

 « CorresponDanse de guerre est un spectacle multidisciplinaire ralliant le théâtre, la danse et la technologie numérique. Créé pour être joué sur deux scènes simultanément, ce spectacle promet aux spectateurs une expérience insolite, unique et immersive.

Montées à partir d’archives historiques, ces correspondances de guerre mettent en scène deux protagonistes : un jeune militaire parti servir sa nation à l’étranger et son amoureuse restée ici dans l’attente. Ces deux personnages séparés par la vie seront, de surcroît, littéralement séparés dans cette œuvre puisqu’ils seront physiquement sur deux scènes distinctes, dans deux salles de spectacle éloignées l’une de l’autre. »

Évidemment, la COVID-19 s’en est mêlée et le spectacle est reporté à l’année prochaine. Que cela ne tienne, les éditions du Septentrion ont accepté de prendre le train et d’élaborer, avec La Cargaison | collectif créatif, un audiolivre et un livret PDF reprenant la correspondance de guerre de 1914, lue et interprétée par les comédiennes et comédiens de la troupe.

L97828979122151Avec une ambiance sonore sobre et raffinée, les lettres nous font entrer dans l’intimité d’Eugène et de sa famille. Au cours de ces 150 minutes, nous suivons le quotidien du jeune soldat qui se retrouve d’abord à Valcartier, avant d’être déployé en Angleterre. Les nouvelles ne sont pas régulières, et déjà l’inquiétude s’installe. La guerre n’en est pourtant qu’à ses débuts…

Cet audiolivre est un premier jalon vers le spectacle et nous vous réserverons d’autres surprises en lien avec ce projet tout au long des mois à venir.

Bonne écoute !

Gilles Herman, éditeur.

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Octobre au Septrentrion

Au Québec, cette année, on souligne abondamment le 50e anniversaire de la crise d’Octobre, « sur toutes les plateformes », comme on dit, incluant les bons vieux livres.

Septentrion apporte sa contribution à cette commémoration avec une nouvelle édition de la Chronique d’une insurrection appréhendée d’Éric Bédard, mais c’est aussi l’occasion de rappeler une couple de titres pertinents, dans les circonstances.

Pierre Laporte, doublement assassiné

L97828944869481Le premier ministre du Canada a rejeté l’idée de faire des excuses pour les décisions de son père en disant que « les évènements d’octobre 1970 ont été très difficiles pour bien des Québécois », mais qu’il faut « commencer par avoir une pensée pour la famille de Pierre Laporte ». Si l’esquive est un peu tordue, il demeure que, pour bon nombre de Québécois, Pierre Laporte est un otage sans visage, un « personnage secondaire », comme l’évoque le titre d’un documentaire sur James R. Cross.

Historien et politologue de formation, Jean-Charles Panneton a découvert ce personnage en travaillant sur Lapalme. Il en est résulté une « impeccable biographie politique » (Marc-André Robert) qui a permis de réhabiliter celui qui a été assassiné deux fois, la première par les felquistes, la seconde, par notre mémoire oublieuse.

Pierre Laporte a d’abord été un grand journaliste, principalement au Devoir, où il mène un valeureux combat contre Duplessis, à une époque où la presse « file doux », généralement. En 1960, il publie Le vrai visage de Duplessis. Nationaliste engagé, il est aussi directeur de L’Action nationale à la fin des années 1950, ce qui ne l’empêchera pas, quelques années plus tard, d’appuyer la candidature de Trudeau à la direction du Parti libéral du Canada et le « bill 63 » … En 1961, il est élu député libéral, accède au cabinet Lesage et devient, un peu plus tard, le premier « leader parlementaire du gouvernement ». Quand son chef quitte la direction du parti, Laporte tente sa chance, mais il est devancé par Robert Bourassa qui lui conservera une place dans son cabinet en 1970 à titre de ministre du Travail et de la Main-d’œuvre; la cellule Chénier en fera le « ministre du Chômage et de l’Assimilation » dans le communiqué annonçant sa mort. On apprendra ensuite que Laporte aurait eu des liens avec la mafia, mais Panneton rappelle qu’il a été lavé de tout soupçon par une commission d’enquête en 1974.

Octobre et les jeunes

L97828979119421Historien et professeur à l’Université TÉLUQ, Éric Bédard nous présente une nouvelle édition de sa Chronique d’une insurrection appréhendée publiée la première fois en 1998 et enrichie de nouveaux documents sur les arrestations de l’automne 1970. En effet, le hasard a voulu que l’auteur mette récemment la main sur un dossier ayant appartenu à un substitut du Procureur général et contenant notamment une liste de 264 personnes arrêtées (avec adresses et dates de naissance) et divers relevés établissant à 429 le nombre des arrestations au plus fort de la crise (4 novembre 1970).

Le sous-titre, « Jeunesse et crise d’Octobre », précise l’intention de l’auteur : il examinera la crise en s’intéressant principalement à la mobilisation des étudiants des universités montréalaises avant et pendant les événements d’Octobre 1970. Ce sont eux qui préoccupaient les autorités, comme en témoigne le ministre Gérard Pelletier : il craignait que des groupes d’extrémistes prennent la rue et provoquent des désordres qui auraient pu dégénérer en émeutes. Cette hantise de la jeunesse constituait le principal argument en faveur du recours à la Loi sur les mesures de guerre. Il fallait éviter que les campus deviennent « le terreau d’une force révolutionnaire », non pas en raison du nombre de « soldats », mais surtout à cause de leur imprévisibilité. Au tournant des années 1970, écrit Éric Bédard, « les autorités assimilent la jeunesse contestataire à une bête fauve capable de sauter à la gorge des forces publiques à la moindre provocation ».

Au terme de son étude, il doit conclure que la bête n’aurait pas dû faire peur. Les étudiants des campus anglophones ne semblent penser qu’à leur session; les francophones, un peu plus bruyants, n’ont pas de leaders pour diriger un soulèvement dans le sillage des actions felquistes et rentrent dans le rang après la mort de Laporte. Privés d’organisations solides, « la jeunesse étudiante ne représente pas du tout une menace à la sécurité nationale ». Et l’auteur avance une explication supplémentaire, plus culturelle : contrairement aux Français ou aux Américains, les Québécois n’ont pas de « tradition révolutionnaire positive ».

Quelle « insurrection appréhendée »?

L97828944868321Le premier ministre du Canada a déclaré le 7 octobre dernier que la Loi sur les mesures de guerre a été mise en vigueur parce qu’on était inquiet « de ces révolutionnaires qui voulaient renverser le gouvernement »… Il est vraiment temps qu’il lise Trudeau et ses mesures de guerre, version française de Pierre Trudeau’s Darkest Hour, War Measures 1970 (que Baraka Books vient de rééditer).

Dans cette anthologie compilée et commentée par les politicologues Guy Bouthillier et Édouard Cloutier, des Canadiens anglais – leaders politiques, penseurs, journalistes et écrivains –, relatent comment le père de notre premier ministre et son gouvernement ont invoqué faussement une « insurrection appréhendée » pour « justifier » le recours à la Loi sur les mesures de guerre en temps de paix, une première dans notre histoire.

Quelques titres donnent un idée de l’ensemble :

+ Desmond Morton (historien militaire) : « Ce n’est pas aux terroristes du FLQ que s’intéressait Trudeau »;

+ Don Jamieson (ministre des Transports): « Nous n’avions pas d’arguments convaincants »;

+ Reg Whitaker (politicologue à York): « La GRC se serait opposée aux mesures de guerre si on lui avait demandé son avis ;

+ Eric Kierans (ministre des Postes): « Un acte de foi aveugle ».

Le témoignage de Peter C. Newman, alors rédacteur en chef du Toronto Star, est particulièrement éloquent. Comme le résument Bouthillier et Cloutier, « Newman décrit soigneusement comment il a été manipulé pour servir de conduit par lequel la “nouvelle” du complot a été plantée au plus haut niveau dans le circuit journalistique canadien. C’est d’abord Lalonde […] qui lui a révélé cette conspiration en affirmant qu’il s’agissait d’une “vérité” qu’il avait pour “devoir patriotique de disséminer”. Puis Trudeau […] lui a confirmé, grandement exaspéré par le scepticisme de Newman, la “vérité” selon laquelle “le complot pour renverser le gouvernement est bien réel” ».

Et le Toronto Star en a fait un scoop…

« Ainsi naquit, a écrit Newman, le “mensonge méticuleusement concocté” […] selon lequel il existait une “conspiration” d’éminents Québécois […] qui s’apprêtaient à former un “gouvernement provisoire parallèle” qui remplacerait le gouvernement dûment élu de robert Bourassa par un “régime révolutionnaire”. »

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Parle-t-on trop d’Octobre, comme l’a avancé récemment un sociologue? Allons donc! On ne parlera jamais assez d’histoire. Surtout quand il s’agit de débusquer ce qu’on essaie de nous cacher.

De part et d’autre.

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Gaston Deschênes, conseiller éditorial au Septentrion