Archives pour la catégorie Cinéma

Il y a longtemps que je t’aime

Je dois le dire d’emblée: Il y a longtemps que je t’aime ce film écrit et réalisé par Philippe Claudel m’a totalement ému. À ma grande surprise dois-je ajouté puisque l’univers romanesque de l’auteur ne m’a jamais interpelé. J’avais abandonné la lecture des Âmes grises et, à partir de cette expérience, je m’étais désintéressé de son travail de romancier.
Mais là, quel film! Kristin Scott-Thomas est plus qu’admirable dans son rôle de Juliette, une femme qui doit refaire sa vie sans en avoir réellement envie. Elle offre une performance d’une force incroyable qui vient nous chercher à tout instant.
Les autres comédiens ne sont pas en reste non plus (c’est un immense plaisir de retrouver à l’écran l’étincelante Elsa Zylberstein). Tous les personnages de ce film sont bien définis et, à différents degrés, se battent pour mieux exister.
Ce film, plein d’humanité, est un superbe plaidoyer en faveur de la vie. Les émotions qui y sont véhiculées sont toutes sauf gnan gnan.
L’univers de Claudel m’a beaucoup fait penser à celui de Laurence Tardieu. Elle aurait facilement pu signer ce scénario.
Alors, si vous avez aimé Il y a longtemps que je t’aime, allez faire un tour du côté des romans de Laurence Tardieu. Si vous aimez cette dernière, courez voir le film de Claudel.

Vicky, Cristina, Barcelona

Le nouveau Woody Allen est tout à fait délicieux et légèrement acidulé.
On a malheureusement tendance à oublier à quel point c’est un excellent scénariste et dialoguiste.
Le quatuor d’acteurs (Scarlett Johansson, Rebecca Hall, Javier Bardem et Penelope Cruz) est un carré d’as assez impressionnant et exceptionnel.
Si vous avez aimé Un baiser s’il vous plaît d’Emmanuel Mouret, vous aimerez Vicky, Cristina, Barcelona. C’est dans le même esprit avec la naïveté en moins.

Un baiser s’il vous plaît

Oui, j’en aurais envie de ce baiser. J’avais aussi envie de vous parler d’un auteur, mais j’ai bien peur que ce soit pour un prochain billet (pas si lointain). J’ai trop en tête ce film d’Emmanuel Mouret que j’ai vu hier soir au Clap. Dès que j’ai su que ce film viendrait sur nos écrans, je ne voulais absolument pas le manquer. Qu’à voir l’affiche, je me remémorais le savoureux moment passé à visionner le précédent

Un baiser s’il vous plaît joue dans le même registre. Sauf qu’il a une gravité que l’autre n’avait pas. On y retrouve, fort heureusement, le même charme suranné, parfait croisement entre l’univers d’Éric Rohmer et le théâtre de Georges Feydeau. Emmanuel Mouret a même son Arielle Dombasle à lui en la p

ersonne de Frédérique Bel, qui, une fois de plus, illumine l’écran en jouant les ingénues. Il y a aussi, ça et là, de petits clin d’oeil au cinéma des années 50 et 60. Julie Gayet, avec son port de tête digne de Grace Kelly, en est le parfait exemple.

Sinon, c’est quoi cette histoire de baiser? Elle est un peu compliqué à expliquer en quelques mots. Si on avait plus de temps, peut-être que je vous la raconterais. Mais je me retiens. Je ne voudrais surtout pas briser le charme qui vous attend et encore moins vous priver de l’esprit et de la saveur de ce marivaudage des temps modernes. Allez-y, le voir. Tout simplement.

Avec ce film-là, on se rend compte que le cinéaste est allé à la bonne école et qu’il est en train de se tailler une belle place dans le 7e art. Si ce carnet s’appelait Facebook, je deviendrais fan d’Emmanuel Mouret :-)

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La 10ième soirée des Jutra

Avec le temps qui faisait aujourd’hui ajouté à mon rhume qui me force au repos, je me faisais une petite joie de m’installer confortablement devant mon écran de télévision pour écouter la dixième remise des Jutra.
Quel rendez-vous raté! J’avais l’impression de regarder une mauvaise soirée consacrée à l’égo de Normand Brathwaite et son Brume de nuit, un faux film faussement drôle qui a volé la vedette aux bons films québécois de la dernière année.
La disposition de la salle façon talk-show a tué toute la magie et la fébrilité propre aux galas. Aucun suspense dans l’air et un malaise palpable du début à la fin. C’est vraiment dommage pour les artisans du cinéma québécois qui méritaient mieux que ça. Une soirée vraiment pas à la hauteur de notre septième art.
De toute manière, le vrai plaisir du cinéma est dans la salle au moment où le film est projeté. Contre toute espérance, qui a valu le Jutra de la meilleure actrice à Guylaine Tremblay, m’avait procuré un moment intense d’émotion l’an dernier tout comme Borderline vient de le faire vendredi.
J’espère que Continental, le grand gagnant de la soirée, reprendra l’affiche puisque celui-là, je l’avais malheureusement raté à sa sortie. Si au moins cette remise de prix peut servir à ça, ce sera toujours au moins ça de gagner!

Palmares 2007: cinéma

Même si je vais moins souvent au cinéma qu’avant, je tenais à faire un petit palmares des cinq films que j’ai le plus aimés en 2007.
1. Après la noce de Susanne Bier (Danemark)
2. Contre toute espérance de Bernard Émond (Québec)
3. La tourneuse de pages de Denis Dercourt (France)
4. 2 jours à Paris de Julei Delpy (France)
5. 4 mois, 3 semaines et 2 jours de Cristian Mungiu (Roumanie)
Voilà qui clos de belle façon l’année 2007.

P’tites vites culturelles

Je tenais à faire ce bref retour sur ces films et spectacles que j’ai vus dernièrement.
Cinéma
La capture de Carole Laure (Québec) : j’ai d’abord suivi sa carrière de chanteuse avec beaucoup d’intérêt. Maintenant quelle est devenue cinéaste, l’intérêt que j’entretiens avec cette artiste marginale demeure. La capture, son troisième film, est de loin son plus achevé de ses trois. Malgré quelques petites maladresses qu’on lui pardonnera, ce film est en train de prouver que Carole Laure a sa place comme réalisatrice et elle n’a surtout pas fini de nous étonner. Teinté de symboles où la métaphore et une certaine poésie prennent souvent (mais juste assez) le dessus sur le réalisme (je pense à la scène du début chorégraphié comme un morceau de danse alors que l’on voit que les pieds du couple pendant que l’homme est en train de battre sa femme), La capture ne laisse pas le spectateur indifférent. Catherine de Léan porte littéralement le film sur ses épaules. L’alter ego de la cinéaste est une véritable révélation. Un film qui ne plaira sans doute pas à tout le monde, mais qui vaut le détour pour les amateurs de films d’auteurs.
4 mois, 3 semaines, 2 jours de Cristian Mungiu (Roumanie) : ce film surprise de l’année ne laisse pas non plus le spectateur indifférent. Relatant tout le processus extrêmement compliqué d’un avortement sous le régime de Causescu en 1987, cet acte illégal illustre tellement bien ce que peut être un régime totalitaire. 4,3,2… le décompte est parti! C’est fait avec retenu et une grande subtilité. C’est dur, sombre, troublant et dérangeant. Difficile de se prononcer après la projection et les jours qui suivent. C’est un film pernicieux qui fait son œuvre lentement et sûrement. Depuis que je l’ai vu, je ressens une profonde tristesse en moi et je suis convaincu que ce que j’ai vu y est pour quelque chose. Je suis aussi convaincu que c’est un excellent film.
Spectacles
Sttellla au Petit Champlain : de voir ce groupe rigolo sur scène m’a fait bizarre. Quand je pense à Sttella, je replonge au début des années 90 alors que j’étais avec P.J. C’est lui qui me les avait fait découvrir. Durant toute la soirée, c’était comme s’il m’accompagnait. Les tartines, Dracula, Le slow du lac et quelques autres tubes inoubliables m’ont ramené à cette époque heureuse de ma vie tout en me permettant de vivre un moment présent plus que sympathique. Je me suis rarement autant bidonné à un spectacle de musique. Jean-Luc Fonck est un humoriste et un homme de scène hors pair.
(note: faudrait que je songe à payer mon billet à Gilles et à remercier mhv d’avoir imposé ce spectacle à mon agenda surchargé…)
Marie-Jo Thério et le Consort contemporain de Québec au Palais Montcalm : tout d’abord il faut le dire, la grande salle du nouveau Palais Montcalm est magnifique. Avant même que le spectacle ne commence, on a déjà l’impression que la soirée sera réussie. Et ce fut effectivement le cas. Faut dire que l’univers intimiste et éclaté de Marie-Jo Thério se marie très bien à des arrangements contemporains. Nicolas Jobin (cherchant un peu trop à être sous les projecteurs) et sa bande ont fait un impressionnant travail d’adaptation. Plusieurs moments forts en rire et en émotion dont la magnifique réinterprétation de sa pièce Cocagne tirée de son premier album. Un show unique par une artiste qui l’est encore plus.

Contre toute espérance

Depuis que j’ai vu La femme qui boit, je ne manquerais pour rien au monde la sortie d’un nouveau Bernard Émond. Selon moi, c’est actuellement le plus grand cinéaste québécois. Ses films à caractère social d’un réalisme impressionnant renouent avec ce que notre cinéma avait de mieux à nous offrir dans les années 70. Ses scénarios sont d’une justesse comme il ne s’en fait plus. Aucun mot de trop. Tout est bien soupesé et le reste passe à travers l’œil de la caméra (jamais indiscrète) et l’intensité des personnages.
Pour atteindre ce qu’il recherche dans l’art qu’il exerce, je ne sais pas comment il s’y prend, mais il parvient toujours à tirer de ses comédiens le meilleur de ce qu’ils ont à offrir. Dans chacun de ses films, on a droit à une performance d’acteur hors du commun. Élise Guilbault est remarquable dans La femme qui boit et La neuvaine. Luc Picard l’est tout autant dans 20h17 rue Darling. Contre toute espérance ne fait pas exception à la règle. Guylaine Tremblay et Guy Jodoin sont tout simplement cirant de vérité dans leur incarnation d’un couple ordinaire qui perd tout.
J’ai une fois de plus été bouleversé par l’univers de Bernard Émond. J’ai toujours l’impression qu’il parle de moi, qu’il met en lumière mon passé, l’univers dont je suis issu. Je suis toujours happé par le rythme lent qu’il installe dans ses films. Un rythme lent soutenu du début à la fin et plein de ce que nous sommes : des êtres humains vulnérables et démunis et fort face à l’adversité.
Il y a tout ça dans Contre toute espérance. Et c’est l’un des meilleurs films de l’auteur.

2 jours à Paris

Julie Delpy, que j’avais découvert comme beaucoup de monde dans La passion Béatrice il y a un siècle, possède tous les talents. Dans son film 2 jours à Paris, elle est à la fois scénariste, réalisatrice, monteuse, compositeure et actrice!!! Cet amalgame concentré de sa créativité est une réussite sur toute la ligne. 2 jours à Paris est tout simplement réjouissant. Les dialogues sont drôlement savoureux et le film défile à la vitesse de l’éclair sans susciter un moment d’ennui. Son film est un feu roulant de vérités pas toujours bonnes à dire (mais bonnes à entendre) sur les français et nos chers voisins américains avec, en prime, une vision de l’amour pas toujours jojo mais intéressante à observer.
Une des belles surprises de l’année.