Archives pour la catégorie Mot du jour

Tutti frutti

Me voici, l’instant de quelques lignes, après une longue période de quasi-silence. J’ai quelques nouvelles, éparses, que je vous livrerai… éparses.
D’abord, un gros merci aux nombreuses personnes présentes à l’atelier de formation sur la révision linguistique le 21 octobre dernier. Une belle variété incluant des jeunes encore aux études, des travailleuses et travailleurs autonomes, ainsi que quelques réviseures salariées. J’ai pu associer quelques visages à des noms, et cela comme la rencontre furent des plus agréables.
Un mot sur FRANQUS. Bien que l’on continue d’annoncer, sur le site Internet de ce futur dictionnaire, sa parution dans sa version électronique pour octobre 2008, une participante de l’atelier nous a informés que le projet était retardé d’une année.
Un mot pour Venise, maintenant, dont je n’ai pas oublié la dernière demande : j’ai poursuivi ma recherche sur l’expression «Fou comme un balai» et j’ai trouvé une réponse à ce lien: http://www.sfohg.ca/fr/Comme_on_le_disait_dans_le_temps_104/items/12.html.
Enfin, un mot sur ma saga par rapport à Internet haute vitesse. L’expérience avec le modem sans fil de Rogers n’a pas été concluante. N’empêche que le service à la clientèle de cette entreprise, lui, est excellent. Je n’ai eu affaire qu’à des gens professionnels et bien intentionnés qui ont tenté de régler mon problème de diverses façons. Comme il s’agirait plutôt d’une difficulté de diffusion de l’antenne dans mon secteur, finalement, j’ai pu annuler mon contrat et j’essaierai bientôt de me brancher par satellite avec X-tranet. À suivre, mais si vous saviez comme j’ai hâte de mettre un point final à cette histoire!
Je retourne maintenant dans ma caverne, où il y a encore beaucoup de travail qui m’attend. J’espère en émerger bientôt (quoiqu’une travailleuse autonome ne devrait jamais se plaindre d’avoir du travail, n’est-ce pas?).

Parties trois, nous sommes revenues deux

Comme vous le savez, je suis partie en vacances avec ma patronne le 18 juillet dernier. Je me suis rendu compte qu’au même moment, une autre personne a disparu de mon environnement et, bien que nous soyons en poste, ma patronne et moi, depuis plus d’une semaine déjà, elle n’est toujours pas de retour. Chaque jour, je crains toujours un peu de la retrouver, mais non. Au mieux, elle est morte, au pire, elle n’est qu’invisible, ce dont je peux très bien me contenter.
J’ai donc le plaisir de vous apprendre que Fabiola (parce qu’il s’agit d’elle) a complètement disparu depuis plus d’un mois. Quelle joie! Je soupçonne Gilles Herman, le directeur de Septentrion, d’avoir agi, encore une fois, comme un bon ange gardien de ce blogue et l’en remercie.
J’ai flâné sur le site de Septentrion, ce matin, l’ayant négligé un peu, comme tous les autres sites pendant mes vacances, tentant de me tenir loin de l’ordinateur durant cette période. Et j’y ai fait une belle découverte : une entrevue d’Éric Simard avec Julie Gravel-Richard, auteure de Enthéos, récemment publié dans la collection Hamac. Des questions intelligentes, des réponses d’une grande profondeur, le tout sur un fond de musique sacrée… Je vous défie de l’écouter sans avoir envie d’acheter le livre (http://www.septentrion.qc.ca/catalogue/livre.asp?id=2709).
Il faudrait la diffuser dans les librairies; tous les exemplaires disparaîtraient.

Internet Basse Vitesse Plus Plus

Oui, ça existe. La preuve? Moi-même j’en «profite» depuis que je suis abonnée à Internet (de nombreuses années, en fait). La vitesse la plus élevée que j’ai atteinte jusqu’à maintenant est de 31 kbits/s (ce qui n’est quand même pas fréquent). Mais il y a aussi les jours terribles à 14 kbits/s. La plupart du temps, je navigue autour de 19 kbits/s. Je ne sais si vous pouvez imaginer la frustration qu’engendre une telle lenteur. Mais aucune compagnie offrant la haute vitesse ne se rend jusqu’ici.
J’essaie actuellement de régler ce problème autrement qu’en déménageant. Le secrétaire de la municipalité, qui ne souhaitait pas me voir mettre à exécution cette solution ultime, m’a suggéré de m’adresser à la compagnie de télécommunications Novicom pour tenter d’obtenir Internet sans fil. Des techniciens sont venus à deux reprises et, à cause des arbres sur le terrain (que je n’ai quand même pas envie d’abattre), ils n’ont pas réussi à capter le signal, même en ajoutant un trépied de cinq pieds sur le toit de la maison, lors de leur deuxième visite. Il leur reste une solution à explorer: une tour (l’installation frôlant alors les 1000$ plus taxes). Ajoutons à cela une boîte parafoudre, le câblage nécessaire, un routeur et une carte réseau, bref je ne m’en tire pas à moins de 1400$ environ, pour une vitesse de 512 kbits/s. Et ce n’est pas entièrement garanti.
Je me suis alors tournée vers Rogers, qui offre, depuis quelques mois, un dispositif qui se branche sur le port USB et qui permet d’obtenir Internet intermédiaire (dont je ne connais pas la vitesse). C’est mieux que ma Basse vitesse Plus Plus, tout de même. Mais ce n’est pas infaillible. Par exemple, je n’ai pas accès aux commentaires du blogue de Venise (ce que me permet pourtant Globe Trotter avec sa Basse vitesse Plus Plus, mais après au moins cinq minutes d’attente). Vous me direz peut-être que ce n’est pas essentiel (ça dépend des points de vue), mais il reste que cela m’indique que tout ne m’est pas accessible. Il est aussi arrivé que je perde le contact avec le réseau. J’ai jusqu’au 25 août pour continuer à expérimenter cette solution, après quoi je devrai assumer les coûts du forfait de trois ans (près de 70$/mois) ou payer 20$/mois comme frais de résiliation anticipée durant les mois restants si j’annule mon forfait avant la fin des 36 mois.
Pourquoi est-ce que je vous raconte tout cela? Au cas où vous auriez d’autres suggestions… Ou que vous auriez vous-mêmes expérimenté suffisamment cette technologie de Rogers pour me rassurer ou encore, me mettre en garde… Ou que vous connaîtriez des gens qui possèdent une tour de Novicom et que vous pourriez me dire qu’ils en sont enchantés… Ou, tout simplement, pour vous permettre d’apprécier votre chance d’avoir Internet Haute Vitesse…

Made in Québec

Connaissez-vous ce site? Il reçoit pas moins de 5300 visiteurs uniques par semaine! Un peu plus fréquenté que mon blogue… N’empêche que j’y fais un petit saut aujourd’hui, M. Jean-Luc Doumont, chroniqueur littéraire, m’y interviewant.
Si vous faites le lien entre le nom du site, Made in Québec, et le titre de M. Doumont, «chroniqueur littéraire», vous aurez vite compris sa vocation. Vous pouvez lire l’entrevue et un compte rendu fort élogieux de M. Doumont sur mon livre à l’adresse suivante: http://madeinquebec.wordpress.com:80/.

Une demande d’emploi bien spéciale

Voici une autre trouvaille de mon conjoint, pour votre plus grand plaisir et le mien.
En 1940, un jeune diplômé de l’Université Laval, de toute évidence fier de son style, de ses idées et sans doute aussi de lui-même, adresse la demande d’emploi suivante comme ingénieur forestier:
«Je suis une main disponible au cas ou vous verriez une ouverture quelque part pour un ing. forest. dont je suis capable de remplir l’office.
Vous n’exigez pas d’avantage d’un jeune homme que sa bonne volonté losque celle-ci est servie par de l’honneteté, un bilan de science a la hauteur des besoins. Ma santé est excellente. J’ai des défauts aussi que je nourris afin de conserver ma nature humaine. Je ne veux pas déroger à ma sobriété habituelle dans l’emploie des mots. Le lecteur alors qu’il soit malin ou sans pitié pour ses semblables voit son arme considérablement écourtée pour riposter.
Que mes meilleurs vœux de santé et de prospérité vous accompagnent pour l’an 41.
L’Élan est donné, l’estime est générale autour de vous.»
Auriez-vous envie de lui confier un poste?

La nouvelle sténographie

Avant de publier ma dernière note sur l’écriture au son, je l’ai montrée au jeune (maintenant âgé de 17 ans) dont j’ai présenté un extrait de texte. Il ne voulait pas que je le nomme ni que je donne l’adresse de son site. Ce que j’ai respecté. Mais que vous ayez son adresse ou pas, vous savez comme moi qu’il n’est pas le seul à s’exprimer de cette manière sur le Web.
Je le connais depuis trois ans environ et je le rencontre régulièrement. Je l’aime beaucoup parce qu’il a de grandes qualités humaines et, de plus, je le trouve super intelligent. Outre ses goûts et son talent pour la musique et le théâtre, il s’intéresse à l’actualité, à la politique, il est capable de réfléchir et il a une belle philosophie de la vie. En plus, une chose qui m’a toujours frappée chez lui: il possède un vocabulaire comme peu en ont à son âge (et même au mien); plus d’une fois il m’a impressionnée en utilisant des mots peu connus. D’où ma surprise quand j’ai visité son site. Je lui ai donc demandé de m’expliquer pourquoi il écrivait ainsi. Et voici sa réponse: «Pour aller plus vite.» C’est normal, sans doute, tout le monde veut aller plus vite, et les jeunes n’ayant pas le temps d’étudier la sténographie, ils ont donc dû inventer la leur.
Alors, comparons. Qu’est-ce qui est le plus court:
- je croit OU je crois?
- comme si on n’était OU comme si on était?
- d’éffois OU des fois?
- se qui ou ce qui?
- un regare OU un regard?
- sur sois OU sur soi?
- par example OU par exemple?
- mêttre OU mettre?
- embience OU ambiance?
Finalement, si je me fie à sa réponse, je conclus que ce n’est pas un problème de francè, mais de maTmatic.

L’écriture au son: d’hier à aujourd’hui

Mon conjoint historien continue d’être aux aguets, dans ses recherches, pour dénicher des documents qui pourraient m’intéresser. Voici la copie d’une lettre de 1915 qu’il m’a fournie. Il s’agit d’une plainte d’un citoyen à son député. Il vaut mieux la lire à haute voix pour en saisir le sens:
«Un mot apropos de L’argent de mont boit que gé vendu Cet iver je trouve le Gouvernement pas resonable de faire retenire cet argent la pour payer nous les faudera pour vive et pour semé ce rpent jest une gren abestit de près ansumencé et gé pas desvoine ni d’argent si je put pas semé se prenten il vas fouloire anbandonné je vis pas sent mangé gé t’une famille si il anvoye pas mon nargent de qu’oi faire gé pus rien pour vive prendre la journé pour vive durent que gé tent douvrage ecis sus le lot je suis apres me batire un batiment de 3 pied sur 50 sa me fais becoup douvrage.»
Toutefois, il n’y a pas de quoi s’horrifier, puisque, comme je l’ai indiqué, cette lettre date de 1915 et que l’instruction n’était pas obligatoire à cette époque.
Mais que dire des jeunes, qui connaissent sûrement mieux leur langue que ce citoyen, et qui écrivent volontairement au son sur le Web? Est-ce pour mieux masquer leurs véritables faiblesses en français?
Voici, à titre d’exemple, un extrait d’un blogue de 2008 d’un jeune de 16 ans:
« […] Tres franchement je croit que lui est moi on se connai comme si on n’était des frères, car d’éffois on pense a la même affaire au même moment pi se qui et drole ses que sa ne prend qu’un regare entre lui et moi pour savoir se qu l’autre pense a propos de n’importe quoi. [X] a aussi un petit coté solitaire comme tout le monde quand on reste dans sa tête pour mieux se consentré sur sois.
Mes quand il est avec la gang par example, ses sur qu’il va mêttre de l’embience.»
Croyez-vous qu’il a des chances d’être publié dans la collection Hamac de Septentrion?

Toujours rien de nouveau sous le soleil

Après avoir utilisé cette expression dans mon dernier billet, je suis tombée par hasard sur son origine, que je ne connaissais pas, en lisant un extrait du Livre des sagesses.
Elle est tirée d’un des livres sapientaux de l’Ancien Testament, l’Ecclésiaste, rédigé au IIIe siècle av. J.-C. Ce serait le seul livre de la Bible que l’on ait qualifié de philosophique. Le verset 9 se lit comme suit: «Ce qui a été sera, ce qui s’est fait se fera; rien de nouveau sous le soleil!
L’on connaît également très bien les deux premiers versets de ce texte : «Vanité des vanités, tout est vanité.» Pour cet auteur, la recherche du sens de la vie ne mène à rien. Au verset 3, il poursuit ainsi : « Quel profit y a-t-il pour l’homme de tout le travail qu’il fait sous le soleil?» Et que dire du verset 8: «Tous les mots sont usés, on ne peut plus les dire, l’œil ne se contente pas de ce qu’il voit, et l’oreille ne se remplit pas de ce qu’elle entend.» Bref, pour lui, le monde est absurde.
Mais vous n’êtes pas obligés de le croire. En effet, que peut-on faire de sa vie si on ne lui a pas trouvé (ou, à mon avis, donné) un sens? Je préfère croire avec Nietzsche que «Celui qui a un pourquoi, lui donne un but, et peut vivre avec n’importe quel comment.»
(Thomas Rämer, «Vanité des vanités, tout est vanité», dans Le livre des sagesses, Paris, Bayard, 2002, p. 931)

Rien de nouveau sous le soleil

Depuis plusieurs mois, les courriels que je reçois du gouvernement comportent souvent un message visant à sensibiliser leurs destinataires au gaspillage du papier. Il se lit comme suit: «Devez-vous vraiment imprimer ce courriel? Pensons à l’environnement.»
Comme le dirait Jacques Lacoursière, rien de nouveau sous le soleil. C’est ce dont m’a fait part mon conjoint historien, qui a pu constater, dans ses recherches sur la forêt, l’existence d’une telle préoccupation sous le règne d’Adélard Godbout. La circulaire qui suit émane du chef de cabinet Joseph Bélanger et est destinée aux employés du Service forestier:
«Le premier ministre me charge d’attirer votre attention sur la nécessité qu’il y a d’économiser, de toutes les façons possibles, le papier qui est employé dans les différents services de l’administration provinciale. L’honorable M. Godbout a reçu dernièrement plusieurs correspondances, même du gouvernement fédéral, où les deux côtés du papier officiel étaient utilisés. Il est évident qu’en certains milieux le papier de toutes catégories se fait rare, et que si nous voulons éviter le rationnement, il vaut mieux commencer à économiser dès maintenant.»
«Pas nécessaire d’utiliser le papier à correspondance sur les deux côtés mais au moins adapter le format du papier à la longueur du texte. Ne pas utiliser des papiers de luxe pour des mémos, la correspondance interdépartementale, les rapports entre employés, et autres écrits de moindre importance. Réutiliser les formules démodées ou liasses de documents devenus inutiles pour les convertir en blocs-notes.»
À mon tour maintenant de vous demander (non sans rire, toutefois): Devez-vous vraiment imprimer ce billet? Conservez-le plutôt sur votre disque dur…
(Réf. : Archives nationales, boîte 7B 020 01-02-001A-01, 1960-01-038/ 1290 E21, dossiers A à C 1930 à 1944)

Bonne Journée!

Jeudi ce sera fête dans toutes les chaumières, puisque nous avons tous une langue maternelle et que, en 1999, la Conférence générale de l’Unesco faisait, du 21 février, la Journée internationale de la langue maternelle afin de promouvoir la diversité linguistique et culturelle, ainsi que le multiculturalisme.
Comment fêter sa langue? lui rendre hommage? En faisant un effort pour la parler et l’écrire correctement toute la journée? C’est-à-dire, au Québec, sans anglicismes, barbarismes, gallicismes, solécismes, etc. Pas facile, n’est-ce pas? Ou bien en ne parlant que sa langue durant ces 24 heures? Pas nécessairement facile non plus, avec Internet notamment.
À moins d’en profiter pour en connaître un peu plus sur la multitude de langues qui existent sur notre planète, puisque l’objectif est tout de même de prendre conscience de la pluralité linguistique et culturelle.
Voici donc quelques informations là-dessus, glanées un peu partout:
Quoiqu’il soit complexe d’établir avec précision le nombre de langues vivantes actuellement, étant donné tous les dialectes et les frontières qu’il est difficile de tracer entre ceux-ci et les langues, on estime qu’elles seraient autour de 6700. Nous ne possédons les descriptions et les grammaires que pour la moitié d’entre elles, cependant. Le français viendrait au 12e rang, avec 125 millions de locuteurs. La championne est bien sûr le mandarin, la 2e est l’anglais, et la 3e, l’hindoustani (langue officielle de l’Inde). Seulement quinze langues sont parlées par plus de un million de personnes, soit, dans l’ordre: le mandarin, l’anglais, l’hindoustani, le russe, l’espagnol, le japonais, l’allemand, l’indonésien, le portugais, le français, l’arabe, le bengali, le malais, le coréen et l’italien.
Mais saviez-vous qu’il existe quelque 400 mots qui sont les mêmes dans une vingtaine de langues, tels : banque, sport, whisky, dollar, passeport, etc. (on sent bien les intérêts…)?
Quant au rôle des langues dans la géopolitique mondiale, le numéro 97 de Manière de voir, de la collection du Monde diplomatique, y est consacré et semble particulièrement intéressant. Intitulé: La bataille des langues: cette arme de domination, sous la direction de Bernard Cassen, il comporte une trentaine d’articles, avec des titres accrocheurs tels que: Une expression de la lutte des classes au Québec, de Jacques Cellard, La patrie littéraire du colonisé, de Albert Memmi, Solidarité et multipolarité planétaires, de Ignatio Ramonet, L’épreuve de la liberté, de Philippe de Saint-Robert, Une jambe qui manque, de Michel Guillou, La langue-dollar, de B. C., etc. Pour un compte-rendu sur ce numéro: http://www.monde-diplomatique.fr/mav/97/.
Ou pour plus d’information sur la Journée internationale de la langue maternelle: http://www.un.org/depts/dhl/dhlf/language/.
Je vous laisse avec Gracchus Babeuf qui dit que: «La langue de l’alchimie est une langue de la rêverie, la langue maternelle de la rêverie cosmique.» (La Poétique de la rêverie, PUF)
Et vous, comment auriez-vous le goût de souligner cette journée? Quelle forme pourrait prendre votre rêverie cosmique?