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Le prix réglementé

La proposition présentée par l’association des distributeurs au nom de la majorité des professionnels du livre est, à mon avis, un bon compromis. Chacun des partenaires de la chaîne a fait des concessions. Il en est ainsi depuis la mise en place de la loi du livre en 1981. Au nom de l’intérêt général, chacun des partenaires de la chaine du livre avait été amené à accepter de perdre un peu pour protéger l’ensemble. Le résultat a permis un secteur du livre qui fait l’envie de nos partenaires étrangers.

Il n’est pas inutile de rappeler le contexte des années 1970. Le milieu était mobilisé contre la mainmise des étrangers symbolisée par la « pieuvre Hachette ». À ce propos, je vous invite à parcourir un ouvrage récent de Frédéric Brisson intitulé précisément La pieuvre verte. Hachette et le Québec depuis 1950 (Leméac, 2012). Brisson est un jeune chercheur rattaché à l’Université de Sherbrooke.

La loi de 1981, dite loi 51, a été un véritable tour de force. Je retiens l’opposition des associations internationales et, disons-le, l’inquiétude manifestée par le gouvernement français. J’ai raconté tout ça dans L’Amour du livre que je vous ai fait remettre. Et pour celles et ceux qui pourraient s’inquiéter de mon sort par la suite, j’ai été béni par les professionnels, en particulier les bibliothécaires, qui m’ont honoré à plusieurs reprises. Mais la reconnaissance la plus inattendue est venue de la maison Hachette qui m’a recruté à mon départ de la politique. Au printemps 1985, je devenais le patron d’une maison d’édition qui appartenait à parts égales à Hachette et à Quebecor. Et pourtant notre loi avait forcé le démantèlement de l’important réseau de librairies Garneau-Dussault qui appartenait à 49 % à Hachette.

Après coup, Hachette et la plupart des opposants avaient réalisé que la loi avait structuré le marché et professionnalisé l’industrie du livre. Tout avait été extrêmement rapide. Il faut dire que la loi s’accompagnait d’un audacieux plan de développement des bibliothèques publiques. La Commission des affaires culturelles – comme on disait à l’époque – avait même siégé à Toronto pour observer les réalisations de nos voisins en matière de bibliothèques et de musées. Personnellement, je m’étais donné le défi de développer des lieux d’éducation populaire. À quoi bon l’école, s’il n’y a rien par la suite? Je considère que mon parcours personnel doit beaucoup à la bibliothèque des jeunes qui était située sur le chemin de mon école. Sa fréquentation a changé ma vie.

Vous ne croirez pas les chiffres que je vais vous donner. Ils proviennent de l’ouvrage de Brisson (p. 169). Ils m’ont surpris moi-même. « Le nombre de bibliothèques publiques au Québec, écrit-il, bondira, passant de 121 en 1979 à 849 en 1985 ». Ces chiffres sont exacts et s’expliquent en partie par les Bibliothèques centrales de prêts (BCP) dont j’avais accéléré l’implantation, faisant compléter le réseau entre 1978 et 1981.

Notre stratégie était simple : les livres devaient être accessibles partout au Québec grâce à un double réseau de bibliothèques et de librairies. Nous les voulions complémentaires. La loi imposera que les achats de livres se fassent en région auprès de librairies agréées. Les bibliothécaires, en échange de subventions plus importantes, ne pourraient plus acheter directement en Europe ou via les commissionnaires français qui les visitaient périodiquement. En outre, ils devraient renoncer à une remise de 15 % que consentaient les commerçants. En fait, tout le monde avait sa petite remise en librairie, de sorte que les prix étaient constamment ajustés à la hausse. En France, la FNAC accordait 20 % et exigeait une surremise de la part des éditeurs qui se voyaient forcés d’ajuster leurs prix en conséquence. Le prix unique autorisant une remise maximale de 5 % a rappelé tout le monde à l’ordre et les FNAC sont devenues de vraies librairies avec du personnel compétent et un vaste choix.

Je ne reviendrai pas sur les avantages du prix unique en France ou dans les pays où cette pratique a été implantée ni sur les conséquences désastreuses dans les pays comme la Grande-Bretagne qui l’ont abandonnée. Mais les résultats sont là et il faut être de mauvaise foi pour les nier. Je me demande d’ailleurs qui sont ceux qui alimentent certains médias en messages de malheur, dans le genre : les livres vont coûter plus cher, répète-ton, alors que l’exemple de la Grande-Bretagne montre bien que c’est le contraire qui est probable. Plusieurs pays l’ont compris, y compris Israël, selon les dernières nouvelles de ce matin.

Nous savons qu’au moment du sommet sur le livre et la lecture en 1998, Lucien Bouchard avait cédé aux arguments de lobbyistes, lesquels semblent avoir repris du service. La rumeur veut qu’ils se soient agités auprès de Jean Charest et ils s’activent sans doute aujourd’hui auprès de MM. Couillard et Legault ou de leurs collaborateurs. Probablement aussi auprès de madame Marois. En fait des géants comme Cotsco n’aiment pas se faire dicter des règles et ils réagissent négativement pour l’instant. Pourtant, ils sortiront gagnants. Les habitudes des consommateurs ne changeront pas le temps de le dire. Bref, ils risquent de faire de meilleures affaires. Et les libraires seront toujours là pour mettre au monde des best-sellers que les lecteurs iront acheter dans les grandes surfaces ou en pharmacies.

Si c’est ainsi, vaut-il vraiment la peine de se mobiliser pour un prix réglementé ? Les gens du livre sont des gens de principe. Ils ont aussi leur fierté. Ils n’aiment se faire dire par un client que ce dernier a pu se procurer trois titres de La Courte échelle, comme ce fut le cas dans le temps, pour le prix de deux en librairie. Vous m’avez bien compris, trois pour le prix de deux! À noter que ce fut le début des années noires pour cet éditeur qui avait été mis au monde par des libraires enthousiastes, fiers de pouvoir mettre de l’avant une littérature jeunesse bien québécoise. Sans mot d’ordre, les libraires ont spontanément boudé La Courte échelle. Je me souviens aussi d’avoir vu l’éditeur-libraire Pierre Lespérance en colère une fois dans ma vie. À sa librairie de Versailles, il venait de se faire traiter de voleur par un client qui comparait ses prix.

Certains s’interrogent, ou font semblant, sur la légalité d’une réglementation du prix du livre. Il y a pourtant des précédents sur d’autres produits, mais laissez-moi vous raconter un épisode peu connu des débats de 1980.

Les gens voyageaient de plus en plus et revenaient de France en comparant les prix. Il était évident qu’il y avait des abus quelque part. Nous avons décidé d’examiner les tabelles pratiquées, c’est-à-dire le taux de change augmenté de divers frais et de prise de profits. À l’époque, les taux de change variaient constamment. Nous avons pris la décision d’inclure dans les règlements un contrôle des tabelles. On a contesté ce droit et on nous a même menacé de porter l’affaire en Cour suprême.

Nous avons alors fait plusieurs petites découvertes. Il est apparu que le fédéral n’interviendrait pas. Les livres de langue française étaient considérés être de langue étrangère et étaient exempts de douanes. Nous avons aussi constaté une petite guerre entre le Canada anglais et les États-Unis. Il semblait y avoir des quotas qui incitaient les auteurs canadiens à se faire éditer aux États-Unis. Le fédéral répliqua finalement par divers programmes d’aide à l’édition dont le Québec a largement profité grâce au développement de l’édition qui a suivi la loi 51. Aujourd’hui encore, je crois que c’est un des rares programmes du fédéral qui accorde au Québec une part de beaucoup supérieure à sa population.

Il fut donc décidé que le ministère fixerait périodiquement le pourcentage des tabelles que les distributeurs devraient faire accepter par les éditeurs français qui leur confiaient leurs fonds. La loi obligeait les libraires à s’approvisionner auprès des distributeurs qui avaient négocié des exclusivités, mais ceux-ci devaient, pour avoir ce privilège, respecter les tabelles fixées. Le milieu s’est discipliné. Est-ce qu’avec les années, il y a eu relâchement ? Les propos de Blaise Renaud exprimés hier sont une invitation faite au ministère à rouvrir le dossier des tabelles, au moins le temps d’une vérification.

On questionne souvent le rôle des distributeurs. Certains voudraient les contourner comme dans le bon vieux temps. Pourtant, grâce à leurs clauses d’exclusivité, ils assurent la présence de stocks importants au Québec. Autrefois, il fallait souvent attendre deux mois pour obtenir le livre commandé.

Face à une chaîne ou un gros détaillant, un éditeur est vulnérable. On peut retarder un paiement, faire des retours non autorisés, l’éditeur peut toujours couper l’envoi de ses nouveautés. Le détaillant s’en fiche. Le distributeur qui menace de bloquer les nouveautés de plusieurs éditeurs a plus de chances de se faire respecter. En cas de faillite, et c’est arrivé il n’y a pas si longtemps, les distributeurs ont encaissé le coup.

Il faut que certaines choses soient dites. Pierre Renaud, le patron de Renaud-Bray, excellent libraire par ailleurs, avait appuyé la loi du livre, mais le développement des bibliothèques l’enthousiasma au point de vouloir faire disparaître des petites libraires voisines dont Hugo et Olivieri. Il se mit à consentir des remises de 20 % au public. Il se retrouva en situation de faillite et entraina avec lui la belle librairie Champigny de la rue Saint-Denis. Des distributeurs, la Sodec, la FTQ vinrent à la rescousse. Depuis, Renaud-Bray, qui a intégré ses principaux concurrents, se répand en région et on s’inquiète des ambitions de son nouveau patron. Pourquoi cette frénésie? Le milieu du livre ne peut se payer le luxe de la division et surtout pas d’une nouvelle guerre des prix. Nos deux chaînes québécoises, Renaud-Bray et Archambault, ont une obligation de solidarité.

Pour le commun des mortels, le débat actuel autour du prix réglementé est inquiétant. Les gens tiennent à leurs bibliothèques et à leurs librairies, que ce soit une chaîne ou une librairie indépendante. Même les lecteurs les plus avertis comptent sur leurs bibliothécaires ou leurs libraires pour être conseillés? Combien de fois Marie-Hélène m’a-t-elle suggéré un Madame Bâ d’Orsenna ou un Voyage d’un Européen à travers le XXe siècle de Geert Mak! Et combien de fois l’ai-je remercié ! Prenez ces titres en note, vous ne regretterez pas votre participation à cette commission.

Mais qui gagnera avec le prix réglementé? Voilà la vraie question. La réponse est : tout le monde! Oui tout le monde, soit les auteurs dont les livres seront présents dans quelques centaines de points de vente, soit les lecteurs qui continueront d’avoir un large choix, et bien sûr les librairies et les grandes surfaces. Il faut être réaliste. L’effet sera surtout psychologique, mais si le moral est bon, c’est autant de pris.

On pose souvent la question : est-ce que les grandes surfaces font vraiment du tort aux librairies? Quand Club Price s’est installé à Québec, ma libraire en a vu rapidement l’effet. Me montrant un ouvrage de Denise Bombardier ou un Guide de l’auto sur le comptoir, elle me dit : « Autrefois, j’en vendais 100 exemplaires, aujourd’hui à peine 10 ». À un jeune commis qui semblait bien se débrouiller, je n’avais pu m’empêcher de lui demander : « Comment fais-tu à travers toute cette production? »- « C’est simple! Les gens se trompent de nom d’auteur, de titre, de couleur de la couverture, ils ne connaissent surtout pas le nom de l’éditeur, mais je devine vite car dans une semaine on nous demande toujours les mêmes ouvrages ». Le libraire garde un inventaire de plusieurs milliers de titres, mais dix titres font la différence et lui permettent de survivre.

Le Québec a opté pour réserver les achats institutionnels aux librairies agréées de propriété à 100 % québécoise tandis que la France optait pour le prix unique. De part et d’autre, on s’est rendu compte trop tard que la vraie solution était dans l’application simultanée des deux formules. Autrement dit, à l’époque, nous n’avons pas vu venir le phénomène des grandes surfaces et nous n’avons pas pensé au prix unique. Ce fut une erreur. Si le ministre français Jack Lang avait fait voter sa loi en août 1980 au lieu de 1981, il est certain que le prix unique aurait été inclus dans la loi 51.

Il est un peu tard pour réparer, mais pas trop. Il vous appartient d’intervenir. En pareille matière, les lignes de parti doivent s’effacer. À l’époque de la loi 51, la commission des affaires culturelles a appuyé en bloc le projet de loi, je souhaite un appui semblable aujourd’hui. Vous verrez : la suite des événements vous donnera raison et même les opposants s’en réjouiront, comme ce fut le cas avec la loi 51, car tous souhaitent une large diffusion des connaissances et des idées, de même qu’une place d’honneur pour les œuvres de création. L’avenir de nos sociétés en dépend.

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Texte présenté en commission parlementaire le 21 août 2013

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Foglia réconcilie Benhabib et Tremblay

Je suis un inconditionnel de Foglia. À mon grand désespoir, je suis habituellement d’accord avec lui. Quand Djemila Benhabib a innocemment déclaré qu’elle souhaitait que le crucifix soit enlevé de l’Assemblée nationale, j’ai eu les deux jambes sciées. J’imaginais le remous dans Trois-Rivières. Bien sûr, elle ne faisait que confirmer qu’elle n’avait pas changé d’idée à ce sujet. Ce n’était rien de neuf, rien pour fouetter un chat. Elle s’empressait toutefois de préciser qu’elle se ralliait au programme du PQ à ce sujet non sans ajouter qu’elle poursuivrait sa croisade à l’intérieur du caucus. Elle venait de rajouter une pelletée de terre.

Foglia a tout compris ( La Presse, 16 août) et l’explique au maire de Chicoutimi, oui ce Chicoutimi que le PQ a fait disparaître de la carte : « Mme Benhabib dit que ce n’est pas vraiment sa priorité de le décrocher ». C’est vrai, elle a ajouté ça.

« Ce qui la préoccupe, ajoute-t-il en interprétant l’ensemble de sa démarche qui est de notoriété publique, c’est même le contraire : le fait que certains insistent pour retirer les symboles de la majorité, alors qu’on permettrait des symboles des minorités religieuses ».

Pour réconcilier Mme Benhabib et le maire Tremblay, Foglia rappelle à ce dernier qu’elle a déjà dénoncé « avec virulence les concessions religieuses faites par une société molle et naïve […] à des réseaux islamistes minoritaires, à commencer par le voile, les salles de prières dans les établissements scolaires, le refus de la mixité, etc. »

Le maire de Chicoutimi, j’insiste, ne sait sans doute plus à quel saint se vouer?

Et Foglia de terminer avec des propos qui rejoignent ceux de Jean-Pierre Proulx (Le Devoir 16 août) qui craint que la charte de la laïcité soit source de désillusion.

Foglia a décidément dépassé le stade de l’intégration.

Panneton – Benhabib

Quand on m’a parlé de « la lettre de l’abbé Panneton » (Le Nouvelliste, 8 août), j’étais catastrophé. J’ai tellement d’estime et d’admiration pour lui. On vient de me l’envoyer en même temps que la réaction [pas encore en ligne] de Djemila Benhabib (11 août).

Quel échange émouvant de deux grands esprits. L’abbé Panneton est ébranlé, inquiet. Il se veut généreux, nuancé tout au long de sa lettre mais il ne peut retenir à la fin ce qui l’a incité à l’écrire, à la faire publier. Ses questions sont insidieuses. Il les regrette sans doute déjà. Autour de lui, il a créé une certaine gêne. Il est un homme de réflexion. Il porte en lui un héritage dont l’intensité n’échappe pas à Madame Benhabib. En lisant la réponse de cette dernière, je me suis dit que ces deux-là vont devenir des inséparables. Ils ont besoin l’un de l’autre.

L’abbé Panneton est responsable de la formation d’une partie de la relève. Il enseigne à nos futurs leaders l’ouverture et l’échange. Il aura la chance inouïe de côtoyer une députée d’une qualité exceptionnelle et de la citer en modèle. Cette femme sera une bénédiction pour Trois-Rivières. Elle placera Trois-Rivières à l’avant-garde des ajustements inévitables que nécessite l’évolution du monde.

Trois-Rivières ne s’est pas développé en serre chaude, à l’abri du monde extérieur. Trois-Rivières est historiquement un carrefour, un lieu d’échanges. En préparant sa merveilleuse histoire du Séminaire publiée l’an dernier, l’abbé Panneton découvrait, un peu amusé, qu’un Hart comptait parmi les huit fondateurs de l’institution. Bien plus, ce Juif, Ezekiel-Moses Hart, était même celui qui avait sauvé l’entreprise.

Trois-Rivières a été le bassin des premiers voyageurs de l’Ouest et une remarquable terre d’accueil pour des milliers d’immigrants. Ceux-ci ont fait Trois-Rivières. Une petite communauté juive a relancé l’économie de Trois-Rivières et de la Mauricie au lendemain de la Conquête, suivie par des vagues d’Irlandais, de Scandinaves, etc. Quelques dynamiques familles libanaises, les Baraket, Nassif, Aboud, Courey ont pris la relève au début du dernier siècle. Aujourd’hui des Italiens, des Grecs, des Vietnamiens, des Arabes et combien d’autres viennent enrichir et agrémenter notre quotidien.

Trois-Rivières est une ville merveilleuse avec une étonnante vitalité culturelle. Elle a donné plus que sa part d’artistes, de créateurs, d’intellectuels à côté de rudes travailleurs et de scientifiques.

Avec Djemila Benhabib, Trois-Rivières sera présente plus que jamais. Pour avoir été député de Trois-Rivières pendant neuf ans et avoir travaillé toute ma vie à faire rayonner cette ville et cette région qui a accueilli mes ancêtres, je dois dire l’extrême fierté que je ressentirai quand je verrai une énorme majorité de Trifluviennes et de Trifluviens choisir Djemila Benhabib comme députée. Ce sera un grand jour!

Denis Vaugeois
Député de Trois-Rivières de 1976 à 1985

Le parlement aux parlementaires.

La minute de vérité? Peut-être.

Le Devoir ( 20 sept. 2011) nous apprend que Charest autorise les parlementaires à entendre Duchesneau. Et Pierre Paradis sort de son mutisme. Après l’erreur de madame Marois qui avait annoncé qu’elle prendrait les présences (!) lors d’un vote sur une question qui n’a rien à voir avec le programme du PQ, la question de la liberté des parlementaires est vraiment à l’ordre du jour. Est-il permis d’espérer que la séparation des pouvoirs redeviendra une réalité?

Dans mon rapport sur la réforme parlementaire en 1981, je proposais le vote libre et secret sauf évidemment sur une motion de confiance, l’approbation du budget et la réponse au discours du trône. Autrement dit, comme le suggère Pierre Paradis, vote libre sauf quand il s’agit de la survie d’un gouvernement. Pour être vraiment libre, le vote doit être secret. Libre à chaque député de dire publiquement dans quel sens il a voté.

Le vote libre et secret signifierait le commencement de la sagesse pour les chefs de parti et leur entourage.

Dans le même rapport sur la réforme parlementaire, je recommandais que les commissions parlementaires puissent se donner des mandats d’enquête ou d’initiative. Ainsi il n’est pas normal que le premier ministre puisse autoriser ou refuser aux parlementaires d’étudier une question ou d’entendre une personne. Apparemment, il faut atteindre le fond du baril pour pouvoir rebondir. On y est; tout espoir n’est pas perdu!

Soutenir Écosociété et la liberté d’information

Depuis le début des poursuites abusives de Barrick Gold contre Écosociété , le Septentrion soutient cette dernière dans sa dénonciation de l’usage abusif des procédures légales utilisées par la compagnie minière contre la maison d’édition. Il s’agit ici d’une atteinte à la liberté de s’exprimer, d’informer et de publier. Nous vous transmettons leur invitation à les soutenir lors d’un rassemblement à Montréal ce mercredi 8 décembre.

Voici leur communiqué :

« Le décompte se poursuit pour les Éditions Écosociété et les auteurs de Noir Canada : il reste moins de 275 jours avant le début du procès en diffamation intenté par Barrick pour 6 millions $. Celui-ci doit s’étendre sur quarante jours à partir de septembre prochain.

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Les auteurs de Noir Canada n’ont tout simplement pas les ressources nécessaires pour assumer les frais qu’exige un tel procès. Les quatre employées de la maison d’édition Écosociété risquent quant à elles de voir leur travail éditorial sérieusement compromis au cours de la prochaine année en raison de cette assignation en justice. Et cela, sans compter ce qu’il en coûtera aux contribuables québécois, sommés d’assumer les frais onéreux – salle d’audience, juge, huissier, greffier – que supposent quarante jours de procès. Pendant ce temps, Barrick Gold, première compagnie aurifère au monde en importance, continuera de profiter des déductions fiscales accordées aux personnes morales relativement à leurs dépenses juridiques.

Les poursuites-bâillons intentées par Barrick Gold et Banro constituent une utilisation abusive des tribunaux, un détournement des fins de la justice et une atteinte grave au droit à la libre expression et à l’information des citoyens dans le cadre de débats publics.

Venez dénoncer la censure de Barrick Gold et Banro, mercredi le 8 décembre, 11h, devant le Palais de justice de Montréal.

Les Éditions Écosociété et les auteurs de Noir Canada profiteront de ce rassemblement solidaire pour faire une annonce importante quant à la suite de leur affaire devant les tribunaux.

Aux organisations, merci de confirmer votre appui et/ou votre présence auprès d’Anne-Marie Voisard et de venir munies de vos banderoles! Aux citoyens, usez de créativité!

Merci de faire circuler cet appel (voir tract en pièce jointe).

VENEZ EN GRAND NOMBRE ! VENEZ BÂILLONNÉS!

Les Éditions Écosociété

slapp.ecosociete.org

amvoisard@ecosociete.org »

Précision sur Maurice K. Séguin

L’édition du « Voyage de Peter Kalm » est d’une richesse incroyable. Réalisé par Jacques Rousseau, Guy Béthune et Pierre Morisset, ce travail m’impressionne à chaque fois que je le consulte. Cette fois, j’y cherche des informations sur le passage de Français à Canadien. À la page CXXXVI, Rousseau indique qu’il a traduit en français la plupart des titres suédois de Kalm. En note, il précise: » Le professeur M.K. Seguin (sans accent) du Département de géologie de l’Université Laval a eu l’amabilité de vérifier ces traductions et de suggérer plusieurs corrections ».

Dans mon texte de présentation du monumental essai de Séguin sur Champlain ( Septentrion, 2008:9), je signalais qu’il avait profiter d’un séjour de deux années en Suède pour se familiariser avec la langue suédoise. Il me restait un petit doute qui se devine à ma façon de raconter la chose.

Me voilà rassurer et vous aussi.

Ce rappel est aussi l’occasion de souligner l’audace de Pierre Tisseyre ( Cercle du livre de France, 1977) qui a relevé avec le « Voyage de Peter Kalm » un véritable défi. J’ai rarement vu un ouvrage aussi complexe et exigeant pour un éditeur.

Je salue avec émotion le souvenir d’un grand éditeur.

BAnQ. Un siècle d’histoire

À propos d’un livre récent sur BAnQ.

Fides vient de publier sous la signature de mon « compatriote » de Saint-Tite, l’excellent Denis Goulet, un ouvrage consacré à Bibliothèque et Archives nationales du Québec avec en sous-titre « Un siècle d’histoire ». Le livre est très agréable et retrace bien les étapes qui ont conduit à la naissance de BAnQ. Mais aucun ouvrage n’est parfait et il n’était pas facile pour l’auteur de répondre aux attentes des uns et des autres. Il est de notoriété quasi publique que le manuscrit de Denis Goulet a été examiné par diverses équipes de BAnQ. Si j’avais été invité à me joindre à celles-ci voici quelques remarques que j’aurais formulées.

1) Goulet, p.97. « Passionné des livres » dit-on de moi. Je veux bien, mais mon objectif était de développer des lieux d’éducation populaire et permanente. Les bibliothèques et les musées ont été au coeur de mes préoccupations et de mes actions.

2) Goulet p. 97. La légende de la photo n’est pas exacte. J’ai été nommé ministre en février 1978.

3) Goulet p. 97. La situation immobilière de la Bibliothèque nationale. J’aimais cet endroit que j’avais fréquenté. Son état me préoccupait de même que celui du centre d’archives de Montréal (ouvert en 1974). Le problème principal: il n’y avait pas d’entente entre la Bibliothèque et les Archives. Quatre protocoles avaient été préparés pour déterminer par écrit les mandats de chacun. C’était à mourir de tristesse. Brault se faisait tirer dans le dos à qui mieux-mieux. J’ai quand même réussi à faire préparer un projet d’agrandissement. Je me souviens très bien de mes visites et des discussions avec les fonctionnaires des travaux publics. À noter que la collaboration de la ministre des travaux publics, Jocelyne Ouellet, était acquise à tous nos projets. Nous avons siégé ensemble au conseil du trésor et nous voulions réaliser le maximum. Nos cabinets travaillaient main dans la main. En page 107, Goulet mentionne d’ailleurs le dépôt d’un projet de construction. J’ai alors quitté le ministère et je suppose que la chicane a continué et empêché la réalisation du projet.

4) Goulet p. 258. La collaboration de madame Ouellet m’a permis d’ouvrir six centres régionaux d’archives en trois ans et d’installer les Archives nationales dans le pavillon Casault (Goulet, p. 260). On a l’impression que ce déménagement a été une réalisation du Saint-Esprit. À mon arrivée au ministère, les ANQ étaient logées dans le Musée du Québec et occupaient une belle salle d’exposition au rez-de-chaussée. Les fonctionnaires avaient installé leurs bureaux dans d’autres salles. Je les ai fait déménager dans une école située à proximité. Ce ne fut pas une mesure très populaire, mais le Musée a repris peu à peu sa vocation.

5) Goulet p. 98. Dossier de Brault sur les salaires des bibliothécaires. J’ai évidemment lu les mémoires de Jean-Rémi Brault. C’est un homme discret et réservé. Il m’a tout de même appris des choses troublantes, mais ce qu’il ignorait c’est que son mémoire n’aurait pas eu un bien gros impact si je n’avais pas été au Conseil du Trésor avec M. Parizeau. J’ai déjà raconté devant un auditoire de bibliothécaires ce qui s’est passé alors.

6) Une loi des Archives. Dès mon arrivée au ministère, la décision avait été prise de préparer un projet de loi sur les Archives. Historien comme moi, le sous-ministre Noël Vallerand, y tenait et s’en occupait personnellement. Goulet (p. 262) parle « d’indifférence générale ». Bien au contraire, le Conseil du trésor voulait en assumer la responsabilité, le ministère des Travaux publics également de même que le ministère des Affaires culturelles, même si François Beaudin montrait à cet égard une certaine mollesse. Vallerand, ami personnel de Robert Tessier, secrétaire du conseil du trésor, était confiant de faire aboutir ce dossier. Il est tombé gravement malade tandis que moi j’échouais dans mes efforts pour convaincre mes collègues du conseil des ministres d’introduire l’obligation de remettre à l’État leurs propres « archives ministérielles ». Il y a un livre à écrire sur cette seule question. J’ai refusé de déposer un projet de loi qui ne comprendrait pas une telle obligation. Mon successeur, Clément Richard, a cédé et a fait voter la loi. À noter que c’est moi qui ai amorcé la loi d’accès à l’information. Mais là, ce fut pire encore et la protection des renseignements a pris le dessus. On en souffre encore aujourd’hui. Il aurait fallu que je reste aux Affaires culturelles et aux Communications au moins 2 ou 3 ans de plus.

7) Goulet p. 284 et 347. Le traité de Murray. Vraiment je ne comprends pas le silence de la note 118 à propos de ma recherche sur le traité de Murray. Mon étude ( La Fin des alliances franco-indiennes, Boréal et Septentrion, 1995) m’a valu d’être finaliste au prix du Gouverneur général. C’est moi qui ai établi le texte exact et la découverte d’un original a confirmé mes conclusions. Bien plus, Septentrion a publié l’étude d’André Münch (L’Expertise en écritures et en signatures, 2000) qui a établi l’authenticité du document découvert « par accident ».

Évidemment, mes archives de députés et de ministre ont été confiées aux Archives nationales et tout ce que j’écris ici peut être vérifié.

J’ai même déposé dans le temps les archives des éditions du Boréal.

Génial

Par curiosité et par fidélité à mes origines, j’ai une alerte Google au nom Vaugeois.

J’ai un lointain cousin qui s’illustre au soccer.

O.K. que j’ai raison d’être fier!

On leur prédit une victoire pour ce soir 22 janvier 2009.

Génial

LaDépêche.fr – Toulouse,France

Paris FC: Lucas, Bennai, Valeri, Weber, Diawara, Vaugeois, Losilla, Macalou, Kiaku, Tangeaoui, Mensah, Sarr, Bono, Mayuma, N’Guema, Yenga.

Jean Pelletier

Salut Jean!

Jean Pelletier est venu terminer son cours classique au Séminaire des Trois-Rivières vers 1953-54. Il arrive de Québec avec son style un peu grand seigneur. Il a la voix grave et de la prestance. Il s’intègre rapidement et développe de solides amitiés

« On a bien travaillé ensemble, malgré nos divergences politiques », prend-il plaisir à me redire lors de notre dernière conversation, mercredi dernier. « Tu avais manqué quelques cours importants, ceux de Plante et Martel par exemple ». Il éclate de rire en ajoutant : « Jean [Chrétien] les a suivis et ça n’a rien changé! »

Jean a accédé à la mairie de Québec en novembre 1977. Le PQ était au pouvoir depuis un an. En février 1978, je deviens ministre des Affaires culturelles. Nous allions en effet « bien travailler ensemble ». Nous nous remémorons trois cas parmi plusieurs. Un projet de bibliothèque centrale, prévue sans le quartier Saint-Roch, est dans l’impasse depuis des années : conflit avec la commission scolaire qui possède le terrain et montage financier incompatible avec les programmes du ministère. Nous réglons les deux problèmes et la première pelletée de terre de la future bibliothèque Gabrielle Roy est levée en 1980. Cette bibliothèque sera une des premières à profiter de notre plan de développement des bibliothèques publiques. Par la suite, il y aura presque à chaque année une nouvelle bibliothèque dans les divers quartiers de Québec dont St-Andrews dès 1981. Jean Pelletier, homme de grande culture, est un inconditionnel de la lecture.

On parle aussi du Petit Champlain, de notre ami Jacques DeBlois. Le torchon brûlait entre Jean et les promoteurs de ce fabuleux projets. Gerry Paris savait provoquer. Un coup de fil, quelques mises au point et le Petit Champlain redémarre prestement. Jean est bien décidé à faire le maximum dans le Vieux Québec. C’est un dossier difficile. Celui de l’avenir du Musée du Québec l’est aussi. Un consensus se dégage finalement : il y aura deux musées. Nous décidons de choisir sans tarder un emplacement… dans le Vieux Québec. Jean fait préparer les dossiers et un bon samedi matin, avec le ministre Denis DeBelleval, nous arpentons le secteur du vieux port et arrêtons notre choix. C’est Jean qui par la suite le défendra vaillamment, DeBelleval et moi avions été muté ailleurs!

Au cours de l’année du 400e, on a beaucoup vanté les beautés de la ville de Québec. Il est évident que de solides coups de barre ont été donnés par Jean Pelletier. Il aimait sa ville et l’a servi, non seulement comme maire mais aussi dans ses diverses fonctions. C’est bien regrettable qu’il ne soit pas resté plus longtemps à la barre de Via Rail.

Salut Jean,