Je lis toujours les blogues des auteurs sur le site de Septentrion. Normal, me direz-vous peut-être. Je ne sais pas, je le fais parce que ça m’intéresse : Sophie Imbeault est une passionnée; Éric Simard, un érudit; Gaston Deschênes, un bon analyste. Et il me tardait d’y lire, un jour, un sujet qui me permettrait d’y participer.
Voilà que vendredi dernier, cette occasion me fut donnée, Éric Simard ayant écrit une longue note dans laquelle il donnait son appréciation de ses dernières lectures. Je l’ai lue avec avidité, d’autant que plusieurs auteurs qui en font l’objet m’intéressent. Comme ces livres l’ont plutôt déçu, je m’en suis trouvée déçue à mon tour, concluant qu’il me faudrait peut-être remplacer les délices espérées par d’autres titres (j’attends, à cette fin, sa prochaine intervention). Mais j’étais contente de pouvoir au moins lui faire un petit coucou avec ce bref commentaire : «J’espère que ce ne sont pas les blues de l’automne qui vous ont fait voir vos dernières lectures de la même couleur (grise). Je suis particulièrement déçue pour ce qui est du livre de Sylvain Trudel; je ne l’ai pas lu, mais comme j’avais beaucoup aimé ses précédents, justement à cause principalement de son écriture, j’avais hâte de lire ce recueil.»
Le lendemain, j’étais curieuse de voir s’il m’avait répondu. Je constatai que oui : «Non, soyez rassurée, ce n’est pas le blues de l’automne. Mes dernières lectures ont été plutôt stimulantes (vous en saurez davantage prochainement). Pour le Trudel, vous pouvez toujours tenter votre chance. Il vous plaira peut-être?»
Avez-vous remarqué? Moi, ça m’a frappée. Comme un coup de poing, je dois dire. Je ne sais si vous pouvez vous imaginer à quel point j’espérais qu’il s’était trompé (mais en même temps, j’étais sûre que non, car il est certain qu’il avait pris le temps de vérifier, lui, avant de publier sa réponse). J’appelai à ma rescousse le Robert – le petit, le grand –, puis le Larousse – le petit, le Lexis, l’encyclopédique – et enfin, le Multidictionnaire. Rien à faire, personne ne daignait le contredire : l’on dit bien le blues, et non les blues, même si ce nom s’écrit avec un «s» et qu’il se traduit, notamment, par «idées noires», encore là au pluriel.
La déception me gagna rapidement; de quoi avais-je à me mêler des blogues des autres aussi! Puis, la culpabilité commença à poindre : «T’aurais quand même pu te servir de tes dictionnaires, non?» Enfin, je reconnus la honte à cette pensée : «Oh là là! Heureusement que ce n’est pas sur mon propre blogue!»
Mais je me repris : «Non, heureusement que je m’intéresse aussi à la philosophie…» Alors je demandai à André Comte-Sponville ce que venait faire la honte ici. À quoi il me répondit : «(…) parce que l’image que l’on donne de soi, ou que les autres en ont, ne correspond pas à celle que l’on voudrait offrir» (Dictionnaire philosophique, Paris, PUF, 2001, p. 277). J’avoue que ce que j’éprouvais ressemblait fort à cela. Sachez donc que je ne suis pas celle que j’aurais aimé que vous eussiez cru que je suis (vous l’avez comprise, celle-là?).
J’eus l’idée de me tourner vers Nietzsche, cette fois, qui nous dit que ne plus avoir honte de soi-même est le sceau de la liberté conquise (Le gai savoir, t. III, p. 273-275).
Comme quoi les philosophes sont particulièrement (mais pas uniquement) utiles dans les moments difficiles!
Voilà pourquoi j’attends impatiemment de lire Jean Proulx sur le blogue qui lui est réservé sur ce site… Y participerai-je?
2 réflexions au sujet de « La leçon »
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Madame Lachance, pour « le blues » je dois vous avouer que je n’ai même pas pris la peine de vérifier dans le dictionnaire. Je l’ai écrit d’instinct en sachant très bien que vous aviez écrit « les blues ». Votre billet d’aujourd’hui m’a fait sourire et vient mettre un peu de baume sur le premier commentaire que Sylvain Trudel a laissé sur mon carnet (soyez curieuse, allez-y!). Avec le deuxième commentaire qu’il vient de me laisser aujourd’hui, je suis totalement rassuré. En terminant, je dois vous dire que j’aime les échanges par carnets interposés que nous sommes en train de créer.
Alors, c’est encore «pire» que je ne le croyais, votre instinct étant meilleur que le mien… Mais puisque cela m’a permis (obligée) de pondre un texte, je vous en remercie (il faut parfois se faire fouetter un peu).
Je suis heureuse de vous retrouver sur votre blogue. Dès que j’aurai publié cette réponse, je vais aller y lire les commentaires de Sylvain Trudel. Je vous envie un peu d’avoir ses commentaires.
Et, oui, c’est très agréable d’interagir. À bientôt, peut-être!