La question des tarifs semble préoccuper (intéresser) plus d’une personne. Voici trois questions qui m’ont été adressées à ce sujet. J’ai déjà répondu à deux d’entre elles dans les commentaires d’autres notes. Mais comme je ne suis pas certaine que tout le monde lit les commentaires, surtout s’ils se rapportent à une note parue il y a plusieurs semaines, je reproduis ces questions et réponses ici, espérant avoir d’autres avis, les vôtres.
Question 3 (reçue par courriel) :
Q. Quel est le délai de paiement d’une facture d’un réviseur?
(La personne ne souhaitait pas être identifiée, d’où sa question par courriel)
R. La plupart de mes clients me paient le mois suivant la réception de leur facture. Mais c’est déjà arrivé que certains y mettent plus de temps. Dans un cas, j’ai dû «inventer» des frais d’intérêt pour me faire payer. Et il m’est même arrivé que de petites factures ne m’aient jamais été payées…
Question 4 :
Q. Mon message n’est pas un commentaire, mais une question. Je me demande bien qui gagne les salaires dont vous parlez dans votre livre en page 163. J’ai fait de la révision linguistique pour quelques maisons d’édition et je suis loin d’atteindre les tarifs indiqués… Les éditeurs ne veulent pas payer cher pour la correction de leurs manuscrits et j’ai même vécu l’expérience d’un éditeur qui ne paie pas du tout pour le premier travail que l’on fait effectue chez lui… Je ne comprends pas non plus pourquoi un traducteur devrait être mieux rémunéré qu’un réviseur, bien souvent un traducteur aurait avantage à être relu par un réviseur…
Jocelyne Vézina de Rimouski
R. Comme je l’ai indiqué dans le livre, ces tarifs ont été puisés dans un répertoire de Travaux publics Canada et il s’agissait d’offres de service de la part de travailleurs à l’ensemble des ministères et organismes fédéraux qui, eux, faisaient leur choix parmi ces propositions. Et je suis d’accord avec vous que les maisons d’édition ne sont probablement pas les donneurs d’ouvrage qui offrent les rémunérations les plus élevées (mais en contrepartie, ce sont souvent les travaux les plus intéressants). D’où l’importance d’une bonne diversification de clients.
Question 5 :
Q. Voici une question que je me pose de plus en plus souvent et qui serait peut-être un sujet intéressant à inclure dans la section des tarifs. Je fais parfois la révision de documents très courts. Il arrive que le travail me prenne à peine quinze minutes. J’hésite toujours quand vient le temps de la facturation. Le quart du tarif horaire me semble insuffisant, puisque c’est un document qui parfois porte toute l’image du client auprès du public et qui est publié en de très nombreux exemplaires… Mais sinon, comment établir le prix pour une telle révision?
Annie Pronovost
R. Personnellement, je facture à l’heure, à l’exception de quelques soumissions annuelles et de contrats à forfait occasionnels. Dans les trois cas, je ne tiens jamais compte de l’importance du document ni de sa diffusion pour déterminer les prix. Le tarif à l’heure m’apparaît le plus équitable pour tout le monde, puisque le donneur d’ouvrage ne nous paie que pour le temps que nous avons travaillé pour lui et que nous, nous sommes payés pour tout ce temps (contrairement aux deux autres modes mentionnés où, la plupart du temps, il y a un perdant). Tenir compte de l’impact du document m’apparaîtrait passablement compliqué; cela voudrait dire qu’un document «moins important» (document interne, par exemple) devrait être moins payé? Et qui déterminerait cette valeur chaque fois?
Je suis bien curieuse de savoir ce qu’en pensent d’autres réviseurs et comment ils procèdent. J’espère qu’ils viendront alimenter notre discussion.
2 réflexions au sujet de « Questions 3-4-5 »
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Au sujet de la question 5, j’abonde dans le même sens que Mme Lachance. L’une de mes piges consiste à réviser les textes d’un magazine ainsi qu’à en corriger les épreuves. Les articles ne présentent pas tous la même longueur, cela va de soi. Je fonctionne au tarif horaire et facture au prorata, c’est-à-dire qu’un texte qui m’a demandé 15 minutes de révision sera facturé le quart de ce que je demande de l’heure. Quelques textes qu’on me soumet n’exigent parfois que 5 ou 10 minutes; je facture tout de même 15 minutes, puisqu’il s’agit pour moi d’une limite psychologique minimum…
C’est très personnel, comme façon de faire. Peut-être d’autres réviseurs fonctionnent autrement, mais dans mon cas, je suis satisfaite de ce système.
Bonjour!
Je trouve votre carnet vraiment sympathique et instructif. Merci. Le travail autonome à domicile offre beaucoup d’avantages mais le risque d’isolement (humain, professionnel) guette toujours, d’autant plus que j’habite maintenant dans un petit village aux confins des Cantons-de-l’Est, presque en Beauce, où je dois, moi aussi, m’« aiguiser » les oreilles pour pouvoir « suire » les conversations. J’aime ces mots, ces prononciations, c’est tellement vivant!
J’aimerais ajouter mon grain de sel en réponse à la question d’Annie Pronovost, concernant les contrats de très courte durée. Un de mes clients, une maison d’édition, m’envoie régulièrement des couvertures, des dépliants, de la correspondance à réviser.
Nous avons convenu que je facture le temps consacré à chacune de ces révisions (parfois il ne s’agit que de quelques minutes) au prorata à l’heure, selon mon tarif habituel; en d’autres mots, un travail qui me prend 15 minutes sera facturé à 25 % du tarif horaire. J’envoie une facture deux fois par année afin d’éviter la multiplication des factures et la perte de temps et le gaspillage de papier que cela occasionnerait.
Bien sûr, cela peut sembler « peu payant » mais pour ma part, je considère ces « microcontrats » comme autant d’occasions de maintenir le contact avec ma cliente et les gens supersympathiques qui y travaillent.
Loin des yeux loin du cœur… Vrai en amour, vrai aussi pour nous, travailleurs et travailleuses autonomes. Il n’y a pas, à mon avis, de meilleure façon de se faire connaître et apprécier que de travailler avec les gens. Nous développons une complicité, des méthodes de travail, une confiance. Le meilleur marketing ne remplacera jamais ces relations suivies avec la clientèle.
Johanne Paquette
P.S. : J’imagine qu’en Beauce, comme chez nous, on « balie » le plancher de cuisine et on se fait des tendinites à « quelouer » toute la journée?