Au moment de me mettre au lit, il arrive que des mots se bousculent encore dans ma tête. Je ne sais trop s’ils viennent de s’y introduire ou s’ils tentent d’en sortir. À moins qu’ils ne s’y tiennent en sentinelle à toute heure du jour et de la nuit sans que je m’en rende trop compte.
Hier, j’ai tenté de m’en débarrasser avant d’aller me coucher en me livrant au jeu que voici : j’ai commencé par écrire les cinq premiers mots qui me venaient à l’esprit, puis cinq mots que je trouve beaux et enfin, cinq mots qui ne me plaisent pas.
Bergamote, jugulaire, fantasmagorie, pléthore et tintinnabulant sont les cinq premiers mots qui se sont présentés. Décidément, avec des mots pareils, j’ai bien fait de me vider l’esprit.
Quant aux cinq mots aimés, je me suis surprise à tous leur mettre des l : florilège, jouvencelle, caracole, anacoluthe et mirobolant. Le l étant une consonne liquide, ces mots sont en effet coulants, fluides, légers. Oui, c’est ça, ils ont des ailes.
Enfin, les arnaque, banque, bulldozer, brique et banqueroute me sont apparus à cette heure comme les moins sympathiques. Est-ce dû aux b et aux q, deux consonnes occlusives, ou au sens, je ne saurais le dire, mais dans un cas comme dans l’autre, ce ne sont pas des mots avec lesquels j’avais envie de dormir.
Puis, j’ai déposé ma tête sur l’oreiller. Et j’ai enfin pu rêver. Pas un mot, pas un son n’a tenu mon cerveau éveillé. Que des images plein l’écran.
Mais si, comme le veut l’adage, une image vaut mille mots, j’en conclus qu’il me reste passablement de ménage à faire pour mettre fin à mes nuits d’insomnie.
Une réflexion au sujet de « La chasse aux mots »
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Voici des mots qui me rejoignent et que je dévore du bout des yeux…