Depuis plusieurs mois, les courriels que je reçois du gouvernement comportent souvent un message visant à sensibiliser leurs destinataires au gaspillage du papier. Il se lit comme suit: «Devez-vous vraiment imprimer ce courriel? Pensons à l’environnement.»
Comme le dirait Jacques Lacoursière, rien de nouveau sous le soleil. C’est ce dont m’a fait part mon conjoint historien, qui a pu constater, dans ses recherches sur la forêt, l’existence d’une telle préoccupation sous le règne d’Adélard Godbout. La circulaire qui suit émane du chef de cabinet Joseph Bélanger et est destinée aux employés du Service forestier:
«Le premier ministre me charge d’attirer votre attention sur la nécessité qu’il y a d’économiser, de toutes les façons possibles, le papier qui est employé dans les différents services de l’administration provinciale. L’honorable M. Godbout a reçu dernièrement plusieurs correspondances, même du gouvernement fédéral, où les deux côtés du papier officiel étaient utilisés. Il est évident qu’en certains milieux le papier de toutes catégories se fait rare, et que si nous voulons éviter le rationnement, il vaut mieux commencer à économiser dès maintenant.»
«Pas nécessaire d’utiliser le papier à correspondance sur les deux côtés mais au moins adapter le format du papier à la longueur du texte. Ne pas utiliser des papiers de luxe pour des mémos, la correspondance interdépartementale, les rapports entre employés, et autres écrits de moindre importance. Réutiliser les formules démodées ou liasses de documents devenus inutiles pour les convertir en blocs-notes.»
À mon tour maintenant de vous demander (non sans rire, toutefois): Devez-vous vraiment imprimer ce billet? Conservez-le plutôt sur votre disque dur…
(Réf. : Archives nationales, boîte 7B 020 01-02-001A-01, 1960-01-038/ 1290 E21, dossiers A à C 1930 à 1944)