Le 8 juin 2009, le salon du livre de Montréal transmettait son appel annuel de propositions d’animation. C’était aussi l’occasion de soumettre des suggestions pour les invités d’honneur. La thématique du Carrefour cette année sera Le livre : une affaire de famille.
« Cette voie permet de traiter des rapports et des relations entre les adultes, les enfants, les adolescents et les aînés. [...] Cette thématique justifie également de puiser aux contenus de guides pratiques traitant, entre autres, de l’éducation des enfants, de la saine alimentation, du vieillissement, de la vie de couple [..] »
Bien évidemment, nous avons soumis la candidature de Caroline Allard, notre Mère Indigne. Elle nous semblait tout simplement incontournable. À notre grande surprise, elle n’a pas été retenue. Ce n’est pas dans nos habitudes de contester ce genre de décision, mais dans ce cas je n’ai pas pu m’empêcher d’écrire la lettre reproduite ici-bas à la direction du salon du livre de Montréal.
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Je ne vous cacherai pas que nous sommes extrêmement déçus d’apprendre que Caroline Allard n’a pas été retenue comme invité d’honneur au Salon du livre de Montréal 2009. Au-delà de la déception, c’est toutefois l’incompréhension qui me pousse à vous écrire ces quelques lignes.
Les Chroniques d’une mère indigne ont été l’un des événements littéraires du printemps. Les deux tomes sont restés plusieurs semaines aux palmarès des librairies, pour ne citer qu’Archambault et Renaud-Bray. Plus de 25 000 exemplaires vendus en quelques mois ce n’est pas commun.
L’adaptation en websérie par Radio-Canada a propulsé une auteure dans une autre sphère. En juin, les épisodes cumulaient plus de 500 000 visionnements, du Canada bien sûr mais aussi de la francophonie. Ce n’est pas pour rien que Caroline a été nommée l’une des auteures les plus influentes par Elle France.
En mars, Caroline était aussi l’une des ambassadrices du Québec au salon du livre de Paris, ou le premier tome de son livre était lancé par un éditeur français, Nouveau Monde éditions.
Lors de son passage à Tout le monde en parle, Caroline a brillamment défendu son point de vue original sur la famille, déclenchant une véritable vague de solidarité des parents qui pouvaient enfin sortir du tabou de la famille parfaite.
En novembre 2009, le Salon du livre de Montréal aura donc pour thème La Famille, sans pour autant inviter l’auteure qui aura cette année fait couler le plus d’encre sur ce sujet. Le Salon passe aussi à côté de la possibilité d’évoquer les nouveaux médias, les nouvelles technologies et l’émergence des webséries. Permettez-moi cette remarque : le salon manque le bateau !
Au fil des années, nous avons appris à nous débrouiller par nous-mêmes. Puisque, contrairement aux autres salons du livre au Québec, nous devons à Montréal organiser nous-mêmes nos animations, nous ferons de Caroline Allard l’invitée d’honneur du stand des éditions du Septentrion.
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4 réflexions au sujet de « Une mère trop indigne pour le Salon du livre de Montréal ? »
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Wow! Belle lettre percutante Gilles! Je suis entièrement d’accord avec toi: ils sont vraiment à côté de la traque, comme on dit.
Caroline Allard a dû être déçue…
Heureusement, ses lecteurs pourront quand même la voir et discuter avec elle du sujet de l’année: la famille!
Hé ben! Pendant plusieurs années, Septentrion a dû fonctionner sans trop d’espace dans les médias. Pas beaucoup de vedettes, des livres à petit tirage, des sujets trop sérieux. Avec la Mère indigne, la Maison entre dans une catégorie supérieure… sans trouver grâce auprès du SLM. Bizarre. Comme si la Mère était dans un « no [wo]man’s land ».
Cette lettre au ton bien calme provoquera sans doute une bonne discussion chez les membres de la direction du salon.
Pour l’instant, ce sont les perdants!
D.V.
Les déceptions n’en finissent plus lorsqu’il est question du Salon du livre de Montréal et de la valeur de leurs choix, qui semblent défier toute logique.
Chez Lux Éditeur, nous avions également proposé la candidature du grand historien Howard Zinn, auteur d’une magistrale « Histoire populaire des États-Unis » en 2006, alors que la thématique du salon portait sur l’histoire. Pour le salon, il importait peu que M. Zinn ait vendu des millions d’exemplaires à travers le monde (dont 10 000 au Québec) et soit aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands intellectuels progressistes américains.
Sa candidature avait été refusée sous le prétexte de la langue et de craintes que M. Zinn ne puisse s’exprimer parfaitement en français et faire la promotion du Salon du livre dans les médias.
Je suis parfaitement d’accord avec la conclusion de M. Vaugeois: avec de pareilles décisions, c’est le salon qui perd! Pour en témoigner, la conférence que nous avons organisé l’an dernier avec Howard Zinn a attiré 3000 personnes! Je ne parle pas d’un concert rock, mais bien d’une conférence d’historien! Sans fioriture, ni power point!
Mais n’oublions pas que lorsque le salon perd, ce sont également les lecteurs et les éditeurs qui en souffrent.
Bravo pour avoir publié cette lettre sur votre blogue et amorcé la discussion!