Les changements aux institutions et aux pratiques politiques qu’implique la démocratie participative sont si importants que peu de gens sont spontanément persuadés qu’une transformation de cette ampleur est réalisable et avantageuse. Il sera donc nécessaire de convaincre les citoyens un à un, ce qui nécessitera des efforts, du temps et sans doute des sacrifices financiers, de même qu’énormément de ténacité et de persévérance.
L’approche à utiliser est la même que celle qui s’impose lorsqu’on veut amener des individus à adhérer à un nouveau parti politique : les promoteurs doivent recruter des militants qui à leur tour réussiront à en attirer d’autres. La clé est la motivation des personnes concernées. Les intérêts du chef d’un nouveau parti sont évidents : il peut retirer de ce poste à la fois notoriété, prestige et pouvoir. C’est ce qui explique qu’un politicien soit prêt à consacrer à son projet beaucoup de temps, d’effort et d’argent. De la même façon, les sources de motivation des militants sont nombreuses et diversifiées; l’ardeur de ces derniers à la tâche est fonction des avantages qu’ils comptent en retirer.
Mais quels peuvent être les bénéfices que les promoteurs de la démocratie participative pourraient personnellement en obtenir ? Considérant le fait que les postes de délégués à l’Assemblée nationale seront attribués au hasard et que le fonctionnement très transparent de toutes les instances de l’État empêchera la distribution de faveurs individuelles, aucun militant ne peut espérer de gratification, sauf de nature tout à fait symbolique ou d’ordre moral.
Compte tenu de ce trait fondamental de la nature humaine qu’est la règle de la réciprocité, personne ne fait rien pour rien. Cette règle représente un obstacle de taille à la propagation de l’idée de démocratie participative : en l’absence de bénéfices personnels, les gens demeurent apathiques et indifférents.
2 réflexions au sujet de « Le principal obstacle à la démocratie participative »
Les commentaires sont fermés.
Vous présentez la critique la plus pertinente de la démocratie participative que j’aie lue à ce jour. S’il est impossible de mettre ce système en place, il a beau être le meilleur du monde, ça ne nous fait pas avancer d’un centimètre.
Lorsque les gens en auront ras le bol du copinage, de la prédominance des groupes de pression et de la corruption, alors surgiront des associations spontanées dans les médias sociaux et des groupes comme les Indignés pour réclamer une transformation radicale de nos institutions politiques. Les gens ne se contenteront plus de réformettes, mais voudront un changement drastique.