Quand on m’a parlé de « la lettre de l’abbé Panneton » (Le Nouvelliste, 8 août), j’étais catastrophé. J’ai tellement d’estime et d’admiration pour lui. On vient de me l’envoyer en même temps que la réaction [pas encore en ligne] de Djemila Benhabib (11 août).
Quel échange émouvant de deux grands esprits. L’abbé Panneton est ébranlé, inquiet. Il se veut généreux, nuancé tout au long de sa lettre mais il ne peut retenir à la fin ce qui l’a incité à l’écrire, à la faire publier. Ses questions sont insidieuses. Il les regrette sans doute déjà. Autour de lui, il a créé une certaine gêne. Il est un homme de réflexion. Il porte en lui un héritage dont l’intensité n’échappe pas à Madame Benhabib. En lisant la réponse de cette dernière, je me suis dit que ces deux-là vont devenir des inséparables. Ils ont besoin l’un de l’autre.
L’abbé Panneton est responsable de la formation d’une partie de la relève. Il enseigne à nos futurs leaders l’ouverture et l’échange. Il aura la chance inouïe de côtoyer une députée d’une qualité exceptionnelle et de la citer en modèle. Cette femme sera une bénédiction pour Trois-Rivières. Elle placera Trois-Rivières à l’avant-garde des ajustements inévitables que nécessite l’évolution du monde.
Trois-Rivières ne s’est pas développé en serre chaude, à l’abri du monde extérieur. Trois-Rivières est historiquement un carrefour, un lieu d’échanges. En préparant sa merveilleuse histoire du Séminaire publiée l’an dernier, l’abbé Panneton découvrait, un peu amusé, qu’un Hart comptait parmi les huit fondateurs de l’institution. Bien plus, ce Juif, Ezekiel-Moses Hart, était même celui qui avait sauvé l’entreprise.
Trois-Rivières a été le bassin des premiers voyageurs de l’Ouest et une remarquable terre d’accueil pour des milliers d’immigrants. Ceux-ci ont fait Trois-Rivières. Une petite communauté juive a relancé l’économie de Trois-Rivières et de la Mauricie au lendemain de la Conquête, suivie par des vagues d’Irlandais, de Scandinaves, etc. Quelques dynamiques familles libanaises, les Baraket, Nassif, Aboud, Courey ont pris la relève au début du dernier siècle. Aujourd’hui des Italiens, des Grecs, des Vietnamiens, des Arabes et combien d’autres viennent enrichir et agrémenter notre quotidien.
Trois-Rivières est une ville merveilleuse avec une étonnante vitalité culturelle. Elle a donné plus que sa part d’artistes, de créateurs, d’intellectuels à côté de rudes travailleurs et de scientifiques.
Avec Djemila Benhabib, Trois-Rivières sera présente plus que jamais. Pour avoir été député de Trois-Rivières pendant neuf ans et avoir travaillé toute ma vie à faire rayonner cette ville et cette région qui a accueilli mes ancêtres, je dois dire l’extrême fierté que je ressentirai quand je verrai une énorme majorité de Trifluviennes et de Trifluviens choisir Djemila Benhabib comme députée. Ce sera un grand jour!
Denis Vaugeois
Député de Trois-Rivières de 1976 à 1985