La décision de madame Blais de quitter la politique me désole. Elle fait une erreur. Il y a urgence d’expliquer aux députés ce qu’on attend d’eux. Le premier ministre pourrait trouver là l’occasion d’amorcer une vraie réforme parlementaire. Il est certain que ses proches conseillers tenteraient de l’en dissuader, tout en convenant en leur for intérieur que tôt ou tard, il faudra rendre au parlement et aux parlementaires le rôle qui leur revient.
Madame Blais souhaite des défis. Comme députée, elle a l’embarras du choix, mais il y aurait possiblement un prix à payer. Outre les « défis » inévitables que pose chaque comté, il y a les innombrables questions qui peuvent faire l’objet de mandats d’initiative. Or, les plus intéressants sont rarement, c’est-à-dire jamais, autorisés par le bureau du premier ministre, quel qu’il soit.
Récemment, Patrick Lagacé expliquait pourquoi il ne serait pas candidat. Il ne veut pas devenir une plante verte. Les exemples ne manquent pas pour justifier pareille opinion.
Un député qui ose s’affirmer et s’interroger à haute voix sur les mérites d’un élément, même mineur, de la ligne de parti ou d’une orientation prise par le bureau du premier ministre prend place parmi les indésirables.
Sous le leadership de madame Marois, le dossier de l’amphithéâtre a fourni un triste exemple qui sera lourd de conséquences. Cette fois, les députés récalcitrants feront les manchettes, mais la plupart du temps les différends restent secrets. Ainsi on n’entendra jamais parler du refus d’autoriser une commission parlementaire sur un sujet que des députés souhaitent étudier en toute liberté et avec les moyens appropriés.
Un jour, les députés ont élu leur président au vote secret. Le premier ministre d’alors avait avalé de travers. Et pourtant, en vertu de quelle règle le premier ministre peut-il se croire autorisé à se prononcer sur le choix de la personne qui dirige l’institution chargée de surveiller l’exécutif ?
Madame Blais veut un défi ? Qu’elle regroupe quelques députés autour de l’idée d’instaurer le vote secret. Évidemment, ce serait autant de députés sacrifiés sur l’autel de la démocratie ou encore recrutés parmi ceux et celles qui n’attendent aucune promotion. À la réflexion, je crois que ce n’est pas une bonne idée. Trop, c’est trop. Un de ces jours, une telle proposition pourrait plutôt être présentée par la présidence et soumise précisément à un vote secret.
J’ai quand même deux sujets possibles à suggérer : la pertinence de maintenir une allocation de départ quand un député démissionnaire a droit à sa pension (surtout d’examiner la pertinence des mots « prime de départ » ou « salaire différé ») ou encore qu’une commission parlementaire se penche sur « l’affaire Michaud ». Après 15 ans, n’est-il pas temps de faire la lumière, quitte à devoir passer aux excuses. Madame Blais a une image qui donnerait du sérieux à semblable démarche, sans compter que les moments difficiles vécus ces derniers temps la rendent encore plus sensible à l’injustice.
Les parlements ont besoin d’élu(e)s sans autre ambition que celle de servir. Là est le vrai défi.