Dans le passé, les électeurs choisissaient des notables pour les représenter dans les parlements fédéral et provincial. Ces personnes – médecins, avocats, notaires, commerçants prospères – étaient considérées comme des élites chargées de guider le bon peuple, plupart des gens étant peu instruits, sinon analphabètes.
La politique n’attire plus autant les notables qui de nos jours sont des gens d’affaires plutôt que des membres des professions libérales. On doit donc se contenter d’élire des gens ordinaires qui, le plus souvent, aspirent à faire de la politique une carrière.
Il n’en reste pas moins que ceux qui sont élus et qui ont la chance de devenir ministres se voient investis d’une mission spéciale et se considèrent comme au dessus de la plèbe, d’autant plus que leur entourage, en plus de les isoler de leurs électeurs, les flattent et les adulent sans vergogne. On ne qualifie plus les ministres «d’honorables» et les premiers ministres de «très honorables», mais beaucoup de gens les perçoivent comme plus grands que nature.
Les gouvernements se voient confier par les électeurs un mandat dont la durée est habituellement de quatre ans et, comme je le souligne dans mon livre, le problème est que la démocratie élective établit une profonde séparation entre les gouvernants et les gouvernés : les élus ont le pouvoir d’agir à leur guise durant toute la durée de leur mandat. Les ministres et en particulier le premier ministre se perçoivent comme des élites chargées de diriger la société. Ils sont bien sûr imputables devant les électeurs, mais pas avant la prochaine élection.
De plus en plus de gens, cependant, n’acceptent pas cette conception de la politique selon laquelle un pouvoir sans droit de regard est donné aux gouvernants. La population, plus instruite et mieux informée, s’estime en mesure de décider elle-même de ce qui est préférable pour la société. La démocratie élective ne lui laisse cependant pas beaucoup d’emprise pour ce faire.
Le concept d’élite politique est dépassé. Peu de gens croient à présent que les dirigeants politiques ont plus de clairvoyance, de discernement, de lucidité, d’intelligence et de jugement que peut en avoir une opinion publique bien informée. C’est pourquoi nous somme mûrs pour la démocratie participative.
Une réflexion au sujet de « Avons-nous besoin d’élites politiques ? »
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Les gens qui ont du succès dans leur carrière hésitent à se lancer dans l’arène politique. Le choix des électeurs se fait entre des candidats le plus souvent médiocres. Il est donc difficile de considérer nos politiciens comme des «élites».