Le 13 mars dernier, j’ai participé avec Mme Françoise David, porte-parole de Québec solidaire, à une table ronde dont le sujet était : «Faire de la politique autrement». Cette rencontre avait été organisée par la Librairie Paulines de Montréal. Une quarantaine de personnes assistaient à cet événement.
Nous nous sommes tous deux mis d’accord sur un certain nombre de déficiences de notre système politique : la complicité évidente entre le pouvoir politique et le pouvoir économique, la discipline de parti parfois excessive, les grands partis politiques qui sont des machines électorales plutôt que des outils pour élaborer des programmes politiques, le rôle passif des simples députés et la tendance des médias à mettre l’accent sur le sensationnel.
Nous avons aussi tous les deux reconnu la nécessité de transformer nos institutions démocratiques et de valoriser l’action citoyenne. Les divergences se situaient cependant au niveau des moyens. Mme David a insisté sur une réforme du mode de scrutin pour introduire des éléments de proportionnelle, alors que j’ai proposé l’approche de démocratie participative qui permet de se débarrasser des partis politiques et d’enlever tout moyen de pression aux groupes d’intérêts.
Les interventions des participants ont permis de constater l’existence d’un consensus sur l’importance de l’action communautaire et la nécessité de donner une large place à la participation citoyenne. Contrairement à des intervenants rencontrés dans d’autres circonstances qui ont émis de sérieux doutes sur la propension des gens à consacrer du temps et des efforts aux affaires publiques, les participants à cette soirée se sont montrés tout à fait convaincus de la faisabilité et de l’intérêt d’accroître l’implication de la population en politique. Il ne m’a cependant pas été possible de mesurer leur ouverture à l’idée de remplacer la démocratie élective par une démocratie participative.
Plusieurs participants ont toutefois semblé plus intéressés par une transformation du système économique que par une réforme du système politique. Pour ma part, je considère tout à fait irréaliste d’espérer changer le régime économique, car il s’agit d’un système mondialisé sur lequel nous n’avons aucune prise. Le système politique, par contre, est fait d’un ensemble d’institutions et de pratiques que les Québécois peuvent décider de modifier sans attendre de permission de personne. Mais, pour bien des gens il est plus satisfaisant de rêver à des chimères que de travailler à des projets concrets.
Une réflexion au sujet de « Table ronde avec Mme Françoise David »
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Le système économique est pour les gens une réalité plus concrète que le système politique. Les identités de travailleur et de consommateur sont plus importantes pour les individus que celles de citoyen et de contribuable. Il n’est donc pas surprenant que les gens soient plus intéressés par l’économie que par la politique et qu’ils ne consacrent que peu d’attention à cette dernière.