Toute tentative de mise en place de la démocratie participative susciterait à coup sûr un affrontement intense entre les partisans et les adversaires de ce nouveau système politique. Les opposants les plus virulents seraient évidemment les chefs des partis politiques, ainsi que leurs militants, membres, contributeurs et sympathisants. Le deuxième groupe d’adversaires serait sans doute composé des dirigeants et des membres des groupes de pression qui tirent le plus de bénéfices du système actuel. Un troisième groupe réunirait des gens qui, sans être membre d’un puissant groupe d’intérêt, font partie des privilégiés du régime actuel, un système qui donne à des groupes d’électeurs comme les personnes du troisième âge et les artistes, un poids considérable. Il y aurait enfin ceux qui ne peuvent accepter l’idée d’abandonner un droit de vote dont l’obtention, en ce qui concerne les femmes en particulier, a fait l’objet de longues et chaudes luttes.
Les partisans d’un nouveau régime politique, par contre, se recruteraient dans les rangs des citoyens ordinaires : les travailleurs, les consommateurs, les contribuables, les usagers des services publics, tous ceux en somme dont les intérêts collectifs priment sur les intérêts particuliers. Ces personnes sont cependant celles qui s’impliquent le moins dans les débats politiques et qui sont les moins portées à faire valoir publiquement leurs idées.
Les forces en présence seraient donc, d’une part, un ensemble qu’on peut estimer entre 20 et 30% de la population qui est la plus susceptible d’être active politiquement, face à une majorité réunissant un grand nombre de gens, mais qui se confinent à un rôle passif.
On peut croire que les individus qui risquent de perdre des privilèges se battront énergiquement pour conserver leurs acquis. Ceux dont la motivation se limite à un avenir collectif meilleur seront naturellement moins déterminés à promouvoir le changement.
Il existe donc un déséquilibre entre les forces en présence : une minorité de gens fortement déterminés face à une majorité plutôt silencieuse et passive. Seule une conjoncture permettant une forte mobilisation de cette majorité permettrait d’enclencher un processus de changement.
Une réflexion au sujet de « Les forces en présence »
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Pour former une coalition gagnante afin de réaliser la démocratie participative, il faut espérer qu’une majorité de gens fassent passer leur identité de citoyen ordinaire et l’intérêt public avant leur appartenance à un groupe de pression et la défense de leurs bénéfices particuliers. Cette situation pourra se concrétiser lorsque le niveau de lassitude face aux partis aura atteint son paroxysme et que la population aura perdu confiance dans le système actuel à cause d’une corruption endémique.