Schèmes mentaux et mœurs politiques

La démocratie participative appelle à une transformation de la façon de concevoir la politique. Elle exige à la fois une modification des schèmes mentaux et un changement des mœurs politiques.
La démocratie élective s’appuie sur des schèmes mentaux établis depuis plusieurs générations. Modifier des traditions aussi bien ancrées n’est pas chose facile. La première réaction de bien des gens devant des propositions avant-gardistes comme la démocratie participative est d’affirmer qu’elles sont irréalistes.
L’histoire fournit plusieurs exemples de tels schèmes mentaux qui freinent l’application de nouvelles idées ou de nouveaux systèmes. Le cas de la monarchie est particulièrement instructif. Dans son livre Une histoire populaire de l’humanité (Boréal, 2012), Chris Harman rappelle qu’au moment de la Révolution française, la monarchie régnait depuis plus d’un millénaire et jouissait d’un pouvoir incontesté depuis cent cinquante ans. Il affirme que «presque tous étaient convaincus de la pertinence de la monarchie» (page 312) et ne voulaient que restreindre les pouvoirs du roi. Un renversement de la monarchie était tout à fait impensable. Ce n’est que lorsque les révolutionnaires furent emportés par la frénésie de la décapitation que le roi fut exécuté. Il est évident qu’une action réfléchie n’aurait jamais conduit à un tel geste.
Il est facile de comprendre que l’abolition des élections et la disparition du droit de vote sont des idées qui bousculent les schèmes mentaux des gens.
Au-delà des schèmes mentaux, il faut constater que la motivation en politique tourne autour des ambitions personnelles, des intérêts de classe et des idéologies. Suivant les mœurs politiques actuelles, nous acceptons que les décisions soient prises sur la base des intérêts des divers groupes économiques et sociaux et que les idéologies fassent partie de l’équation. L’idéal serait cependant que les politiques publiques soient dictées par le bien général et soient déterminées suite à une analyse objective des faits, sur la base des enseignements historiques et des expériences faites ailleurs, ainsi qu’en tenant compte des données de la science et des valeurs humanistes largement partagées dans notre société.
Pour en arriver à un système dont le moteur est la bonne gouvernance plutôt que les intérêts particuliers et les idéologies, des progrès de civilisation seront nécessaire. Il faudra des avancées du même ordre que celles qui ont permis de remplacer la violence par les urnes dans la conquête du pouvoir. Les mœurs politiques changent lentement. On ne peut qu’espérer que l’évolution ne prenne pas des siècles…
Ce blogue fait maintenant relâche. Je remercie tous ceux qui m’ont offert leurs commentaires et j’invite les personnes qui veulent poursuivre la discussion à me rejoindre à l’adresse jeanlaliberte@ymail.com.

6 réflexions au sujet de « Schèmes mentaux et mœurs politiques »

  1. Les révolutionnaires américains de 1776 ont su mettre de côté leurs schèmes mentaux axés sur la monarchie pour inventer le régime présidentiel qui a par la suite été copié par de nombreux pays à travers le monde. Si les Américains ont su faire preuve de créativité pour remplacer la monarchie, pourquoi ne pourrions-nous pas nous aussi réinventer la démocratie ?

  2. Au XVIIIe siècle, la plupart des gens étaient analphabètes et le poids des traditions était bien supérieur à ce qu’il est maintenant. On ne peut donc comparer la force des schèmes mentaux de cette époque avec celle d’aujourd’hui. Lorsque les gens se rendront compte du degré de corruption engendré par le système de partis et réaliseront les immenses qualités d’un système de démocratie participative, ils opteront pour le changement.

  3. La démocratie participative n’est sans doute pas pour demain, mais il faut vous remercier chaudement pour votre contribution à l’évolution des idées politiques. Votre livre constitue un apport appréciable à la science politique, de même qu’un legs remarquable à la société.

  4. Il devrait s’avérer plus facile de remplacer la démocratie élective par la démocratie participative qu’il ne l’a été pour se débarrasser du régime de monarchie absolue. Après tout, la démocratie participative permettra de conserver Élizabeth II comme reine !

  5. Les mœurs politiques sont largement conditionnées par les institutions, en particulier les partis politiques qui ne peuvent s’empêcher de présenter des informations biaisées, de même que les élections qui obligent les politiciens à amasser de l’argent et à favoriser les groupes d’intérêts pour obtenir des appuis. La démocratie participative transformerait les mœurs politiques en abolissant le rôle de l’argent et en privant les groupes de pression de toute influence. Elle permettrait aussi la fin du mensonge en politique et une grande transparence dans l’étude des problèmes et la prise de décision. Cette transparence nous mettrait à l’abri de tous les excès qu’on constate actuellement.

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