Pour mieux se comprendre

On a beau avoir de l’instruction, cela ne nous assure pas d’une compréhension à tous les égards. La preuve : n’étant pas originaire de la Beauce, parfois je ne saisis pas le langage de ceux qui en sont natifs. Et pourtant, j’y réside depuis plus de vingt ans!
La semaine dernière, encore, j’ai cru que l’on voulait me faire découvrir deux nouveaux animaux : le guibbou et le ghièv. Mais à la façon dont on a réagi à mon ignorance, j’ai compris qu’il ne s’agissait sans doute encore une fois que d’une question de prononciation. Aussi, en laissant les mots rouler dans mes oreilles sans leur chercher de signification, guibbou a facilement accouché de hibou. Mais j’ai mis plus de temps à dépister le lièvre.
N’empêche que j’ai fait des progrès depuis mon arrivée dans ce coin de pays. Je peux répondre aujourd’hui que oui, moi aussi j’ai de la chicane dans mon jardin, même si ce n’est pas pèghiant (les navets coûtent en effet si peu cher qu’il ne faut pas les cultiver dans le but d’épargner de l’argent). Et puis, pas besoin de suire un cours pour obtenir de bons résultats. Cé vré, ça prend arghien en toute, juste un peu d’ouvrage. En plus, ça se mange tousseux. À moins de faire la fine yheule, évidemment.
Dans la dernière phrase, outre la déformation du mot gueule, vous avez peut-être remarqué que l’on a confondu fine gueule (gourmet) et fine bouche (être difficile sur la nourriture). Je me garde bien d’en faire la remarque, cependant, car je n’oublie pas que je ne suis pas une petite fille de la place.
La plupart du temps, comme vous pouvez le constater, il s’agit de décoder des prononciations particulières. Et ce n’est pas toujours facile. Peut-être aboutirai-je un jour à la rédaction d’un dictionnaire beauceron. Mais il me reste encore passablement de défrichage à faire…
Et vous, connaissez-vous des prononciations qui sortent de l’ordinaire? ou des dictionnaires de prononciations fautives? Si oui, ne soyez pas égoïstes, partagez ces trésors avec nous!

8 réflexions au sujet de « Pour mieux se comprendre »

  1. Il me vient un mot tout de suite à l’esprit en lisant ce si joli texte. Je viens de la Gaspésie et malgré les quelques fois où j’ai repris ma mère sur la prononciation du mot septembre, elle ne peut s’en empêcher… Le beau mois de septembre sera toujours pour elle le mois de seCtembre!! Rien à faire !!
    Fabienne Chassé

  2. Ah! merci Fabienne! En Beauce aussi on dit cela. Je l’avais oubliée cette pronociation, mais je n’étais pas certaine non plus de la lettre inattendue; je crois que vous avez raison, c’est un « c ».

  3. Étant d’origine belge, je suis victime plus souvent qu’un autre de mon accent. Le mois de septembre est pour mois une calamité, vu que je prononce « setembre ». Sans le « p ». Pour me défendre, j’argue qu’on dit bien « sculteur » mais, dans le fond, je sais bien être dans le tort.
    Par contre j’ai eu ma petite revanche lors d’une discussion sur une couverture. Fallait-il poser un laminage brillant ou mat ? Si les Québécois prononce volontiers « ma », la pronociation suggérée est « matte ».. Na !
    Ceci dit, après 8 ans de vie au Québec, j’ai su m’acclimater et user à mon tour de la prononciation locale, l’accent en moins.

  4. Voilà qui me rassure ! Je vis moi aussi en Beauce depuis 4 ans et suis d’origine belge. Je ne vous dis pas les difficultés que j’ai à suivre une conversation entre beaucerons !!! Alors, ne tardez pas à publier un petit dictionnaire beauceron … j’en serai certainement une de vos premières lectrices !

  5. Bonjour madame Lachance,
    Mon message n’est pas un commentaire mais une question. Je me demande bien qui gagne les salaires dont vous parlez dans votre livre en page 163. J’ai fait de la révision linguistique pour quelques maisons d’édition et je suis loin d’atteindre les tarifs indiqués…Les éditeurs ne veulent pas payer cher pour la correction de leurs manuscrits et j’ai même vécu l’expérience d’un éditeur qui ne paie pas du tout pour le premier travail que l’on effectue chez lui…Je ne comprends pas non plus pourquoi un traducteur devrait être mieux rémunéré qu’un réviseur; bien souvent, le traducteur aurait avantage à être relu par un réviseur…
    Jocelyne Vézina de Rimouski

  6. Comme je l’ai indiqué dans le livre, ces tarifs ont été puisés dans un répertoire de Travaux publics Canada et il s’agissait d’offres de service de la part de travailleurs à l’ensemble des ministères et organismes fédéraux qui, eux, faisaient leur choix parmi ces propositions. Et je suis d’accord avec vous que les maisons d’édition ne sont probablement pas les donneurs d’ouvrage qui offrent les rémunérations les plus élevées (mais en contrepartie, ce sont souvent les travaux les plus intéressants). D’où l’importance d’une bonne diversification de clients…

  7. Dans sa publicité, M.Charest dit : « La première priorité ». Est-ce un pléonasme vicieux ?
    Merci et au plaisir.

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