Je n’ai pas été prudente. Peut-être y a-t-il d’autres travailleurs autonomes comme moi qui, dans les dernières années, ont mis presque tous leurs œufs dans le panier des gouvernements. Pourtant, y a-t-il plus instable qu’un gouvernement? Et je ne parle même pas de la capacité des partis à se maintenir au pouvoir, ni même d’une allégeance quelconque qui nous permettrait d’obtenir des contrats. Non, seulement des règles d’attribution de ces derniers.
Par exemple, dans le cas d’un ministère (que je nommerai pas), il fallait, il y a une quinzaine d’années, être un particulier pour en obtenir des contrats de révision comme pigiste; une entreprise n’y avait pas droit. Quelque cinq années plus tard, pour le même type de contrats, ce ministère demandait à ses pigistes de se convertir en entreprises, une enseigne extérieure en faisant foi ou encore, le relevé de compte d’un téléphone d’affaires. Je me suis alors inscrite comme telle auprès de l’Inspecteur général des institutions financières de même que de ma compagnie de téléphone, voyant du même coup mon compte passablement augmenter. Dans les faits, rien n’avait changé pourtant, je faisais toujours le même travail dans le même bureau, à la maison, mais sous un nouveau nom.
Et voilà qu’à plus ou moins brève échéance, tout est appelé à changer encore une fois. Compte de téléphone d’affaires ou pas, cela n’aura plus d’importance, les preuves à fournir étant d’un autre ordre. À lire le document d’une soixantaine de pages renfermant les nouvelles règles, je me suis demandé si le but n’était pas d’éliminer les travailleurs autonomes. Vous en connaissez, vous, des travailleurs autonomes qui ont des normes ISO? J’exagère à peine; s’il ne s’agit pas de normes ISO, il faut tout de même présenter des mécanismes d’assurance qualité: organisation du travail, contrôle des résultats, etc. Il faut aussi disposer d’une relève (qui ne peut faire partie de «l’équipe proposée» et qui doit répondre aux mêmes conditions que le «fournisseur principal»), présenter des travaux déjà réalisés afin qu’ils soient évalués par un comité d’experts et avoir déjà des mandats similaires avec cinq autres clients.
Je ne sais combien d’heures j’ai consacrées à la préparation de mon dossier de candidature (non payées, bien entendu, en plus d’avoir dû débourser 36,78 $ pour prendre possession dudit document, prix comprenant l’inscription préalable auprès du service chargé de le vendre).
Il me faudra tout de même recommencer, l’appel d’offres ayant été annulé deux semaines plus tard, un nouveau règlement devant entrer en vigueur…
C’est donc sur la glace pour le moment. S’il y a une suite, on me demandera d’acheter un nouveau document (après une nouvelle inscription), qui me mènera à la préparation d’un nouveau projet, pour un nouvel appel d’offres d’une durée de… à peine plus d’un an. Car une toute nouvelle procédure est déjà prévue pour juin 2009.
2 réflexions au sujet de « Et que ça change! »
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Comment dire combien cette description d’un ridicule consommée me rentre dans le corps ! Ça me dépasse totalement qu’on soit aussi peu efficace en se tenant aussi loin de l’être humain expérimenté. Car après tout, c’est ce que vous êtes et ils en ont les preuves depuis le temps. C’est vraiment à croire que les règles passent avant tout ! On finit par se demander s’il n’y a pas des postes dont la tâche principale est d’inventer et de rédiger des règlements et que ces postes-là doivent être maintenus en place! Car sinon, comment comprendre ces aberrations ?! Je le répète, ça me dépasse totalement. Je suis peinée pour vous, et pour nos deniers qui sont si mal gérés.
Franchement! Ils se foutent de notre gueule, comme on dit.
Notre travail est de réviser, pas de remplir des formulaires et de monter des dossiers! La perte de temps et d’argent! C’est aberrant!