J’aime bien des prédictions, mais généralement j’attends vers la fin du Festival. C’est bien normal.
Cette fois, les six premiers films que j’ai vus m’ont tellement impressionné que je me lance dès aujourd’hui.
Je vois mal qui pourrait ravir le prix d’interprétation à Michael Fassbender l’intreprète principal de Hunger (pour A hunger for freedom).
Pour incarner le rôle de Bobby Sands, un leader de lRA mort après 66 jours de grève de la faim, il a dû maigrir à l’extrême. Son poids normal est d’environ 73 kilos et il a baissé jusqu’à 59 kilos. Dans les dernières scènes, on voit un cadavre qui n’a vraiment que la peau et les os. Il est tellement sensible qu’on installe au-dessus de son corps une armature sur laquelle on place une couverture. Une telle maigreur, volontaire, est-elle possible ? À défaut de trucage, il y a certes de subtils jeux de caméra.
On ne pouvait cacher aux familles, donc au public la grève de certains militants. Les parents avaient un droit d’ultimes visites. La mère de Bobby viendra poser ses lèvres sur le front de son fils rendu à la dernière extrémité; il ne peut faire plus que de remuer les paupières. Résignée, infiniment triste mais non révoltée par le sacrifice de son fils dont la mémoire reste très vive en Irlande du Nord. Ce n’est pas le premier film sur ce sujet et ils font tous réfléchir. Et ils font peur!
Dans Leonera, film argentin signé par Pablo Traperon, une comédienne, cette fois, s’implique physiquement au-delà des exigences les plus grandes.
Soupçonnée de meurtre, elle est incarcérée. Au moment de la fouille à nue, la surveillante lui demande: « Vous êtes enceinte ?- Ou i- Depuis quand ?- Je ne sais pas ». On la reverra à la fin de sa grossesse sortant de la douche. Pas de trucage possible. Elle accouchera en prison et sait qu’elle pourra garder son enfant jusqu’à l’âge de 4 ans au maximum. Quelle peine l’attend ? J’y reviendrai sans doute. Pour l’instant, je veux souligner la performance de Martina Gusman qui incarne Julia dite Leonera ou, selon ce que j’ai compris, la lionne, celle qui protège et défend sa progéniture de toute son énergie. Ce film est étonnant aussi par cet univers carcéral féminin qui accueille les femmes avec des enfants.
Michael Fassbendder et Martina Gusman ont de fortes chances de décrocher un prix d’interprétation.
Hunger devrait en outre se mériter une place au palmarès.