Les nouvelles en provenance de Kanesatake vous désolent. D’ici peu, vous aurez une énorme consolation. Le film de Matteo Garrone intitulé Gomorra vous fera plonger dans un monde qu’on ne peut imaginer. Pourtant Garrone peut en parler puisqu’un tel univers existe. Dans un docu-roman publié en 2006, le journaliste italien Roberto Saviano fait indirectement la lumière sur la mafia napolitaine dite La Camorra.
Aujourd’hui Saviano est millionnaire grâce au succès de son livre (Gomorra), mais il est menacé de mort et vit sous la protection de la police. Les chiffres qui sont donnés à la fin du film sont terrifiants, mais les ramifications de cette mafia le sont encore davantage. Ce film est d’une troublante actualité. À moins de 200 kilomètres de Rome, règne une véritable « dynamique de guerre ». Le nouveau président italien Berlusconi a convoqué son conseil des ministres à Naples aujourd’hui, mercredi 20 mai. Le journal Libération fait la une avec des montagnes de déchets au coeur de la ville. Comme à peu près tout le reste, la gestion des ordures est sous le contrôle de la mafia (La Camorra).
Pour donner une idée de l’ampleur, le réalisateur nous propose cinq histoires entrecroisées : le sympathique Toto, 13 ans, qui rêve d’appartenir à la mafia. Il fait très tôt ses preuves en ramenant aux truands un sac de cocaïne et un fusil dont l’un d’entre eux s’est débarrassé à l’arrivée de la police. Don Ciro, comptable de son clan, qui distribue de l’argent aux familles dont l’un des membres est tombé au champ d’honneur ou est en prison. Marco et Ciro qui agissent comme indépendants avant ‘être abattus. Roberto a fini ses études et trouve un premier emploi auprès de l’un des responsables de la section des déchets toxiques.Enfin, Pasquale, grand couturier, qui cède à l’invitation des Chinois d’enseigner son savoir-faire à leur personnel.
Toutes ces histoires se terminent mal, parfois sous nos yeux, parfois par sous-entendus. Ainsi qu’arrive-t-il à Roberto qui renonce à se faire complice des tristes combines qu’on lui propose.
Franchement, la réalité que propose Matteo Garrone dépasse l’entendement. Il a compté 3 600 morts depuis sa propre naissance. il faut voir d’où provient l’argent et à quoi il sert. Trafic de drogue et d’armes à feu, contrebande de tout genre, trafic de cigarettes. Plus subtilement, extorsion de fonds auprès des entreprises et commerces de la région sous forme d’un impôt appelé Pizzo, également contrôle de commerce tout à fait légal comme celui de la viande ( on y a déjà goûté) ou des fleurs, contrôle d’offres publiques de chantiers. Tiens! Tiens!
Le film est une fiction construite à partir de l’enquête menée par Roberto Saviano. Il faut voir le film et lire le livre. Kanesatake ai-je écrit? Oui pour provoquer.
Si je me regarde, je me désole, si je me compare, je me console.