Après une trop longue absence causée par des problèmes informatiques, me voilà de retour. D’ailleurs, ce billet me trotte dans la tête depuis longtemps alors que, au fil de mes lectures des derniers mois, je n’allais que de déception en déception. Pour un lecteur toujours avide de petits bijoux littéraires, c’est pour le moins frustrant. C’est un peu le revers du métier de libraire qu’on a tendance à idéaliser comme si nous ne lisions que de bons livres dans un plaisir toujours renouvelé. Ce n’est malheureusement pas le cas. Ce texte en sera la preuve.
Pour me libérer de ma frustration, j’ai pensé la partager avec vous. J’aimerais aussi que vous me fassiez part de vos propres déceptions question de se faire du bien ensemble.
Les titres choisis ne comprennent que ceux d’auteurs dont j’avais particulièrement aimé le travail auparavant.
Voici ce que ça donne:
- L’angoisse des poulets sans plumes de Sébastien Chabot (Trois Pistoles) : Tout est trop dans ce second livre de l’auteur du surprenant premier roman Ma mère est une marmotte. Un peu de sobriété dans l’écriture n’aurait pas fait de torts à son histoire familiale pour le moins tordue. Malgré tout, on lui donnera une troisième chance.
- Le labyrtihne du temps de Maxence Fermine (Albin Michel): Cette pâle arabo-fable pour adulte ne parvient jamais à décoller. On a du mal à croire qu’elle provient de l’auteur qui a signé le superbe roman Amazone. Fermine commence peut-être à souffrir du syndrome de surproduction dont souffre Amélie Nothomb. Un prochain titre décevant pourrait me faire décrocher.
- Un peu de désir sinon je meurs de Marie Billetdoux (Albin Michel): Ici, sont consignées les lettres que l’auteure envoie à son éditeur pour lui faire part de son désarroi existentiel suite au décès de son mari. Jamais on ne se sent partie prenante de son tourment et on s’ennuie de Raphaële qui nous avait donné de bons romans comme Mes nuits sont plus belles que vos jours.
- Une odyssée de Julien Bouissoux (de l’Olivier): L’odyssée en trois étapes un peu absurbe mais jamais drôle à laquelle nous convie l’auteur ne va nulle part. Il aurait eu intérêt à en faire trois histoires disctinctes plutôt qu’un interminable roman sans queue ni tête. N’est pas Martin Page qui veut. On ne reconnaît pas l’auteur du sensible et profond Juste avant la frontière.
- La mer de la tranquillité de Sylvain Trudel (Les Allusifs): Une qualité exceptionnelle d’écriture (c’est la cas ici) ne fait pas nécessairement des livres extraordinaires. Ce recueil de Sylvain Trudel en est un bel exemple. Comme toile de fond, il utilise les thèmes éculés du sexe, de l’enfance et de la religion sans aucune originalité. On croirait lire un livre écrit il y a 25 ans. Si vous ne l’avez jamais lu, il faut lire Le souffle de l’harmattan.
- Eldon d’or d’Emilie Andrewes (XYZ): Avec ce deuxième titre, Émilie Andrewes semble avoir oublié de raconter une histoire intéressante pour rejoindre le lecteur. Si son écriture floue et l’intensité des personnages avaient séduit dans Les mouches pauvres d’Ésope, c’est plutôt un sentiment d’indifférence qu’elle crée dans Eldon d’or. Dommage! On peut permettre une faiblesse à cette très jeune auteure talentueuse.
- Chaque jour est un arbre qui tombe de Gabrielle Wittkop (Verticales): Ce roman posthume de cette auteure plutôt bizarre ne contient pas la force dont elle a su faire peuve par le passé. Le titre est sujet à une moquerie facile que je ne ferai pas. Je vous mets plutôt au défi de lire La marchande d’enfants. C’est le roman le plus dérangeant que j’ai pu lire de ma vie. Pour lecteurs qui sont capables d’en prendre.
- Ni toi ni moi de Camille Laurens (P.O.L.): Ce nouveau roman de Camille Laurens n’est pas mauvais en soi mais il n’est pas non plus à la hauteur de son talent. En lisant Ni toi ni moi, dans lequel elle transforme habilement ses échanges de courriels avec un cinéaste travaillant à l’adaptation d’un de ses textes, on y décèle un potentiel qui n’aurait pas été exploité complètement. La dernière partie sauve la mise mais c’est trop peu trop tard malheureusement. On lira les suivants sans hésitation. Je conseille fortement Dans ces bras-là, un superbe hommage aux hommes.
Voilà! Je me sens déjà mieux (et légèrement méchant
12 réflexions au sujet de « Deception Point »
Les commentaires sont fermés.
J’espère que ce ne sont pas les blues de l’automne qui vous ont fait voir vos dernières lectures de la même couleur (grise). Je suis particulièrement déçue pour ce qui est du livre de Sylvain Trudel; je ne l’ai pas lu, mais comme j’avais beaucoup aimé ses précédents, justement à cause principalement de son écriture, j’avais hâte de lire ce recueil.
Non, soyez rassurée, ce n’est pas le blues de l’automne. Mes dernières lectures ont été plutôt stimulantes (vous en saurez davantage prochainement). Pour le Trudel, vous pouvez toujours tenter votre chance. Il vous plaira peut-être?
Habituellement, je me fiche bien de ce que disent les critiques de mes livres, que les commentaires soient bons ou mauvais (moi-même je n’aime pas tout ce que je lis, donc je ne m’attends pas à ce que tout le monde aime ce que j’écris), mais parfois j’interviens, pour la forme, pour mettre mon grain de sel dans l’engrenage, ou pour rire, spécialement quand quelqu’un raconte un peu n’importe quoi publiquement. En l’occurrence, M. Simard me reproche d’avoir recours aux « thèmes éculés du sexe, de l’enfance et de la religion… » Or, je ris en lisant ces mots, puisque tout le monde sait, ou devrait savoir (et spécialement un libraire), qu’en littérature il n’y a pas de « thèmes éculés », mais que toute matière est digne de l’écrivain. Croire qu’il y aurait des thèmes éculés est un dogme franchement… euh… éculé…!
Cela dit, revenons à nos moutons: il n’est à peu près pas question de sexe dans mon livre (j’en vois qui sont déçus), à peine quelques passages qui équivalent peut-être, tout compte fait, à une ou deux pages (!) sur au moins 175 pages bien tassées, ce qui n’est rien par comparaison avec ce qui se publie aujourd’hui (et ce qui me porte à croire que M. Simard, hélas, fait des fixettes, ou qu’il lit par le mauvais bout de ses lunettes, et je m’inquiète pour lui).
Deuxièmement, je traite parfois de l’enfance, c’est vrai (d’un point de vue radicalement différent de Macaroni tout garni, j’en conviens cependant), mais cela ne concerne peut-être que le quart du livre, ce qui me semble en adéquation avec la vie réelle d’un être humain (et par ailleurs il est abondamment question de la vieillesse, de l’âge mûr, de la maladie, de la souffrance, de la mort, de la solitude, de la pauvreté, de l’adolescence et du début de l’âge adulte, mais M. Simard n’en a cure, parce que ces faits contredisent sa thèse maigrichonne).
Quant à la religion, il en est question dans deux ou trois nouvelles (et pourquoi pas? c’est l’un de mes sujets de prédilection, vous n’allez tout de même pas me déculotter, morbleu!), mais d’autres nouvelles en sont complètement dépourvues (et puis, pour être exact, il faudrait dire qu’il est plutôt question de Dieu, que c’est la notion même de Dieu qui est parfois reniée, et pour être honnête, ou pour s’élever au-dessus du commérage, l’attaque de M. Simard devrait nous dire, arguments à l’appui, en quoi cette remise en question ne serait pas valide).
Ce que je veux dire, c’est que M. Simard peut bien me traiter de singe s’il le veut, pour peu qu’il ait la preuve que j’en suis un, mais ses commentaires sur mon livre prouveraient plutôt qu’il ne l’a pas lu, ou bien qu’il n’en retient que les passages qui l’embêtent (mais qui au fond lui permettent de se faire du bien, il l’avoue lui-même bien candidement, et de rechercher des amis comme lui qui ont tous besoin de se faire ce bien en groupe, ce qui devrait me valoir des remerciements, non?, moi qui suis la source de tant de bien — pour à peu près 20 dollars, quelle aubaine, quand même!).
Les commentaires de M. Simard pourraient tout aussi bien prouver qu’il ne sait pas lire plus loin que son nez, ce qui serait plutôt étonnant pour un libraire, et donc je n’ose rien affirmer (mais suivez mon regard…).
Et puis M. Simard dit que mon livre aurait pu être écrit il y a 25 ans, or six nouvelles sont absolument contemporaines, sauf les trois premières, qui relatent des souvenirs, eh oui, des souvenirs, et je n’y peux rien, moi, si les souvenirs se situent dans le passé… Et puis, selon les critères esthétiques lumineux de M. Simard, j’imagine qu’il ne faut pas lire le roman Les Bienveillantes, « parce qu’on dirait que ç’a été écrit durant la Seconde Guerre mondiale »…
Sur ce, je souhaite très cordialement de bien bonnes choses à toutes et à tous, lectrices et lecteurs, blogueuses et blogueux, Québécoises et Québécois, stars et starlettes, hommes et omelettes, etc.
Je suis d’accord avec vous Monsieur Trudel pour l’idée des thémes éculés. Sinon, j’ai pris la peine de lire votre recueil en entier (je ne parle jamais des livres que je ne finis pas) car j’adore ce que vous faites habituellement. « La mer de la tranquillité » ne m’a malheureusement pas rejoint, d’où la déception. Par contre, vous avez une plume magnifique. Ne mettez pas en doute mes compétences de libraire et encore moins de lecteur. Le plaisir de lecture ne se commande pas. Pour une fois, je me permets d’exprimer mes déceptions car elles ont été plus nombreuses qu’à l’habitude au cours des derniers mois. Mon intention n’était pas de vous vexer et encore moins de vous blesser.
Pourquoi faut-il que chaque fois qu’une critique négative est publiée au Québec, l’artiste visé s’en arrache les cheveux et descend publiquement le responsable, tout en affirmant n’avoir rien à foutre des critiques. On l’a vu récemment avec Patrice Robitaille qui s’en est pris à une critique cinéma de Québec qui n’avait pas aimé son film Cheech, et l’intervention de M. Trudel est un autre bel exemple démesuré et mesquin. M. Trudel, Éric Simard a été déçu par votre livre. So what? Il n’est pas le seul à avoir été déçu. Allez-vous envoyer un courriel à chaque libraire (et nous sommes plusieurs) qui n’ont pas aimé?
Oui, j’aime bien à l’occasion débouler dans les beaux salons où je ne suis pas invité, pour mettre de l’ambiance, même si votre site n’en manque pas. En fait, je ne cherchais pas à vous faire changer d’avis (je ne suis pas un sociopathe, je n’ai aucun mal à encaisser les critiques, j’en ai déjà essuyé des terribles, et il m’arrive pourtant d’être secrètement d’accord avec les moins favorables), mais bien plutôt à relever ce qui m’avait semblé des faussetés, ou des énormités. Comme l’attaque était publique, j’ai pensé que la défense pouvait l’être aussi, et je vous remercie d’avoir publié ma lettre.
Cela dit, vous avez parfaitement le droit de dire tout ce que vous pensez et j’espère que vous avez bien compris que mon intervention n’est pas une tentative d’intimidation, bien au contraire, mais j’aime les échanges un peu corsés; ils stimulent mon esprit créateur… Et mille excuses si j’ai mis en doute vos compétences de libraire et de lecteur (en fait, je n’en doute pas, et j’ai même noté plusieurs de vos suggestions de lecture), mais, comment dire, j’ai décidé moi aussi d’être « légèrement méchant », pour voir si cela me soulagerait de quelque chose, histoire de me faire du bien, mais non, je ne me sens soulagé de rien; je ne dois pas être un véritable méchant, juste un méchant de façade, un méchant du dimanche, ce qui est mieux que rien.
Sur ce, je disparais comme je suis venu, dans un grand pouf ! d’étincelles et de fumée rose.
Pouf !
Post-Scriptum.
Vous vous trompez, Patrick: Je n’ai descendu personne, que je sache. Et je ne crois pas m’en être arraché les cheveux, je ne suis pas si grandiloquent (et je suis à moitié chauve de toute façon). De plus, vous m’avez mal lu dès la première ligne: j’ai écrit que je me fiche des critiques « habituellement », mais parfois non, parfois je ne m’en fiche pas, parfois j’en suis blessé, oh rien de mortel, et presque jamais pour ainsi dire, mais l’aiguillon parfois me pousse à me manifester comme je peux, oui. So what? comme vous dites. Je ne torture pourtant pas les gens pour les apostasier, je ne fais qu’écrire quelques lignes à M. Simard, un homme bien capable de se défendre tout seul, et ce serait déjà trop? Mais dans quelle bouteille vivez-vous? Dans quel monde hermétique? Quoi qu’il en soit, vous prenez les choses trop à coeur. Relaxez, que diable! Vous êtes en train de nous dire que personne ne peut critiquer les critiques? Ce n’est pourtant qu’une intervention ponctuelle de ma part, solitaire et inoffensive, assez humoristique même, je trouve (et, soit dit en passant, c’est un hasard absolu si M. Simard est libraire, je n’ai rien contre les libraires, au contraire, j’en connais beaucoup et je les aime, j’ai des amis libraires, etc., et ceux qui me connaissent savent tout cela), mais déjà les gros mots fusent d’entre vos dents; déjà le repli de caste; déjà l’outrance du mélodrame (non, je n’écrirai pas à tous ceux qui n’ont pas aimé mon livre, comme je n’écris jamais non plus à ceux qui l’ont aimé). Et puis, bien évidemment, seuls ceux que vous stigmatisez sont « démesurés et mesquins ». Il n’y a rien de tel de votre côté, jamais, bien évidemment. Vous savez, voilà bien le problème avec ces outils modernes de communication virtuelle: les gens ne savent plus se parler; tout de suite chacun se braque dans son coin et monte sur ses grands chevaux, à cause de l’anonymat, ou plutôt à cause de l’invisibilté physique, car il n’y a rien d’anonyme ici, je ne me cache pas derrière un pseudonyme. Cela dit, l’art de la conversation se perd et je le déplore.
Bien des choses chez vous.
Très bel échange qui, finalement, donne le goût de lire La mer de la tranquillité. Ce que je ferai…
Chère Ginette,
Je conçois aisément qu’on puisse détester viscéralement ce livre. Si vous aimez, je ne sais pas, Christian Bobin ou Paulo Coelho, disons, vous l’ouvrirez à vos risques et périls.
Cela dit, je ne suis pas rancunier et je n’en veux plus à personne de rien: il pleut, il vente, on gèle et je suis de bonne humeur; je me suis levé du pied droit ce matin. Mais j’en ai un peu assez de parler de moi, je ne suis pas venu pour ça. En fait, j’ai atterri sur ce site par accident, pour m’adonner à une petite bataille de rue, que j’ai peut-être perdue, mais peu importe. Cela dit, maintenant que je connais mieux ce site, j’ai l’intention de le fréquenter, car j’aime l’ambiance, mais j’apprécie surtout l’idée de M. Simard d’en faire un lieu d’échanges culturelles. D’ailleurs, j’ai déjà commis une intervention sur DE SANG-FROID de Truman Capote, si la chose vous intéresse. Et j’ai commandé le roman HADASSA, de Myriam Beaudoin, que je commenterai bientôt; et je songe déjà à quelques réflexions sur L’ART DE LA JOIE; etc.
Pour finir, je me permets de souligner la réédition en poche d’un ouvrage important, LA DESTRUCTION DES JUIFS D’EUROPE de Raul Hilberg (trois tomes fraîchement parus chez FOLIO – HISTOIRE, numéros 142, 143 et 144). Un ouvrage capital pour comprendre les racines lointaines de l’antisémitisme et « à peu près tous les faits importants qui, de 1933 à 1945, en Allemagne et hors d’Allemagne, jalonnèrent le champ entier de l’extermination » (extrait de l’avant-propos). Hilberg travailla pendant presque 40 ans à l’élucidation complète des mécanismes de l’anéantissement des Juifs, mécanismes qui impliquèrent, entre autres choses, toute la société civile allemande. Je n’en suis qu’au milieu du premier tome, mais déjà je suis effondré. L’une des choses qui me sidèrent, c’est que les nazis, finalement, n’ont été que les continuateurs des chrétiens, puisque le processus de destruction des Juifs commença au IVe siècle, quand le christianisme devint la religion officielle de l’Empire romain, quand l’Église tenta de convertir les Juifs. Plus tard, on voulut les contraindre à l’exil, puisqu’ils refusaient farouchement la convertion (c’est-à-dire qu’ils refusaient le dogme de la divinité du Christ, puisque leur Dieu à eux est unique et indivisible). Et le processus s’est achevé quand les Juifs ont été poussés vers leur mort par les nazis qui ont bâti leur enfer sur les anciennes fondations chrétiennes. Enfin, on pourrait en parler jusqu’à demain matin, mais je m’arrête ici. Pour ceux que l’holocauste bouleverse et qui ne craignent pas une descente terrifiante dans l’abîme de la nature humaine.
Sur ce, je retourne à ma nuit et vous laissent à la vôtre.
M. Trudel,
je m’en voudrais de ne pas revenir sur les vigoureux et stimulant échanges des derniers jours. Je voudrais préciser que mon intervention visait uniquement votre réaction vis-à-vis les commentaires de M. Simard, réaction que vous aviez évidemment absolument le droit d’exprimer. J’ai réalisé cependant à la lecture de ces échanges que je vous ai possiblement donné l’impression d’avoir détesté votre ouvrage, ce qui n’est pas le cas. D’ailleurs, vous trouverez ci-bas les commentaires que j’ai inscrit dans mon carnet de lecture lorsque j’ai terminé « La mer de tranquillité »:
« Après l’éblouissant « Du mercure sur la langue » Sylvain Trudel nous revient avec un recueil de nouvelles dont le fil conducteur est la quête de la mémoire, la plupart étant narrée par des hommes se remémorant des souvenirs, parfois loufoques, parfois troublants, de leur enfance. Trudel n’invente rien ici, ne tente pas de renouveler le genre. On se retrouve donc dans le confort du familier, du connu. Plusieurs de ces textes font parfois penser à « Une saison dans la vie d’Emmanuel » ou au film « C.R.A.Z.Y. » et une particulièrement ma rappelé « En attendant Godot ». Ces nouvelles sont néanmoins de justes explorations du temps et de son impact sur les émotions des personnages, terrain miné défriché avec contenance. On retrouve dans ces beaux textes une plume mature, allumée, confiante et assurée, l’auteur étant autant lyrique par moment, que très terre à terre. Une belle réussite dans l’ensemble, mais qui manque d’originalité et de ce petit quelque chose, l’étincelle, qui en aurait rendu la lecture mémorable. »
Ce ne sont évidemment que mes humbles opinions de dévoreur de livres. Je n’ai aucune difficulté à recommander votre ouvrage (laissez-vous tenter Mme Lachance), mais je dois admettre avoir préféré « Du mercure… »
En espérant ainsi remettre les pendules à l’heure, je dois admettre avoir apprécier vos commentaires et opinions. Je vous félicite également d’avoir décidé de lire « Hadassa » qui est un excellent roman. A la lecture de votre commentaire sur l’oeuvre de Hillberg, je me demande si vous avez l’intention de lire « Les bienveillantes »? Si oui, je vous souhaite d’être autant époustouflé que je le fus, et je serais curieux de connaître votre opinion.
Sur ce, je ne peux que réitérer mon intérêt pour vos écrits, passés et futurs, et recevez monsieur, mes plus sincères salutations…et bonnes lectures!
Cher Patrick,
Je vous remercie de votre lettre très honnête; et, oui, j’avais en effet eu l’impression que vous aviez détesté mon livre, mais ce n’est jamais contre la détestation que j’en ai… Cela dit, vous n’aviez à vous justifier de rien devant moi, mais vous l’avez fait, ce qui en dit long sur votre caractère généreux. Enfin, nous ne reviendrons pas sur cette histoire, quant à moi le dossier est clos, et puis je trouve qu’on parle trop de moi, ici, là. Je ne voudrais pas non plus que les lecteurs croient que je passe ma vie à traquer le moindre commentaire qui paraît au sujet de mes livres. Je préfère en général l’anonymat, l’incognito, et je me fais rare publiquement. Je m’occupe de mille autres choses autrement plus importantes que mes propres livres. Ma seule ambition est d’être l’homme de la rue, le premier venu, le bougre à moitié chauve et aux lunettes épaisses qui passe à pied sur le trottoir devant chez vous, des sacs d’épicerie ballants à ses mains gelées. Et j’aime vivre dans un monde horizontal où les gens se côtoient au lieu de se dominer les uns les autres, même si souvent nos opinions divergent. C’est pourquoi je n’ai pas hésité à intervenir sur ce site. Je suis écrivain quand j’écris, c’est-à-dire assez peu souvent, mais quand je n’écris pas je suis normal, je suis un lecteur comme les autres et j’ai souvent envie de me mêler aux conversations.
Par ailleurs, oui, je vais lire LES BIENVEILLANTES, dès que j’aurai terminé MIRROR LAKE (Québec Amérique) d’Andrée Michaud (j’achève, elle est folle raide, Andrée Michaud, elle me fait rire de bon coeur!) et LE CHRIST S’EST ARRÊTÉ À ÉBOLI (1945; Folio # 954) de Carlo Levi, que j’ai voulu lire absolument après avoir vu tout récemment l’adaptation cinématographique du même nom (1979), de Francesco Rosi, avec le grand Gian Maria Volonte. Voilà une oeuvre d’un puissant humanisme.
Post-scriptum
Voici ce que je lis à l’instant (9 novembre 2006) sur un site de nouvelles:
« Soixante-huit ans jour pour jour après la «Nuit de Cristal» qui vit les nazis se déchaîner contre les juifs (pogrom plus ou moins décidé par Goebbels, ministre de la Propagande — c’est moi qui le précise), une nouvelle synagogue a été inaugurée dans le centre de Munich où Adolf Hitler avait à l’époque ordonné personnellement la destruction de l’édifice religieux qui lui «agressait la vue». »