La liste préliminaire du Prix des libraires du Québec 2007 a été dévoilée aujourd’hui. C’est jeudi dernier que mes collègues et moi sommes réunis pour établir cette liste. Chaque année, nous attendons ce moment avec beaucoup de fébrilité (et un peu d’angoisse!). Nous avons eu beaucoup de plaisir à nous retrouver, à nous réunir et à nous asticoter un peu pour défendre nos points de vue. Je dois dire que nous avons fait un excellent travail. Nous sommes très fiers de notre sélection et les réactions sont très bonnes jusqu’à maintenant. Nous nous réunirons à nouveau le 18 janvier pour établir les cinq finalistes dans chacune des catégories.
Sans plus tarder, voici le fruit de notre réunion:
Romans québécois
La fabrication de l’aube, Jean-François Beauchemin (Québec-Amérique)
Hadassa, Myriam Beaudoin (Leméac)
La clameur des ténèbres, Neil Bissoondath (Boréal)
Iphigénie en haute-ville, François Blais (L’instant même)
Parents et amis sont invités à y assister, Hervé Bouchard (Le Quartanier)
Traité de balistique, Alexandre Bourbaki (Alto)
La logeuse, Éric Dupont (Marchand de feuilles)
Sauvages, Louis Hamelin (Boréal)
La rivière du loup, Andrée Laberge (XYZ)
Trois modes de conservation des viandes, Maxime-Olivier Moutier (Marchand de feuilles)
Jeanne sur les routes, Jocelyne Saucier (XYZ)
Mitsuba, Aki Shimazaki (Leméac/Actes sud)
Romans hors Québec
Le chemin des âmes, Joseph Boyden (Albin Michel)
Un sentiment d’abandon, Christopher Coake (Albin Michel)
À perte de vue, Amanda Eyre Ward (Buchet Chastel)
Jours de juin, Julia Glass (Des 2 terres)
L’histoire de l’amour, Nicole Krauss (Gallimard)
Les bienveillantes, Jonathan Littell (Gallimard)
Kafka sur le rivage, Haruki Murakami (Belfond)
Extrêmement fort et incroyablement près, Jonathan Safran Foer (de l’Olivier)
Il faut qu’on parle de Kevin, Lionel Shriver (Belfond)
L’infortunée, Wesley Stace (Flammarion)
Ouest, François Vallejo (Viviane Hamy)
Dans les bois éternels, Fred Vargas (Viviane Hamy)
Vous, si vous aviez à choisir, quels seraient vos choix dans chacune de ces catégories?
(Pour en savoir plus: http://www.alq.qc.ca/#)
40 réflexions au sujet de « Prix des libraires du Québec 2007 »
Les commentaires sont fermés.
Mes choix :
Romans québécois
La fabrication de l’aube, Jean-François Beauchemin (Québec-Amérique); Parents et amis sont invités à y assister, Hervé Bouchard (Le Quartainier); Traité de balistique, Alexandre Bourbaki (Alto); La logeuse, Éric Dupont (Marchand de feuilles); Trois modes de conservation des viandes, Maxime-Olivier Moutier (Marchand de feuilles).
Romans hors Québec
Un sentiment d’abandon, Christopher Coake (Albin Michel); Jours de juin, Julia Glass (Des 2 terres); Les bienveillantes, Jonathan Littell (Gallimard); Extrêmement fort et incroyablement près, Jonathan Safran Foer (de l’Olivier); Dans les bois éternels, Fred Vargas (Viviane Hamy).
Pourquoi Paul à la pêche n’est-il pas finaliste ?????
Ah! c’est toute une question ça! On discute du cas de Monsieur Rabagliati à chaque nouvelle BD qu’il fait paraître. Faut savoir que le réglement du Prix stipule que « les livres primés doivent être un roman, un récit ou un recueil de nouvelles inédites ». Un jour, le réglement sera peut-être modifié, qui sait? Voilà pourquoi « Paul à la pêche » ne figure pas sur la liste préliminaire (et non des finalistes, ça c’est en janvier).
Quel plaisir de découvrir Iphénie en haute-ville. Pour le syle: propositions incises. ponctuatuion résolument moderne. Et que dire de cet humour grinçant qui m’a fait sourire très souvent. Le meileur roman québecois que j’ai lu cette année. Louise
Bonjour Eric,
Heureux de constater ce matin les premiers choix des libraires. Quant à mes choix: pour le Québec j’ai lu « La fabrication de l’aube » de Jean-François Beauchemin que j’ai bien aimé aux 3/4 mais « Hassada » de Myriam Beaudoin m’a enchanté d’une page à l’autre pas seulement pour son sujet d’actualité mais par la façon d’aborder le sujet qui nous fait découvrir ce qui se passe intérieurement chez un peuple très différent de nos us et coutumes. Quant à l’étranger j’ai lu « jours de juin » de Julia Glass qui m’a impressionné par le ton juste d’aborder la question homosexuelle et de l’interrelation des membres d’une même famille. Par contre, j’ai environ 600 pages de lues des « Bienveillantes » de Jonathan Littell ; malgré le sujet fort exploité il réussit , oui, à nous attendrir face à son personnage principal qui vit des tourments face à sa propre condition mais aussi vis-vis ce qu’on lui demande d’effectuer. C’est avant tout la recherche de l’identité d’un être. Je crois qu’une histoire aussi dense et racontée d’une façon à conserver notre intérêt même après 600 pages relève tout simplement du « génie ». Qu’écrira-t’il après cela ? Mais pour l’instant c’est mon choix.
Moutier??
Moutier?? Vraiment?
Et Louis Hamelin?
A-t-on eu une si mauvaise année littéraire au Québec pour qu’on en vienne à ça?
Ça me fait peur.
ChQuimper
Ouf! Je croyais aimer la bonne lecture québécoise, je me rends compte que je suis out! Je connais aucun des romans dans la liste… Mais bon, ça me fait plein de bonnes suggestions pour mon prochain tour à la librairie! Merciiii
Moutier!
Oui, Moutier. Pourquoi pas, Moutier. J’ai des doutes en ce qui concerne le genre de ce livre (s’agit-il vraiment d’un roman? Ne serait-ce pas plutôt un récit? Qu’est-ce qu’un roman? Qu’est-ce qu’un récit? Tout cela a-t-il vraiment de l’importance? Quel est l’âge du capitaine), mais absolument pas quant à sa qualité.
Ça me réjouit
Cher ChQuimper (Charles pour ses collègues…)
quels auraient été vos choix?
1- En réponse à Bernard W
(Bernard Wright-Laflamme ou Bernard Werber?)
J’ai lu Moutier jadis et j’avais à la fois détesté l’écriture et le personnage. De là mon préjugé défavorable.
2- En réponse à Patrick Vachon
Je ne lis malheureusement pas assez d’auteurs québécois pour me sentir apte à suggérer quoi que ce soit.
Les membres du Comité ont de meilleures connaissance que moi dans ce domaine.
(j’aurais suggéré Paul à la Pêche, qui n’est pas éligible comme le stipule le réglement)
Néanmoins je me réjouis de la présence de Shimazaki, et de J-F Beauchemin dont j’avais énormément apprécié le précédent ouvrage, le Jour des Corneilles.
Pour ce qui est de l’étranger, alors là j’aurais bien eu quelques suggestions, dont Roberto Bolano avec les Détectives Sauvages
(mais étant décédé il n’est pas éligible, comme le stipule le réglement),
- Carlos Liscano avec le Fourgon des Fous: un splendide récit qui relate trois années d’emprisonnement et de torture dans une geôle urugayenne.
Tout simplement ahurissant!
Horacio Castellanos Moya- Déraison, un type qui nous prouve encore une fois sa grande valeur littéraire.
En fait, je me questionne beaucoup plus sur les réglements du Prix des Libraires que sur la qualité de la sélection.
Je me demande entre autre quel est notre impact véritable, nous les libraires ordinaires, sur la sélection?
Comment réussir à proposer un titre que l’on considère prixdeslibrairisable si les membres du comité ne l’ont pas lu, par exemple?
Et quel est le pouvoir véritable du Comité quant aux réglements (qui stipulent bien des choses)?
Mais bon, ce ne sont là que des interrogations toutes personnelles, qu’il faut prendre avec une poignée de gros sel.
À plus.
Charles
Salut Charles,
merci pour ta réponse. Je prend note de tes suggestions pour la catégorie hors-Québec, particulièrement « Fourgon des fous » qui semble vachement intéressant.
Eric avait effectivement mentionné lors de la réunion de sélection de la liste préliminaire que plusieurs de ses collègues de Pantoute avaient aimé « Déraison ». Cependant, puisque personne au comité ne l’avait lu, il était difficile de le défendre face aux autres titres suggérés par les membres.
À ce sujet, si pendant l’année les libraires du Québec ont un coup de coeur pour un (ou plusieurs) titre(s), l’Association des Libraires du Québec, qui chapeaute le prix, vous encourage fortement à leur communiquer. Ainsi, le comité est mis au courant de vos intérêts et découvertes et on s’arrange pour les lire. Évidemment, on ne peut pas tout lire ce qui est publié dans l’année, mais on essaie! Renseignez-vous auprès de Katherine Fafard à l’ALQ pour savoir comment procéder dans le futur.
Pour ce qui est du règlement, il a été établi par l’ALQ et non par le comité, qui opère selon les paramètres établis. Des suggestions de modifications ont été présentées au CA de l’ALQ en novembre (entre autre concernant le règlement qui stipule qu’un auteur ne peut remporter deux fois le Prix des Libraires, à l’origine de nombreux débats à chaque année) mais aucunes n’a été retenues à ce moment-ci.
Pour Paul à la pêche, je ne peux qu’être d’accord avec toi!
En espérant cependant que la liste préliminaire te permettra, ainsi qu’à tout tes collègues du Québec, de faire quelques de belles découvertes, je te salue. A+
mes ckoix:Iphigénie en haute-ville, Hassada et trois modes de conservation des viandes
À lire les commentaires, on voit qu’il y a un malaise. Pour plus de transparence, je suggère qu’on inverse le processus de sélection et d’attribution. Autrement dit, le choix des 5 meilleurs romans québécois et étrangers devrait être déterminé à partir d’un sondage auprès de tous les libraires. Pour le choix final, un comité serait formé pour lire les finalistes et décider des gagnants.
Je trouve la suggestion de Pierre Trépanier excellente. Je crois qu’il faut démocratiser davantage ce prix. Actuellement, on a l’impression que la sélection est l’affaire d’une petite élite de libraires qui essaient de pousser leurs coups de coeur.
J’en profite pour dire que mon choix en québécois irait à La fabrication de l’aube, puisqu’il s’agit d’un récit touchant et profond qui a ravi le grand public et la critique. J’aimerais que disparaissent de la sélection finale Mitsuba (un roman de gare, sans plus), Sauvages (Hamelin n’est pas bon nouvelliste, car ses nouvelles ressemblent à des chapitres de roman), Moutier (je ne suis pas capable, excusez-moi, et encore moins depuis qu’il est devenu psychanalyste ou quelque chose dans le genre), La logeuse (un autre jeune auteur qui se prend pour Ducharme), Hadassa (le thème des ethnies me fait trop penser à la vague d’accomodements raisonnables qui a soufflé sur le Québec dernièrement). Je finirai sur une note positive : j’ai bien aimé aussi le Bourbaki. Mais peut-il gagner vu que Dickner l’a remporté l’an passé ? (À propos, il faudrait écrire Publié par et non Publier par.)
Merci Eugénie pour votre soutien. Je suis un peu déçu que Éric Simard n’ait pas fait écho à ma suggestion, d’autant qu’il fait partie du comité de sélection. Je croyais que son blogue était fait pour ça. Je me permets donc de vous interpeller directement, Éric. Croyez-vous que ma proposition de refonte est envisageable ? N’aurait-elle pas l’avantage de satisfaire plus de libraires ?
Monsieur Trépanier, je n’avais pas l’intention de ne pas vous répondre, bien au contraire. J’attendais de voir si un membre du comité allait se manifester avant de le faire.
Votre proposition me semble moins démocratique que le système actuel. Saviez-vous que tous les libraires peuvent se manifester tout au long de l’année en soumettant leurs coups de coeur à l’Association des libraires du Québec? Malheureusement, très peu de libraires se prévalent de cette possibilité. Tous les coups de coeur se retrouvent sur une liste et c’est à partir de cette même liste que nous établissons les choix préliminaires. Comme tout comité existant, c’est normal que les sept libraires impliqués dans le processus influencent la liste. Lorsque nous délibérons, nous tenons compte de la réception du livre auprès de nos autres collègues libraires. Nous évitons de pousser des titres trop pointus que nous sommes les seuls à connaître. Nous essayons, autant que faire se peut, d’avoir toujours en tête l’ensemble des libraires.
En regardant de près la liste prélimniaire de cette année, quelqu’un qui a moindrement suivi l’actualité littéraire de la dernière année peut facilement s’y retrouver, vous en conviendrez. Le 18 janvier prochain, nous nous réunissons afin d’établir la liste des finalistes. Le processus très démocratique se fait à partir d’un pointage. Après un marathon de lecture de moins de deux mois, les sept membres du comité doivent établir un palmares de cinq titres par ordre d’appréciation dans chacune des deux catégories. Une première position vaut 5 points et une cinquième 1 point. Les points ainsi cumulés déterminent les finalistes. Ensuite, le bulletin de vote est envoyée à tous les libraires du Québec. Depuis deux ans, c’est plus de 200 libraires qui utilisent leur droit de vote pour déterminer les gagnants. Pas mal plus intéressant qu’une poignée de personnes, non?
On remarque qu’à chaque année, les lauréats font l’unanimité aurpès de l’ensemble des libraires et du grand public. L’an dernier, on a couronné Nicolas Dickner pour Nikolski et Khaled Hosseini pour Les cerfs-volants de Kaboul. L’année d’avant, Comment devenir un monstre de Jean Barbe et L’ombre du vent de Carlos Ruiz Zafon.
L’idée de faire un sondage auprès de tous les libraires du Québec ne me semble pas une option très réaliste.
Je ne crois pas que les gens du Prix des Libraires aient le temps, l’argent, ni la main-d’oeuvre pour ce genre d’exercice.
Est-ce que le Goncourt devrait faire un sondage à travers la France entière pour déterminer les finalistes?
Le Prix des Libraires n’est pas parfait, mais les libraires ont au moins un pouvoir de suggestion, ce qui n’est pas le cas de tous les prix littéraires.
(Ex: le Nobel, qui possède l’un des processus les plus antidémocratiques au monde.)
Il ne s’agit ici que de souligner une oeuvre littéraire, pas d’élire un nouveau dieu.
Il faut essayer de garder les pieds sur terre.
Merci de vos précisions. Cela clarifie bien des choses. Je vois qu’il y a plus de transparence dans le processus que je ne le croyais. Quoi qu’il en soit, je sens qu’il y a de la grogne chez certains libraires (rassurez-vous, je ne suis pas libraire). Sans doute que des petits rajustements seront à faire dans les prochains mois. Bonne chance.
P.S. Je viens de lire votre dernière intervention à propos de la réception de votre livre. Je n’ai pas lu votre livre, j’en conviens, mais ne vous attardez pas trop à la critique. D’ailleurs, à ce sujet, relisez les Lettres à un jeune poète, vous y trouverez des propos très rassurants.
Le Prix des libraires s’ajuste d’année en année dans le but d’être le plus représentatif de l’ensemble de la profession. Dans l’ensemble, je crois que nous y arrivons. Comme le soulignait Charles Quimper, c’est peut-être le prix littéraire le plus indépendant qui puisse exister actuellement. Nous faisons fi de la renommée des auteurs ou de la maison d’éditions et le « copinage » existe encore moins. Ce sont les belles et puissantes rencontres littéraires qui nous intéressent.
Pour ce qui est des critiques, je respecte leur travail et j’aime bien découvrir comment ils perçoivent ce que je fais. Dans mon cas, elles ont été plutôt positives. Je voulais simplement mettre en lumière certains aspects étonnants qu’ils avaient relevés après lecture de mon roman.
Monsieur Quimper, je constate par vos récents propos que vous êtes rentré dans le rang, alors que vous sembliez justement vous plaindre de certaines modalités d’attribution de ce prix. Tant mieux si c’est l’harmonie parmi les libraires, métier honorable malheureusement sous-payé. En tant qu’observateur du monde littéraire et grand amateur de livres, je ne peux que m’en réjouir. Longue vie au prix des libraires !
P.S. Votre remarque sur le prix Goncourt me semble peu pertinente. Bien sûr, on ne fera pas un sondage dans toute la France, car il ne s’agit pas du prix des Français mais plutôt d’un prix donné par une académie. Mon voeu, c’est que le prix des libraires ne devienne jamais le prix d’une académie. Tant que le plus de libraires possible auront voix au chapitre, cela ne risque pas d’arriver, j’en suis sûr. Vos propos en sont la preuve irréfutable.
Mitsuba en lice pour le prix des libraries??? Ce petit roman insignifiant qui n’a même pas l’élégance du style ??? Quelle aberration !!!
Je viens justement de terminer ce roman, et moi aussi je me demande ce que les libraires ont pu y trouver de si formidable qui justifie une nomination. C’est assez anodin comme histoire. Bref, je suis restée sur ma faim.
Je suis un fervent défenseur du travail d’Aki Shimazaki. J’adore la concision et la simplicité de son écriture ainsi que l’ambiance qui s’en dégage. Peut-être parce que je suis familier avec la littérature japonaise contemporaine et qui j’y retrouve toute la puissance évocatrice propre à cette littérature.
Oui, « Mitsuba » est une histoire toute simple. Pourquoi pas? Moi, elle m’a touché. En tant que lecteur, je n’exige pas une complexité littéraire à toute épreuve dès que j’entre dans un livre. Je comprends qu’on puisse ne pas y adhérer. Quoique vous en pensiez, ce titre a amplement sa place dans la sélection québécoise de cette année.
Soyons maintenant constructifs. Vous n’êtes pas d’accord avec le Shimazaki, j’aimerais connaître vos préférences M.Martel et Rosaline. Quels romans auriez-vous aimez voir sur cette liste?
Pour ma part, je ne déteste pas non plus la concision et la simplicité. Dans ce style, je pense au Grand cahier d’Agota Kristof qui est très réussi puisque fond et forme vont de pair. Mais je trouve qu’il n’y a rien dans ce roman de Shimazaki si je le compare à ses ouvrages précédents. On a dit à tort ou à raison que l’écriture de Shimazaki était proche de celle de Yoko Ogawa. Dans ce cas-ci, elle ne lui arrive pas à la cheville. Si elle gagne le prix des libraires cette année, cela ne fera pas l’unanimité auprès du grand public, croyez-moi. Cela dit, je crois que d’autres titres en lice ont plus de mérite que celui-là, notamment le Beauchemin et le Bourbaki, le premier pour sa profondeur, le second pour son imagination. Je dois vous avouer que je n’ai pas eu de grands coups de coeur en littérature québécoise cette année (une année très moyenne à mon avis), mais plusieurs petites déceptions, comme entre autres le dernier Trudel. Aussi je me demande quelle est la pertinence de présenter une liste prééliminaire. Pensez aux auteurs qui figurent sur cette liste et qui verront leurs noms disparaître quand paraîtra la liste officielle bientôt. N’est-ce pas un peu frustrant ?
Personnellement, j’aurais mis le recueil de nouvelles de Normand de Bellefeuille. Est-ce que le Laberge et le Bouchard ont vraiment été des coups de coeur des libraires? Il me semble que je n’ai rien vu de tel dans les librairies indépendantes que je fréquente. Ou avez-vous ajouté ces deux titres pour ne pas être en reste, puisqu’ils ont gagné un prix cet automne ?
Un autre titre me vient en tête : Les perruches sont cuites de Charles Bolduc. C’est un recueil inégal mais qui comporte une signature stylistique assez forte pour une première oeuvre. Cela aurait permis à Bolduc de se faire connaître, plutôt qu’à un Bissoondath, auteur boréalien archiconnu et hypermédiatisé qui écrit d’abord ses livres en anglais, si je ne m’abuse, n’est-ce pas ?
Je ne connais pas cette auteure japonaise mais j’ai presque le goût de la lire juste pour voir si c’est vraiment aussi plate que le disent certains commentateurs.
Monsieur Martel, je trouve dommage que vous soyez en train de faire subir un procès d’intention au Prix des libraires du Québec qu’il ne mérite absolument pas. Aucune sélection ne pourra jamais faire l’unanimité. Tous les titres de cette année méritent de figurer sur cette liste. Je pourrais les défendre un par un, mais je n’ai pas envie d’entrer dans ce jeu. Les libraires n’ont pas besoin qu’un livre soit couronné pour en apprécier la qualité.
Rosaline: avant que nous décidions d’établir une liste préliminaire (comme la plupart des grands prix), lorsque la liste des finalistes était dévoilée, tout le monde avait un peu l’air de se demander d’où elle provenait. Un peu comme vous êtes en train de le faire, on nous reprochait d’avoir omis tel et tel titre. C’est ce qui est arrivé l’année où « L’histoire de Pi » est sorti, alors que s’il y avait eu une liste préliminaire les gens auraient vu qu’on l’avait considéré jusqu’à la toute fin. Aussi, cette première sélection permet une plus grande visibilité pour les titres choisis. Elle est très appréciée par le milieu du livre, y compris les auteurs. Tout le monde sait autour de quels titres la course se fera. Je dirais même qu’elle a permis au Prix d’avoir une plus grande visibilité médiatique. Figurer parmi les douze romans les plus remarqués par les libraires au cours d’une année est loin d’être frustrant pour un auteur ou un éditeur. Selon moi, il y a plus de déception à ne pas y figurer.
Éric, loin de moi l’idée de vous offusquer ou de faire un procès d’intention au prix des libraires. Vous m’avez demandé d’être constructif en vous suggérant quelques titres et c’est ce que j’ai fait. Je ne veux pas du tout attaquer les goûts des libraires, bien que je fréquente les librairies et que je trouve que leurs coups de coeurs sont souvent discutables ou prévisibles. Je n’ai fait qu’émettre une opinion et demander des éclaircissements sur quelques titres que de toute évidence vous avez le droit de ne pas me donner, car peut-être êtes-vous tenu par un certain secret professionnel. Je pense que quand on a le pouvoir de décider d’un prix littéraire, on doit s’attendre à être questionné, surtout si on chapeaute un blogue comme vous le faites et qu’en plus vous abordez la question. J’espère que je ne vous ai pas offusqué. Comme vous, j’exerce respectueusement ma liberté d’expression et je trouve que votre blogue est un bel espace pour ce faire. Je mettrai donc fin à mes interventions sur ce sujet puiqu’elles ont l’air de vous irriter et j’attendrai la divulgation du grand gagnant en mai. Quant à vous, chère Rosaline, je constate que nous sommes sur la même longueur d’ondes. Peut-être que le destin, un jour, nous permettra de nous rencontrer…
Je comprends l’utilité de la liste préliminaire. Mais si vous vouliez donner une plus grande visibilité aux auteurs et aux éditeurs, il faudrait publier la liste de TOUS les livres qui ont fait le bonheur des libraires et qui sont susceptibles de faire partie d’une sélection finale. Cette liste existe-t-elle ? Je serais curieuse de la consulter. Bon dimanche.
M.Martel, mon intention n’est pas de vous tenir à distance de cet échange. Votre réaction me rassure. Avant cette dernière intervention, je vous sentais outré par notre sélection. Si je vous ai mal interprété, je m’en excuse. Au départ, le but de l’exercice était d’échanger sur nos choix respectifs et non de s’attaquer à la liste préliminaire.
Rosaline: vous vous acharnez on dirait! À quoi servirait de dévoiler la liste complète des coups de coeur des libraires dans ce processus? J’ai peut-être une meilleure solution: publier la liste de tous les romans publiés au Québec en 2006! Et pourquoi pas leur attribuer chacun un prix pour l’effort et leur contribution à notre littérature ?!!
À quoi ça servirait ??? Mais à donner des suggestions de lecture aux gens qui fréquentent les librairies. Je ne m’acharne pas du tout. Mille excuses si je vous ai froissé. Je n’étais nullement mal intentionnée. Au contraire, je me cherche de nouvelles lectures car j’ai presque tout lu ce qui m’intéresse dans la liste préliminaire. Eh bien, puisque c’est comme ça, je n’interviendrai plus moi non plus sur cette question. Au fait, M. Martel, quelle librairie fréquentez-vous ?
Rosaline, je ne suis pas froissé. Avez-vous vu mon petit bonhomme sourire après mon commentaire? Quand vous prenez le temps de bien expliquer ce qui se cache derrière vos commentaires, tout s’éclaire!
Non, Éric, je n’ai pas vu votre bonhomme sourire. Alors si vous n’êtes pas froissé, en bon libraire que vous êtes, donnez-moi deux suggestions de romans québécois que vous auriez aimer voir dans la liste préliminaire et que je pourrais lire. Merci.
Rosaline, à dire vrai, aucun. Je suis d’accord avec vous lorsque vous dites que ce fut une année moyenne au Québec en 2006. J’attends avec impatience les prochaines sorties. J’ai hâte de me plonger dans le dernier Stéphane Bourguignon qui me regarde du coin de l’oeil depuis Noël (sortie officielle le 31 janvier).
Si, il me vient des idées. Je n’ai pas détesté « Un été en banlieue » de François Désalliers (Québec-Amérique). Je vous recommande encore plus son précédent « L’homme-Café ». J’ai beaucoup de plaisir à lire cet auteur. J’aime sa façon de raconter une histoire qui met souvent en scène des personnages ordinaires qui vivent des situations en apparence banales qui finissent par les transformer. Et pourquoi pas vous plonger dans « Cher Émile » si ce n’est déjà fait?
Merci, Éric, de votre honnêteté intellectuelle. Je prends note de vos suggestions. Moi aussi j’ai bien hâte au Bourguignon.
Bonjour à tous,
Je me suis dit qu’il était temps qu’un autre membre du comité se joigne à son vaillant président pour essayer d’éclaircir le débat, et défendre les choix. Je ne reviendrai pas sur les explications, efficaces, qu’a données Éric sur le processus de sélection de la liste préliminaire, ainsi que des finalistes. Tout y est.
J’aimerais plutôt vous parler des membres du comité et de la passion qui les anime. Il s’agit de sept libraires provenant de Montréal, Trois-Rivières et Québec. Y’a 3 gars, 4 filles, des gays, des straights, des mères de famille, des célibataires, dans la trentaine, la quarantaine et la cinquantaine. Y’en a même un, imaginez-vous, qui vient d’une grande chaîne (moi, en l’occurrence)! Ce groupe compte plus de 125 ans d’expérience dans le domaine. Aucun d’eux n’est rémunéré pour ce comité. Au mieux, l’ALQ nous paie le lunch deux fois par année. Si nous en faisons partie, je crois, ce n’est pas pour le « glamour » de la chose, ou l’espoir de voir nos noms mentionnés dans les médias (quoique c’est toujours drôle), mais simplement parce que, comme la plupart des libraires (et, j’ai parfois l’impression, trop peu de Québécois), nous ne pouvons nous imaginer une seule seconde vivre sans le livre et le bonheur que nous procure sa lecture. C’est aussi simple que cela. Aucun d’entre nous ne prétend être un critique professionnel et avoir des goûts littéraires transcendants qui s’imposent. On est des boulimiques qui lisent de tout. Certains sont vendus aux auteurs québécois, d’autres préfèrent explorer ce qui vient d’ailleurs. Certains d’entre nous recherchent exclusivement les textes difficiles, opaques, denses et hermétiques où les émotions sont à fleur de peau. D’autres sont comblés lorsqu’on les transporte ailleurs, qu’on les fasse rire, pleurer ou frissonner de peur. Chacun(e) a ses petits plaisirs coupables également!
J’ai personnellement lu 248 livres l’an dernier, dont une centaine était éligible au Prix des Libraires. Je sais également que mes collègues ont lu autant de livres éligibles que moi, et pas les mêmes, ce qui fait qu’à nous sept nous avons couvert une bonne partie de la production littéraire québécoise et européenne. Malheureusement, il nous est impossible de tout lire ce qui est publié au Québec. Seulement à l’automne, plus de 800 romans débarquent sur nos rayons ! Nous savons également que la liste que nous remettons aux libraires pour le vote ne fait jamais l’unanimité, mais nous croyons sincèrement qu’elle représente bien les goûts de nos collègues, dans l’ensemble. Si vous vous désolez de voir certains titres y apparaître, et d’autres exclus, ne vous inquiétez pas, nous aussi on l’est. On a parfois à faire des choix difficiles lors de l’élaboration de la liste préliminaire et il y a eu cette année, encore une fois, de bons débats lors de la réunion de novembre. Certains des titres que j’ai aimés ne sont pas passés, et d’autres qui m’avait laissé indifférent ont comblés mes collègues.
J’aime beaucoup les diverses interventions de M. Martel, M. Trépanier et Mlle Rosaline. Cela démontre que ce prix ne laisse personne indifférent. Je me permettrai maintenant de répondre à certains de leurs commentaires :
M. Martel, « La rivière du loup » d’Andrée Laberge et « Parents et amis sont invités à y assister » d’Hervé Bouchard n’ont pas été inclus « pour ne pas être en reste ». D’ailleurs, j’ai souvenir qu’au moins 3 des membres nous avait mis sur la piste du Laberge dès le printemps, bien avant que celle-ci ne remporte le prix de la Gouverneur Général. Pour ce qui est du Bouchard, des membres ont été intrigués par son originalité. Le premier roman inégal de Charles Bolduc que vous défendez dans votre intervention a été sujet d’une discussion lors de la réunion préliminaire, mais il n’a pas trouvé de soutien parmi le comité. Même chose pour le de Bellefeuille. Je souligne également que le but premier du Prix des Libraires n’est pas de faire découvrir de nouveaux auteurs, mais de bons romans.
M. Trépanier, il serait malheureusement logistiquement et financièrement impossible à l’Association des Libraires du Québec, qui chapeaute le Prix des Libraires, de sonder annuellement tous les employés de librairie (nous sommes plus de 1600) qui sont débordés et, je peux vous dire, pas très friands de sondages. Cependant, ces derniers sont invités à communiquer en tout temps leurs découvertes de livres éligibles au Prix à l’ALQ qui les retransmet aux membres du comité. Ce n’est pas parfait, mais les libraires doivent faire un peu leur part…
Mlle. Rosaline, je n’ai rien à dire vis-à-vis vos commentaires, mais je pensais, à l’instar de mon collègue Éric, vous faire quelques suggestions de lecture. Tout d’abord « Une basse noblesse » de Sophie Beauchemin (Alto). Mon plus grand regret cet automne est de ne pas avoir été capable de convaincre mes collègues de l’inclure dans la liste préliminaire. Il s’agit d’un premier roman qui m’a rappelé le style parfois caustique de Jean-Paul Dubois. L’autre grand absent de la liste préliminaire, d’après moi, est « Les lignes de faille » de Nancy Huston (Actes Sud) qui n’est malheureusement pas éligible car elle a déjà remporté le Prix. Un incontournable. Et puis, si vous avez envie de rire un bon coup, lisez « Manana » de Louis-Thomas Pelletier (Les Intouchables), un savoureux mariage des films « La grande séduction » et « Fargo » ! Ah oui, y’a aussi « Insecte », de Claire Castillon, un excellent recueil de nouvelles publié chez Fayard. Bon j’arrête, la liste serait trop longue… Bonnes lectures.
Bon voilà, c’est tout. Je constate que j’ai écrit beaucoup (ce qui n’étonnera pas les membres du comité que je bombarde régulièrement de commentaires de lecture, parfois trop). N’hésitez pas à commenter.
PS : Charles, suite à ta recommendation, j’ai lu « Déraison » et j’ai bien aimé, mais pas assez pour ébranler mon top 5 hors-Québec…
PPS : Éric, y’aurait-il moyen d’inclure la date (voire également l’heure) des interventions sur ton blogue ?
Merci Patrick pour ce commentaire qui permet de remettre les choses à leur place. En tant que membre du jury de prix des libraire, je m’apprêtais à répondre lorsque j’ai lu ton message qui résume très bien selon moi la situation sur le comité. D’ailleurs, vous seriez sûrement tous très surpris de constater que lorsque sept personnes se retrouvent pour discuter d’une année littéraire, à quel point les goûts sont variés. Que tel livre qu’on n’a pas du tout aimé fut adoré par une autre personne et l’inverse est aussi vrai.
Ce qui me rassure par contre c’est de voir que les titres qu’on a supposément oublié furent discutés autour de la table. Ça me rassure car cela montre bien à quel point nous avons fait le tour des publications. D’ailleurs, je me souviens aussi que le peu de titres proposés par des libraires en-dehors du jury étaient à chaque fois le choix d’au moins un des membres. Je crois sincérement que ce groupe représente bien les libraires en général.
Rosaline, si je peux me permettre, si vous cherchez des suggestions de lectures de libraires, la rubrique «le libraire craque» du journal le libraire vous présentera des dizaines de livres pour lesquels les libraires québécois ont eu des coups de coeur. Vous les trouverez en ligne ici: http://lelibraire.org/liste_craques.asp ou chez votre libraire indépendant (ou en bibliothèques). Bonnes découvertes!