Disponibilité immédiate, facilité de consultation, possibilités infinies de recherche, copier-coller pour citation sans faute, le livre électronique ne manque pas d’intérêt. Mais quelle valeur faut-il donner à ce qui n’est pas réel ?
Lorsqu’on touche au domaine éducatif, il faudrait que ce soit gratuit. Ou du moins très bon marché. Après tout, ne s’agit-il pas de propager la science et d’élever le niveau de connaissances de notre société ? Une si noble mission ne devrait être entachée de viles considérations pécuniaires. D’autant plus que les budgets d’acquisition de livres ne sont pas faramineux.
Alors que nous propose-t-on ? Des peanuts. Et c’est là que l’éditeur se fâche. Ou se choque, c’est selon. Pourquoi l’auteur et l’éditeur devraient-ils en faire les frais ? Pourquoi consacrer d’énormes budgets pour concevoir des sites Internet, des télé-Universités, des collèges en ligne, sans penser au contenu qui constitue la chair autour de l’os ?
Comprenons-nous bien. Point d’actionnaires avides qui réclament du rendement. Les investisseurs ont déserté depuis longtemps le champ de l’édition générale. Simplement le sentiment de se faire plumer.
Des exemples ? Deux universités canadiennes de grande réputation (des noms, des noms !) mettent leurs ressources en commun pour créer une bibliothèque virtuelle. Je n’ose penser aux nombreuses réunions, aux déplacements, aux rencontres qui ont précédé la création d’un magnifique portail Internet. Arrive alors le moment de contacter les détenteurs de droits que sont les éditeurs pour meubler les tablettes virtuelles. Nous recevons une longue liste (plus d’une centaine !) de titres puisés dans notre catalogue qui feraient bonne figure dans ce projet. À combien pensez-vous qu’ils évaluaient leur acquisition ? Zéro. Insulte suprême : ils veulent numériser des livres que nous possédons sous forme informatique.
Un autre exemple ? Un collège donnant des cours à distance désire utiliser quelques chapitres d’un de nos livres dans le cadre d’un cours. Pas moins de 40 % de l’ouvrage, d’une nouveauté qui plus est. Ils veulent connaître notre tarification. Si le cours était donné en personne, chaque étudiant aurait à se procurer une copie de l’ouvrage. Par commodité, le collège veut fournir la matière en ligne. Nous offrons la version électronique à 75 % du prix de détail. Le collège propose plutôt de payer 0.10 $ la page, soit ce qu’ils sont habitués de payer pour de la photocopie.
Car il faut bien le dire, la photocopie est maintenant un droit acquis. Les redevances versées sont perçues comme une licence pour copier à tout va. Copibec essaie tant bien que mal de compenser le phénomène. Mieux vaut des miettes que rien du tout.
Dans ce contexte, l’arrivée du livre électronique pourrait changer la donne. Le besoin se fait sentir, mais seuls les éditeurs détiennent les précieux documents. Des protections existent pour freiner la copie illégale. Encore faut-il qu’ils soient en position de force et solidaires pour faire valoir leur point de vue.
So so so, solidarité !
[prochain billet : la vente du livre électronique au grand public]