Sonde ton coeur, Laurie Rivers

Après un silence de cinq ans, le nouveau Bourguignon était l’un des titres les plus attendus de l’hiver. Si Un peu de fatigue explorait avec brio la crise de la quarantaine, dans Sonde ton cœur, Laurie Rivers, dont toute l’action du roman se passe aux États-Unis en mettant en scène uniquement des Américains, l’auteur a voulu explorer une autre facette de son écriture en nous amenant dans un univers complètement différent de ce qu’il nous avait offert jusqu’à maintenant. Pour un auteur, ce genre de pari est un peu risqué, mais en même temps, ça démontre une volonté d’aller plus loin dans une démarche d’écriture. C’est probablement l’aspect le plus intéressant de ce roman, car selon moi, malgré toutes ses bonnes intentions, il n’a pas réussi son pari.
J’ai eu du mal à m’attacher et à comprendre les véritables motivations de cette enseignante (Laurie Rivers) qui décide d’aider et de prendre en main une jeune étudiante obèse (Alice). On a l’impression que ça arrive de nulle part. C’est précipité et mal amené. Même si tout se révèle à la fin, je n’avais pas plus envie de les connaître, ses motivations. Je n’ai ressenti aucune forme d’émotion pendant ma lecture. Si, une certaine lassitude et un détachement par rapport à ce que les personnages pouvaient vivre.
Sonde ton cœur, Laurie Rivers est un roman correct, sans plus. Son principal problème est son manque de profondeur. C’est comme si Stéphane Bourguignon s’était trop concentré sur la forme au détriment du contenu. On ne sent aucun investissement de sa part dans ses personnages, tous sans exception. Il n’a pas pris le temps de définir leur psychologie, leurs contours et de bien les camper dans un cadre précis, ce que nous retrouvons habituellement dans la bonne littérature américaine.
Bourguignon parle beaucoup mieux de son projet que ce qu’il nous donne à lire. Ce que j’ai lu n’est pas ce qu’il présente. Oui, en forçant, en adaptant mon regard par rapport à ce que j’ai pu l’entendre dire en entrevue. Ce n’est pas normal. Une œuvre devrait parler d’elle-même sans avoir besoin de l’auteur pour la décoder.
Ce roman « à l’américaine » n’était peut-être pas une si bonne idée finalement!

Une réflexion au sujet de « Sonde ton coeur, Laurie Rivers »

  1. Bonjour Eric,
    Content de voir que je ne suis pas seul! Voici ce que j’avais écrit sur ce livre dans mon carnet de lecture il y a 2 semaines:
    Je n’ai lu qu’un seul roman de Stéphane Bourguignon, « Un peu de fatigue » (dont on me dit que ce n’est pas son meilleur.) Moi j’avais bien aimé, assez pour me dire qu’un jour je lirais ses deux précédents opus. Cela fait maintenant 4 ans, et je ne l’ai toujours pas fait. Je n’ai jamais vu « La vie, la vie » et je n’ai visionné que quelques épisodes de « Tout sur moi » l’automne dernier – surtout parce que la télé était ouverte les lundi soir. Donc, comme vous pouvez le constater je ne suis pas un fan inconditionnel de l’auteur.
    Je n’avais ainsi pas d’attentes à la lecture de ce livre, mais je m’attendais un peu à tout sauf à ce que j’ai lu : ce livre est franchement mauvais !
    Tout d’abord, le titre : « Sonde ton cœur, Laurie Rivers ». On dirait un titre issu des collections sentimentales de J’ai Lu (genre « Aventures et Passions ») ou Harlequin, et le contenu n’est guère mieux ! C’est un espèce de mélodrame mièvre mettant en vedette une jeune institutrice dans un high school d’une petite ville américaine qui tente d’aider une étudiante obèse abusée par sa mère. La première partie m’a carrément fait penser à un épisode de « Virginie » : une enseignante courageuse, une intrigue banale, des personnages minces, minces, minces au développement inexistant avec une belle dose de morale exigu!
    Les choses s’améliorent un ti-brin dans la seconde partie, mais les dommages sont déjà faits et l’intrigue prend des détours extrêmement clichés. J’ignore où Bourguignon voulait en venir avec ce livre. On y parle de l’Amérique (les States), de religion, d’amour, de sexualité, de morale, de frustration, du culte corporelle, d’adolescence, etc. Y’a trop de trucs dans ce fouillis et Bourguignon n’arrive pas à en tirer quelque chose. En plus c’est mal écrit : des phrases courtes au style fade, peu de dialogue, plutôt des interventions sans intérêts du narrateur omnipotent ! Non vraiment, j’ai pas aimé !

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